Amadou Kébé

Il faut prendre du recul pour mieux comprendre. Ce n'est que maintenant que je me rend vraiment compte de toutes mes bêtises qui m'ont conduits ici.

J'étais jeune et immature certes mais rien ne peut expliquer mes agissements.

Je remercie mon père de m'avoir emmené ici même si cela était de force.

Ici j'ai découvert un autre monde, d'autres horizons, et j'ai réussi à changer ma façon de voir le monde et mes idéologies.

Je me souviens encore de mon arrivé comme si c'était hier.

J'étais très rebel due à mes mauvaises fréquentations. J'ai donné beaucoup de fil à retordre à mon oncle.

Je lui menait carrément la vie dure ou du moins c'est ce que je pensais mais c'était sans compter sur la ténacité de ce dernier.

J'ai eu une éducation très rigoureuse ici et ai goûté à la chicotte plus d'une fois malgré mon âge.

J'ai failli gâché ma vie entière pour une histoire de jeunesse.

Mais alhamdoulillah aujourd'hui je peux dire que j'ai enfin retrouvé la raison.

Ce qui me chagrine néanmoins c'est la mort de ma mère et les circonstances dans lesquelles elle a quitté ce monde. Je n'ai même pas pu être présente à ses funérailles.

Chaque jour qui passe les regrets me rongent. Je me souviens de comment je lui parlait . Toujours avec insolence et jamais elle ne pipait mot . Elle a toujours été là pour moi malgré mon sal caractère.

Je regrette tellement mon comportement avec elle. Une mère on en a qu'une seule et elle est irremplaçable malheureusement pour moi je ne me suis rendu compte de sa valeur que quand elle a quitté ce monde.

J'espère que là ou elle est, elle pourra me pardonner. Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à elle où que je ne formule des prières à son encontre.

Je marchais le long du fleuve qui menait à la maison.

J'emprunte ce chemin tous les jours après ma descente de l'école coranique.

J'observais le beau paysage qui s' offrais à moi. Le chant des oiseaux et la brise fraîche qui provenait de la mer me procuraient un bien fou .

J'étais près des buissons désormais et j'appercevais une silhouette au loin derrière.

Je ne m'y suis pas attardé croyant que c'était sûrement un animal comme j'en avais l'habitude d'en voir.

J'ai donc continué mon chemin mine de rien. Mais plus je marchais et plus la silhouette me semblait être celle d'un humain .

Je me rapproche et voit une femme couché, inconsciente. Je l'ai soulevé pour la mettre en position assise mais j'ai de suite stoppé mon geste en voyant son visage.

J'aurais tout vu venant d'elle. Mais qu'est ce que khadija fou ici et en plus inconsciente .

Ce n'est sûrement pas le moment et encore moins l'endroit pour me poser ce genre de questions je la porte et continue mon chemin vers la maison .

Arrivé je croise ma cousine Ndeye Codou qui revenait du marché .

Je la dépasse sans prêter attention à ce qu'elle me disait et me dirige vers le salon.

Je la dépose sur le canapé et tout de suite après ma tante, fit son apparition.

- mais qui est ce? Et qu'est ce qu'elle a ? Va vite m'apporter ma trousse de secours .

Je m'empresse d'aller faire comme elle dit.

Elle me demande ensuite de sortir et je fis comme elle dit.

J'étais là à tourner en rond en me posant des milliers de questions. Que pouvait bien faire Khadija là-bas.

Après quelques minutes je vois ma tante sortir enfin.

- alors comment va t-elle?

- elle va bien elle a juste besoin de repos, elle est fatigué raison de son malaise.

- d'accord. En fait il s'agit de ma soeur .

- ta soeur ? Oh mon Dieu je ne l'avais même pas reconnu en même temps c'est normal puisque je ne l'ai jamais vu.

- comment est ce possible ?

- je ne l'ai vu que le jour de son baptême, et elle n'est jamais venu ici.

- je comprend mieux il faut dire que Khadija n'a jamais vraiment aimé la campagne.

- oui ça je le vois .

Khadija était installé dans la chambre d'ami. Elle avait dormis toute la journée et ne s'est réveillé qu'après le crépuscule .

- salut .

Elle me regarda puis detourna le regard avant de me répondre .

- qu'est ce que je fous ici?

- comment tu vas ? Je vais bien aussi merci ? Et papa? Alhamdoulilmah.

- je t'ai rien demandé alors tu la ferme.

- toujours aussi arrogante à ce que je vois.

- et toujours d'aussi mauvais goûts cette maison ressemble à un trous de souris .

- en attendant c'est cette maison qui t'as accueilli et t'as soigné quand tu étais dans le besoin alors un peu de reconnaissance ne te ferais pas de mal je crois .

- tu parles trop toi je m'en vais où est mon sac?

