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chapitre 12

Aucune des jumelles n'était concentrée sur son devoir de potions. C'était la deuxième fois en deux jours qu'Anna entendait parler de cette Avery Potter. Pour Amalia, c'en était encore plus choquant : elle voyait sa sœur jumelle dans tous ses états à cause d'une fille qui avait le même nom de famille qu'elles, mais dont elles ne connaissaient même pas l'existence jusqu'alors. Pourtant, la rousse était la plus motivée en début d'après-midi.

- Tiens, Anna, tu veux pas venir chercher un livre avec moi ? proposa Amalia.

La brune ne se fit pas prier et sauta sur l'occasion ; elles se retrouvèrent très vite dans les rayonnages de la bibliothèque, à l'abri de tous les regards indiscrets.

- Tu en avais déjà entendu parler ? D'Avery ? Parce que t'as vraiment bloqué quand tu l'as vue.

- Je voulais t'en parler... marmonna Anna. J'ai vu son nom gravé à l'infirmerie quand t'y étais.

- Vraiment ? Mais pourquoi tu ne m'as rien dit !?

- Je voulais... J'avais juste peur de te perturber avec cette histoire, c'est tout.

- Admettons, soupira la rousse. T'as vu quoi exactement ?

- C'était juste inscrit : « on t'aime Potter », et « Avery ». Et là dans le livre y avait tout simplement inscrit son nom. Tu penses que ça pourrait être quoi ?

- Je sais pas mais tu piques ma curiosité, sourit Amalia. Je veux le savoir.

- Et moi alors ? J'ai failli ne pas dormir hier à cause de ça !

Elles se sourirent mutuellement tandis qu'une lueur de malice éclairait les yeux verts d'Amalia. Le visage d'Anna s'étira en un sourire malicieux. A les voir, silencieuses, face à face, animées par cette malice, on aurait pu les confondre avec leurs parents, James et Lily. Sans crier gare, elles se séparèrent et retournèrent travailler ; il faudrait bien qu'elles aient fini si elles voulaient en savoir un peu plus sur cette mystérieuse Avery Potter.

***

Le devoir de potions sur le remède contre les furoncles les avait retenues bien plus longtemps que prévu ; Hazel s'était révélée une véritable perfectionniste qui n'acceptait pas qu'on se relâche ou qu'on abandonne. Autant dire qu'il fallait que tout soit parfait pour qu'elles puissent quitter la table. En signe de relâchement, Anna s'enfuit de la bibliothèque en courant, tirant par la même occasion sa sœur jumelle par la main. Ce comportement leur valut une remarque bien méritée de Mme Pince, une bibliothécaire de tout charme. Et alors que celle-ci leur réclamait le silence, tout en traitant ce comportement d'insupportable, les jumelles s'enfuirent en riant, heureuses d'être à nouveau réunies. Elles se mirent à courir dans les couloirs du château, comme libres pour la première fois. Rien ne pouvait arrêter leurs éclats de rire ni leur enthousiasme. Elles s'engouffrèrent dans une immense pièce qui leur était jusque là inconnue. Les murs étaient agrémentés de grandes verrières dans lesquelles brillaient toutes sortes de coupes et récompenses, grâce aux derniers rayons de soleil qui filtraient à travers les vitres. Les jumelles stoppèrent leur course pour admirer la scène.

- Tu penses que ça retrace toute l'histoire de Poudlard ? se demanda Anna.

- Tu veux dire, tu penses que tous les élèves y sont répertoriés ?

- Oui, sourit la brune.

- Eh bien... Je pense que c'est la salle des trophées, mentionnée dans l'Histoire de Poudlard. Il y a donc uniquement des élèves de l'école ayant accomplis des actes honorables, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Tu pensais trouver quelque chose sur Avery, je me trompe ?

- Tu me connais trop bien, je crois.

