XVII.
Jean.
Et il revint. Chaque jour, quand le soleil commençait à descendre, il sortait de chez lui, prenait quelques secondes pour admirer les couleurs du ciel, puis marchait rapidement vers la mer, ses pieds s'enfoncaient dans le sable quand il arrivait sur la plage, il était encore chaud, il rejoignait le restaurant, s'appuyait contre le mur rongé par le sel, parfois il s'asseyait, il contemplait l'horizon , toujours, et c'était ainsi qu'Axel le retrouvait, les yeux rêveurs face à la vie.
C'étaient leurs instants d'éternité, avant que la vie ne les rattrape, qu'Axel soit englouti par le ventre des cuisines, que Jean ne reparte dans sa chambre, que leurs existences soudain soient séparées, et que le soleil, lentement, inévitablement, ne disparaisse.
Un soir, alors qu'Axel l'avait rejoint et qu'il avait délaissé Le Petit Prince (le livre traînait dans le sable, ses pages en seraient pleines lorsqu'il l'ouvrirai), le jeune cuisinier murmura quelque chose. Jean ne l'entendit pas, et réalisa seulement quelques secondes plus tard qu'il avait parlé. Alors, il se tourna vers lui, le contempla de ses yeux bleus et brillants de lumière, lui demanda de répéter, et Axel le fit, un peu plus fort mais encore très doucement.
« - C'est mon jour de congé demain. Est-ce que tu veux passer ? On pourrait aller à la mer, ou en ville, enfin si tu n'as rien de prévu, c'est pas grave sinon... »
Jean sourit. Il avait un joli sourire, timide mais qui éclairait ses yeux. Il prit distraitement une poignée de sable dans sa main, sentit les grains qui frottaient sa paume, puis répondit oui, oui je veux bien.
Et Axel sourit lui aussi, il posa sa main contre le sable, et sous les milliers de grains qui se fondaient l'un dans l'autre, à des milliers de kilomètres, sous la croûte terrestre, au cœur de la planète, dans son noyeau le plus profond, sa main toucha celle de Jean.
Et ni l'un ni l'autre ne bougea plus.
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