Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

5 - Cultiver le mystère

Hello ! ^^
Je ne suis pas convaincue que le lundi soit le meilleur jour pour publier. Avouons le, personne n'est du lundi dans la comu wattpad 🤭 Alors faites-le moi savoir si vous voulez modifier le jour d'update :) Zoubi

______

Le soleil amorçait sa descente, teintant l'horizon d'orange. Mais, à Meonville, même cette teinte vive semblait souffrir d'une certaine mélancolie.

Les nuages flânaient avec lenteur, projetant des ombres mouvantes sur le potager communautaire. Jimin s'y activait d'une manière qui contrastait avec la flemmardise du ciel.

Il creusait des tranchées avec la férocité d'un fossoyeur à la veille d'une cérémonie des morts. La terre, gorgée d'humidité, s'ouvrait comme une bouche affamée sous sa bêche, libérant un parfum terreux mêlé à l'arôme des légumes en croissance. Des pommes de terre et des panais. Il y avait aussi des poireaux dont la cime se balançait doucement et des choux qui formaient une rangée aussi disciplinée que les ouvriers de l'abattoir.

Jimin comptait ses coups de bêche brutaux, ça changeait des vaches abattues. Dans son acharnement, il cherchait à vider son esprit des pensées lugubres qui le hantaient. Ses souvenirs, les cauchemars, le bus, les cauchemars, l'effet de seuil, les cauchemars. Son frère.

– Lâche-moi, Minjun ! Lâche-moi !

Ses mouvements redoublèrent de force pour faire taire l'écho de sa propre voix. La sueur perlait sur son front. Il espérait que chaque goutte exorcise ses démons tandis que ses bras se couvraient de taches de terre comme autant de stigmates de cette lutte passée.

Malgré l'effort fourni et le chaos dans son esprit, il arrivait à trouver une forme de sérénité. Le jardin était un véritable havre de verdure au milieu de cette ville morose. Bien meilleur endroit que le dortoir. Sans parler de l'abattoir.

Un coup d'œil discret vers Billie le fit sourire. Elle s'activait avec son arrosoir à quelques mètres de lui, absorbée dans son propre monde. Mais, même dans ses gestes, il percevait la souffrance qui l'étreignait. Elle semblait si fatiguée d'être habituée.

Jimin avait l'impression de ne pas pouvoir tout comprendre du fardeau qui pesait sur la jeune femme. Il aurait aimé être une bonne épaule sur laquelle s'appuyer, d'une manière ou d'une autre. Sauf qu'il ignorait comment endosser ce rôle. Sûrement parce que, aussi loin qu'il se souvienne, personne ne l'avait endossé pour lui. Peut-être est-il tout bonnement impossible d'offrir ce qui ne nous a jamais été donné...

Yoongi, occupé à la récolte un peu plus loin, demeurait aussi insaisissable que la brume. Son impassibilité était une énigme que Jimin ne pouvait s'empêcher d'observer de temps à autre.

Oh, Jimin ! Tu comptes m'aider ou tu préfères rester planté là, comme un épouvantail ? l'interpella Billie.

J'arrive !

Il planta son outil dans la terre et accourut aux côtés de la jeune femme pour l'aider à porter son arrosoir débordant d'eau.

T'étais en train de mater Yoongi ou tu te prenais encore la tête avec tout un tas de trucs ? lui demanda Billie.

Loin d'avoir envie de casser l'ambiance et de révéler que ses pensées étaient aussi tordues que les racines d'un vieux chêne, il répondit :

– Je matais Yoongi.

– Quoi ?! s'exclama-t-elle avant de comprendre qu'il plaisantait.

Elle laissa alors éclater un rire qui parut, un instant, dissiper les nuages sombres qui planaient au-dessus de leurs têtes.

Malgré la morosité qui teintait tout ce qui appartenait à Meonville, Jimin aurait voulu prolonger ce moment, rester là à cultiver la terre, contribuer à la vie plutôt qu'à la mort, rire plutôt que de s'inquiéter.

Mais la nuit allait bientôt tomber et, avec elle, l'ombre de l'abattoir s'étendrait sur la ville. Puis viendrait celle des cauchemars.

Le sommeil avait plongé Jimin dans l'un de ses souvenirs douloureux, le condamnant à redevenir ce jeune garçon vulnérable et révolté.

Il était assis dans le bureau de l'assistant social, monsieur Seong, en compagnie de Minjun.

Monsieur Seong les regardait comme s'ils étaient deux enfants ordinaires. Pourtant, Jimin était bien conscient qu'ils ne l'étaient pas.

– Minjun, Jimin, comment allez vous aujourd'hui ? entama l'homme d'une voix qui se voulait douce, mais qui sonnait toujours comme une pitié dissimulée pour Jimin.

Minjun s'empressa de répondre avec une politesse exagérée :

– On va bien, monsieur !

Jimin hocha simplement la tête pour acquiescer, refusant de laisser la moindre émotion le trahir. Même si la rage menaçait de jaillir des pores de sa peau, il se contenait. Parce que chaque mot prononcé ici pouvait se retourner contre eux, juridiquement, et contre lui physiquement, à cause de son frère. Au moindre mot de trop, Minjun le tabasserait de retour au foyer. Il sentait encore les bleus de sa dernière erreur.

