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2 - Un souverain pas comme les autres

Hello ! ^^ 

La semaine dernière, aucune notif n'a été envoyé pour le chapitre 1. Je ne sais pas encore si ça aura fonctionné pour celui-ci (je l'espère) mais... du coup, vérifiez d'avoir lu le premier avant le deuxième que voici :))

Bonne lecture

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Meonville se trouvait à une dizaine de minutes de marche environ que Jimin n'avait pas encore quitté ce no man's land sinistre où le bus l'avait largué, entouré de clôtures rouillées. Son regard restait rivé sur l'horizon, sous le ciel cendré, là où une épaisse fumée s'échappait d'un imposant bâtiment.

– L'abattoir... répéta-t-il d'une voix sourde.

La légère brume qui s'étendait sur la petite ville semblait prendre naissance ici, portant avec elle cette odeur qui faisait réfléchir à deux fois sur la nécessité de respirer. 

Puis il remarqua cette queue-de-cheval se balancer au loin.

– Hé, attends !

Lorsqu'il enjamba la clôture pour rejoindre la jeune femme, il eut l'étrange sensation que la brume s'enroula autour de lui, telle une âme résolue à ne jamais le laisser partir. Il jeta alors un coup d'œil furtif vers l'arrêt de bus, comme si les regrets étaient des bagages à évaluer, mais son bilan mental était plus léger qu'une plume. Rien à regretter. Rien à quoi s'accrocher non plus. Il s'élança donc vers l'inconnu sans plus se retourner.

Peu importe ce qui m'attend, je n'ai nulle part d'autre où aller.

Arrivé dans cette ville où l'on dit que les gens fuient, il suivit consciencieusement la jeune femme à travers les ruelles étroites, espérant qu'elle savait réellement où elle allait. Une fusion de crainte et d'appréhension tournoyait dans son ventre alors qu'il n'espérait pas moins que d'avoir trouvé un abri durable, aussi étrange et terne semblait-il.

Les maisons semblaient avoir été colorées avec la morosité pour pinceau, d'une tristesse qui collait à leur peau de béton. Basses, grises, elles se pressaient les unes contre les autres, comme pour se serrer les coudes. Leurs volets fermés donnaient cette impression d'abandon, mais les quelques habitants dans les rues prouvaient l'inverse. Les visages burinés et fatigués de ces gens racontaient des histoires que Jimin n'avait pas envie d'entendre.

Arrivé sur une petite place formée par un embranchement, il remarqua un fait étonnant. En plus des rails inanimés qui serpentaient dans les rues, toutes les bâtisses étaient orientées vers le même endroit, comme si elles refusaient de tourner le dos à leur souverain qui les dominait de par son imposante stature : l'abattoir. Des façades soumises, prosternées devant leur maître. Jimin en eut un frisson.

Meonville se présentait à lui comme un sinistre parc d'attractions - sans attraction - mais avec une bonne dose de poussière, de bois vieilli et de métal rongé par la rouille. Un Disneyland du Far West désaffecté et, vu l'odeur, Mickey était probablement mort quelque part depuis une bonne décennie.

La jeune femme poussa la porte d'un édifice modeste où une plaque en fer rouillé indiquait simplement "accueil". Jimin arqua un sourcil, abandonna sa capuche et entra à sa suite. Une cloche tinta, annonçant leur présence.

Les murs jaunis de la pièce étaient nus, à l'exception d'un calendrier périmé, et l'unique fenêtre était si sale que la lumière du jour semblait avoir perdu tout espoir d'entrer. Dans ce décor, une vieille dame aux cheveux gris s'installa lentement derrière le guichet tout en crachant ses poumons.

– Hé, ajumma ! Ça fait un bail ! la salua la jeune femme.

La vieille dame fut aussi imperméable à cette appellation qu'à ce qui s'apparentait à des retrouvailles.

– Inscrivez-vous dans le registre, leur dit-elle, apathique.

– Quel registre ? laissa échapper Jimin, curieux.

La dame âgée sortit un cahier poussiéreux et très épais qu'elle laissa tomber lourdement sur le comptoir avant de prendre soin de préciser ce qui n'avait plus besoin de l'être :

– Ce registre.

Jimin pinça ses lèvres entre elles, se sentant idiot d'avoir posé la question alors que, avec un peu de patience, les réponses arrivent bien souvent toutes seules.

Il laissa la jeune femme écrire la première puis, son tour venu, il posa ses yeux sur cet étrange carnet. Un tableau, deux colonnes : date d'arrivée et prénom. C'était tout. Pas de nom de famille, encore moins de date de naissance. Du succinct, jeté en pâture au papier.

