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78. Final Destination

L'étage suivant s'illumina au son vrombissant des néons. L'architecte sadique, ou féru d'exercice physique, semblait avoir placé ses cages d'escalier à l'opposée les unes des autres, mais cette fois, le parcours pour atteindre la suivante était tout tracé. Un couloir aux murs vert pâle traversait l'étage en diagonale, jalonné de portes de part et d'autre. Le sol était couvert d'une couche de poussière surprenante, à l'exception du passage central, régulièrement emprunté, et de la dernière porte à droite. Plus personne ne s'était rendu dans les autres pièces depuis bien longtemps.

Ils cheminèrent vers l'escalier suivant, Nina et Leo en tête, Yann derrière, avec l'épée d'Arthur, et les deux EBA bons derniers. Le souffle d'Arthur chuintait, humide, chargé par moment d'un râle léger, que le jeune roi réprimait. Ses lèvres grises étaient désormais rougies par le sang qui y perlait. Leo l'avait dit mourant, pour convaincre Hector de poursuivre. Était-ce là un nouveau mensonge pour la bonne cause, ou était-ce la réalité ?

Athéna va le sauver. Elle m'a sauvé. Elle escomptait que je survive.

Au bout de quelques mètres, le Breton dévia pour se reposer contre le mur. Le choc étouffé de son genou contre la cloison avertit les autres fuyards de la nécessité d'une pause. Tous se figèrent, comme des animaux surpris par la lumière.

Nina revint en arrière, l'inquiétude de plus en plus manifeste sur son visage. Elle évita le regard d'Hector, releva le menton d'Arthur, oubliant qu'elle était supposée être sa demi-soeur maudite. Le jeune roi sembla l'oublier lui aussi, et se laissa examiner sans protester. Mais si Leo n'était pas médecin, Nina ne l'était pas davantage. Ce qu'elle cherchait dans ses prunelles humides, Hector ne le savait pas.

De son côté, la dryade s'était approchée d'une porte et Hector la vit frotter quelque chose de la manche, avant de plisser les yeux. Une fenêtre sur l'intérieur de la pièce, sans doute. Yann restait planté au milieu du couloir, sans savoir comment agir.

Les genoux d'Arthur cédèrent brusquement, entraînant Hector dans son mouvement. Nina poussa un cri de surprise tandis que le Troyen tentait de maintenir le Breton debout, en vain. Il était trop lourd, lui-même était trop fatigué, et il l'aida finalement à s'asseoir contre le mur.

Les yeux mi-clos, Arthur secoua la tête. Son visage avait pris un ton crayeux, dont la blancheur était rehaussée par les gouttes écarlates qui lui perlaient au coin de la bouche et sous le nez.

— Arthur, nous ne pouvons pas nous arrêter, murmura Nina. Nous y sommes presque.

Encore deux volées d'escaliers, en réalité. Arthur était épuisé depuis bien plus longtemps et s'était maintenu debout à coups de miracles. Assis sur ses talons, le coeur battant, Hector scruta leur petite équipe. Peut-être pourrait-il transporter Arthur avec Yann, s'ils trouvaient de quoi lui improviser un brancard. Cela semblait la seule solution.

Il posa la main sur la joue d'Arthur, lui caressa la pommette du pouce.

— Je reviens, promit-il.

Le Breton hocha la tête, un mouvement à peine perceptible, mais signe indéniable qu'il était encore conscient.

— Reste avec lui, ajouta Hector à l'attention de Nina.

Il se leva et poussa la première porte sur sa gauche, qui s'ouvrit sans résister. La poussière qui se souleva à son passage le fit éternuer. Il régnait un profond parfum d'abandon en ces lieux, une odeur de tombeau. Quelqu'un entra derrière lui – Leo – et quelques secondes plus tard, les lampes s'allumèrent, révélant un laboratoire moderne. Instruments mystérieux, récipients divers, écrans éteints, tabourets, armoires, dossiers empilés, alignés, éparpillés, le tout couvert d'une couche spectaculaire d'oubli. Plus personne n'avait manipulé ces objets de longue date, même si Hector aurait été bien en peine d'estimer depuis combien de temps.

— Qu'est-ce que tu cherches ? demanda Leo à voix basse.

— De quoi construire une civière.

Elle soupira.

— Hector, Arthur est mourant, murmura-t-elle. Son foie... et probablement ses reins et son pancréas... des organes internes, importants... vitaux... sont dégradés...

— Alex pourra l'aider. Il faut juste réussir à le sortir d'ici.

— Même Alex ne peut pas réveiller les morts.

— Je croyais que tu n'étais pas médecin, lança-t-il, acide.

Elle étouffa un rire las.

— Non. Mais... Non, tu as raison. C'est juste... J'ai étudié les EBA, autrefois... et... ce dont souffre Arthur...

— Nous n'allons pas l'abandonner là, trancha Hector en ouvrant une armoire au hasard.

Des flacons, des tubes vides, d'autres documents.

— J'ai de quoi l'endormir... définitivement et sans douleur, osa la jeune femme, dans son dos.