Alors il se taisait, alimentant la haine qu'il éprouvait pour son frère, pour monsieur Seong, pour le silence protecteur et maternel de sa mère, pour ce système pourri jusqu'à la moelle.

L'assistant social fit pivoter son fauteuil pour attraper un dossier dans une pile. Il l'ouvrit, parcourant les pages d'un air distrait.

– Je sais que c'est difficile pour vous... commença-t-il, mais Jimin n'écoutait déjà plus.

"Difficile" ? Ce mot était une insulte à sa douleur, à sa souffrance quotidienne, à son existence même.

–... j'espère que vous comprenez que nous faisons de notre mieux pour assurer votre sécurité et votre bien-être depuis l'accident de vos grands-parents.

Jimin resserra les poings sous la table, les ongles mordant profondément dans la paume de ses mains. La mention de "l'accident" était devenue un refrain constant, une mascarade qu'il haïssait entendre. Il retint difficilement le regard qu'il voulait lancer à Minjun, le coupable, le véritable coupable. Le seul coupable.

– Mais les choses s'améliorent enfin pour vous, les garçons, poursuivit monsieur Seong avec un doux sourire, presque insupportable à regarder.

Jimin sentit une boule de rage monter en lui. C'était toujours le même discours, les mêmes promesses vides. Cela faisait deux mois qu'il vivait en foyer avec son frère et, pendant ce temps, Minjun lui imposait le silence par la violence et la peur.

Personne ne venait en aide à Jimin, personne n'entendait sa vérité. Il avait bien essayé de la faire entendre, mais il n'avait fait que hurler sur des adultes sourds, en pleurs, et avait bien failli aller en "hôpital spécial" pour "enfant spécial" à cause de ses cris jugés "hystériques". Il ne voulait pas aller là-bas, il ne pouvait aller nulle part.

Minjun lui avait dit que s'il s'éloignait de lui, il tuerait quelqu'un d'autre. Depuis, Jimin avait arrêté d'essayer de raconter la vérité.

– Comme votre maman est en maison d'arrêt pour encore... un petit moment, poursuivit monsieur Seong, nous avons dû trouver une autre solution. Après des discussions et des évaluations, nous avons décidé de vous placer avec votre oncle Myung-dae.

Minjun sauta de joie tandis que Jimin garda son expression impassible. C'était ce qu'il avait espéré pendant ces deux longs mois, être placé chez un proche. Mais, malgré le soulagement qui tentait de s'immiscer, il refusait de crier victoire trop vite.

Quoi qu'il advienne, cette décision n'effacerait pas ce qui avait été fait, les souffrances qu'il avait endurées. Ça ne remplacerait pas ce qui avait été perdu. Et, surtout, ça ne garantissait en rien que justice soit faite.

Jimin devait encore trouver le courage de tout raconter à son oncle, de tout révéler sur les agissements de Minjun ; et espérer que cet adulte-là le croit et agisse.

Jimin ne connaissait pas beaucoup Myung-dae. Cet oncle était apparu récemment dans leur vie, à la naissance de Nara, et Jimin l'entendait souvent se disputer avec sa mère, depuis sa chambre où lui et Minjun étaient congédiés à chacune de ses venues.

Il savait néanmoins que Myung-dae était policier, mais il avait rencontré trop de ces adultes en uniforme dernièrement. Ils étaient de ceux qui avaient fermé les yeux sur la mort de ses grands-parents, balayant leur tragique fin d'un revers de main, l'enterrant sous le label d'un simple accident, une noyade malheureuse.

Jimin en était convaincu, il était le seul à pouvoir faire éclater la vérité ; celle que Minjun s'était vanté d'avoir accomplie, et il avait dû faire semblant d'être impressionné. Impressionné par la façon dont son grand frère avait assassiné une partie de sa famille en mettant beaucoup de somnifères dans leur dîner et dans le vin, et de la manière dont il avait patiemment attendu qu'ils s'endorment avant de les déshabiller et de les traîner dans l'eau.

Jimin se revoyait taper dans la main de son frère, comme s'il était son complice alors qu'il n'était que sa victime, prisonnier de ses mensonges. Il en vomissait, parfois.

Les paroles de monsieur Seong se diluaient dans un brouhaha lointain, étouffées par la rage qui grondait en Jimin. Il se forçait à sourire légèrement, à hocher la tête comme s'il écoutait attentivement alors qu'à l'intérieur, il y avait une tempête désireuse d'éclater.

Et tandis que le discours continuait, une main vint se poser délicatement sur la sienne. La main de Minjun ; chargée d'un amour malsain, d'une possession toxique.

Ce contact rappela à Jimin qu'il n'était pas seul. Une partie de lui accueillait encore ce lien tandis que l'autre aurait tout donné pour qu'il n'existe pas, pour qu'il n'ait jamais existé.

Il brûlait de le rompre, de l'effacer à tout jamais.

