Pendant ce temps, quelque part dans Alexandrie...
Dans un cabinet de travail, quelqu'un regarde une lance.
La hampe est ancienne, souillée par les années, patinée par des mains rudes, mais le cœur reste solide. Une arme de guerrier, de roi, de héros divin. Autrefois, elle a chargé des armées entières, pourfendu des cuirasses, conquis des royaumes.
Aujourd'hui, la pointe est brisée.
La cassure nette ne laisse qu'un moignon inutilisable et un éclat de fer encore aussi tranchant qu'un cheveu. La personne tapote sur la table, pour rythmer sa réflexion, évacuer la tension dans ses épaules, prouver son ascendance sur la matière. Ce quelqu'un a déjà tenté, une fois, de remédier à ce défaut malencontreux. Sans succès. Le forgeron – soi-disant le meilleur de la ville – a échoué. Une déception. Qui aime les déceptions ?
Tout le plan a dû être repensé, soupesé, réorienté. De nouvelles voies ont été explorées. Un contretemps de plusieurs années. Un contretemps qui devrait s'achever dans quelques jours, si les Dieux sourient enfin, si les derniers rouages s'enclenchent comme prévu, si l'oracle ne s'est pas trompé.
La patience paie toujours.
Un homme entre d'un pas brusque, un poignard à la main. L'individu dans la pièce ne tressaille pas d'un cil. Le nouvel arrivant s'arrête près de la table, plante l'arme dans le bois. Un coup sec. La lame vibre, souple et robuste. Sur le pommeau, la tête d'Horus reste impassible. Du beau travail.
— C'est lui qu'il nous faut ! aboie le visiteur.
Il est fougueux, encore jeune. Le sang dans ses veines brûle d'agir. L'accomplissement, enfin, après les années de préparation. Cependant, trop de précipitation peut tout compromettre. Ils ne doivent pas se découvrir, pas encore.
— Je m'en charge.
Dans un plan, il faut ceux qui agissent et ceux qui réfléchissent. L'homme grogne sans remettre en cause la justesse de cette analyse.
— Le temps presse. Les festivités ouvrent demain.
— Ce soir, au plus tard, tu auras celui qui a forgé ce fer.
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