chapitre 2
28 juillet 1990
La douce chaleur estivale caressait le village de Godric's Hollow, déjà bien éveillé. Les vacances d'été, déjà bien entamées, réunissaient les enfants dans la rue pour jouer, mélangeant sorciers et moldus dans le plus grand calme.
La maison Richards était plutôt animée. Anna et Amalia, du haut de leurs onze ans, veillaient à la cuisson d'un gâteau pour l'anniversaire de Louis, tandis que Bethany, sa sœur cadette de quatorze ans bataillaient avec le papier cadeau. Timothy, le plus âgé, qui venait de fêter ses dix-sept ans, était quant à lui, en train d'occuper Louis pour qu'il ne se doute de rien. Ou plutôt, il tentait de l'occuper en lui faisant planter des citrouilles au fond du jardin, tâche pour laquelle le jeune garçon ne prêtait qu'une oreille très distraite.
- Am' ! interpella Bethany. Tu veux pas venir m'aider pour emballer le cadeau là ?
La rousse accourut, laissant sa jumelle auprès du four. La dénommée Bethany la dépassait d'une tête et arborait une magnifique chevelure blonde, similaire à celle de sa mère. Mais au lieu des yeux bleus de cette dernière, elle avait hérité des yeux noisette de son père, pétillants de malice et de sagesse. Elle avait quatorze ans et rentrait en quatrième année à Poudlard en septembre, dans la maison Poufsouffle. Et depuis vingt bonnes minutes, elle tentait de recouvrir un balai de papier provenant de la Gazette du Sorcier.
- Mais il est magnifique ce balai ! s'extasia Amalia en apercevant enfin le cadeau.
- Ca tu peux le dire ! répliqua la blonde. Mais c'est un enfer à emballer !
Louis, le plus jeune de la famille Richards était passionné de Quidditch et passait ses journées à pratiquer avec Amalia et Anna, qui avaient bel et bien héritées de leur père pour leur passion du sport. Keith Richards avait joué longtemps en tant que poursuiveur dans l'équipe des Crécerelles de Kenmare, mais avait du arrêter sa carrière à cause d'une blessure ; il avait alors transmis sa passion et son professionnalisme à ses enfants, comme un héritage. Personne ne manquait un match chez les Richards, encore moins ceux des Crécerelles.
Amalia aida alors Bethany à recouvrir du mieux qu'elle pouvait le magnifique balai et son kit d'entretien, et le dissimula dans le placard à balais tant bien que mal. Louis n'allait pas tarder de toute façon, l'emballage n'aurait qu'à faire bonne figure pendant une heure ou deux.
Anna avait toujours les yeux rivés sur le four, pour être sûre que son gâteau gonflait bien ; d'après Helen, il était correct, ce qui la rendait particulièrement fière. Sa sœur jumelle la rejoignit, et tira une chaise vers elle pour ne pas en rater une miette. Mais un bruit sur la vitre de la cuisine, qui donnait directement sur la rue et le petit jardinet attira leur attention.
Trois petites chouettes grises tapotaient contre le carreau, tenant chacune une lettre dans leur bec. Avant même d'avoir eu le temps de dire Quidditch, les deux sœurs avaient déjà ouvert la fenêtre et laissé entrer les animaux, tout en leur retirant les lettres. Sur celles-ci, était inscrit en lettres manuscrites vertes, le nom des trois enfants : Louis Richards, Anna Potter et Amalia Potter. Et avant même de l'ouvrir, les jumelles savaient de quoi il s'agissait.
- Louiiiis ! hurla Anna à pleins poumons en arrachant la lettre le concernant des mains de sa sœur.
Le brun n'était pas passionné par le discours de son grand frère sur les plants de citrouille, alors il accourut aussi vite qu'il le put, en traversant le jardin puis le salon. Et un immense sourire fendit son visage lorsqu'il aperçut ce qu'Anna tenait dans ses mains.
- Ma lettre pour Poudlard ! dit-il, des étoiles pleins les yeux, lorsqu'il se saisit de celle-ci.
