Chapitre 3.

Le taxi avait déposé Dean au coin de la rue où se dressait l'imposant building où Zed avait élu domicile dans son luxueux penthouse. Avant de monter, le Chasseur s'arrêta au dépanneur juste en bas. Avec tous les événements, il n'avait même pas pensé à manger et son estomac gargouillait. Il s'empara rapidement d'un sandwich pré-emballé et d'un paquet de chips grandeur mini (qui devait contenir plus d'air que de croustilles).

Tandis qu'il sortait son portefeuille de sa poche arrière pour payer, il remarqua des bonbons sur le comptoir. Son regard fut attiré par un paquet de jujubes en forme d'oursons multicolores. Quelque chose lui disait que ces trucs bourrés de sucre et d'autres ingrédients qu'on ne pouvait même pas nommés plairaient à cet imbécile de Zed. Dean soupira, puis posa les gummy bear à côté de ses autres articles. Il le les lui donnerait quand il le retrouverait, ça lui ferait une motivation supplémentaire, car il n'était pas question qu'il se promène longtemps avec ses cochonneries dans les poches !

Il s'installa sur un banc à l'entrée du dépanneur et dévora tout ce qui pouvait l'être. Une fois le ventre rempli, il jeta ses déchets, puis retourna se planter devant la bâtisse de Zed. Il avait une bonne mémoire, alors, pour avoir vu l'incube le composer, il se souvenait du code de l'entrée et de l'ascenseur. Le penthouse était silencieux et rien ne paraissait avoir bougé depuis qu'ils en étaient sortis. Néanmoins, Dean ne prit pas de risque. Il dédaigna son poignard et s'avança avec prudence. Un des chats sauta juste devant lui, manquant de le faire sursauter. Il avait presque oublié que Zed gardait autant de ces bêtes sournoises chez-lui. Mi-démon, Dean possédait la faculté de voir dans le noir. Ses pupilles doublèrent de volume et il parcourut le salon du regard en resserrant sa prise sur son arme. Prudent, il s'avança vers la chambre, là où ils avaient poignardé Zeke avant qu'il ne puisse s'en prendre à Zed.

Dean fronça les sourcils et s'arrêta net en fixant le sol de la chambre : le corps de Zeke n'y était plus. Il pinça les lèvres.

— Merde, murmura-t-il.

Il aurait dû le poignarder plus fort ; il aurait dû s'en douter : les incubes étaient des démons qui guérissaient vite pourvut qu'ils se trouvent une source de nourriture à proximité. Or, l'incube pouvait être n'importe où maintenant. New-York était une ville gigantesque. Dean n'avait aucune idée de comment il ferait pour le retrouver. Il secoua la tête de frustration.

— Tu me cherches ?

Le froncement des sourcils de Dean s'accentua. Lentement, il se retourna pour se retrouver nez à nez avec Zeke. Les prunelles de l'incubes brillaient d'un doré pailleté parce qu'il venait tout juste de se sustenter.

— Je savais que tu finirais par revenir ici, rajouta le démon. Où est ton copain ?

Dean fixa son interlocuteur plusieurs secondes avant de répondre :

— Il s'est fait enlever.

— C'était à prévoir, rétorqua Zeke. Ézéchiel est un démon dangereux et, entre ceux qui veulent le voir triompher et ceux qui veulent sa peau, ton ami ne pouvait être en sécurité nulle part. Vous auriez dû m'écouter dès le départ.

Le Chasseur crispa la mâchoire.

— Tu as essayé de le tuer.

— Ça aurait ralenti la progression d'Ézéchiel. Je sais ce que c'est que d'être sous son contrôle. C'est pire que la mort. Ton copain n'existera bientôt plus. Son âme sera dévorée par Ézéchiel jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Il souhaitera mourir, tu verras. Ce n'est qu'une question de temps. Rien ne peut plus être fait pour lui.

— Il n'est peut-être pas trop tard ! Tu as bien pu être sauvé, toi !

— Oui, mais à quel prix ? Une vie pour une autre... De plus, Ézéchiel n'était pas encore aussi puissant qu'il ne l'est maintenant et sa puissance ne fera qu'augmenter. Et tu ne peux pas te permettre de prendre sa place. C'est toi qu'il veut. Si tu te sacrifies, tu mènerais le monde à sa perte.

— Je dois sauver Zed. C'est à cause de moi s'il en est là.

Dean réfléchit rapidement, puis il rajouta :

— J'ai trouvé des plumes blanches là où il est disparu. Tu saurais où je peux le trouver ?

Zeke plissa les yeux, pensif.

— Des plumes blanches, tu dis ? Moi, non, je n'en sais rien, mais je connais quelqu'un qui pourra t'aider, mais si tu veux de mon aide, range ton arme.

Dean hésita, mais comme le démon représentait son seul espoir de peut-être retrouver Zed en vie, il remit son poignard dans sa ceinture avec un soupir.

— Très bien. Où allons-nous ?

Un lent sourire étira les lèvres de son interlocuteur.

— Ce n'est pas loin d'ici. Nous allons voir un... ami. Suis-moi.