17 - Les héros
Hello ! ^^
J'espère que vous allez bien ! Long chapitre aujourd'hui, le dernier de la partie une... :) Bonne lecture !
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Les voix de Jimin et Yoongi avaient rempli le dortoir sept toute la journée. Ce n'étaient pas les sujets de conversations qui manquaient, aussi sombre étaient-ils. Yubo, ses morsures et leur auteur – monsieur Seokjin –, l'infirmière, Willy, Billie, le sous-sol, le père Cho ; Minjun et Myung-dae avaient même été mentionnés. Ce n'était pas si grave, d'en parler, et ça ne faisait pas si mal, d'en parler. Jimin se sentait enveloppé dans leur absence de silence, à l'image d'une chaude et douce couverture.
Tae et son départ avaient également trouvé leur place parmi leurs discussions.
– Je pourrais m'excuser auprès du nouveau pour l'avoir fait fuir, mais ça risque de le faire revenir ici. Et avec ce qu'on s'apprête à faire, il est mieux loin de nous, avait déclaré Yoongi, une décision à laquelle Jimin souscrivait pleinement.
Mais alors que le crépuscule approchait, la conversation se recentra sur l'essentiel. L'heure n'était plus au bavardage. Il leur fallait un plan. D'une voix calme et posée, que Jimin ne se lassait pas d'écouter, Yoongi expliquait que sa position au déchargement des vaches pourrait bien s'avérer être leur ticket d'entrée pour le sous-sol. Il évoqua le dirigeant avec qui il travaillait parfois et qui était en charge du transport.
– Il s'appelle monsieur Namjoon.
Au pied de leur lit superposé, Jimin croyait dur comme fer en cette opportunité. Elle représentait leur meilleure chance, à n'en pas douter. Si Billie avait éprouvé des difficultés à se faire entendre par les chefs, s'adresser directement à l'un des dirigeants pourrait bien changer la donne. Et l'un d'eux était à portée de main. Monsieur Namjoon... Le nom résonnait dans la tête de Jimin, porteur d'un optimisme bienvenu.
– Quand est-ce qu'on peut le voir ? demanda-t-il avec empressement.
– Il est parti vendre la viande et charger le camion de vaches, alors... à son retour.
Jimin acquiesça, ses nerfs chatouillés par l'anticipation. Plus que quelques heures à patienter, plus que quelques heures pour peaufiner les détails de leur plan. Il était plein de faille et, aux yeux de Jimin, Yoongi représentait la plus profonde.
– Tu es sûr que tu vas réussir à parler au dirigeant ? Pas qu'il ne soit pas disposé à écouter mais... toi, tu vas vraiment lui parler, "parler" ?
Un sourire assuré se dessina sur les lèvres de Yoongi, dissipant rapidement les doutes de Jimin.
– Je préfère te prévenir, temporisa néanmoins Yoongi. Ce type est... spécial. Ce sera pas facile d'obtenir de lui ce qu'on veut, mais, si on y arrive, on pourra enfin savoir ce qui se passe en bas.
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Jimin enchaînait les soupirs, chacun d'entre eux emportant une fraction de sa patience. La nuit de travail qui le séparait de sa rencontre avec monsieur Namjoon lui semblait interminable.
Alors, dès son massacre fini à l'abattoir, il s'empressa de céder sa place au saigneur de l'équipe relais afin de rejoindre Yoongi le plus vite possible. Les consignes de ce dernier résonnaient encore dans son esprit : " Monsieur Namjoon ne reste jamais jusqu'aux premières lueurs du jour." . L'automne étant bien entamé, les nuits rallongeaient. Les saisons étaient de leur côté. Ils auraient plus de temps. Assez de temps, priait Jimin.
Il s'apprêtait à quitter l'atelier quand Tae l'interpella, le regard empreint de tristesse :
– Où est-ce que tu vas ?