— Non, dit-il, d'un ton définitif.

Elle lâcha un profond soupir, où perlait son agacement. Il décida de ne pas relever, il n'avait pas besoin de ça, pas en plus du reste. Elle pouvait gaspiller sa salive, il agirait. 

La seconde armoire contenait des livres, d'autres classeurs, des stylos, des objets aux fonctions inconnues qu'on pouvait tirer, presser, dérouler, déformer, sans que rien ne semble utile.

Le portemanteau accueillait des tabliers blancs – grisés par le temps – semblables à ceux que revêtaient Alex et son équipe, dans la forteresse des Devereux. Hector se demanda s'il aurait pu s'en servir pour confectionner son brancard de fortune, mais l'étoffe semblait trop légère, usée, le poids d'Arthur la déchirerait.

Sur la poche de l'un d'entre eux, était attaché le badge d'un A. Wells, assorti d'une photo aux couleurs passées. Hector l'empocha. La paume d'Arthur ne suffirait peut-être pas toujours, autant prendre ses précautions.

Il franchit la porte qui séparait le laboratoire de la pièce voisine. Cette fois, il chercha seul le levier qui invoquait la lumière. Leo le suivit sans rien dire. La salle, plus vaste que la précédente, ressemblait à la chambre qu'il avait occupée à son réveil. Elle contenait un lit central, qui était peut-être une table, et deux gros sarcophages argentés, montés sur des structures complexes. L'un était couché à l'horizontale, l'autre redressé à la verticale, mais on devinait qu'il était possible de les faire pivoter dans diverses inclinaisons.

— Des caissons de stase, murmura Leo.

Elle dépassa Hector pour se pencher sur celui qui était couché. À nouveau, elle frotta la surface de la manche.

— Vide, heureusement. Mais tout est débranché. Les frigos, les ordis... Si Miles a fait maturer quelqu'un ici, c'est terminé depuis un bail.

— Est-ce l'endroit où sont créées les EBAs ? demanda Hector.

— Non. C'est beaucoup trop petit pour être l'installation principale. Ça ressemble plus à une initiative privée... Mais oui, l'endroit où sont conçues les EBAs ressemble à la même chose, en beaucoup beaucoup plus grand. Il faut un caisson de stase pour chaque EBA. Plus le labo, les frigos, les centrifugeuses, et je ne parle pas des serveurs pour la conception des souvenirs... Ça doit se trouver dans une autre tour et sur plusieurs étages. Les cellules souches sont épuisées dans le processus et... Bref, on s'en fiche, dans le fond. On en discutera un autre jour, si tu veux.

Il acquiesça et se pencha sur la table. Légèrement rembourrée et munie de sangles, elle aurait permis de transporter Arthur sans qu'il ne risque de tomber, mais le plateau semblait solidement vissé à la structure métallique sous-jacente.

— Il nous faudrait un tournevis, murmura Leo, en ouvrant de nouvelles armoires.

Hector attrapa la table des deux mains et tira de toutes ses forces. En vain. Encore. Il s'arcbouta, regarda les muscles saillir dans ses avant-bras, ressentit la tension dans ses épaules, n'éprouva aucune douleur.

— Arrête ! Tu es en train de te blesser ! lui lança Leo.

Elle posa les mains sur son poignet, lui jeta un regard désolé, en secouant la tête. Elle pointa ensuite son flanc, sous les replis de la robe de chambre. L'étoffe était gorgée de sang, qui traçait ensuite des sillons sur son ventre et lui coulait en traits irréguliers sur la jambe.

— L'analgésique d'Alex brouille tes sensations, mais c'est un piège. Tu n'es pas en état.

Relâchant la table, il poussa un cri de frustration, qui se mua en rage. Il se vit dévastant tout, la salle de stase et le laboratoire, renversant les armoires, déchirant les dossiers, fracassant tous ces flacons et ces machines inutiles, une dépense d'énergie futile, qu'il ne pouvait pas se permettre. Il se contenta de serrer les poings, paupières closes, chercha à tempérer sa respiration. La fureur n'aiderait personne.

Yann entra dans la pièce par la porte du couloir.

— Venez voir ça, annonça-t-il simplement.

La porte d'en face menait dans une chambre ordinaire. Propre, rangée, elle était manifestement entretenue, contrairement aux autres pièces de l'étage. Elle conservait cependant une odeur de renfermé ténue et son ordre parfait suggérait qu'elle n'était en réalité pas utilisée. Hector songea qu'il s'agissait de la chambre d'une femme, un peu par instinct, dans le choix des couleurs, de la décoration, même s'il n'aurait pu en jurer. Sa fenêtre noire semblait ne s'ouvrir sur rien.

— C'est une cellule d'EBA, murmura Nina, dans leur dos.

Hector lui jeta un regard aigu.

— Arthur dort, se justifia-t-elle.

Il ne voulait rien en savoir, et retourna dans le couloir, au chevet du jeune roi. Elle ne mentait pas, le Breton respirait laborieusement, les yeux clos. Hector le secoua doucement.

