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27 - Amen


Hello ! ^^

Long chapitre aujourd'hui, bonne lecture :)

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Bon retour au sous-sol.

C'était ce que Hoseok avait dit à Jimin en découvrant qu'il allait lui prêter main forte là-bas. Depuis, ils se débrouillaient comme ils pouvaient pour combler l'absence des autres ouvriers, chacun à un poste différent.

Jimin était à la presse. Ses mains gantées étaient souillées de cette mélasse visqueuse qu'il devait transformer en liquide. Le bruit mouillé le répugnait, tout comme l'odeur qui emplissait ses narines. Un parfum de rouille et de mort.

"Il n'est pas question de cœur chez les vampires, uniquement de sang." Avec ces masses charnelles encore tièdes se succédant entre ses doigts, ce que lui avait dit Jungkook devenait plus tangible, plus impitoyable. Les mots n'étaient plus des paroles en l'air.

Constatant qu'il n'y avait plus rien à broyer, il se dirigea vers la cuve avec sa bassine pour y déverser son travail. Le liquide épais se répandit dans le sang qui y stagnait.

— Pas trop galéré à la presse ? demanda Hoseok en levant à peine les yeux vers lui, concentré sur son propre boulot.

Jimin l'avait rejoint sous les grilles qui pissaient un mince filet pourpre.

— Ça va, répondit-il en essuyant une tache rouge sur son front.

Hoseok hocha la tête, toujours concentré sur le flux pour s'assurer que rien n'était gaspillé. La précision de ses gestes, l'attention qu'il y mettait, tout ça faisait de lui le parfait ouvrier. Une machine humaine huilée par le sang.

— Le quota était de cinq, et je crois que les chefs ont terminé, dit Hoseok en observant le mince filet virer au goutte-à-goutte. Passe au nettoyage. Plus vite on aura terminé, plus vite on pourra remonter.

Jimin opina. Pourtant, il ne bougea pas. L'envie de discuter avec Hoseok le démangeait bien plus que l'envie de suivre ses ordres. Avant tout, il voulait s'assurer de bien être en tête-à-tête avec lui. Il jeta alors un coup œil vers le bureau de Jungkook. Ce dernier était parti en même temps que Hoseok était arrivé, sans rien dire, et n'était pas revenu depuis.

— Où est-ce qu'il est ?

Son collègue suivit son regard.

— Ah, il s'occupe de la nouvelle, répondit-il d'un ton neutre en reprenant son travail. Tu sais, la sœur de la fille morte. Elle... vient juste de subir un traumatisme, alors...-

— Il va l'hypnotiser, c'est ça ? le coupa Jimin.

Hoseok marqua un temps d'arrêt alors que Jimin enchaînait :

— Je sais, pour... les vampires.

Les yeux de Hoseok se posèrent sur lui, une fraction de seconde, avant qu'ils ne retournent calmement à l'inspection de la gouttière, comme si cette révélation n'avait aucune importance, comme si elle n'était qu'un détail insignifiant au sein de la mare rouge dans laquelle ils pataugeaient.

— Oui, il va l'hypnotiser, admit-il, sans détour cette fois.

— Est-ce que... ça fait mal ? demanda Jimin, une combinaison de fascination et de dégoût dans sa voix.

Hoseok esquissa un sourire qui n'atteignit jamais ses yeux.

— Non. C'est comme se laisser bercer par un rêve où tout est calme, où les soucis s'évanouissent. C'est une libération, une évasion de tout ce qui pèse sur l'esprit. C'est... merveilleux, en quelque sorte.

Jimin ne put s'empêcher de s'imaginer ce que cela ferait de s'abandonner à cette sérénité, de se perdre dans cet oubli béni. Il secoua la tête.

— Qu'est-ce que tu as fait de... l'autre fille ?

— La morte ? répliqua Hoseok d'un ton détaché. Je me suis contenté de la descendre ici. Comme tu sais qu'ils sont des vampires, tu dois te douter de ce qu'ils en ont fait.

Le cœur de Jimin se serra. L'image des deux dirigeants présents en ville se nourrissant de la pauvre fille s'imposa à lui. Son estomac se tordit en se rendant compte qu'il n'avait pas la moindre idée de ce dont Jungkook et ses frères étaient capables.

