V.
Jean.
Il est allé à la plage, aujourd'hui encore. Sa crique cachée était occupée par une famille de vacanciers, alors il a continué en longeant le bord de mer, les pieds dans le sable mouillé et le visage tourné vers l'océan, jusqu'à arriver à une plage de galets gris.
Il s'est assis sous un arbre, heureux d'être seul, et continua de lire.
Il était déjà le milieu de l'après-midi, car il s'était levé tard et avait eu du mal à se résoudre à sortir. La pluie allait venir dans la soirée, il en était sûr. Les sombres nuages de coton parvenaient déjà à l'horizon, au dessus de la mer, là où les vagues formaient des tonneaux qui s'enroulaient inlassablement.
Une odeur d'iode, de sel sec et d'embruns venait de l'eau et se glissait dans ses narines à chaque fois qu'il inspirait.
À la nuit tombée, ne pouvant plus lire, il repartit. L'océan ressemblait à un grand tapis qui ondoyait sans se fatiguer, et il fut captivé par les ridules qui s'agitaient à la surface, par l'écume blanchâtre qui s'affaissait contre le sable, par cette vaste entité qui n'obéissait à rien, sinon à elle-même.
En revenant sur la plage principale, désormais déserte et silencieuse, il vit les lumières du restaurant qui brouillaient celle des étoiles. Sentant sa langue de papier qui collait à son palais de papyrus, il se dit qu'il pouvait bien aller s'y rafraîchir. Au fond de sa poche, il sentait les pièces que lui avait laissé sa mère en partant.
Alors, il s'avança vers le bruit et les odeurs de nourriture, serrant dans sa paume son livre à la couverture bleue.
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