Le nouveau n'était pas très loquace durant les heures de travail, et ses paroles tombaient souvent au moment le moins propice. Comme maintenant. Avec sa hâte de partir et le désir de protéger le jeune homme de tout ce qui se tramait, Jimin fit de son mieux pour ne rien laisser transparaître de ses véritables intentions.
– J'ai... un truc à régler, répondit-il d'un ton évasif, ne culpabilisant qu'à moitié de ne pas le mettre dans la confidence.
Dehors, dans la nuit bientôt finie, Jimin observait attentivement le parc de chargement, ses yeux scrutant le camion stationné et les travailleurs s'activant autour. Assez vite, il repéra Yoongi. Son camarade se tenait devant un homme, grand et robuste, aux cheveux coupés courts et avec une cigarette à la main. Monsieur Namjoon.
La conversation était déjà entamée lorsqu'il arriva à eux, ses salutations polies glissant dans le néant de l'indifférence du dirigeant. Son air dédaigneux montrait clairement qu'il avait un millier d'autres tâches qui l'attendait, et que chacune d'entre elles étaient nettement plus intéressantes qu'eux.
– Juste une minute de votre temps, monsieur, plaidait Yoongi, sa détermination tenant bon face au mépris.
Une volute de fumée de cigarette s'éleva dans l'air, l'attitude de Namjoon demeurant aussi froide que l'aube elle-même.
– Ce n'est pas parce que tu t'es décidé à parler que tout le monde a envie de tailler une bavette avec toi, le religieux, répondit cyniquement Namjoon, comme si la simple présence de Yoongi l'agaçait.
Jimin comprit alors toute l'ampleur de la tâche qui les attendait. Convaincre cet homme de les aider ne serait vraiment pas aisé.
– C'est à propos du sous-sol, insista Yoongi.
Le regard perçant de Namjoon sembla se fissurer légèrement, une brèche dans sa forteresse, mais son air de supériorité ne vacilla pas.
– Je ne sais où tu as entendu parler de cet endroit, mais je n'ai rien à t'en dire, surtout à toi, rétorqua-t-il, mettant visiblement fin à la conversation.
Jimin sentit l'urgence monter en lui. C'était le moment ou jamais de s'exprimer, de faire valoir leur demande avec prudence et fermeté. Quitter son rôle de spectateur, maintenant ou jamais.
– Nous ne souhaitons pas en parler, mais y travailler, monsieur.
Namjoon haussa un sourcil en sa direction, une étincelle d'intérêt dans les yeux.
– Pourquoi ? Et pourquoi devrais-je accepter ? Qu'avez-vous à m'offrir en échange d'une place dans les ténèbres ? interrogea-t-il d'un ton énigmatique, comme un serpent sournois dévoilant son venin.
Yoongi déploya leurs arguments avec soin.
– Nous sommes de bons travailleurs, nous l'avons prouvé à l'abattoir et au déchargement. Nous nous montrerons utiles au sous-sol, si vous nous en donnez l'opportunité.
Namjoon sembla considérer les paroles de Yoongi en le fixant droit dans les yeux, tirant une dernière bouffée de sa cigarette avant de la jeter au sol.
– Je te préfère muet, dit-il avec une pointe de dédain, écrasant le mégot sous sa semelle en cuir.
Un bref silence s'installa, puis il reprit la parole.
– Je ne m'occupe pas des affectations, révéla-t-il finalement. Il faut voir ça avec mon frère, Jungkook, et je sais déjà ce qu'il en dira te concernant, le religieux. À moins que... ajouta-t-il, laissant sa phrase en suspens.
Jimin fit inconsciemment un pas vers lui.
– À moins que quoi ? pressa-t-il avec une impatience croissante, avide de saisir l'opportunité qui se profilait.
Namjoon sourit en coin puis se pencha légèrement vers les deux ouvriers, à l'image d'un homme mal intentionné partageant un secret avec deux enfants innocents.
– La salmonelle, dit-il tout bas.
Les prunelles de Jimin s'agrandirent légèrement, accrochant chaque mot prononcé par Namjoon.
