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4 - Pas conforme (3/3)

— Tu vas avoir une petite sœur, ou bien un petit frère. T'as de la chance. Moi j'aimerais bien être grand frère, mais j'ai pas de maman, alors c'est compliqué. C'est comment d'avoir une maman ? Ça doit être chouette. Elle te lit des histoires, le soir ? Ronin, il m'en lit tout le temps. C'est mon papa, Ronin, mais il veut pas que je dise ce mot, je sais pas pourquoi, alors je l'appelle Ronin, c'est bien aussi.

Saskia était incapable de dire depuis combien de temps elle écoutait Ryu déblatérer. Les paroles rythmées du garçon s'enchaînaient sans pause, emportant l'auditrice dans leur courant. Elle était à deux doigts de l'hypnose, fascinée par le flot incessant qui circulait avec fluidité d'une idée à l'autre. C'était étonnamment reposant. Les pensées de Ryu court-circuitaient celles, d'ordinaire impossibles à faire taire, de la fillette.

— T'as l'air plus détendue. Ça te brûle plus ? Je peux rechercher de la neige si tu veux. On a fait ce qui faut pour ton bras, pour que la brûlure s'arrête à l'intérieur. C'est Ronin qui m'a appris. Un jour, je me suis brûlé la jambe à cause d'une casserole. J'ai pas rigolé. Mais ça m'a pas fait aussi mal qu'à toi.

Soudain, le silence.

Ryu avait arrêté de parler. Il fixait sa camarade avec une bienveillance naïve flottant à la surface de ses iris de bronze.

La demoiselle muette renoua alors avec le sentiment de malaise qui lui était si familier en présence d'autres enfants, elle en avait oublié son existence pernicieuse tant la logorrhée de ce curieux garçon l'avait stupéfiée. Elle n'avait pourtant pas encore prononcé le moindre mot depuis qu'il l'avait accompagnée dans la cuisine pour l'aider à immerger son bras dans une bassine d'eau fraîche. Qu'attendait-il d'elle ?

Saskia détourna le regard. La vue familière des rangées de casseroles en cuivre sur le mur l'apaisa. C'est ici qu'elle passait le plus clair de son temps, assise sur ce banc de chêne, à éparpiller sur la table ses crayons de couleurs pendant que son père préparait des plats à l'odeur alléchante. C'était son petit monde à elle, mais cette nuit, il y avait un intrus.

— Tu dis rien parce que tu t'inquiètes ? sonda Ryu sur un ton plus posé. C'est pas grave, t'as pas besoin de parler, tu sais.

Elle leva les yeux sur lui, soudain curieuse et moins intimidée.

— Les mamans savent ce qu'elles font, c'est leur travail, sourit-il. Tout va bien se passer et tu vas être une grande sœur super, c'est sûr.

— Tu... n'as pas de maman ?

— Non, Ronin dit qu'elle est morte quand j'étais bébé, mais il me parle jamais d'elle. Je crois que c'est un secret.

— C'était peut-être une dame importante alors, une princesse...

Ryu éclata de rire. Pas un rire moqueur, un rire sincère et joyeux.

— Tu trouves que j'ai une tête de prince avec ma coupe en hérisson ?

— Des cheveux, ça se coiffe. Et ça pousse aussi. Je sais faire des tresses, je pourrais même t'en faire une comme les nobles à la capitale.

— Le temps qu'ils poussent assez pour ça, je serai sûrement parti loin...

Le garçonnet au tempérament jovial s'assombrit. C'était la première fois que Saskia voyait une telle tristesse chez un enfant de son âge. Ça la touchait. Quelque chose en lui, lui laissait une sensation de familiarité rassurante.

— Tu voyages beaucoup ? questionna-t-elle.

— Oui, on change tout le temps d'endroit. C'est à cause des soldats. J'ai pas de certificat de naissance moi, alors c'est trop risqué.

Saskia baissa les yeux sur la manticore fondue dans sa chair. Impossible de savoir si son tortionnaire avait dit vrai. Peut-être que cette marque la libérerait des soupçons aux yeux des prochains soldats qu'elle croiserait... ou peut-être pas.