- salle ingrate. De quel sac tu parles ? Je t'ai retrouvé inconsciente et toute seule il n'y avais aucun sac.

- putain quelqu'un a dû le voler.

- ça c'est ton problème et tu peux me dire ce que tu faisais là?

- de quoi tu te mêles ?

- bah de ce qui me regarde pas .

- ok c'est bien .

- répond moi.

- je n'ai rien à te dire je suis ton aîné alors respecte moi.

- donc toi tu connais le respect ? Intéressant .

- tchiip bref prête moi un peu d'argent pour que je puisse retourner à Dakar une fois la bas je vais te rembourser .

J'ai éclaté de rire comme pas possible. Mais elle est sérieuse elle ? Déjà qu'elle m'insulte depuis tout à l'heure et elle crois que je vais lui offrir mon aide comme ça.

- je peux savoir pourquoi tu ris comme un taré ? Y a quoi de drôle dans ce que je t'ai dis .

- mais tu crois vraiment que la vie c'est un Walt Disney toi.

- évidemment vu que je suis une princesse .

- en attendant cette princesse va sagement rester dans ce " trou de souris " comme tu dis parce que je ne vais aucunement t'aider. Débrouille toi toute seule .

- t'es sérieux ?

- je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie.

- mais tu ne va quand même pas faire celà à ta gentille grande soeur adorée ?

- et qu'est ce qui va m'en empêcher et déjà d'où t'es gentille je crois qu'on a pas la même définition de ce mot .

- écoute c'est pas comme si j'allais te voler aussi . Si toi ca t'amuse de rester ici moi ca ne m'enchante pas le moins du monde .

- deil wax rek yaw ( continue de parler)

- je vais te rembourser. La vie de campagne ce n'est pas pour moi alors aide moi.

- moi t'aider ? Tu es venu ici toute seule alors rentre toute seule et ne vient même plus me parler de ce genre de choses.

- Amadou arrête c'est plus drôle t'as vu comment est la maison en plus c'est trop puant je sais pas comment t'arrive à vivre ici.

- tu vas vivre ici et tu vas travailler que tu le veuilles ou non alors fais toi y.

- moi travailler ? Je vais te gifler tu vas voir.

- je vais te dire une chose je ne vais pas t'héberger pour que tu passes tes journées à ne rien faire tu vas trouver un travail et participer aux travaux domestiques comme tout le monde je sais déjà que tu ne sais rien faire mais elles vont t'apprendre .

- et si je refuse ? Tu te prends pour qui toi?

- sors de chez moi alors .

Elle me regarda comme pour se demander si j'étais vraiment sérieux .

- tu oserais me mettre à la porte? Et puis ce n'est même pas ta maison .

- tu en doutes ? Je te signale et mon oncle étant absent c'est moi l'homme de la famille .

Je sors sans lui donner l'opportunité d'en placer une.

Je sais que je n'aurais pas dû lui parler comme celà. C'est mon aîné et tout mais elle l'a vraiment mérité .

Elle croit que tout lui ai acquis dans la vie et qu'en un claquement elle doit voir tous ses désirs accomplies mais la vie c'est pas un film bon sang.

Il faut qu'elle apprenne aussi à respecter les gens elle a trop été gâté .

Je suis peut être plus jeune que lui mais elle va voir que je ne plaisante aucunement.

Fatima :

Je ne crois pas avoir déjà ressentie ce sentiment de bonheur qui m'envahit en ce moment .

Je me sens plus libre et plus épanouie dans ma vie.

Ma relation avec Hafiz ne part qu'en s'améliorant et je dois tout ça a Marie Jeanne. J'ai repris confiance en moi et j'ai appris à vivre avec mes tourments .

Beaucoup de choses me sont arrivés mais je me dit que c'était mon destin aujourd'hui la vie m'offre une seconde chance de tout recommencer avec une famille aimante a mes côtés alors je ne vais pas laisser filer cette opportunité.

Parfois je me pose des questions en me disant si tout ceci n'était qu'un bonheur éphémère mais au point ou j'en suis j'ai décidé de ne plus m'attarder sur certaines choses je vais vivre ma vie a l'instant présent et en profiter à fond.

Hafiz est vraiment comme un ange tombé du ciel. Il a toutes les qualités qu'une femme recherche chez un homme. Je me demande parfois ce que j'aurais fais sans lui . Il me comble de bonheur .

Malgré tout ça je ne supporte pas de passer mes journées à ne rien faire même si parfois je lis quelques bouquins ou écris quand l'envie est là j'ai besoin de m'aérer un peu l'esprit et de voir de nouveaux horizons.

Mon père m'a donc proposé de travailler dans une bibliothèque dont un de ses amis est le propriétaire et vu ma passion pour tout ce qui a un trait avec la littérature j'ai vite accepté sa proposition.

Ma vie n'a jamais été aussi joviale que maintenant pourvue que cela continue ...