— Tu n'as jamais pensé à t'enfuir ?

Hoseok secoua la tête, un rire amer s'échappant de ses lèvres, aussi creux qu'un écho dans une tombe vide.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? se renfrogna Jimin.

— Rien, répondit Hoseok, son rire s'éteignant aussi vite qu'il était venu. Je pensais que tu comprenais, mais, en fait, tu comprends rien.

Il s'arrêta de travailler, ses mains retombant lourdement sur ses côtés.

— J'ai tenté de me foutre en l'air pour échapper à l'héroïne, mais l'hypnose... c'est un autre niveau. C'est plus fort que tout ce que j'ai jamais foutu dans mes veines.

— Tu es accro... souffla Jimin en comprenant l'ampleur.

Le jeune homme en face de lui serra les mâchoires, un tic nerveux agitant la peau de son cou, avant d'acquiescer.

— J'en crève d'envie, j'en ai besoin comme de l'air. Au point que la mort ne me paraît même plus être une putain de délivrance. Alors fuir ? Hors de question.

Il ajouta, d'un ton empreint d'une gravité qui ne tolérait aucune objection :

— Billie ne doit jamais mettre les pieds ici, Jimin. 

Jimin consentit d'un mouvement de tête et la discussion prit fin. Il la rumunia, concentré qu'à moitié sur le nettoyage alors qu'il frottait pourtant vigoureusement les taches de sang qui ne semblaient jamais vraiment vouloir disparaître. Puis il entendit la porte bordeaux claquée d'ici, suivit des marches en métal qui hurlèrent avec agonie.

Jungkook ne mit pas longtemps à fendre son champ de vision, comme un roi des ténèbres venu inspecter son royaume, ses yeux en perçant chaque recoin avant de se fixer sur lui. Son cœur s'emballa alors, une réaction instinctive qu'il détestait autant qu'il ne pouvait la contrôler. Il tenta de lui parler, mais...

— Pas de question, le devança Jungkook.

La porte de son bureau claqua derrière lui et Jimin baissa la tête, un soupir frustré s'échappant de ses lèvres. Il refoula l'envie furieuse de suivre le dirigeant, de lui arracher des réponses avec ses satanées questions. Il se concentra plutôt sur le sang qu'il frottait, comme pour purifier ses pensées de son obsession. Puis il quitta le sous-sol, sans trop de mal, uniquement parce qu'il savait qu'il y reviendrait dès le lendemain.

Jimin entra dans le dortoir, déterminé à se fondre dans le décor. Comme ses camarades discutaient sur le lit de Tae, il avança avec précaution vers le sien, veillant à ne pas troubler l'illusion de tranquillité qui régnait dans la chambre. Quand il se glissa sous sa couverture, il réprima un soupir de soulagement.

— Jimin, ça va ?

Au son de son prénom, ses muscles se tendirent instinctivement, comme une proie prise au piège. Il leva brièvement les yeux et croisa ceux de Yoongi.

— Ouais, je veux juste dormir. J'suis crevé, murmura-t-il, espérant que cela suffirait à tuer dans l'œuf toute tentative de conversation.

Mais Tae ouvrit la bouche à son tour, avec une naïveté qu'il était le seul à posséder encore dans ce dortoir.

— Et notre enquête ? Tu veux pas savoir si on a trouvé quelque chose aujourd'hui, ou nous dire ce que toi tu as trouvé un truc ? D'ailleurs, t'étais passé où..-

— Tae, l'arrêta Yoongi avec un sourire qui sonnait faux. Jimin vient de dire qu'il était fatigué. Laisse le se reposer.

Le plus jeune du dortoir, visiblement hésitant, hocha la tête, bien que ses yeux retournaient sans cesse vers Jimin, comme s'il cherchait à comprendre ce qui se dérobait dans les prunelles de son ami.

— On devrait tous aller se coucher, conclut Yoongi.

En retour à cet ordre tranquille déguisé en suggestion, Jimin se tourna pour faire face au mur. Il voulait que ce mur soit un bouclier, quelque chose d'assez solide pour le couper du monde, de ses camarades et surtout de leurs interrogations. Il voulait s'endormir au plus vite, même s'il savait que le sommeil n'était pas un refuge, mais une malédiction. Tant pis, il préférait encore se fondre dans ses cauchemars familiers plutôt que de faire face aux regards scrutateurs de ceux qu'il appelait ses amis.

