3- Vers les profondeurs des flots
Voilà une mélodie en média qui pourrait vous accompagner durant votre lecture. Ce chapitre est un peu triste comme la mélodie d'ailleurs. Mais dans la tristesse on trouve des raisons d'être heureux.
Elle savait pertinemment qu'elle avait créee un vent de panique parmis les siens mais que faire d'autre ? Elle étouffait depuis des semaines. Elle ne savait plus ce qu'elle voulait, ce qu'elle était. Elle avait voulu mourir pour la milliardième fois. Elle était devenu la fille qu'elle n'avait jamais voulu être et tout cela à cause de lui.
Elle était même pire que cette fille, vilaine. Méïdi culpabilisait hautement de tout. Elle regrettait d'avoir décidé de partir de Malibu pour poursuivre un rêve car tout ce qu'elle avait récolté, avait été une grossesse imposée par un être exécrable. Le simple fait de se savoir enceinte de lui la rendait hystérique... Tellement hystérique qu'elle avait fait du mal à sa petite sœur.
Elle savait qu'elle était l'épave d'il y a deux ans. Ce qu'elle avait toujours combattue. Elle savait aussi qu'elle ne pourrait pas s'occuper d'un enfant. De son enfant. Elle n'avait pas su qu'elle pouvait causer du tort à quelqu'un.
Elle était assise sur un banc public dans un parc dans lequel jouaient des enfants avec leurs mères câlines. Méïdi s'imagina être le genre de mère qui jouerait avec son enfant alors un sourire timide se pointa sur son visage, Mais elle ballaya l'idée en ce disant que, détruite comme elle sentait qu'elle l'était, elle ne s'en sortirait pas. Alors elle soupira lourdement et plissa les lèvres.
Son image se reflétait sur une flaque d'eau gisant à ses pieds. Elle s'y perdit. La contemplation l'absorbait et tout ce qu'elle y voyait était son alter égo paraissant être d'une atrocité sans pareil. C'était la représentation de ce qu'il y avait de plus noir en elle qui s'y reflétait. Une colère muette mais obstinée la saisit. Elle cru voir le blanc de ses yeux noircir sous l'effet de cette colère, alors elle serra les dents et ses muscles faciaux se tendirent.
Une main curieuse la fit quitter son air contemplatif. Elle appartenait à une jeune femme au visage affable qui tenait sur ses genoux, une petite fille qui lui ressemblait beaucoup. Silencieusement Méïdi observa son interlocutrice inquiète et ses muscles faciaux se détendirent :
— Mademoiselle, est ce que ça va ? S'enquit la jeune femme.
— Euh... Oui, je me mirais. Balbutia Méïdi. J'aime les miroirs. Connaissez-vous l'histoire des miroirs ? Expliqua Méïdi rapidement sans savoir pourquoi elle avait besoin de beaucoup s'exprimer.
— Baah non. Même les miroirs ont une histoire ? Demanda la jeune dame.
— Oh que oui. Tout, absolument tout, a une histoire en ce monde.
— Je suis curieuse de connaître l'histoire des miroirs.
— Et bien, Avant, dans les temps très reculés de la civilisation, les gens se miraient dans des plans d’eaux sombres et calmes, ou dans des récipients d’eau. Ensuite on vit l’apparition des premiers miroirs, des obsidiennes. Les hommes préhistoriques utilisaient cela pour se mirer. Ils étaient faits avec des morceaux de pierres polies, qu’on pouvait retrouver en Anatolie. Ces pierres datent de 6000 ans avant J-C. Dans la chine ancienne, c’était des miroirs en bronze polie à partir de 2000 ans avant J-C. Quant aux romains, ils mélangeaient de l’étain et du cuivre. Mais ceux-ci s’oxydaient rapidement. L’apparition du miroir en verre est mal connue.
La jeune femme ouvrit la bouche, épatée.
— On dirait que vous avez avalé un livre. Se moqua la jeune femme. Waouh. Merci pour l'info.
— De rien. Elle a quelle âge votre fille ?
— Deux ans.
— Waouh. C'est cool. Moi je suis enceinte.
— Mes félicitations ! S'exclama la jeune femme en secouant le bras de Méïdi. C'est très bien. Vous allez voir. C'est une expérience merveilleuse la maternité.
— Ah bon ? Moi je suis terrifiée... Tellement.
— Moi aussi je l'étais. J'avais peur de n'être pas une bonne mère. Mais c'est lorsque j'ai tenu ma petite Liliane dans mes bras pour la première fois que j'ai senti le plus beau des sentiments. J'ai senti un amour tellement grand. Je te promets que tu comprendras à ton tour.
Méïdi baissa la tête et réprima un sanglot. Un frisson parcouru son échine et son cœur se contracta douloureusement.