Elles se sourirent et Amalia prit la main de sa sœur dans la sienne, avant de reprendre la parole. Elles continuèrent leur marche dans le couloir silencieux.

- On va trouver quelque chose sur cette Avery, je te le promets. Mais, il ne faut pas qu'elle nous obsède, on ne connaît rien d'elle.

- Tu as raison mais...

- On trouvera. Attends, je viens d'avoir une idée...

La rousse se sépara de la brune et scruta une vitrine, sans pourtant trop y prêter attention, ce qui intrigua sa sœur.

- Amy ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Cette Avery vient du passé, on est d'accord ?

- Oui et...

- Et... on a quelque chose pour remonter dans le passé ! s'exclama-t-elle en sortant le collier de sous son t-shirt.

Les yeux d'Anna s'illuminèrent en voyant l'objet brillant dans la main pâle de la rousse.

- Amy, tu es une génie !

Soudain, son enthousiasme retomba.

- Mais... On ne sait pas à quelle époque elle a vécu.

- Un point pour toi, admit Amalia, à contrecœur.

- Retour à la case départ pour Amalia et Anna ! s'écria Anna, reprise par l'écho de la pièce.

- Essayons d'en savoir plus, nous irons dans le passé quand ce sera possible, non ?

Anna hocha simplement la tête et reprit son chemin dans la salle des trophées, déçue. Cette histoire l'obsédait réellement depuis la veille et, de nature têtue, elle ne pouvait abandonner une telle chose de la sorte. Helen s'amusait à lui répéter qu'elle ressemblait à son père quand elle était aussi bornée. Que lui non plus n'abandonnait pas facilement, voire jamais. Et que sans sa détermination, Lily n'aurait jamais fini dans ses bras. Ce détail de l'histoire avait le don d'amuser les deux jumelles pendant leur enfance, malgré le souvenir douloureux que laissait le décès de leurs parents.

- Eh, Amy... dit Anna d'une voix triste.

Inquiète, la rousse se rapprocha lentement. Elle passa sa tête par-dessus l'épaule de la brune, qui avait remonté ses cheveux en une queue de cheval et regarda ce que le doigt de sa sœur indiquait. C'était un insigne doré de capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Et un nom y est gravé : « James Potter ». La main d'Amalia se crispe sur l'épaule d'Anna à la vue de ce nom. Et une boule se forma dans son ventre ; depuis qu'elle était à Poudlard, elle avait tendance à les oublier, et cela la fit culpabiliser.

- Ils me manquent, murmura-t-elle dans une voix étouffée. Et... J'ai l'impression de plus penser à eux en même temps...

Anna regarda ses pieds un instant avant de répondre.

- A moi aussi ils me manquent. Mais Poudlard ne nous rapproche pas d'eux, bien au contraire...

Elles retinrent leurs larmes devant ce simple insigne qui mentionnait leur défunt père. Et Amaliaa fut la première à réagir pour tirer sa sœur de sa contemplation. Elles ne pouvaient pas rester là éternellement.

- Je pense que c'est mieux de rentrer, on trouvera quelque chose sur Avery plus tard, tu ne penses pas ? proposa Amalia, une fois en bas des escaliers qui les séparaient.

Leurs pensées étaient désormais tournées vers autre chose, un deuil qu'elles connaissaient trop bien et qui les hantaient. D'un commun accord, elles se dirigèrent vers leurs salles communes, trop fatiguées pour réussir à réfléchir à autre chose.

***

Les cours de première année se révélèrent bien plus compliqués que prévus. Et, malgré leur détermination pour se voir et continuer leur petite enquête, les deux jumelles étaient débordées. Elles partageaient peu de cours en commun mais elles apprenaient petit à petit à se parler mentalement, ce qui était bien pratique quand elles s'ennuyaient, notamment avec le professeur Binns et ses nombreuses guerres des gobelins. Qui y trouvait encore de l'intérêt ?