– Oui, et bien quoi ? répliqua-t-il, intrigué.
Le dirigeant se redressa avec une soudaine indifférence.
– Il faudrait nettoyer les cuisines de fond en comble pour se débarrasser de ce problème. Mais... il est difficile de trouver des ouvriers qui, en plus de leur journée de labeur, aient la force et l'envie d'accomplir cette tâche. Dommage pour eux, car mon frère adooore qu'on lui rende service, expliqua-t-il, offrant un léger aperçu de ce qui pourrait les mener vers leur objectif.
– On s'en occupe ! assura Jimin, sans l'once d'une hésitation.
Yoongi confirma d'un franc hochement de tête et Namjoon sembla se délecter de la situation.
– Bien~. Je suis sûr que mon très cher frère vous récompensera comme il se doit.
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Les deux camarades de dortoir se tenaient non loin du réfectoire, devant les portes closes des cuisines. Un sourire à peine perceptible ornait les lèvres de Jimin, un mélange de satisfaction et de réserve, tandis que Yoongi arborait son expression habituelle de stoïcisme, un roc imperturbable au milieu de l'incertitude.
La veille, monsieur Namjoon leur avait dit d'attendre ici, que la personne responsable des cuisines viendrait leur ouvrir. Alors ils attendaient, leurs yeux scrutant l'aurore brumeuse en quête de cette présence annoncée.
Mais le silence les entourait, un vide pesant qui semblait les dévisager depuis les coins sombres de la ville. Les sourcils de Jimin se froncèrent progressivement, l'anticipation virant doucement à l'inquiétude. Avec son camarade au teint pâle, ils avaient longuement parlé de Namjoon, chacun exprimant craintes et doutes à son sujet, sans réellement vouloir les admettre. Il était temps.
– Tu crois qu'il nous a roulés dans la farine ? suggéra Jimin.
Yoongi haussa les épaules d'un air nonchalant, son cynisme devenant plus prononcé.
– Roulés dedans, cuits au four et servis sur un plateau, répondit-il.
Il n'était pas le garçon le plus rassurant qui soit.
Le temps passa, le doute grandissant dans l'esprit de Jimin. Puis un mouvement imperceptible, un remous dans le brouillard. Ses yeux s'agrandirent alors qu'une silhouette émergeait lentement de cette purée de pois. Une vieille femme, tenant un panier garni de produit et d'outils ménagés.
– Vous ?! s'étonna-t-il en la reconnaissant.
– Moi, répliqua l'ajumma en se postant devant eux.
Elle flaqua le panier dans les bras de Yoongi.
– M'sieur Namjoon m'a dit que deux bénévoles viendraient au petit matin pour récurer. Pourquoi j'suis pas étonnée que ce soit vous...
Sans attendre, elle sortit une clé de sa poche, l'insérant dans la serrure avec une dextérité familière. Le déclic métallique résonna, et les portes en métal des cuisines s'entrouvrirent.
– En avant, les héros, railla-t-elle de sa voix rauque.
Les deux jeunes hommes échangèrent un regard avant de pénétrer les lieux. L'infirmière ne les suivit pas. Elle leur fit un signe de la main en se détournant d'eux.
– J'ai autre chose à faire que de vous regarder décrotter. Mais faites ça bien, les garçons. Je vous fais confiance.
Jimin la regarda s'éloigner avec une certaine admiration. Cette femme jonglait entre des rôles variés, des soins infirmiers à la cuisine, en passant par l'accueil et le chevet de son fils. Sans elle, cette ville s'effondrerait sûrement.
– Elle est incroyable, murmura-t-il.
Yoongi acquiesça d'un signe de tête.
Ils se concentrèrent ensuite sur leur tâche, qui s'avérait être gigantesque. La lueur pâle qui filtrait à travers les fenêtres crasseuses jetait des reflets blafards sur les surfaces graisseuses et ternies. L'air était lourd, chargé d'une odeur mélangeant sang séché et graillon. Les étagères encombrées de vaisselle sale semblaient prêtes à plier, tandis que des rats effrontés glissaient furtivement le long des plinthes, leurs yeux luisant d'une lueur malicieuse. Et puis il y avait toutes ces mouches et autres insectes que Jimin ne savait pas nommer, ailés ou non.