Les trois enfants étaient émerveillés devant ce morceau de parchemin qui confirmait leur admission dans la plus grande école de sorcellerie du monde sorcier, selon les britanniques. Timothy était prêt à sermonner son petit frère pour l'avoir abandonné de la sorte, mais quand il vit ces étoiles qui brillaient dans les yeux de son frère et des jumelles, il ne put que les contempler. Il avait été pareil, sept ans plus tôt, et il était plutôt nostalgique d'entamer sa dernière année au château.
- Tu te rends compte, Tim ! On va à Poudlard l'année prochaine ! s'exclama Amalia en relevant enfin les yeux du parchemin, qu'elle avait à peine ouvert.
- Eh oui ma grande, dit-il en lui ébouriffant les cheveux. Et tu pourras me supporter dans la salle commune !
- Parce que tu crois vraiment que j'irai à Poufsouffle ? s'insurgea-t-elle.
- Comme tous les Richards, non ?
- Je suis une Potter ! sourit-elle. Je suis une grande Gryffondor !
- Moi aussi ! hurla Anna, encore plus fort.
- Youhouuu ! s'écrièrent-elles en chœur, tournoyant dans la cuisine autour de Timothy.
La pièce était emplie de cris de joie, de bonheur et d'insouciance. Bethany les avait rejoints et consolait son grand frère sur cette réaction des jumelles, étant elle aussi à Poufsouffle.
- Mais que se passe-t-il ici ? dit soudain Helen, en débarquant dans la cuisine, habillée de sa robe d'Oubliator, métier qu'elle exerçait au sein du ministère.
- Il se passe qu'on va à Gryffondor en septembre ! cria Anna en fonçant sur la nouvelle venue, vite suivie de Louis et Amalia.
Helen émit un petit rire en voyant les enfants si heureux, en voyant leurs visages si rayonnants. Ils en étaient presque venus à oublier l'anniversaire de Louis, ce qui convenait parfaitement à Helen qui devait fixer quelques derniers préparatifs. Timothy entraîna alors les trois plus jeunes dans le jardin, les fit s'asseoir sur les chaises sur la terrasse pour leur raconter toutes sortes d'histoire sur Poudlard. L'admiration se lisait dans leurs yeux.
- Y a vraiment pleins d'escaliers qui bougent tout le temps ? s'exclama Amalia. T'es déjà allé dans la tour de Gryffondor ? Y a combien de matchs de Quidditch ? Le professeur Rogue est horrible ?
Timothy, surnommé Tim s'esclaffa à la dernière question de la rousse. Toutes les questions qui fusaient dans tous les sens auraient pu l'étourdir en temps normal, mais il prenait un malin plaisir à leur conter la vie au château, quoiqu'en exagérant un peu les détails.
- Les escaliers font que bouger ! J'ai un ami qui y est resté coincé trois jours, sans rien à manger, vous imaginez ? En plus de ça, Peeves, l'esprit frappeur du château lui balançait des œufs pourris sur la tête sans cesse !
Il rit de plus belle en voyant la mine dégoûtée des plus jeunes.
- Vraiment ? Et personne n'est venu l'aider ? s'insurgea Louis.
- Personne, pendant trois jours. Certains disent même que Rogue l'aurait vu mais n'aurait rien fait !
- Mais il est horrible ! s'écria Anna. J'aime déjà pas les potions !
- Va falloir s'y faire, ma p'tite Anna, conclut Tim.
Après maintes et maintes histoires sur tous les cours que Poudlard pouvait bien dispenser, et toutes ses activités, comme les matchs de Quidditch ou les sorties à Pré-au-Lard, les enfants Richards et Potter furent invités à passer à table.
