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Chapitre 1

La tête penchée par dessus la vitre ouverte de son poste de commandement, Aube observait les derniers passagers qui montaient dans son train, pressés, essoufflés même pour certains. Elle laissait le vent lui soulever une dernière fois les cheveux avant le départ. Train Irios départ Églée, destination Érythie. Chef de bord: Simon Duval. Conductrice-Pilote, elle même, Capitaine Aube, seule maîtresse à bord après Dieu, aimait-elle à dire, reprenant l'ancestrale formule de navigation. Ce voyage, elle l'effectuait chaque jour, plusieurs fois par jour depuis bientôt un an.

— Excusez moi.

Aube sursauta légèrement. Elle n'avait pas remarqué la jeune fille qui s'était approchée du bord du quai pour lui parler. Elle la dévisagea, notant les cheveux roses pâles, les yeux verts d'eau et la peau extrêmement blanche, dénotant ses origines orgadiennes, ce qui l'étonna quelque peu. Les orgadiens vivaient sur Hespérie dans d'immenses citées sous-marines en forme de bulles. Ils étaient peu nomades et étaient particulièrement peu sur Églée.

— C'est bien le train pour Érythie?

Aube se pencha un peu plus par la fenêtre. Du haut de sa cabine, elle surplombait son interlocutrice qui était obligée de lever les yeux.

— En effet, mademoiselle. Vous devriez vous dépêcher, on part dans quelques minutes.

— Vous êtes la conductrice ? On doit vous le dire souvent, mais vous faites très jeune, pour ce travail.

En effet, on le lui disait souvent. Et ça n'était pas toujours un compliment.

— Ne vous inquiétez pas, lança la jeune personne d'un ton rassurant, ça ne veut pas dire que je n'ai aucune expérience ou autre. Je suis parfaitement qualifiée pour mener ce train à destination.

— Je n'en doute pas, je suis désolée, je ne voulais pas sous-entendre que vous étiez trop jeune, mademoiselle...

Elle se mit sur la pointe des pieds pour observer le badge que l'autre portait agrafé sur sa poitrine.

— ...mademoiselle Aube...

— Juste Aube. Je n'ai pas de nom de famille. Et surtout, pas de mademoiselle, je vous prie.

— Ne nous vouvoyons pas, alors. On doit avoir presque le même âge. Je m'appelle Myrtille.

— Myrtille ? Myrtille tout court?

— Myrtille Caroll.

— Tu devrais y aller, Myrtille. Je pars dans deux minutes.

— Oh! Bon courage, merci pour ton aide!

En la regardant s'éloigner, Aube pensa que c'était une bien étrange inconnue, qui ne savait où allait les trains et qui tutoyait la première venue. Une très mignonne étrange inconnue. Une très pétillante étrange inconnue.

— Myrtille Caroll, murmura-t-elle. Elle est aussi jolie que sa voix.

Myrtille rentra dans un wagon avec un sourire de satisfaction plaqué sur le visage. Vraiment sympa, la petite conductrice, pensa-t-elle. J'ai bien fait d'aller l'aborder. Elle savait très bien, évidemment, où allait le train, l'ayant vérifie un million de fois par peur de se tromper et de se retrouver à l'autre bout des Hespérides. Mais il fallait bien trouver un moyen de lui parler. Elle lui avait plu au premier regard avec ses cheveux sombres qui chatouillaient ses oreilles pointues. Il ne lui fallait qu'un détail, à Myrtille, pour être subjuguée. Elle s'amusait et naviguait à son aise parmi les gens qui lui plaisaient, sans se fixer, jamais. Car ses sentiments restaient superficiels, toujours.

Myrtille aimait les gens. Regarder les gens, écouter les gens, parler aux gens. Elle aimait prendre le train, aussi. Elle s'assit à une place vide, se tourna vers le couloir, pour pouvoir observer les personnes qui passaient. La voix d'Aube retentit dans les hauts parleurs, annonçant un départ imminent. Les moteurs se mirent en route dans un ronronnement caractéristique et on entendit le sifflement du propulseur qui s'allumait.

La jeune fille ferma les yeux. Elle détestait le départ. Elle frissonna en sentant brusquement le train avancer et presque immédiatement se soulever, ce qui eut le mérite de la caler plus profondément dans son siège alors qu'elle agrippait  compulsivement  les  accoudoirs. Il allait falloir qu'elle s'habitue à la sensation, elle allait devoir prendre le train plusieurs fois par semaine à présent. C'était le rêve, tous ces voyages payés par son travail. Elle n'allait pas se laisser gâcher ses trajets par son estomac qui se tordait au fur et à mesure que le sol s'éloignait.