Tout en notant, il lut la ligne qui précédait la sienne. Billie. Un léger froncement de sourcils, un regard confus en direction de sa camarade d'infortune :

– Tu t'appelles vraiment Billie ? murmura-t-il.

– Non, mais j'aurais adoré m'appeler comme ça, chuchota-t-elle en riant dans sa main. Ça fait cow-boy, tu trouves pas ? Un peu comme cette ville de barges.

Penchant ensuite son corps au-dessus du cahier, elle lut d'une voix enjouée :

– Jimin ? Bonne idée ! Y en a plein le pays. Tu apprends vite, Jimin, le félicita-t-elle en lui faisant un clin d'œil.

Jimin, de son vrai prénom Jimin, sourit de façon gauche à ses éloges qu'il ne méritait pas. Aurait-il dû mentir sur son identité ? Inscrire son prénom sur cette page s'avérait soudainement plus important qu'il ne l'avait imaginé. Il regarda le registre se faire ranger en essayant de ne pas éprouver de regrets.

– Vos téléphones, réclama ensuite la gardienne de l'accueil.

Jimin dut lui prouver qu'il n'en avait pas en retournant ses poches et en ouvrant son sac comme lors d'un contrôle de police. Billie assura elle aussi ne pas en posséder, levant innocemment les mains en l'air et invitant même la vieille dame à venir la palper. Mais cette dernière ne bougea pas, gardant la paume tendue vers la jeune femme, un regard las sous ses paupières tombantes :

– Tu me fais l'coup chaque fois, Billie. Donne ton téléphone.

Cédant avec une moue exagérément résignée, Billie marmonna :

– Y'a pas de réseau t'façon...

Jimin se détourna précipitamment quand elle plongea sa main dans ce qu'il avait deviné être son soutien-gorge. Un bruit fracassant résonna, et lorsqu'il fit volte-face, il vit que le téléphone de Billie était en morceaux, la vieille dame rangeant tranquillement son marteau sous le comptoir.

– Vous allez pouvoir aller voir l'intendant, leur dit cette dernière.

– Excusez-moi, mais... l'intendant ? demanda Jimin.

Il se sentait perdu. C'était comme si tout était parfaitement rodé ici, à l'image d'une pièce de théâtre, mais il lui manquait le script, le scénario... À peu près tout, en fait.

– Il vous attribuera un poste à l'abattoir.

Les yeux de Jimin s'arrondirent.

– Quoi ? Non- je-... Je ne suis pas venu ici pour travailler à l'abattoir ! s'empressa-t-il de contredire la dame âgée.

Celle-ci haussa lentement ses paupières fripées.

– Ah non ? fit-elle d'un ton désintéressé.

– Non, pas du tout ! revendiqua-t-il. Je suis pas d'ic..-

Le rire rauque de la vieille femme résonna, un son qui vexa Jimin jusqu'au silence.

– Mon p'tit, j'sais bien que tu n'es pas d'ici. Mais sais-tu seulement où tu es ?

– À... Meonville ?

Aucun sourire ne se dessina sur les lèvres de la dame de l'accueil alors qu'elle semblait pourtant satisfaite de sa réponse.

– Les étrangers qui parviennent à rejoindre notre ville sont les bienvenus, mais nous leur demandons de travailler en échange de notre hospitalité, ajouta-t-elle.

Billie pouffa.

– Hospitalité, tu parles...

Jimin décida de mettre de côté ce commentaire et essaya de négocier, son ton portant le poids de la détresse :

– Écoutez, je...-

Mais la dame l'interrompit de manière catégorique :

– Désolée. Les logements sont réservés à ceux qui travaillent, et seul l'abattoir offre des emplois. 

Bien qu'elle venait de s'excuser, la vieille dame n'avait pas vraiment l'air d'être désolée pour lui. Ses yeux semblaient traduire une froide réalité, une sorte de règle immuable qu'elle n'avait fait que rappeler. Jimin, à court d'arguments et de choix, n'insista pas. Il hocha même faiblement la tête, signifiant ainsi qu'il comprenait et acceptait les termes imposés.

– Je t'épargne le quiz à toi parce que t'y as déjà eu le droit, dit la femme âgée à Billie avant de regarder Jimin. As-tu de la famille ? Ou quelqu'un susceptible de signaler ta disparition ?

Jimin sentit son cœur battre à tout rompre. "Disparition" était un mot fort mais, surtout, il était pris entre l'envie de dire la vérité et la peur des conséquences. Il avait l'impression qu'il allait se faire virer de cette ville s'il répondait mal à ce "quiz".