– Je crois que je ne mangerai plus jamais rien qui sorte d'ici... chuchota-t-il, son souffle se mêlant à l'atmosphère viciée.
Un petit rire secoua Yoongi, une réponse tacite à la pensée de son ami, alors qu'il plongeait les mains dans l'évier gluant avec une détermination impressionnante. Il frotta et frotta encore les plateaux, mais l'accumulation des repas qui y avaient été pris, et le temps passé sans être lavé, avait comme figé la saleté à moitié décomposée qui se trouvait dessus.
Jimin s'occupa ailleurs. Il y avait tant à faire. La nourriture périmée et douteuse fut jetée sans merci, remplissant l'air de l'odeur aigre de la viande. Les frigos furent vidés, nettoyés et désinfectés.
Les gants des deux garçons furent rapidement maculés de résidus glissants et de substances collantes. Leurs éclats de rire nerveux et jurons étouffés se mêlèrent au bruit du frottement de la brosse contre le plan de travail et des cliquetis de la vaisselle. À mesure que le soleil montait dans le ciel, les surfaces commençaient à retrouver un certain éclat, révélant une transformation dans laquelle les deux camarades trouvaient la force de continuer.
Au bout de longues heures, les cuisines, bien que loin d'être immaculées, avaient retrouvé une certaine dignité. Les plateaux propres trônaient sur les étagères, le sol était moins glissant et l'air, bien que toujours chargé d'odeurs indésirables, semblait empreint de leur propre détermination.
Jimin et Yoongi observèrent le résultat de leur travail, épuisés mais fiers.
– Les dirigeants devraient nous ériger une statue pour ce qu'on vient d'accomplir, non ? plaisanta Jimin, passant une main dans ses cheveux en désordre.
– Même un jour férié, avec un défilé et tout le tralala.
Ils rigolèrent doucement, la lumière du jour déclinant sur leurs visages vannés. Mais peu importait la faim et la fatigue. Ils avaient rendu service aux dirigeants, et n'avaient plus qu'à attendre leur récompense.
La nuit, Jimin partit travailler. Idem le lendemain, et le surlendemain. Les jours passaient, et il continuait de se rendre à l'abattoir sans que Jungkook ne vienne le voir, lui ou Yoongi. Pas une seule fois.
Il était perplexe et se demandait pourquoi le dirigeant les traitait avec indifférence. Yoongi et lui avaient fait ce qu'on leur avait demandé, les cuisines étaient rouvertes, Meonville jouissait à nouveau de plats chauds et les derniers malades se remettaient doucement. Alors pourquoi les ignorait-il ainsi ?
En y repensant, Jimin se rappela qu'il n'avait jamais vu la couleur de cette récompense dont Boseom avait fait mention un jour dans le bureau des chefs et, plus les jours avançaient, plus il se disait que celle promise par ce monsieur Namjoon resterait elle aussi une chimère.
– Il s'est foutu de nous ! s'exaspéra Jimin, au dortoir.
Yoongi soupira sur son lit. Il venait de dire à Jimin que Namjoon avait refusé de lui parler chaque qu'il s'était présenté à lui.
– "Je ne m'occupe pas des affectations", murmura ensuite Jimin, se remémorant les paroles de Namjoon. C'est son frère qui s'en occupe.
Ce fut pourquoi Yoongi et lui prirent une décision : s'entretenir directement avec la bonne personne, et Jimin était sûr de savoir comment. Ils étaient cependant d'accord sur un point : éviter monsieur Seokjin à tout prix, même si aucun d'eux ne savait réellement où cet homme se trouvait.