— Mais si je reste, on pourra être amis tous les deux ?

La fillette retint son souffle, prise au dépourvu. Son instinct répondit alors avant son cerveau.

— Oui.


🐲🐲🐲


Alek adressa un sourire tendre à sa femme juste avant de refermer la porte de leur chambre. Il laissait Kathy confortablement installée sur le lit, leur fille tout juste née dans les bras. Les chimères soient louées, la mère et l'enfant se portaient pour le mieux.

Le cuisinier se tourna vers Ronin qui attendait dans l'ombre du couloir.

— Je ne vous ai pas encore remercié pour votre aide. Je ne sais pas ce que ces hommes auraient fait à ma famille si vous n'étiez pas intervenu.

— Alors il faudra remercier Ryu, c'est lui qui a pressenti un danger et qui m'a réveillé.

— Je lui préparerai le plus beau et le plus gourmand des gâteaux qu'il ait jamais vu.

— C'est une excellente idée, il va adorer, approuva Ronin en posant une main amicale sur l'épaule de son hôte.

Les deux hommes prirent le chemin de la grande salle. Ça faisait près de trois heures que les enfants étaient sans surveillance au rez-de-chaussée. Alek culpabilisait de n'avoir pas pu soigner et réconforter sa fille, accaparé par l'imminence de l'accouchement. Toutefois, Ronin l'avait assuré que Ryu saurait gérer la situation ; ce petit gars était plein de ressources.

Lorsque le père, inquiet, entrouvrit la porte de la cuisine pour y jeter un œil, il découvrit une scène attendrissante. Saskia s'était pelotonnée dans le vieux fauteuil rembourré au fond de la pièce, entre le matériel de couture de sa mère et un gros sac de farine. Elle dormait du sommeil du juste. Ryu suivait son exemple, le visage écrasé contre la table sur laquelle Alek façonnait son pain tous les matins. Ils ressemblaient à deux séraphins qui avaient assisté à des choses incompatibles avec leur douce nature.

Finalement, Alek referma la porte sans les réveiller ; qu'ils profitent d'un repos bien nécessaire, et exempt de cauchemars surtout.

— Il va falloir se débarrasser des corps, dit Ronin d'une voix feutrée.

En effet, Chiro s'était vidé de son sang sur le plancher de l'auberge et Jaspet avait fini de griller dans les flammes mourantes de l'âtre.

— Si on les abandonne dans la forêt, les animaux se chargeront de rendre leurs corps méconnaissables, indiqua le cuisinier. Et pour peu que la tempête dure, personne ne découvrira leurs restes avant plusieurs jours, ça laissera le temps aux loups de faire leur œuvre.

— Ça m'a l'air d'être un bon plan. Je vais chercher mon manteau et on y va.

— Vraiment ? Vous allez m'aider à traîner ces poids morts dans la neige ?

— De toute façon, je n'arriverai plus à trouver le sommeil après toute cette agitation, un peu d'activité physique ne me fera pas de mal, fit valoir Ronin. Et puis, le froid, ça conserve, non ?

Alek sourit à cet inconnu providentiel et remercia en son cœur la chimère qui l'avait mis sur sa route ce soir. Il y avait quelque chose d'évident dans sa présence ici, comme si cette rencontre était écrite.

— Au fait, lança-t-il alors que Ronin s'engageait dans l'escalier. Kathy m'a dit que vous cherchiez du travail. On n'a pas de poste de professeur à vous proposer, mais j'aurais rien contre un coup de main en cuisine, si ça vous tente...

L'homme s'arrêta sur la troisième marche. Ses pensées guidèrent son regard vers la cuisine où dormait Ryu. Peut-être qu'une pause à Lagonie leur ferait du bien à tous les deux.

Lorsque Ronin se retourna vers la salle, ce fut avec un sourire franc adressé à son nouvel employeur.


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On en a fini avec ce chapitre un peu long qui nous montre le début de l'amitié entre Ryu et Saskia. Dans le prochain, on retournera voir ce qui se passe à l'ombre du palais impérial...



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