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8. Celle qui aime les chats

Les pieds dans le nid sableux, Ahmasis s'abrite derrière les plumeaux roses d'un tamaris. La mer ronronne sous son chapeau d'écume. Le vent chantonne entre les branchages. Ils murmurent peut-être des secrets, mais elle se concentre sur l'amorce du sentier menant au phare.

Méaâ a filé comme un dard, peut-être après une musaraigne. Elle n'a pas eu le temps de la retenir, juste celui de lui courir après, depuis le bâtiment des novices, à travers la cour, entre les pylônes. Maintenant, cette chasseuse en herbe se tapit de l'autre côté du chemin et n'ose plus la rejoindre. Le claquement de la drôle de planche sur les rochers l'a effrayée. Ahmasis ne s'avance pas plus. Elle observe les deux garçons.

Ils discutent entre eux, mais trop bas pour qu'elle les entende. La mer aboie fort, le vent aussi. Le plus petit ressemble à un mouton frisé, un peu dodu, enveloppé dans un chiton grec. Le plus grand évoque plutôt une gazelle avec ses longues pattes maigres. Elle en a vu beaucoup, comme lui, se présenter dans la cour du temple pour déposer une offrande ou recueillir la bénédiction d'Isis.

À sa manière de secouer la tête, aux moulinets de ses bras quand il parle, à l'éclat de son sourire, il lui rappelle un peu Paneb.

Elle ne devrait pas penser à Paneb.

Son frère n'appartient plus à cette nouvelle vie. Elle est la fille d'Isis, désormais. Au début, Paneb se présentait au temple pour prendre de ses nouvelles. La grande prêtresse venait la prévenir, mais Ahmasis secouait la tête, refusait de se montrer ; Isétemkheb n'insistait pas. Peu à peu, Paneb a espacé ses visites, puis renoncé. Il n'est pas venu depuis un an. Son ombre s'est repliée avec toutes les autres, par-delà la mer d'encre, dans la grisaille de l'autre rive. C'est mieux.

Parfois, sa voix murmure encore dans le ressac des vagues, le soir, quand Rê a disparu du ciel, mais que Khonsou ne s'est pas encore montré. Alors, elle se bouche les oreilles.

Elle ne devrait pas penser à Paneb.

Ahmasis soupire, se redresse, frotte sa robe des pétales roses accrochés. Les deux garçons n'ont pas l'air dangereux. Que craint-elle, de toute façon ? Isis la protège.

Elle s'approche. Les gravillons crissent sous ses sandales. Le vent s'infiltre entre ses tresses plaquées et secoue son foulard. Le mouton et la gazelle sursautent, coupés dans leur conversation. Ils la suivent des yeux, ne disent rien. Elle s'accroupit devant la faille et tend les bras.

— Viens, Méaâ. Tout va bien.

La chatte pointe un museau méfiant, renifle les doigts offerts, sort une patte, puis l'autre, s'étire et vient se frotter le dos contre sa jambe. Ahmasis la réconforte d'une gratouille entre les oreilles et se relève, menton en avant. Une vague plus grosse s'écrase sur les rochers. Isis la protège.

Le plus grand s'avance. Il entortille une mèche nattée autour de son doigt et étire sa grande bouche sur un sourire hésitant.

— Tu viens du temple ? Tu es une des prêtresses ?

Ahmasis lève les yeux vers les longs filaments des nuages. Pourquoi les gens posent-ils toujours des questions dont ils connaissent déjà les réponses ?

— Ce chemin part du temple et ne mène qu'au phare. Donc, oui, je viens de là. Et non, je ne suis pas encore prêtresse, car mes cheveux ne sont pas rasés. Je suis Ahmasis, la fille d'Isis.

Le garçon papillonne des paupières. C'est une réaction qu'elle a souvent observée, chez les autres apprentis, les visiteurs, même certains prêtres. Tous sauf Tiy. Généralement, après, ils ne posent plus de questions stupides. Plus de questions du tout, en fait, ce qui est encore mieux.

Elle ramasse la chatte, la caresse, perçoit le ronronnement sous ses doigts.

— Allez viens, Méaâ, on rentre.

Ahmasis tourne les talons, mais un appel la retient.

— Eh, tu crois que je pourrais parler à un prêtre ?