La lumière s'éteignit, les draps se froissèrent. Puis, au lieu du calme, ce fut la voix de Yoongi qui résonna doucement dans le noir.

— Seigneur, pardonnez mes péchés et guidez moi sur le bon chemin. Donnez moi la force de résister aux tentations et de rester fidèle à mes convictions, même quand tout semble perdu. Aidez-moi à faire la lumière dans les ténèbres qui m'entourent.

Il y eut une pause, un moment où la profondeur de son amour pour son dieu sembla suspendre le temps. Jimin entendit presque le craquement dans la gorge de Yoongi lorsqu'il reprit, d'un murmure fragile qui lui serra le cœur.

— Aidez-moi à protéger ceux que j'aime, Seigneur, je vous en prie...

Jimin ferma les yeux, et les larmes qu'il avait essayé de retenir se mirent à couler, chaudes et amères, traçant des sillons brûlants sur ses joues.

— Amen, souffla Yoongi.

— Amen, répétèrent Jimin et Tae, leurs voix à l'unisson, mais chacune teintée de leurs propres tourments.

Jimin s'éclipsa du dortoir à la lueur mourante du jour, après un dernier regard attristé vers ses camarades plongés dans un profond cauchemar. Lui avait encore rêvé de sa mère, de la peur qu'elle éprouvait parfois envers Minjun, du dégoût qu'elle affichait quand ses enfants se câlinaient. Si Jimin n'avait rien vu, rien compris, quand il était enfant, il savait maintenant que ses réactions étaient le reflet du traumatisme qu'elle avait subi. L'inceste. Que Minjun incarnait malgré lui.

Jimin retrouva Hoseok au sous-sol, déjà plongé dans le travail. Et il n'allait pas bien, c'était évident. Ses mains tremblaient lorsqu'il manipulait la gouttière, son regard, habituellement vif, était terne et voilé. Jimin le vit se gratter compulsivement, ses ongles laissant des marques rouges sur sa peau. Des cernes assombrissaient son visage et une sueur froide perlait sur sa peau malgré les températures plus clémentes, surtout dans les profondeurs de Meonville.

Mais ils étaient débordés. Il n'y avait pas de place pour les bavardages, ni pour l'inquiétude. Jimin enchaînait les tâches, ne pouvant cependant s'empêcher de jeter des coups d'œil soucieux à son collègue. Et plus la nuit avançait, plus l'état du jeune homme empirait. Ses mouvements devenaient saccadés, ses respirations courtes et haletantes. Parfois, il s'arrêtait brusquement, fixant le vide avec une expression d'angoisse qui affectait Jimin.

Lorsqu'il eut fini toutes ses tâches, jusqu'au nettoyage minutieux de la presse, il voulut s'approcher, lui parler, le rassurer. Mais avant qu'il ne puisse faire un pas, il en entendit derrière lui. Ils provenaient de l'impasse. Cela ne pouvait être Jungkook, cloîtrer dans son bureau depuis avant l'arrivée de Jimin. Alors Jimin attendit, les yeux rivés vers ce ce cul-de-sac, jusqu'à ce que la silhouette se précise et qu'il parvienne à la nommée.

SeokJin.

Des marques défiguraient sa beauté. Des fissures noires. Aussi noires que l'étaient ses yeux, et ceux de Jungkook à l'infirmerie.

Jimin n'avait rencontré ce dirigeant qu'une seule fois, mais il en savait assez sur lui pour ne pas avoir envie de se mettre en travers de sa route. Encore moins avec l'apparence démoniaque qu'il affichait, et lui couvert de sang de vache. Il se cacha alors derrière la cuve.

SeokJin ne dit rien d'abord, laissant ses yeux d'onyx se promener sur les entrailles de l'abattoir où Jimin se faisait tout petit. Puis, d'une voix rauque, il héla Hoseok.

— Hoseok ! Hoseoook ! 

Il n'arrêtait pas, ne voyant pas que Hoseok courait déjà vers lui. Il ressemblait à un naufragé, luttant contre les flots déchaînés, se précipitant vers une pierre d'apparence solide pour s'y accrocher alors que même un aveugle aurait pu voir qu'elle allait le faire couler à pic.