Le mois de septembre s'écoula bien plus rapidement qu'elles ne le pensèrent, et passa avec lui le premier cours de vol pour les nouvelles recrues de Poudlard. En un rien de temps, ce cours devint le préféré des jeunes Potter qui prenaient un malin plaisir à « regarder les autres de haut », depuis leur balai. Il était vrai qu'elles se débrouillaient bien sur cet engin magique, comme si elles le pratiquaient depuis leur naissance. Et, plus le temps passait, plus le parc se teintait de couleurs orangées et le froid s'installait. Octobre était déjà bien avancé, et en ce jour de week-end, les jumelles purent enfin souffler sur un des bancs du parc.

- Enfin ! s'exclama Anna en s'étalant de tout son long sur le banc en pierre.

- C'est pas trop tôt, souffla la rousse en ajustant son écharpe bleu et bronze.

- Ca faisait combien de temps qu'on ne s'était pas retrouvées toutes les deux ? Rien que toutes les deux ?

- Tu veux dire sans que Hazel te force à rester assise pendant trois heures sans bouger à la bibliothèque ? Je dirai bien trois semaines. Si ce n'est plus.

- La vie passe vite quand on souffre, pas vrai ?

Elles éclatèrent de rire. Il était vrai qu'Hazel avait tendance à être au point sur tous les cours, représentant le plus gros cliché du Serdaigle ; cependant, on ne pouvait lui en vouloir tant son cœur était d'or. Le silence se fit autour des deux enfants ; seul le vent pouvait perturber leur mutisme confortable.

- On en sait plus sur Avery ? s'interrogea soudain Amalia, qui avait été trop prise par ses cours ces derniers temps pour y penser pleinement.

- Point mort, bougonna Anna, en repassant une mèche brune derrière son oreille.

Elle souffla puis reprit.

- C'est pas grave... On trouvera peut être plus tard...

- Parce que tu as quelque chose à faire là maintenant ? sourit malicieusement la rousse.

D'un bond, elle se leva avec un air de détermination dans ses yeux qui donnait à s'interroger quant à sa répartition à Serdaigle. Prise par son enthousiasme, Anna la rejoignit et se posta à ses côtés, face à la lande écossaise qui s'étendait sous leurs yeux.

- On commence par où ? s'enthousiasma soudain la brune.

- Eh bien... je n'ai pas dit que j'avais un quelconque plan... je dirai même que je ne sais pas quoi faire...

- Tu me déçois beaucoup Amy, tu le sais, se moqua sa sœur.

Après un moment de réflexion à contempler l'horizon, la rousse fut prise d'un éclair de génie.

- Je sais !

- Quoi donc ?

- Où on peut aller pour avoir des informations !

- C'est... ?

- Chez Hagrid !

- Hagrid ?

- Oui, le garde-chasse. Il est là depuis longtemps, il connaît peut-être cette Avery Potter.

Sans même attendre une réponse de la Serpentard, la Serdaigle s'élança dans le parc, ses cheveux roux battant dans son dos et ses pas foulant la lande. Anna la rattrapa bien vite, puisqu'un peu plus grande et elles continuèrent leur course folle jusqu'à la cabane du garde-chasse. Avant de frapper, Anna s'interrogea tout de même.

- Mais... tu le connais ?

- Disons que Sarah m'a traînée ici pour je ne sais quelle raison et je lui aie déjà parlé il est très...

- Bonjour ! s'exclama une grosse voix bourrue.

La porte s'était ouverte, sûrement à cause de leur discussion bien trop proche de l'entrée. Un grand homme sortit par la porte en s'abaissant, et arborait une épaisse barbe noire qui se confondait avec sa chevelure. Il dut baisser le regard pour apercevoir les deux petites filles en uniformes postées sur les marches de sa cabane.

- Je t'ai déjà vu quelque part... murmura l'homme en regardant Amalia.