— Arthur, murmura-t-il. Arthur.

Son compagnon gémit mais ne s'éveilla pas.

— Max aura certainement de quoi l'aider dans l'hélico, dit Nina, debout derrière lui. Khalid ou Simon, ou Alex elle-même. Nous devrions l'installer au mieux, et nous reviendrons le chercher dès que les renforts seront là.

— Le déplacer davantage va le tuer à coup sûr, ajouta Leo. Chaque pas supplémentaire empire son état.

— Nous ne pouvons pas l'abandonner dans le couloir ! s'exclama Hector, furieux.

— Non, mais nous pouvons le porter jusque dans la chambre, proposa Leo.

— Je reste avec lui, déclara Hector.

— Hector, nous avons besoin de toi... de l'émetteur...

Il sentit la colère l'envahir à nouveau.

— Il est juste là, ce maudit émetteur ! aboya-t-il en se frappant sa nuque. Ne peux-tu pas aller le récupérer ?

— Hector...

Son accès de fureur avait réveillé Arthur, qui chercha son regard, lui saisit mollement la main.

— ...

Hector se pencha, posa l'oreille contre ses lèvres.

— Le Graal, souffla Arthur. Tu dois sauver le Graal.

Le Troyen manqua rire de dépit.

— Arthur, le Graal peut se sauver tout seul.

Les traits cireux du Breton se crispèrent.

— S'il te plait.

Hector lutta contre les larmes, baissa les yeux et regarda un instant, hypnotisé, le sang qui glissait sur la peau de ses jambes, en ruisselets opiniâtres. La respiration d'Arthur alternait entre de courtes saccades superficielles et de profondes inspirations qui se bloquaient. Le Troyen glissa un bras sous les épaules du jeune roi, un autre sous ses genoux, plia les siens, et le souleva.

Il tituba aussitôt, manqua perdre l'équilibre, se soutint contre le mur. Face à lui, Nina et Leo paraissaient épouvantées, bras en avant, mains cherchant à l'aider sans savoir que faire. Remis d'aplomb, il fendit leurs rangs d'un pas lourd, parcourut un mètre, puis cinq, se maudit de sa lâcheté, de sa faiblesse, de son échec, et entra dans la chambre – une cellule d'EBA pour un roi factice – et déposa Arthur sur le lit.

Le chagrin qu'il cherchait à museler lui tambourinait les orbites, mais il le repoussa, de toutes ses forces.

— Yann, donne-moi l'épée, ordonna-t-il.

L'acteur obéit.

— Hector... commença Nina.

— Dehors, gronda-t-il. Tout le monde dehors !

Il les entendit obtempérer, sans les regarder. La porte se referma sur leurs pas. Il s'assit sur le lit, installa Arthur le mieux possible, puis posa l'épée à ses côtés et l'aida à en saisir la garde. Le visage du jeune homme se détendit, rasséréné par la présence de son arme fidèle.

— Je reviens bientôt, d'accord, et d'ici là, tu luttes. C'est ma condition. Sinon je reste, et tant pis pour le Graal. Je m'en fous, de ton Graal. Ce n'est pas mon histoire. Mon histoire, c'est toi.

Arthur esquissa un sourire, ses lèvres articulèrent quelque chose, Hector se pencha.

— J'attends, chuchota le roi breton.

— Promets-le moi. Sur ton honneur.

— Je promets sur mon honneur.

— Repose-toi. Je serai là dans un instant.

Arthur hocha doucement la tête. Hector se redressa, lui effleura la joue, lui embrassa le front.

— Dans un instant, je compte sur toi.

Cette fois, le roi breton ne répondit rien. Hector écouta sa respiration difficile, posa la main sur son coeur qui battait toujours, d'un rythme rapide – était-ce un signe de vigueur ou un signe de désespoir, il n'en savait rien –, demeura immobile un instant. Il aurait voulu garder la paume juste là, pour toujours, un talisman contre la mort, une injonction.

Mais il se leva vivement et gagna le couloir, surprenant ses trois compagnons en embuscade et leur arrachant un cri.

— Dépêchons-nous, annonça-t-il.

— Est-ce qu'il est... osa Nina.

— Bien sûr que non, l'interrompit-il.

Leo boucla la chambre d'un tour de clé, qu'elle tendit à Hector. Il ne dit rien, l'empocha. Il devait revenir avant qu'Arthur ne meure, mais aussi avant que Miles n'atteigne cet étage. Double urgence. Il les précéda vers le bout du couloir. La porte de la cage d'escaliers s'ouvrit sans mal. Hector frissonna sous l'effet d'un vent froid venu des hauteurs. Chargé d'une odeur âcre, il lui piqua les yeux et ses larmes contenues coulèrent librement.

— Je me demande ce que Miles cache là en haut, murmura Leo, derrière son épaule.

— Moi pas, lâcha Hector.

Il percevait quelque chose, dans l'air vicié qui descendait des marches, quelque chose de mauvais, qu'il était pourtant sûr de n'avoir jamais rencontré auparavant.

— Mais nous n'avons pas le choix.

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