— Hoseooook ! Hoseooook ! hurlait SeokJin.

Puis un sourire déformé par la douleur et l'épuisement étira les lèvres du dirigeant en apercevant enfin l'ouvrier arriver en trombe. Ce dernier s'élança dans ses bras avec ferveur. Les crocs de Seokjin émergèrent alors, blancs et menaçants. Des canines prêtes à déchirer la chair, songea Jimin. Mais avant que cette vision ne devienne réalité, la voix de Jungkook résonna derrière lui, semblant faire vibrer les pierres mêmes du sous-sol.

— Pas ici, mon frère, tonna-t-il.

Seokjin, les crocs toujours exposés, tourna lentement la tête vers Jungkook, un mélange de surprise, de mépris et d'obéissance dans ses yeux d'obsidienne. Il opina à contre"cœur" avant de s'éloigner avec Hoseok suspendu à son cou. L'ouvrier ressemblait à une offrande, et à un fardeau. Mais, surtout, à une victime consentante.

Jimin ne pouvait détacher son regard d'eux, malgré la présence oppressante de Jungkook juste dans son dos. L'angoisse l'étreignait alors qu'il imaginait les horreurs qui attendaient Hoseok. SeokJin avait l'air affamé. Une faim animale. Surnaturelle.

— Ne t'inquiète pas pour Hoseok, le rassura Jungkook d'un ton presque nonchalant. Lui et mon frère – que j'appelle ainsi simplement parce que nous sommes de la même espèce – ont un accord. Jin lui offre l'hypnose et, Hoseok, son sang. Comme je te l'ai déjà dit, c'est donnant-donnant.

Ses mots n'eurent pas tout à fait l'effet apaisant qu'ils étaient censés avoir. Ils renforcèrent même les films que Jimin se faisaient. Il pivota pourtant vers Jungkook. Le dirigeant était loin d'avoir la même apparence que son frère. Il semblait... normal. Une beauté troublante, certes, mais une beauté humaine, de celles qu'on croirait pouvoir toucher sans se brûler.

— Vous répondez à mes questions maintenant ? Et sans même que je les pose, fit remarquer Jimin.

Jungkook haussa un sourcil, un sourire taquin dansant sur ses lèvres.

— L'autre soir, j'étais fatigué et... affamé, dit-il d'un air faussement innocent, ses yeux lançant des éclairs d'une malice presque enfantine.

C'était cette contradiction, ce mélange de danger et de familiarité, qui laissait Jimin fasciné. Il se surprit d'ailleurs à apprécier ces excuses à demi-mot, et surtout le fait que le vampire ait fait le premier pas vers lui.

Jungkook s'éloigna en direction de son bureau, s'arrêtant juste à l'entrée pour jeter un regard par-dessus son épaule. Ce n'était qu'un simple coup d'œil, mais il portait en lui toute la puissance d'une invitation tacite. Un prédateur appelait sa proie dans sa tanière, et Jimin, malgré son instinct lui hurlant de fuir, entra. S'il y avait bien une chose qui pouvait le dévorer bien plus qu'un vampire, c'était sa curiosité.

— Ne sois pas si nerveux, se moqua le dirigeant d'une voix suave. Je ne vais pas te faire la même offre que mon frère a faite à ton ami.

Il se saisit d'une tasse et sortit de son bureau en prenant soin de frôler Jimin. Il se rendit à la cuve, poursuivi par un regard curieux alors qu'il plongeait sa tasse dans le lac d'hémoglobine avec une aisance déconcertante, puis la remonta lentement, du sang glissant sur le bord.

Il revint vers son bureau et s'assit derrière, son regard enfin posé sur Jimin qui n'osait bouger.

— Je... je devrais vous laisser... manger, balbutia-t-il.

— Tu peux rester.

Jungkook porta lentement la tasse à ses lèvres, ses yeux ne quittant pas ceux de Jimin, puis but une gorgée du liquide rouge avec une lenteur délibérée.

— Quel goût ça a ? osa prononcé Jimin, son intérêt évident.

Jungkook sourit, dévoilant volontairement ses dents teintées de rouge.

