Chapitre 1 : Souvenirs
Je me réveillai en sursaut, les bras repliés devant mon visage dans une position de défense, la respiration difficile et le corps trempé de sueur. Dans mon esprit, des images défilaient. Et, soudain, je me rendis compte que j'étais seule, que ce n'était qu'un cauchemar. Dans un soupir, je m'affalai sur le matelas, encore tremblante. Je fermai les yeux, tentant de me calmer. Inspirer. Expirer. Le plus doucement possible. Mes longs cheveux ébène étaient collés par la sueur qui recouvrait tout mon corps par une fine pellicule.
Je tournai le visage et, je jetai un regard au portrait posé sur la table de nuit. Je souris tristement avec un pincement au cœur. Je murmurai, la voix cassée par l'émotion :
-Maman ...
Ma maman. Elle me manquait tant. Je ne gardais presque qu'aucun souvenir et sans cette photo, j'aurais eu peur d'oublier un jour ses traits. Cette peau d'une pâleur maladive, ses yeux émeraude et ses longs cheveux blonds. Mais, surtout, cet aura qui se dégageait d'elle, cette tendresse infinie qui me manquait tellement. Les seuls souvenirs qui me restaient d'elle n'était que très vague. Un grand tablier blanc, cette odeur de cannelle et son rire cristallin qui résolvait tous mes problèmes. Sa mort avait été la chose la plus horrible qui m'était arrivée, je ne m'en étais jamais remise et y penser m'était toujours aussi douloureux. Comme une plaie dont l'on ne guéris jamais vraiment, qui menace de se rouvrir à tout moment. La cause officiel de son décès était la maladie de Lerdamer, personne n'avait posé de question, elle avait toujours été d'une santé fragile. Personne n'avait pensé à écouté la version d'une fillette qui n'était âgé que de sept ans. Pourtant, ce qu'il s'était produit ce jour-là, ce jour maudit, jamais je ne l'oublierai.
Début du flashback
Assise à même le sol dans la salle à manger, je jouai avec mes jouets, riant aux éclats avec la spontanéité que seul un enfant de cet âge pouvait avoir. Dans la cuisine, ma mère cuisinait et des odeurs de beurre chaud et de cannelle embaumaient l'air. Je courrai dans sa direction, m'accrochant fermement à sa jupe usée en demandant avec insistance :
-Maman ! Maman ! Qu'est ce que tu fais !
Elle s'arrêta un moment, le temps de se pencher vers moi et de répondre en souriant, ses yeux pétillant de tendresse :
-Je fais une tarte aux pommes pour le dessert de ce soir.
Je me détachai d'elle, et m'exclamai, des étoiles pleines les yeux :
-Ouiii !! Une tarte ! Une tarte ! T'es la meilleure des mamans !
Je courrai dans toute la pièce en faisant des petits bonds, un sourire éclatant sur les lèvres. Maman me repris d'une voix suave :
-Calme-toi Shirley. Tu vas finir par te faire mal.
Je m'arrêtai nette, avec l'innocente d'une enfant, je me demandai comment je pourrais me faire mal. Toutefois, je me rasseyais, sagement. Je demandai :
-Papa, il revient ce soir ?
Maman sursauta, elle ne répondit pas immédiatement. Finalement elle dit, d'une voix tremblotante :
-Je ... Je ne sais pas !
Souvent, quand papa rentrait, il était fatigué, énervé, même. Il criait sur maman, la frappait parfois aussi. Et moi, je me terrai dans un coin, j'avais peur, il me faisait peur avec sa grosse voix. Il était grand, musclé avec de grandes mains et de gros bras. Je ne l'aimais pas beaucoup, il faisait du mal à ma maman et me criait toujours dessus.
Soudain, la porte d'entrée claqua fortement, je sursautais, effrayée. Sa grosse voix résonna dans tout le couloir jusqu'à nous :
-ANGEL !!!
Je vis très clairement le visage de maman perdre toutes ses couleurs et devenir encore plus blanc que celui d'un cadavre. Elle se tourna vivement vers moi et s'agenouilla pour être à ma hauteur, elle me dit d'une voix angoissée :
-Shirley, ma chérie. J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi, tu veux bien ?
J'hochai vigoureusement la tête, ne comprenant pas ce qui se passait, mais voulant simplement lui faire plaisir. Elle reprit, la main posée sur ma joue, les larmes aux bords des yeux :
-Tu vas aller dans ta chambre, tu m'entends, tu vas t'enfermer dans ta chambre jusqu'à demain. C'est très important.
J'acquiesçai encore une fois, ça paraissait grave, mais je ne savais pas encore à quel point. Dans le couloir, des pas lourds de menace résonnaient jusqu'à mes oreilles. De grosses larmes coulaient maintenant sur le visage blême de maman. Elle se releva et me dit, sa main posée sur le sommet de mon crâne :
-Allez, va !
J'hésitai quelques instants, et finalement, tournait les talons. Avant d'ouvrir la porte qui menait à ma chambre, je me retournai une dernière fois. Maman me dit, un sourire triste sur ses lèvres rosées :
-Shirley, je t'aime, ne l'oublie jamais.
-Moi aussi, je t'aime maman.
Et, sans savoir que c'était la dernière fois que je voyais ma maman vivante, je refermai la porte sur moi. Je tournai la clef dans la serrure et m'asseyais tout contre l'issus, le visage contre mes genoux. J'entendais des bruits horribles, la voix de mon papa, des cris, des sons de lutte et puis ... Plus rien, plus rien du tout. Je ne comprenais plus rien, je ne savais plus quoi penser. Doucement, j'entrouvris la porte, ce que je vis me glaça le sang et me bouleversa pour toujours. Maman, allongée par terre et, au niveau à l'arrière de son crâne, pleins de rouge. Du rouge partout. Du sang ! Je fermai la porte, choquée. Je ne voulais pas y croire, c'était impossible. Ca ne pouvait pas être vrai. Maman ne pouvait pas être morte.
Fin du flashback
Les souvenirs étaient toujours aussi clair dans mon esprit, tous les détails été restés. La version officielle de sa mort était apparue le lendemain : maman était en faite morte de la maladie de Lerdamer. Mon père n'en parlait jamais, d'ailleurs, nous ne parlions jamais de rien. Il avait tué maman et personne ne voulait écouter les paroles et la peine d'une gamine de mon âge. Ils mettaient ça sur le compte de la perte atroce qu'était celle du décès de ma mère. Et, quand je devenais trop bavarde, mon père, en rentrant le soir me corrigeait en me répétant toujours les mêmes mots :
-Ta mère est morte du Lerdamer !
Le premier chapitre, avec un flash-back, histoire de mieux se repérer et comprendre un peu mieux le contexte. J'espère que ça vous a plu.
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