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Après sa nuit de travail à l'abattoir, Jimin se dirigea vers la porte bordeaux, comme convenu avec Yoongi. C'était ici que les employés du sous-sol quittaient les lieux et il espérait bien y apercevoir monsieur Jungkook. Si cet homme pouvait lui offrir un instant, peut-être pourrait-il obtenir l'accord tant espéré.
Quand la porte rouillée s'ouvrit, Yoongi n'était toujours pas arrivé. Tant pis, les deux camarades de dortoir avaient envisagé ce cas de figure et le plan restait inchangé.
Les ouvriers du sous-sol sortirent un par un. Parmi eux, Jimin reconnut Hoseok mais, rapidement, Jungkook apparut, éclipsant toute autre présence. L'aura de puissance et d'autorité qui émanait de lui était indéniable, rappelant celle Namjoon, et même celle de SeokJin.
"Monsieur Jungkook n'est pas comme ses frères." Jimin secoua la tête pour chasser les paroles de l'ajumma et emboîta le pas au dirigeant qui prenait une autre route que celles des travailleurs du sous-sol. Jimin se mit alors à penser à la meilleure façon de l'aborder et, à force de trop y réfléchir, il ne fit plus que marcher derrière lui dans les rues sombres et délabrées de Meonville.
Leur progression était accompagnée par le bruit régulier de leurs pas sur le sol rocailleux, tandis que des nuages de poussière s'élevaient sous leurs semelles.
Au bout de quelques minutes, les mines condamnées se dessinèrent au loin. Leurs entrées étaient barricadées de deux planches de bois croisées pour empêcher les curieux et les imprudents d'y pénétrer, au cas où les panneaux d'avertissement indiquant "DANGER" ne suffiraient pas.
Jimin recentra son attention sur le dirigeant mais, à sa grande surprise, ce dernier s'était volatilisé. Il se retrouva seul, baignant dans l'obscurité et le silence du smog de cette maudite ville. Il scruta les environs, cherchant en vain la silhouette qu'il avait suivie.
– Où est-ce qu'il est passé... se demanda-t-il en tournant dans tous les sens.
Une voix chargée de sarcasme résonna derrière lui.
– On s'est perdu ?
Pris au dépourvu, Jimin sentit une angoisse viscérale tordre ses entrailles. Il pivota vivement. Jungkook se tenait là, juste devant lui. Il semblait surgir de l'ombre, laissant Jimin médusé devant sa sérénité.
– Je... je vous cherchais, bredouilla Jimin, s'efforçant de conserver son calme.
Un sourcil haussé, Jungkook afficha un sourire moqueur, comme s'il prenait plaisir à observer la peur de l'ouvrier.
– Vraiment ? répondit-il, laissant entendre clairement qu'il n'en croyait pas un mot.
– Je voulais vous dire quelque chose, insista Jimin, cherchant à reprendre le contrôle de la situation.
– Dans ce cas, pourquoi me suivre sans dire un mot ? rétorqua le dirigeant avec une pointe de sarcasme.
– Je ne savais pas comment vous aborder, répondit Jimin, embarrassé.
Après tout, ce n'était pas vraiment un mensonge.
Un sourire moqueur étira les lèvres de Jungkook à cette réponse qu'il semblait apprécier. Jimin tenta de poursuivre, mais les mots qu'il avait soigneusement préparés s'étaient comme évanouis.
– J'aimerais... travailler au sous-sol, finit-il par lâcher. Je sais que vous allez probablement refuser, mais je...-
Il se fit interrompre de manière surprenante.
– C'est d'accord.
La réponse fut lancée avec une simplicité déconcertante, aussi abrupte qu'une gifle, laissant Jimin partagé. Il avait espéré que le dirigeant accepterait, mais il n'avait pas anticipé une réponse aussi affirmée. Leur travail acharné en cuisine portait enfin ses fruits, pensa-t-il.
– Rendez-vous demain à la tombée de la nuit, devant la porte rouge, enchaîna Jungkook en ignorant son hébétude.