— Tu veux goûter ? Celui-là a un goût de fer aromatisé à l'herbe.

Jimin secoua la tête, la vue du carmin le ramenant brusquement à la réalité.

— Vous trouvez ça... bon ? demanda-t-il, l'étonnement colorant sa voix.

Jungkook se permit un petit rire ironique.

— Je préfère le sang humain. Et avant que tu me le demandes : il a le goût de la vie.

Les yeux de Jimin s'écarquillèrent, médusé par ce qu'il entendait.

— Et... vous en buvez ?

Le vampire haussa un sourcil.

— À ton avis ?

Jimin baissa les yeux.

— J'ai vu Yubo, murmura-t-il, sa voix à peine audible.

Il releva les yeux, cherchant un fragment d'humanité dans ceux de Jungkook, l'espoir qu'il se trompe, mais ce qu'il y trouva était bien plus complexe et impossible à nommé.

— C'est l'œuvre de Jin, admit le dirigeant. Tu peux voir ce que mon frère a fait à cet homme comme quelque chose de terrible, et pourtant... Se servir de Yubo a été sa façon de ne pas massacrer d'innombrables humains.

— Ça n'excuse pas tout, rétorqua Jimin, révolté pour ce pauvre homme se mourant dans son fauteuil roulant.

— Ça n'excuse rien, Jimin. Je ne fais que relater. Jin a été transformé en vampire peu de temps avant notre arrivée à Meonville. Sa soif était forte, dévorante, mais son humanité... elle tenait encore, comme un dernier fil tendu au-dessus du gouffre. Il ne voulait pas tuer. Il a essayé de se contrôler, mais quand on meurt de faim, il est difficile de ne pas finir son assiette

Jimin sentit un frisson lui parcourir l'échine, mais il ne put détourner le regard de Jungkook. Ce dernier était immobile, comme une statue, sauf ses doigts qui tapotaient doucement la table, créant un rythme étrange, hypnotique. La mélodie des murmures.

— Jin a alors eu une idée de génie, dans son genre, continua Jungkook. Se nourrir du sang de ceux qui ont déjà renoncé à la vie. En cas de loupé, il se pardonnait plus vite.

Jimin cligna des yeux, tentant de digérer l'horreur tranquille avec laquelle Jungkook dépeignait son frère. Il chercha à lire quelque chose sur le visage de son interlocuteur, un signe de remords peut-être, mais tout ce qu'il trouva était une calme résignation.

— Yubo a été son plus long plat de résistance, ajouta Jungkook, sa voix presque douce. Puis il est devenu vieux et fou. Jin a dû se trouver un nouveau garde-manger, et encore un autre, Hoseok en bout de liste.

Jimin serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans sa paume, essayant de contenir l'avalanche de colère et de tristesse qui menaçait de déborder.

— Votre frère tente d'apporter un semblant de moralité à ce qu'il fait, lâcha-t-il, la voix tremblante, mais ça reste une monstruosité.

Jungkook inclina la tête, observant Jimin avec un regard presque compatissant, ses doigts s'arrêtant de tambouriner.

— Une monstruosité, oui. Mais c'est une monstruosité qui lutte pour ne pas sombrer complètement. C'est une lutte que nous partageons tous, d'une certaine manière.

Il reprit la tasse posée sur son bureau, la portant lentement à ses lèvres, et savoura le liquide rouge qui s'y trouvait. Le silence s'étira, tandis que Jimin luttait pour remettre de l'ordre dans ses pensées.

— Est-ce que Hoseok finira comme Yubo ?

— Oui, et il le sait.

Les mots tombèrent comme une sentence, glaciale et inéluctable. Jimin sentit une boule de désespoir se former dans sa gorge en imaginant Hoseok sur le fauteuil de Yubo, la bave aux lèvres, le sourire à jamais envolé.

— C'est cruel, murmura-t-il, sa voix teintée d'une douleur sincère.

Jungkook posa doucement la tasse sur le bureau, ses yeux noirs plongeant dans ceux de Jimin avec une intensité qui fit frissonner ce dernier.

— Ne te fais pas d'illusions, dit-il d'un ton impitoyable. Hoseok n'aime pas Jin. Il aime son pouvoir.