Les yeux de Jimin s'ouvrirent brusquement, cherchant frénétiquement des repères dans l'obscurité oppressante de son dortoir. Par chance, la veilleuse était allumée. Mais elle éclairait le vide du lit de Billie, exacerbant son sentiment d'isolement.

Il s'adossa contre son oreiller, essayant de se calmer. Sa respiration sifflait dans le silence étouffant, martelant ses tympans comme un métronome infernal. Il se recroquevilla d'abord, puis se leva, enfila son pantalon et se dirigea rapidement vers la salle de bain pour s'asperger le visage d'eau. Cependant, pris dans sa précipitation, il négligea l'importance de frapper avant d'entrer.

La porte de la salle de bain se referma d'un coup sec, presque aussi rapidement qu'il l'avait poussé. Il avait à peine eu le temps de l'éviter pour ne pas se la prendre en pleine figure et de crier un "désolé ! ".

Dans cet instant fugace, il avait pourtant eu le temps d'apercevoir Yoongi. Son dos, plus précisément. Sa peau laiteuse était envahie de cicatrices. Jimin n'avait rien vu de comparable.

Son camarade pâlot sortit de la pièce quelques minutes plus tard, habillé et renfrogné.

– Yoongi, je...-

Mais les vagues excuses que Jimin avait préparées furent balayées par l'épaule de son camarade heurtant la sienne.

Jimin traversait les ruelles pavées qui menaient à l'abattoir. Il ressassait. Il ne s'était pas vraiment disputé avec son camarade religieux, mais c'était tout comme. Peut-être même pire.

Yoongi avait un don pour faire passer des messages sans prononcer le moindre mot. Son silence en sortant de la salle d'eau avait fait beaucoup plus de bruit qu'habituellement, en plus de le cibler personnellement.

– Bordel... souffla Jimin.

Il s'en voulait d'avoir piétiné son intimité sans le vouloir. Terriblement. D'autant plus qu'il n'arrivait pas à faire sortir ces cicatrices de sa tête. Roses, boursouflées, nombreuses. Si nombreuses... L'horrible tableau qu'elles peignaient nourrissait sa curiosité maladive.

Yoongi paraissait sans faille. Et si Jimin n'avait pas vu son dos, il aurait pu continuer de croire qu'il n'en avait pas une.

À l'approche de la place, il capta des éclats de rire, des chuchotements et le léger tintement des verres qui s'entrechoquent. Les habitants de Meonville se rassemblaient parfois ici, entre l'accueil et l'infirmerie, à la nuit tombée, pour s'adonner à une partie de "Clandestin".

Ce jeu simple ne nécessitait aucun matériel, offrant aux travailleurs une pause méritée. Le but était d'estimer le nombre d'objets dans un groupe donné, que ce soit des cailloux dans une main ou des biscuits dans une boîte.

Jimin avait entendu dire que ce jeu était originaire d'ici. Pourtant, il connaissait toutes les règles par cœur et savait qu'il y avait déjà joué. Mais chaque fois qu'il essayait de se rappeler quand, comment et avec qui, rien ne lui apparaissait. Ni endroit ni individu, pas même voix. Rien que la peur. Sa vie d'avant était pareille aux pages d'un livre victime de coups de ciseaux tranchants. Et il ignorait encore s'il était reconnaissant ou non qu'il en soit ainsi.

Des mains s'élevaient parmi les joueurs attablés, des paris silencieux échangés par des gestes symboliques. Des bâtons de bois dans la poche d'une ouvrière étaient le choix du moment. Des estimations étaient exprimées avec confiance, d'autres avec hésitation.

Meonville, d'ordinaire enserrée dans sa sombreur, s'offrait une récréation. Comme ça, elle avait un petit côté Nouvelle Orléans. Sauf que ses habitantes ne portaient pas de robes à franges et ne buvaient pas de whisky. Du moins, pas dans des verres en cristal.

Jimin dépassa le groupe de parieurs. Quelques secondes plus tard, des exclamations de surprise, de joie et de déception fusèrent dans son dos. Puis l'effervescence s'estompa progressivement derrière lui tandis qu'il avançait dans les ruelles sombres jusqu'à faire face à un édifice massif, entouré de brume. L'abattoir.

La nuit lui conférait une aura encore plus sinistre. L'entrepôt qui, en plein jour, pouvait sembler simplement lugubre, prenait des allures de forteresse maléfique sous le clair de lune.

Jimin rejoignit la file d'ouvriers ; des hommes et des femmes, portant sur leurs épaules la fatigue des heures de travail et d'une vie gâchée. Voilà. Il n'était plus qu'un chou parmi les autres ; docile, discipliné et anonyme.

L'air était lourd ; l'odeur, insoutenable. Un mélange de fer, de chair et de quelque chose de plus sinistre encore. Un parfum macabre.

Les portes de l'entrepôt s'ouvrirent. En avançant vers l'intérieur, Jimin eut l'étrange sensation que les volutes grises de la brume s'enroulèrent autour de ses chevilles, comme des doigts froids l'aidant à avancer. À rester.

S'il avait dû estimer le nombre de secrets que renfermait Meonville et son abattoir, il aurait parié sur un bon millier.

<3

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro