« La naissance d’un être n’est que la face d’une pièce », Écloraïn S.E. Soluïnae

Éclipse 2021 ; Minuit ; 31 Kalndiuit – 1 Hunshi ; Harmonyris

Il existe un mythe,
Qui traverse les siècles.
Il est dit que dans la galaxie morte,
Sur Terre,
Les Cycles s’écoulaient autrement.
Concernant les mois,
Décembre laissait place à Janvier,
Et équivalait à Kalndiuit qui s’effaçait pour que brille Hunshi.
Concernant les semaines,
Si Mercredi s’endormait pour que Jeudi s’éveille,
Alors Syliphys se taisait pour que puisse chanter Harmonyris,
Pour ce qui est de l’Éclipse qui veille sur Soluïn,
L’Année veille sur les Terriens.

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Au centre même d’un abîme galactique, une sphère d’une étrange matérialité flottait entre deux voûtes célestes. Elle était d’essence divine, issue d’une dualité de magies, tel l’œuf de deux Univers qui s’entremêlaient et fusionnaient. Et pourtant, quelque chose n’allait pas.

Un élément flou, malaisant, qu’aucun ne pouvait décrypter, planait.

Cet embryon de magie était encerclé par un orbe, indescriptible, une femme sans âge, ni jeune ni vieille, au sourire qui rayonnait, et par un homme qui se tenait à ses côtés, à l’âge indevinable, et dont l’aura dénotait une puissance irrévocable.

Ce dernier, qui était plus une créature humanoïde qu’un humain, était doté d’une tête de dragon au pelage de nuit. Accrochées à son dos, deux ailes à l’envergure titanesque, violettes aux pointes, se dégradaient ensuite vers leurs racines en une couleur qui rappelait la surface d’un lac troublé.

Quant à son corps, il était recouvert d’un pelage bestial, variant entre un bleu sombre et clair. Et pour finir, un capuchon de serpent aussi anthracite qu’un ciel orageux ornait son crâne et sur ce dernier se dressaient fièrement deux cornes d’améthyste.

Ils étaient plus ravissants l’un que l’autre. Et ils n’étaient nul autre que les parents de la Sphère.

Les Divinités Écloraïn et Temporel.

La première gouvernait de nombreux domaines, tels que la Destruction et la Création, l’Harmonie et la Neutralité, ainsi que la Magie ; le second, pour sa part, n’avait qu’un seul plan, d’une puissance irrévocable, celui du Temps. Il en était le Dieu et la Personnification.

Un second duo se tenait lui aussi présent, tapi dans les noirceurs, invisible. Il était fait d’êtres minuscules qui ne faisaient qu’observer la scène. L’une souriait, l’autre ronflait bruyamment.

Sans oublier l’essaim d’Esprits, aussi ombreux que flous, qui virevoltaient en tous sens et entouraient la Sphère. Ces Esprits savaient qu’en ce jour et ce lieu allait naître l’entité que leur peuple attendait.

Celle qui allait les personnifier, une fois de plus.

La Huitième d’une lignée dans le déclin…

Pour finir, il y avait une impérieuse créature, Elcywïn, qui survolait la scène et observait tendrement le déroulement de l’éclosion tant attendue.

L’Œuf était strié d’une infinité de couleurs. Il était d’une beauté incomparable, inestimable. Une entité émergeait d’un long sommeil.

La Sphère se craquela. Son éclosion prochaine ne faisait plus aucun doute.

Alors que ses filaments de magies semblaient se fissurer, que sa lumière se déchirait et répandait ses éclats aux mille recoins de l’abîme, les Esprits prirent l’aspect qui leur était dû, celui de silhouettes luminescentes contrastant vivement avec la noirceur de l’Univers.

Ivre de joie quant à la scène qui s’était déroulée devant elle, Elcywïn fit tourner et s’illuminer les douze planètes qui encerclaient, en suspens dans les airs, ses bois de cerf.

La Sphère éclata. Une enfant émergea.

Un autre orbe se morcela. Une chimère en sortit.

Tous deux levèrent leurs mains — ou pattes — vers le néant, yeux écarquillés, lèvres écartelées.

Puis, ils hurlèrent.

Une onde de choc se répercuta partout dans la galaxie.

Un cri de terreur, de douleur, et de bonheur entremêlés.

- La Folie s’en vient…

L’enfant avait parlé.

La créature avait parlé.

Tous deux d’une voix d’outre-tombe ; d’une voix venue d’autre part, de bien trop loin pour que l’on en devine sa source.

Aucun des deux n’était censé avoir accès à la parole.

Et cependant…

- La Folie s’en vient…

Et la chimère et le bambin hurlèrent de concert, en pleurant des larmes de sang. Un sang contraire à toute loi naturelle. Un sang noir, et pourtant éblouissant.

La réalité se craquela en plusieurs endroits et des morceaux de voile dimensionnelle jaillirent en tous sens, tels des projectiles.

Mais parce qu’elle était tétanisée, prise au dépourvu et figée par la peur, Écloraïn ne fit rien.

Elle se sentait comme en dehors de la scène, comme spectatrice, comme si, quoi qu’elle fasse, l’échec serait un résultat inévitable.

Et ce n’était pas Temporel, son âme contraire, celui qui complétait son esprit à merveille, son opposé, qui allait la rassurer. Loin de là.

Sauf créer un bouclier, autour d’elle, qui la protégerait de toutes les conséquences qui pourraient résulter du Temps, il ne fit qu’un immense sourire mesquin en jubilant face à la scène. Toute cette puissance…

Toute cette Démonstration de force était pour lui le comble de l’extase !
Son cœur battait la chamade. Sa magie valsait autour de lui, allié de ce mal inconnu, car elle détruisait bien plus encore avec sa valse de joie.

Il était heureux !

Il se sentait invincible ! Une telle adrénaline s’écoulait dans ses veines ! Une telle énergie manipulait ses membres ! Une telle folie guidait son cerveau, l’enjoignant à commettre des atrocités sans pareilles !

Il voulait tellement… Il souhaitait tant mettre ce monde hors du Temps, faire souffrir ces mortels, esclaves de son domaine, en leur infligeant le martyre de l’intemporel !

L’extase serait sans bornes !