— Vous aimez votre enfant ? Demanda Méïdi d'une voix tremblante.
— Bien-sûr que oui. Comment ne pas aimer un ange comme elle. Je me suis toujours demandée si une mère n'aimant pas son enfant pouvait exister.
— Et bien... Peut être que...
— Écoute, c'est impossible de ne pas aimer son enfant... Au début ont peu avoir l'impression de ne pas vouloir d'un enfant, on peut ! mais à la naissance de celui-ci, c'est un contact magique qui se forme. On dirait que vous n'êtes pas sûre de vous.
— Non.
— Je peux peut être vous aider.
— Comment ?
— Je vous amène voir une voyante. Elle va vous rassurer et vous n'aurez plus aucunes craintes.
Méïdi se mira encore deux secondes pour réfléchir, comme si son reflet pouvait lui donner un conseil. Puis elle regarda son interlocutrice :
— Alors ?
— Et bien, c'est d'accord.
— Alors allons y. Ma voiture est un peu plus loin.
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Environs trente minutes plus tard, Méïdi était assise sur le siège passager d'une inconnue. En jetant un coup d'œil curieux sur le rétroviseur, elle pouvait regarder la petite fille de deux ans jouer avec une peluche à l'arrière avec insouciance. Ces images lui volèrent quelques sourires distraits. Elle s'était toujours imaginée mère de cinq enfants, mariée à un entrepreneur souvent absent car absorbé par son travail, mais aimant avec elle et leur progéniture. Elle s'était vu échanger des voeux de bonheur éternel avec ce dernier, et partager des nuits d'amour avec lui dans le stricte secret de la nuit étoilée, au bord d'un lac. Elle avait toujours été romantique, même après avoir été violée à l'âge de treize ans seulement.
Elle enviait presque l'innocence et l'insouciance de cette fillette. Il s'agissait-là de deux éléments essentiels qu'elle avait perdu très jeune.
— Quand est-ce qu'on arrive ? Demanda Méïdi à la conductrice.
— Ah il nous reste encore trente minutes de trajet. Au fait, je m'appelle démétéris et voilà ma fille Ariane.
— Moi c'est Méïdi.
— Waouh. Vous avez un très joli prénom. Si je vous avait connu plus tôt, ma fille aurait peut-être eu ce prénom.
Méïdi sourit. Déméterine était tellement adorable, et d'elle se dégageait une paix, une sérénité que Méïdi avait envie d'absorber.
Le ciel devenait de plus en plus gris, voir sombre. Les éclairs commençaient à fendre ce dernier, et le tonnerre s'affirma par la suite.
Ariane, effrayée, se mit à pleurer. Déméterine, tout en conduisant, essayait de calmer l'enfant apeurée :
— Chuut ! Emit-elle de sa voix mélodieuse. Je suis là, maman est là, ok mon bout de chou ? Ne pleure pas.
Malheureusement, la petite ne se calma pas. Elle tendait ses mains vers l'avant pour que sa mère la tienne dans ses bras. C'était pour elle de cette façon qu'elle se sentirait en sécurité.
Les gouttes de pluie commençaient à tomber petit à petit, puis s'élancèrent avec hardiesse.
Les cries d'Ariane commencèrent à irriter Méïdi. Elle se couvrit les oreilles de ses mains et secouait la tête de gauche à droite incessamment dans le but de ne plus les entendre :
— Pour l'amour du ciel, faites qu'elle se taise ! Hurla Méïdi.
Déméterine s'étonna de la réaction de Méïdi. Comment des pleurs d'une fillette pouvaient provoquer autant de rage ? Elle inspira un coup :
— Mais voyons, c'est une petite fille, elle a juste peur. Il faut juste lui parler et...
— Peur ! S'écria Méïdi. Peur ? Elle se prend pour qui cette idiote de fillette ? Hein ? Moi aussi j'ai peur, j'ai de vrai raison d'avoir peur moi !
Démétérine regretta subitement d'avoir fait entrer Méïdi dans sa voiture. Un mauvais pressentiment l'alerta :
— Je ne vous permet pas de traiter ma fille d'idiote. C'est vous l'idiote.
Subitement, la petite avait cessé de pleurer. Méïdi se mit à haleter. Des larmes recouvrirent son visage à la vitesse de la lumière :
— Vous avez raison, je suis une idiote. Je ne pourrai pas m'occuper d'un enfant comme vous. Se plaignit Méïdi doucement, la tête plongée dans le creux de sa main.
Démétérine eu pitié de Méïdi. Elle vit en elle une fille effrayée et perdue. Elle ressentit donc le besoin de la rassurer :
— Mais non ! Vous allez voir que vous serez une bonne mère.