– Non, madame. Personne, mentit-il alors.

– T'es recherché par la police ?

Ses mains devinrent moites, et il lutta pour garder un visage impassible.

– Non, répondit-il avec cette même hésitation.

Comme la vieille dame le fixait sans poser plus de question, il se demanda si elle le soupçonnait de quoi que ce soit, si elle avait remarqué quelque chose d'étrange dans son comportement. Mais elle se détourna de lui pour vaquer à ses occupations, le laissant avec ses demi-vérités dans la gorge.

– Allez voir l'intendant, il vous dira quel poste prendre à l'abattoir, répéta-t-elle comme une vieille rengaine. Revenez me voir quand ce sera fait, je vous attribuerai un dortoir. Maintenant du balai !

Une fois dehors, Jimin se mit à respirer vite. Mais l'air, en plus de ne pas être frais, ne lui faisait pas du bien. Travailler dans un abattoir ? C'était insensé. Jamais il ne pourrait, lui qui mangeait son steak bien cuit, et, ça, quand il en mangeait. Il aimait les animaux.

Malgré lui, il se remémora la fois où Rain avait été blessé et qu'il l'avait emmené chez le vétérinaire malgré qu'on le lui avait interdit. Le chaton avait finalement succombé aux blessures qui lui avaient été infligées et Jimin avait beaucoup pleuré.

À ce triste souvenir, il s'imagina assassiner des bébés chats dans cet entrepôt qu'il fixait apeuré. Même à quelques mètres, l'aura de l'abattoir était écrasante. Ses murs sombres semblaient dévorer la lumière environnante, recouvrant la ville de son ombre.

– Tu es courageux, Jimin, lui dit Billie, sa main couverte d'une mitaine posée sur son épaule.

Il la connaissait à peine, mais il n'avait encore jamais entendu ce ton de voix si doux venant d'elle. Et cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas reçu un compliment, encore moins un comme celui-là. « Froussard... ». « Débile ! ». Le sourire que Billie lui offrit en ôtant sa main chassa cette voix.

– La première fois que l'ajumma m'a fait son speech, j'suis directement retournée à l'arrêt de bus. Mais...

Elle se gratta la tête, l'air embarrassée par son passé.

–... je savais pas encore que le bus passait qu'une fois par semaine. Du coup, j'suis restée.

Le visage de la jeune femme trahissait quelques regrets évidents, mais également autre chose que Jimin n'arrivait pas à traduire.

– Oh, réagit-il tristement. Une fois par semaine ? Meonville est vraiment un trou paumé...

– C'est vrai, mais c'est aussi bien plus que ça. Tu le découvriras toi-même.

Il sentit la curiosité et la peur pousser contre sa poitrine. Pour décompresser, il choisit de faire un trait d'humour :

– Un endroit où l'hospitalité est bonne ?

Billie ricana, mais ça sonnait faux. Sa désinvolture s'était envolée quelque part au détour de leur conversation. Jimin avait envie de s'en inquiéter, mais n'y arrivait pas ; trop inquiet pour lui-même.

Il avait réussi à fuir, mais ignorait ce que cette ville lui réservait. Pourtant, quoique c'était, il était décidé à rester. Même s'il devait en venir à massacrer des chatons innocents dans cet entrepôt puant, ça ne pourrait jamais être pire que ce qu'il avait traversé.

Comme pour le contredire, le vent souffla, portant avec lui cette odeur nauséabonde. Il pressa sa main couverte de sa manche contre son nez.

– Tu t'y feras, lui dit la jeune femme en le voyant faire alors qu'ils marchaient de nouveau.

Cette senteur était vraiment immonde, elle prenait le nez et les tripes. Jimin lui fit donc part de ses doutes :

– J'en suis pas sûr...

– Si, tu verras. On s'habitue à tout.

Il était toujours aussi peu convaincu mais, conscient que ça ne servait à rien de se plaindre, il ne fit pas d'autres commentaires. Il n'en eut de toute façon pas le temps. Billie ajusta le sac sur son dos d'un geste sec, agrippant la lanière comme si c'était la corde de sauvetage d'un bateau sur le point de sombrer.

– On s'habitue à tout, répéta-t-elle d'une voix étrangement pensive. La solitude, la peur. Même à la mort, au sang et à son odeur ferreuse. À la souffrance et à la douleur aussi. Surtout à ça. Oui, surtout à ça...

Cette fois-ci, Jimin fut loin de la contredire. Il déglutit et observa au loin sans rien voir, plongé dans les souvenirs de cette vie qu'il espérait derrière lui.

On s'habitue à tout, oui, surtout à ça.

<3

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