XI.
Jean.
Il marchait sous les étoiles,
et dans ses mains, il y avait un oiseau mort.
La nuit est encore reine, froide et impériale, qui laisse planer sur la ville un silence rempli de repos et de rêves.
Il n'a pas beaucoup dormi, cette nuit-là. Il a regardé la lumière fatiguée du réverbère depuis sa fenêtre, seul mais pas triste, spectateur silencieux et anonyme de la ville endormie. Il a écouté sans parler les rimes audacieuses, parfois vulgaires, parfois poétiques, mais toujours belles, de Dooz Kawa.
Écouter ainsi, sans chercher à comprendre, simplement à ressentir, lui a fait du bien. Il avait besoin d'arrêter de réfléchir, d'arrêter d'attendre, d'arrêter d'essayer d'être mieux, et de se contenter de lui-même, le temps d'une nuit où le ciel était clair.
Il pensait un peu à Axel. Pas trop, pour ne pas espérer l'impossible, mais assez pour regarder plusieurs fois son téléphone. Puis, quand la lueur de l'aube éclairait à peine le ciel, il s'est dit qu'il n'arriverait pas à dormir, et rester dans ce silence étouffant l'oppressa soudain. Il n'alluma pas la lumière, se leva rapidement, pris Sur la Route de Kerouac, le garda dans sa main, et descendit les escaliers.
En sortant de sa maison éteinte, il trouva sur le pas de sa porte un oiseau aux ailes déployées.
Il l'a contemplé, figé sans comprendre pourquoi. Puis il s'est baissé, l'a ramassé délicatement, l'a tenu dans ses paumes, fasciné par la lueur bleutée qui luisait sur ses plumes.
Il l'a gardé contre lui, a avancé doucement, arpentant les rues sans faillir, sans chercher, sans comprendre, presque sans réfléchir, avec l'impression persistante que la nuit s'offrait à eux, et qu'elle s'étirait comme un dernir hommage.
Il est arrivé devant la mer. Les vagues ondulaient sans bruit, s'écrasaient sur le sable, repartaient, revenaient, repartaient encore, et Jean trouva quelque chose de courageux à cette perpétuelle agitation.
L'oiseau ne bougeait pas dans ses mains. Il se déchaussa, laissa son livre sur le sable, et s'avança vers la mer. Il ne s'arrêta pas quand l'eau rencontra ses chevilles, grimpa le long de ses mollets, dépassa ses genoux, frôla ses cuisses, caressant sa peau fébrile et offerte.
Quand la mer lui arriva au niveau du nombril, il s'immobilisa. Il apporta l'oiseau à la surface de l'eau, le déposa dessus en espérant que les vagues ne le ramèneraient pas sur le rivage, le poussa au loin, le regarda s'éloigner, tas de plumes et de chair balloté par les eaux, puis se retourna, regagna la plage, trempé mais souriant.
La terre avait donné.
La mer avait repris.
Le cycle était juste.
Et devant le restaurant, posé contre le mur en bois, quelqu'un le regardait.
C'était Axel.
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