Puis il ajouta avec un rictus naissant :
– Pas besoin de préciser laquelle, n'est-ce pas ? Celle depuis laquelle j'ai été pris en filature.
Jimin hocha lentement la tête, sa voix l'abandonnant momentanément. Le dirigeant se savait suivi depuis le début, et l'avait laissé faire, laissé voir où il se rendait. Pourquoi ? Jimin chassa cette question et essaya de se concentrer.
– Mon ami Yoongi souhaite également rejoindre le sous-sol.
– Non.
Jimin s'étonna de la réponse sèche qu'il venait de recevoir. Il se demanda même s'il n'avait pas dit quelque chose de mal entre sa première demande et la seconde.
– Mais... pourquoi ? On a nettoyé la cuisine ensemble, argumenta-t-il.
– Les cuisines ? répéta le dirigeant avec un air perplexe.
– Votre frère nous a laissé entendre que si on vous rendait service, on pourrait travailler au sous-sol.
Jungkook rit silencieusement en regardant le ciel se découvrir.
– Ah... Namjoon, soupira-t-il, mêlant amusement et lassitude.
Il reporta son attention sur Jimin.
– C'était une tâche que j'avais confiée à mon frère. Je crois bien qu'il vous a dupé. Cela dit, merci ~
Ce mélange de gratitude et d'ironie rendit Jimin plus confus qu'il ne l'était déjà.
– Yoongi peut venir, alors ? espéra-t-il.
Un sourire en coin étira les lèvres de Jungkook, révélant son assurance inébranlable.
– Les personnes comme lui ne sont pas autorisés à s'approcher si près de la nourriture.
Puis il s'éloigna en concluant :
– Pas de retard, ni d'accompagnateur. Sinon, inutile de venir.
소
Quand Jimin entra dans son dortoir, et que son regard croisa celui de Yoongi, ce dernier se leva immédiatement.
– Alors ? demanda-t-il, impatient d'entendre le résultat de leur plan.
Jimin prit une profonde inspiration, réfléchissant à la meilleure façon de résumer ce qui s'était passé.
– Il a accepté que je rejoigne le sous-sol, annonça-t-il, observant attentivement la réaction de son camarde pâlot.
Un soupir d'allégement s'échappa involontairement des lèvres de Yoongi mais, aussitôt, les traits de son visage se crispèrent.
– Attends... et moi ? s'enquit-il d'un ton tendu.
Jimin soupira, un mélange d'excuses et de tristesse émanant de son regard.
– Il n'a rien voulu savoir. Je suis désolé.
Il lui dévoila alors les détails de son échange avec le dirigeant, ne laissant rien dans l'ombre, y compris le rôle manipulateur joué par Namjoon.
– Peut-être que c'est mieux comme ça, après tout, se résigna Yoongi. Peut-être que ça sert à rien qu'on y aille.
Mais Jimin n'était pas de son avis.
– Je vais quand même y aller.
Yoongi releva un regard noir vers lui.
– Tu crois vraiment que c'est une bonne idée ? Les dirigeants font que de nous balader, un homme s'est fait machouiller la peau et a perdu la boule à cause d'eux et, toi, tu veux te jeter dans la gueule du loup tout seul ?
Jimin sentit une pointe d'incertitude l'envahir alors que les paroles de Yoongi résonnaient dans son esprit. Malgré tout, il ne pouvait renoncer.
– On aura peut-être pas d'autre occasion d'y aller, souligna-t-il, cherchant à apaiser les craintes de son ami.
Yoongi croisa les bras.
– Alors peut-être qu'on ne devrait pas y aller du tout.
Jimin baissa les yeux.
– Je peux pas renoncer...
– Si, tu peux. Mais tu ne veux pas.
Il releva le regard vers Yoongi.
– C'est vrai. Je ne veux pas.
Juste au moment où une réponse semblait poindre sur les lèvres de Yoongi, un coup frappé à la porte fit vibrer l'air, brisant leur échange. Des regards surpris s'échangèrent entre les deux amis, la visite inattendue les prenant de court.