Elle ne rouvrit les yeux que quelques minutes plus tard, alors que le train quittait l'atmosphère. Elle plaqua son front sur la vitre pour observer l'extérieur, frissonnant au contact de sa peau avec le verre glacial. Son souffle formait un rond de buée sur la vitre et rendait l'extrémité de sa vision floue alors qu'elle observait Églée se faire de plus en plus petite et se transformer peu à peu en une énorme boule dorée. D'autres trains apparurent autour d'eux, les accompagnant, les croisant. Le trafic était dense ce matin-là. Myrtille ne se lassait pas de relier entre elles en pensée les myriades d'étoiles qui parsemaient l'espace, comme ces jeux pour enfants où on lie les points pour obtenir un dessin. Elle s'imaginait chaque fois des créatures fantastiques et imaginaires, mythologiques, et souvent des serpents ailés lacérant les cieux et  s'amusant à s'enrouler autour du train lui même serpent, en un jeu d'amour infini. 

Elle s'amusa à passer son doigt sur le minuscule reptile lové autour de son index droit, suivant de son ongle de pouce ses circonvolutions. Il avait la tête posée sur la pulpe de son doigt et la langue à demi tirée, comme figée au milieu d'un léger et doux sifflement. Le tatouage, réalisé entièrement à l'encre noire, à l'exception d'une touche rubis pour les yeux, était récent et éphémère. Tant que ça marche, avait dit la jeune fille, et puis elle l'enlèverait.

Elle abandonna ses dragons lors des secousses, au moment où le train entrait dans l'atmosphère d'Érythie. Le voyage avait passé vite, avec un peu de musique et d'imagination. La musique, Myrtille l'avait eu dans les oreilles tout le trajet, et encore avant, et même la nuit encore. Impossible de s'en passer. Sa tête aurait été bien trop vide. Ses écouteurs étaient intégrés dans son holo, implanté via une puce dans sa nuque et qui lui permettait, lorsqu'elle fermait les yeux, de faire appel à ses diverses fonctionnalités et de voyager dans l'ultranet. Les sons résonnaient directement dans sa tête sous réserve d'activation du holo via le bouton situé sur l'implant.

Elle sortit du train tranquillement, se tourna vers la sortie, avant de se rappeler de quelque chose. Le destin, il faut le forcer, Mymy, se dit-elle en se dirigeant une nouvelle fois vers l'avant du train. Sur le chemin, tira de son sac un bout de papier chiffonné et un crayon, s'appuya sur le train pour y griffonner une série de chiffre. Aube n'était plus dans le poste de commande, mais n'était pas sortie non plus, surement rendue vers l'arrière de sa locomotive. Ce n'est pas grave, je le laisse dedans, la fenêtre est ouverte, contacte-moi, jolie Aube, contacte moi, elle s'en fut, intérieurement, elle riait doucement.

Quelques minutes plus tard, Aube referma la main sur le morceau de papier et s'étira. La journée commençait bien. Elle se glissa hors de sa machine. Il lui restait un moment avant son prochain départ, le temps d'aller s'acheter une boisson chaude à la machine. Le hall de l'immense gare, saturé de bruits et de publicités aux couleurs criardes, était éclairé par des néons avec le peu de discrétion propre à Érythie. En le traversant, son œil fut attirée par un immense panneau d'affichage numérique qui montrait un poster publicitaire animé de la nouvelle tournée de Vipera. Au centre de l'affiche, Myrtille, le regard baissé, concentrée, titillait sa guitare électrique, plaquait deux-trois accords avant de planter son regard dans le spectateur. Une mèche rose s'échappait de son chignon pour caresser sa joue et son sourire éclatait de joie.

Le dernier album de Vipera connaissait un succès sans précédent à Udiane, la capitale d'Érythie. Ses membres, presque tous étudiants, vivaient sur cette planète et en étaient originaires, sauf la chanteuse, originaire d'Hespérie. Le groupe donnait en ce moment des concerts chaque semaine à la salle de spectacle de l'université,  et commençait une tournée interplanétaire pour se faire connaitre. Leur style rock tendant vers le punk, leur dynamisme sur scène ainsi que le charisme et la voix angélique de la chanteuse Myrtille Caroll leur avait valu un soutien inconditionnel de la part des jeunes. Ils prenaient juste leur envol et avaient encore besoin de se démarquer artistiquement mais les critiques s'accordaient généralement à dire que le groupe était tout à fait prometteur, et leur musique commençait déjà à s'exporter dans les six autres villes qui parsemaient leur planète d'origine.

Aube n'était pas particulièrement fan de Vipera, mais connaissait assez pour se rappeler du nom de Myrtille. Elle passait du temps sur Udiane pour son travail, mais habitait à Vibris, sur Églée, où le groupe était quasiment inconnu. C'était plutôt agréable à écouter, d'après elle, bien qu'un peu commun.

Elle but son chocolat à petites gorgées, appuyée à un mur de la gare, sa casquette à demi rabattue sur les yeux, peut être pour les reposer des éclairages clignotants. Enregistra le numéro de Myrtille dans son holo, songea à lui envoyer un message, décida qu'elle le fera le soir en rentrant. Balança son gobelet dans un poubelle. Redressa son couvre chef et se dirigea vers les quais. Le train Irios pour Églée partait dans quelques dizaines de minutes seulement et, elle vivante, ne souffrirait d'aucun retard de son fait.

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