— Qu'est-ce que vous en savez ? répliqua Jimin, une lueur de défi dans le regard. Comment pouvez-vous être si sûr de ce que les autres ressentent ?

Un sourire sans joie étira les lèvres de Jungkook, son expression empreinte d'une sagesse amère.

— Je le sais, c'est tout. Qui pourrait bien nous aimer, Jimin ? Nous sommes des monstres déguisés en hommes, et les gens le sentent, même quand ils ne le savent pas. Regarde autour de toi. Ceux qui travaillent ici nous respectent parce qu'ils nous craignent, ils nous vénèrent comme des dieux... Et pourquoi les humains prient-ils ? Par peur et désespoir.

Jimin ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire, amer mais sincère. Jungkook le fixa, surpris par cette réaction inattendue, ses sourcils se fronçant légèrement.

— Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda-t-il, intrigué.

Jimin secoua la tête.

— Vous ne connaissez pas les humains aussi bien que vous le prétendez, répondit-il. Je vis avec un croyant, qui prie chaque jour. Et il ne prie pas par peur ou désespoir. Il prie par amour. Yoongi aime son dieu.

Les mots de Jimin laissèrent Jungkook sans voix, ses yeux s'écartant légèrement. C'était comme si une nouvelle perspective venait de s'ouvrir devant lui, quelque chose qu'il n'avait jamais envisagé.

— L'amour... répéta-t-il d'une voix basse, presque pour lui-même, comme s'il goûtait le mot pour la première fois.

Jungkook se redressa légèrement, le masque d'assurance revenant lentement sur son visage, mais cette fois, il y avait quelque chose de différent dans son regard. Quelque chose de moins certain, comme une ombre d'hésitation.

— Peut-être, admit-il enfin, sa voix redevenue calme.

Il se leva avec grâce, ses mouvements fluides et contrôlés, comme un félin qui s'étire après une longue et paresseuse sieste. Un geste vif de sa part — une claque sèche des mains — dispersa le malaise comme un coup de vent éparpille des cendres.

— Assez parlé de ça, lança-t-il d'un ton presque enjoué, tentant d'effacer le sujet précédent comme s'il n'avait jamais existé. Jin reste constamment au sous-sol. C'est pour ça que ton amie à la queue-de-cheval n'avait pas sa place ici.

Les mots de Jungkook tombèrent comme une goutte d'acide dans l'esprit de Jimin, brûlant et corrosifs. Une chaleur désagréable se répandit dans son ventre, se mêlant à la culpabilité qui l'étreignait déjà.

— Tu comprends, maintenant ? reprit Jungkook, son regard perçant fixant Jimin. Avec ses poignets marqués, mon frère aurait fait d'elle son quatre heures.

L'image de Billie s'imposa brutalement dans la tête de Jimin, se superposant à la demande qu'il avait faite à Jungkook : qu'elle rejoigne le sous-sol. L'idée qu'il aurait pu, sans le savoir, livrer son amie en pâture le dévastait.

— Vous l'avez protégée... murmura-t-il, sa voix tremblant sous le poids de l'émotion. Mais... pourquoi ?

Un éclat étrange brilla dans les yeux du dirigeant, et pour un instant, Jimin eut l'impression de voir au-delà de la surface calme et maîtrisée.

— Tu avais l'air de tenir à elle.

— Non, ne faites pas ça ! s'emporta Jimin.

— Faire quoi ? demanda Jungkook, feignant l'innocence en admirant ses ongles.

— Noyer le poisson ! s'écria Jimin, sa frustration perçant dans sa voix. Répondez moi. Pourquoi vous avez fait ça pour moi ? Qui suis-je, pour vous ?

Jungkook esquissa un sourire, secouant légèrement la tête comme pour réprimander gentiment la fougue de Jimin.

— Allons, Jimin, il y a des limites à ce à quoi je peux répondre. Je peux te dire quel genre d'homme je ne suis pas, te parler de mon frère et de son éternel repentir. Mais je ne peux pas te dire qui tu es. C'est plutôt à toi de me le dire, hm ?

La frustration de Jimin monta en lui comme une marée, mais il n'eut pas le temps de l'exprimer. Jungkook s'était rassis avec aisance, récupérant la tasse qu'il avait posée sur son bureau.