Keith et Helen rayonnaient devant tant d'excitation ; leurs cinq enfants allaient être à Poudlard toute l'année, et cette rentrée était encore plus spéciale puisque trois y allaient en même temps. Au moment du dessert, Anna et Amalia amenèrent fièrement le gâteau qu'elles avaient fait ensemble pendant la matinée, tandis que Bethany extirpait le cadeau familial du placard à balai. Nul besoin d'être un génie pour comprendre ce que les morceaux de la Gazette du sorcier dissimulaient ; Louis poussa un cri de joie en voyant sa sœur revenir dans le salon, encombrée de l'énorme cadeau. Il ne lui laissa même pas le temps de le déposer dans un quelconque endroit, qu'il se jeta sur elle et déchira rapidement l'emballage qu'elle avait mis tant de temps à faire, ce qui la fit soupirer. Tant pis.
Louis était fou de joie en découvrant le magnifique balai : le Nimbus 1700. Et il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour se précipiter à l'extérieur, vêtu de l'ancienne robe de son père des Crécerelles de Kenmare, verte émeraude où s'entrecroisent deux K jaunes, surmontés du nom Richards. Il fut rapidement suivi par Bethany, Timothy, Anna et Amalia, qui saisirent chacun un balai dans le placard, et un Souaffle. Jamais ils n'avaient mis aussi peu de temps pour rejoindre la forêt, que Timothy sécurisa rapidement avec des sorts anti-moldus, puis ils enfourchèrent chacun leur balai pour entamer quelques passes.
Cette journée n'aurait pas pu être moins merveilleuse pour les enfants, qui se voyaient déjà intégrer les équipes de Quidditch de leurs maisons respectives, et s'affronter sur le terrain vêtus de longues robes colorées, sous les acclamations de toute l'école.
***
Ils jouèrent jusqu'à tard le soir. Il ne faisait pas encore nuit quand ils quittèrent la forêt jouxtant Godric's Hollow, mais le temps s'était rafraîchi. Toujours munis de leurs balais, ils rentrèrent vers la maison. Cependant, les jumelles prirent un chemin différent.
- On revient bientôt, sourit simplement Amalia, faisant bien comprendre à Bethany ce qu'elles allaient faire.
La rousse et la brune se prirent la main, leur balai dans l'autre, et marchèrent silencieusement. La ruelle qui longeait l'église était calme et fraîche, à l'ombre des grands tilleuls. Les petites filles, malgré leur jeune âge, connaissaient bien ce chemin. Et, avant de pénétrer dans le cimetière, froid et silencieux, elles cueillirent quelques coquelicots sur le bord du chemin, près du murets. Quelques fleurs rouges dans leurs petites mains d'enfants. Dans un silence habituel, elles s'avancèrent à travers les pierres tombales blanches et grises, jusqu'à trouver celle qui les intéressait. James & Lily Potter, était-il inscrit. D'un seul geste, elles se baissèrent pour unir leurs mains sur la pierre, tout en y déposant les coquelicots. C'était comme devenu une tradition pour elles, de déposer ces fleurs rouges sur la pierre blanche, de rappeler leur bravoure par la couleur du feu face à la froideur de la mort. Anna brisa le silence.
- Papa, Maman, on a reçu notre lettre pour Poudlard aujourd'hui, murmura-t-elle, avec moins d'entrain que précédemment.
- On y va dans un mois ! continua Amalia, comme si leurs interlocuteurs étaient bels et biens réels. Et on ira à Gryffondor comme vous.
Le silence s'installa, le vent souffla légèrement comme pour leur rappeler que la maison importait peu, au fond.
- Mais, on vous oubliera pas... rappela la brune. C'est pas parce qu'on sera plus à Godric's Hollow que vous serez plus avec nous, hein ?
- Vous nous manquez, ajouta la rousse. J'aurais aimé aller au Chemin de Traverse avec vous... Je...
Une larme roula sur sa joue, l'empêchant de poursuivre. Sa sœur ne put continuer non plus, elle aussi interrompue par une fine larme sur sa joue blanche. Elles déposèrent leurs balais au sol et se blottirent l'une contre l'autre sur la dalle froide, comme si celle-ci pouvait leur apporter la chaleur de l'amour parental.
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