Méïdi souleva la tête et regarda droit devant elle. Elles approchaient d'un pont. De part et d'autres de celui-ci, les flots gris et colériques bataillaient. Méïdi observa la violence des eaux heurtées de plein fouet par des gouttes de pluies taquines. Un sourire dur, se dessina sur son visage perdu. Elle tourna la tête mécaniquement et lentement, comme l'aurait fait un robot, vers Démétérine. Celle-ci sentit qu'un frisson visitait le long de son échine.
— Je serai une bonne mère. Hurla Méïdi en attrapant la chevelure de Déméterine qui perdait de ce fait, peu à peu, le contrôle du véhicule. Vous par contre vous n'en êtes pas une.
N'osant pas lâcher le volant pour se défendre, Démétérine se contentait de supplier la passagère enragée de lâcher sa chevelure :
— Mademoiselle je vous en prie, lâcher moi, lâcher moi ! J'ai mal. Et si vous continuez on va toutes perdre la vie.
— Oui. Vous n'êtes pas une bonne mère. Vous avez vu votre fille pleurer comme une écervelée ? Vous avez vu ?
La fillette recommença à crier, voyant que sa mère était en danger.
Méïdi étrangla la conductrice. Déméterine lâcha le volant d'une main pour se défendre. Elle usa de sa main droite pour rendre tout ses coups à Méïdi et de sa main gauche pour conduire.
La voiture faisait des mouvements fous, allant de droite à gauche.
— Dégage ! Hurla Déméterine. Dégage de cette voiture. Laisse nous ma fille et moi.
Démétérine s'inquiétait pour sa fille plus que tout. Elle tenta de garer pour mieux expulser la folle qui l'asticotait mais, la voiture fit un tour sur elle même et heurta violemment un poteau vers la gauche. Le crâne de Démétérine fut légèrement fracassé. Pendant un instant, seul le bruit des essuies glaces remplissaient le silence, jusqu'à ce que Méïdi ouvrit les yeux. Une douleur lancinante la prit d'assaut. Elle regarda difficilement la conductrice qui perdait de son sang. Elle se tourna ensuite vers l'arrière et vit Ariane saine et sauve, mais tellement choquée qu'elle ne faisait rien à part regarder. Méïdi haletait. La culpabilité l'entailla profondément si bien qu'elle cria très fort, provoquant les pleurs de l'enfant. Méïdi sortit de la voiture malgré son vertige pour aller rassurer l'enfant puis chercher de l'aide. Elle était sur le point d'ouvrir la portière arrière mais la peur de faire du mal à l'enfant la contraignit à reculer :
— Calme toi... Murmura-t-elle de l'autre côté de la vitre. Maman est là. Elle est un peu blessée mais ça va aller.
Elle ne savait pas si la petite l'avait entendue, mais cette dernière s'était calmée.
— Je suis désolée Ariane. Tout ça c'est de ma faute.
Méïdi, au milieu de la route, regardait de gauche à droite, tandis que la pluie l'arrosait. Aucune autre voiture ne passa. Elle avança jusqu'à la haute rambarde en fer du pont qui protégeait les passants de l'eau. Elle escalada cette dernière, en murmurant qu'elle était désolée et qu'elle allait le payer. Une fois au sommet, elle sauta sans état d'âme.
Pendant qu'elle plongeait, elle n'eut aucun regret. Elle se disait qu'elle ne méritait pas de vivre, qu'elle était un fardeau et un danger qu'il fallait balayer.
Pendant qu'elle chutait, la chevelure noire corbeau contrastait avec le gris du ciel. la chevelure obscure et hirsute ballayait l'air en virevoltant. Méïdi se sentit libre de toute cette souffrance, libre de sa vie. Elle eu l'impression que tout était ralentit. Elle cru voir sur un rocher, le petit chiot noir qui l'avait visité tant de fois, et qui avait refusé de la tuer. Ce dernier s'agitait, il tournait sur lui même, il aboyait, comme s'il voulait la rattraper.
Elle ne se demanda pas comment il avait fait pour atterrir sur se rocher perdu au milieu du fleuve. Elle ne se demanda pas si ce qu'elle faisait avait un sens. Elle ne faisait que savourer ce moment, le moment le plus intense de sa faible vie, le dernier moment.
Méïdi fit son plus beau sourire après avoir considéré l'inquiétude de l'animal puis, ajouta en un soupire qui lui était destiné : « Mine de rien, je t'aime bien. »
C'était à ces mots qu'elle atteignit la surface de l'eau. Elle tomba, pénétra la matière liquide qui s'était calmée pour l'accueillir en son sein, comme l'aurait fait une mère. Mentalement Méïdi dit adieu à l'être qui commençait juste à ce développer en elle, et même les aboiements affolés du chiot noir ne changèrent rien au fait, qu'elle n'était plus là, qu'elle était loin de tout, parmis personne.
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