- Bonjour Hagrid, dit-elle avec beaucoup d'assurance et un grand sourire, à la surprise d'Anna.

La rousse lui tendit la main qu'il saisit avec un sourire maladroit. Puis il jeta un coup d'œil à la brune à ses côtés et lui serra la main avant de faire le rapprochement, en voyant cette étincelle malicieuse dans leurs yeux.

- Seriez vous les deux petites Potter ?

- Effectivement, sourit fièrement Anna.

- Eh bien entrez, n'ayez pas peur ! Les Potter ont toujours été les bienvenus chez moi.

Amalia adressa un clin d'oeil à sa sœur avant de pénétrer dans la cahute un peu encombrée. Elles prirent place toutes deux dans le même immense fauteuil, face au garde-chasse.

- Je suis Amalia Potter. Et c'est ma sœur jumelle, Anna.

- Vous êtes le portrait craché de vos parents, on vous l'a déjà dit ? dit-il avec une pointe de nostalgie dans la voix.

Pour seule réponse, les jumelles sourirent. On leur répétait souvent et elles en étaient fières.

- Quel bon vent vous amène ? reprit-il, à demi-voix.

- On avait une question, engagea Anna, rapidement.

- On sait que vous êtes à Poudlard depuis longtemps et que vous avez vu passer beaucoup d'élèves dont nos parents.

- Je me rappelle comme si c'était hier de James et Lily, ajouta-t-il, la larme à l'œil. C'étaient des gens bons. Extrêmement bons.

Amalia reprit la conversation rapidement, ne voulant pas elle-même pleurer et connaissant les capacités de divagation du demi-géant.

- Connaissiez-vous une Avery Potter ?

Le silence se fit sur la cabane, le garde-chasse se tût. Il fixa les deux jeunes filles avec attention, comme s'il n'avait pas bien entendu la question. Mais bien sûr qu'il avait entendu. Bien sûr que le nom d'Avery était parvenu à ses oreilles et avait bourdonné dans son esprit comme le ferait un vif d'or pour titiller un attrapeur.

- Je... Comment... bafouilla-t-il, euh...

- Oui ou non ? demanda peut-être trop brusquement Anna.

Il se tut et son regard se perdit dans le vide, près de son chien, un énorme molosse nommé Crocdur. Il réfléchit un instant : devait-il dire ce qu'il savait à ces filles qu'il venait à peine de rencontrer ?

- Oui, dit-il fermement, tout en détournant le regard.

- Qui était-elle ? s'empressa Amalia.

- Je ne peux pas le dire. C'est secret.

Les jumelles s'interrogèrent : pourquoi son identité était-elle secrète alors que c'était une élève de Poudlard ?

- Pourquoi est-ce secret ? tenta la rousse, trop excitée par la nouvelle.

- Je n'ai pas le droit d'en parler, répéta le garde-chasse en fronçant les sourcils.

Il se renfrogna et se cala dans son fauteuil, en évitant le regard inquisiteur des petites. Leurs deux paires d'yeux vert le fixait avec insistance. Et en même temps, ces yeux lui rappelaient tellement Lily. Ces fillettes lui rappelaient tellement James.

- C'était la sœur de James et... elle est morte. Maintenant dehors.

Il se leva et incita les jumelles, abasourdies, à faire de même. Les larmes lui montaient aux yeux, embuait sa vue et il força les deux petites à quitter sa maisonnette, alors qu'elles n'y avaient à peine passé cinq minutes. Il en avait déjà trop dit.


Bonjour à tous, je suis désolée de ne plus être aussi régulière qu'avant mais c'est la rentrée, vous comprenez... et j'entame une toute nouvelle vie donc je serai un peu occupée ! J'espère que l'histoire vous plaît quand même, et on se dit à bientôt :) (pour tous les petits nouveaux, n'hésitez pas à mettre ce que vous en pensez et ce que vous pensez qui est arrivé à Avery !!)

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