XVI.
Axel.
« Le monde est fou. »
C'était ce qu'il pensa, adossé contre le mur du restaurant, le visage tourné vers la mer, les yeux perdus au loin sur le soleil qui dérive, quand une silhouette sortit de l'ombre et se dirigea lentement vers lui. Lorsqu'il tourna la tête, Jean était à ses côtés, ni trop près, ni trop loin. Accessible. Atteignable. Mais frêle et solitaire. Il ne le regardait pas. Ses yeux clairs contemplaient la mer, et admiraient, comme Axel l'avait fait avant lui, les couleurs rouges et or du ciel de fin d'été.
Il soupira, doucement, comme une expiration prolongée, et tourna son visage illuminé par le soleil vers celui d'Axel. Un sourire timide, furtif comme un éclair, traversa son visage et s'éteignit dans l'ombre de ses traits.
« Bonsoir. »
Axel sourit, un peu plus longtemps, en continuant de le regarder. Il murmura :
« C'est une belle journée, tu ne trouves pas ? »
Les yeux de Jean le fuirent, deux perles luisantes dans la quiétude d'un instant, et celui d'après, il chuchota dans le silence troublé :
« La journée, je ne sais pas. Mais cet instant-là, oui, il est beau. »
Axel hocha la tête, plusieurs fois. Tout lui semblait ralenti, hésitant, comme si chacun avait peur de bousculer l'autre, de trop imposer son rythme, sa pensée, et il trouva touchant la façon dont Jean s'était légèrement rapproché de lui. Il voulut dire quelque chose, n'importe quoi, pour prolonger ce moment, le garder un peu plus longtemps, le retenir peut-être, savourer sa présence et la douceur de sa voix, mais déjà Jean reprenait :
« J'ai voulu rentrer chez moi, plusieurs fois. Je ne savais pas quand tu avais ta pause. Mais j'avais peur qu'une fois rentré, je ne reparte plus. Et que le courage s'en aille aussi. Alors je suis resté.
ー Je suis heureux que tu l'aies fait. »
Jean sourit encore, imperceptiblement.
Axel se rapprocha de lui. Le soleil était encore descendu, et il flottait au dessus de l'eau en miroitant comme une mer de diamant. Jean souffla qu'il allait rentrer, désormais, et il y eût un silence qui plana entre eux.
« Est-ce que tu veux revenir demain ? »
Jean se tourna complètement vers lui, pour la première fois, il lui montra l'entièreté de son visage, et dans la lueur du soleil qui se reflétait sur ses joues, son front, son menton, il hocha la tête, et ses yeux ne quittèrent pas ceux d'Axel.
Puis il disparut, ombre mouvante dans le sable et la torpeur du soir, et lorsqu'Axel revint dans la cuisine, il souriait encore un peu, et avait gardé sur sa peau quelques rayons de soleil.
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