Jimin se dirigea prudemment vers la porte et lorsqu'il l'ouvrit, il fut accueilli par un visage familier.
– Billie ?! s'exclama-t-il, sa voix trahissant sa surprise.
Un sourire gêné étira les lèvres de la jeune femme alors qu'elle répondait d'une voix incertaine :
– Salut, Jimin.
Jimin se méfiait toujours un peu d'elle depuis son passage au sous-sol. Cela ne l'empêchait pas d'être content de la voir.
– Entre, dit-il en faisant un pas de côté pour lui céder le passage.
Elle pénétra dans la pièce et observa du coin de l'œil son matelas taché de sang, ce qui lui causa un certain malaise, avant que son regard se pose sur le garçon au teint pâle.
– T'as l'air en forme, Yoongi.
– Merci, répondit platement ce dernier.
L'étonnement figea Billie.
– Tu... parles ? demanda-t-elle, incrédule.
Jimin passa entre eux tout en répondant :
– Pas mal de choses ont changé depuis que tu es parti, Billie.
Son ton s'était fait accusateur malgré lui.
– Comme quoi ? demanda-t-elle, un éclat de tristesse dans les yeux.
Jimin hésita, se demandant s'il pouvait vraiment lui faire confiance.
– Je vais travailler au sous-sol, lança-t-il, jaugeant sa réaction.
Ces paroles tombèrent comme une pierre dans un étang calme.
– Non, tu ne vas pas y aller, intervint Yoongi d'un ton ferme.
– Je dois y aller, Yoongi.
– Tu dois surtout reconsidérer cette idée, Jimin.
Mais Jimin n'était pas prêt à abandonner. Pour lui, renoncer serait trahir tout ce qu'ils avaient enduré jusqu'à présent.
– Les cuisines, nos discussions avec les dirigeants ! On a pas fait tout ça pour rien ! s'exclama-t-il, l'émotion vibrant dans chaque syllabe.
– Mieux vaut que ce soit pour rien, insinua Yoongi.
Leur dispute fut interrompue par la voix hésitante de la jeune femme dont ils avaient négligé la présence.
– Le sous-sol, hein ? C'est intéressant que vous en parliez, parce que c'est précisément à propos de ça que je suis venue vous voir.
Jimin croisa le regard de Yoongi, et il y lut une lueur d'assentiment.
– Je ne savais pas à qui en parler, j'avais peur, tellement peur, se livra-t-elle. Je n'ai confiance qu'en vous, les gars.
– On t'écoute, Billie.
Les mots de Jimin firent naître en elle un courage renouvelé.
– Je vous ai dit que j'étais allée au sous-sol, pas vrai ?
Les hochements de tête de ses camarades confirmèrent sans équivoque ses dires.
– Eh bien... Je me souviens plus de rien au sujet de cet endroit, sauf que j'y suis allée et que ça m'a rendue heureuse, je crois. Mais c'est comme si tout ça n'était... qu'un rêve. Et j'ai fini par... oublier.
Des larmes inattendues coulèrent de ses yeux, une expression de détresse croisant le regard de ses deux amis.
– Est-ce que je suis en train de devenir folle ? les interrogea-t-elle, sa voix teintée de fragilité.
Les garçons, sentant son désarroi, s'approchèrent d'elle instinctivement, leurs bras se refermant autour d'elle dans une étreinte protectrice. Ils murmuraient des "ça va aller" et des "on est avec toi". Billie sanglotait, bercée par leur réconfort. Elle laissa échapper à mi-mot :
– Qu'est-ce qui m'arrive, qu'est-ce qui m'arrive...
Elle répétait cela sans cesse. Une supplique pour la clarté. Jimin et Yoongi s'échangèrent un regard, une communication silencieuse qui confirmait qu'ils étaient de nouveau en phase, unis par la même décision. S'ils voulaient pouvoir répondre à Billie, ils devaient trouver la réponse.
Alors Jimin irait au sous-sol.
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À lundiiiii !
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