— C'est l'heure du rapport, susurra-t-il, sa voix devenant soudain plus douce, plus dangereuse.

— Du... r-rapport ? bafouilla Jimin, surpris par le brusque changement de sujet.

A cet instant, un coup discret résonna contre la porte entrouverte. 

— Entre, ordonna Jungkook.

Le regard de Jimin se tourna instinctivement vers l'entrée.

— Willy... souffla-t-il.

C'était comme voir une ombre familière surgir d'un passé presque oublié. Son collègue et ami se tenait là, dans le cadre de la porte, avec une assurance froide qui ne lui ressemblait pas. Jimin peinait à réconcilier l'image de l'homme qu'il avait connu avec celui qui se trouvait devant lui.

Sans un regard pour Jimin, Willy s'avança.

— Trois départs parmi les ouvriers du sous-sol. Et un suicide à l'aube, Monsieur.

Sa voix était plate, presque mécanique, comme s'il récitait sa litanie quotidienne.

— Merci, Willy. Tu peux disposer, le congédia Jungkook.

Willy hocha la tête, tourna les talons et quitta la pièce avec la même indifférence avec laquelle il était entré. Pas un mot, pas un regard pour Jimin. Ce dernier restait figé, les yeux rivés sur l'endroit où son ami venait de disparaître. Sa respiration était courte.

— Eh bien, on dirait que l'Obscurité a encore fait des siennes... constata Jungkook avec un amusement amer. 

Jimin ignora ses palabres. Une question silencieuse brûlait dans son regard perdu, une question qui n'avait pas besoin d'être prononcée pour que Jungkook la comprenne.

— Ah, souffla ce dernier. Ne ne prends pas l'attitude de Willy trop personnellement. Je bride son esprit afin qu'il ne réfléchisse pas trop. Un esprit libre peut poser des questions gênantes, après tout. Tu en es la preuve.

— Une marionnette décérébrée... siffla Jimin, les poings serrés. Il ne mérite pas ça !

Jungkook eut un mouvement d'épaules.

— Ce n'est pas par cruauté. Willy travaille ici depuis longtemps, tu sais, assez longtemps pour voir que nous ne vieillissons pas comme les autres, assez longtemps pour comprendre l'incompréhensible. Il ne s'agissait que de temps avant qu'il devienne chef, dont le rôle est d'être mes yeux et mes oreilles, là-haut. Et puis ce jour est arrivé. Boseom a surpris votre conversation et a intercepté cet homme avant qu'il ne t'en dise trop. 

Jimin plissa les yeux.

— C'est ma faute, c'est ce que vous essayez de me dire ?

Jungkook ne répondit pas directement. Au lieu de cela, il observa Jimin avec une intensité presque amusée.

— Tu l'apprécies, murmura-t-il, une observation qui résonna plus comme une révélation.

Jimin détourna le regard, donnant sa réponse d'une simple hochement de tête. Bien sûr qu'il appréciait Willy. Il avait été plus qu'un collègue, un ami, une des rares personnes sur lesquelles il avait toujours pu compter. Et maintenant, il était réduit à un simple outil.

— L'esprit humain est malléable, parla Jungkook. Il se plie, il s'adapte, parfois même il se brise... mais il se répare aussi. Tu pourrais venir voir Willy ici, ajouta-t-il, son ton soudain plus doux, presque tentateur. Je veux dire... le vrai lui, pas cette version qui erre sans but.

Jimin releva brusquement la tête, cherchant à comprendre les intentions de Jungkook.

— Pourquoi vous feriez ça ? demanda-t-il, la méfiance perçant dans sa voix.

Jungkook ne répondit pas immédiatement. Il se leva, contourna lentement le bureau. 

— Parce que j'en ai le pouvoir, déclara-t-il d'une voix basse.

Il franchit encore quelques centimètres, réduisant l'écart entre eux.

— Parce que je peux exaucer tes prières, ajouta-t-il, sa voix devenant presque un murmure caressant.

Jungkook était maintenant tout près, son aura imposante enveloppant Jimin comme une ombre qui s'étend. Il se pencha légèrement, approchant ses lèvres des siennes.

— Parce que je pourrais être ton Dieu, Jimin.

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J'espère que le chapitre vous a plus hihi ! 

Bon week-end !!

Love

<3

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