Elle coule un regard par-dessus son épaule. La gazelle reste tendue au milieu du chemin, prête à galoper après elle. Le mouton la dévisage avec une drôle de grimace, à travers les boucles qui lui mangent les yeux – lui ne veut sans doute pas parler à un prêtre.

Ahmasis hausse une épaule.

— Tu sais parler. Tu peux le faire devant un prêtre, si tu le souhaites.

Elle reprend sa route d'un pas égal, Méaâ blottie contre elle. La chaleur se diffuse dans sa poitrine. Un trottinement la rattrape. Le garçon-qui-veut-parler cale sa foulée sur celle de ses courtes jambes. Les deux mèches tressées oscillent le long de son visage. Le sourire qui rappelle Paneb est toujours là, un peu froissé.

— Je me disais que tu pourrais me conduire, me montrer où je dois me rendre, expliquer. Je...

Il se penche plus près, comme si le vent ou la mer pouvait l'entendre. Le sourire s'est recroquevillé dans un coin de son visage.

— Je crois que je suis hanté.

L'autre garçon s'est rangé juste à côté. Il chiffonne les sourcils, mais n'ajoute aucun commentaire. Il parle moins, celui-là. Ainsi, il ne dit pas de bêtise.

— C'est depuis l'incendie, tu vois, bredouille le bavard. Je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression que quelque chose me suit, m'observe, me frôle. J'ai peut-être mécontenté un esprit malfaisant. Ou bien quelqu'un est mort et une âme-ba cherche le chemin du Douat...

Ahmasis n'écoute plus. Elle s'est arrêtée dès le quatrième mot. Sa bouche manque de salive. Méaâ est toujours blottie contre elle et les poils la démangent.

— Depuis l'incendie ? répète-t-elle.

— Oui, sur la colline de Rhakôtis. La maison de Démedj, le conducteur de char.

Le garçon s'est tourné et tend le doigt vers les cubes serrés sur les hauteurs. Il ne la regarde plus. C'est mieux. Ahmasis sent que les remous de son ventre s'affichent sur sa figure.

La gazelle a de la chance, la chasseuse n'est pas là. Khémetensen vient juste de repartir après avoir présenté son rapport à la grande prêtresse. La guerrière était fâchée, de mauvaise humeur. Elle n'a pas retrouvé la créature – pas encore. Le monstre s'est enfui après avoir réduit une maison en cendres. Dans le quartier de Rhakôtis. Au pied du temple de Sérapis. Mais la guerrière cherche. Elle cherche ceux qui ont vu, ceux qui savent, ceux qui étaient là-bas au moment où le voile s'est déchiré.

Ahmasis ne bouge plus. Tous les fils du heka la nouent au sol. Que doit-elle faire ? Le feu ne parle plus, trop lointain. La mer et le vent n'offrent pas de conseils utiles. Doit-elle dénoncer le garçon ? L'amener devant Isétemkheb. Il lui rappelle Paneb. Une voix résonne, prisonnière de sa tête : « Je tuerai la créature. Et ceux qui auront posé les yeux sur elle. »

Le garçon la regarde de nouveau. Il attend une réponse, un conseil, de l'aide.

Tout le monde n'était pas d'accord, dans le temple, avec la décision de la grande prêtresse. Des voies divergentes. Un monde qui change. Quelle est la volonté de la déesse ? Comment trouver le bon chemin ?

« Guéris », ont crépité les flammes.

Guérir, protéger, n'est-ce pas la même chose ? La créature n'appartient pas à ce monde, mais elle a le droit de vivre. Le garçon-qui-sourit-comme-Paneb n'a rien fait de mal. Il attend toujours.

Ahmasis prend une inspiration en même temps qu'une décision. Le monde change. Elle doit changer avec lui.

— Viens avec moi.

Elle les entraîne vers l'enceinte sacrée du temple, entre les deux pylônes massifs, devant les statues impassibles. Les hiéroglyphes la suivent de leur œil unique, peinturluré de noir. Ils ne disent rien. Elle marche vite, court presque. Le grand la suit à longues enjambées ; le petit trottine, toujours aussi chiffonné, toujours aussi silencieux.

Ils traversent la cour. Un groupe d'apprentis plaisante à l'ombre d'un palmier. Deux serviteurs balaient les dalles ocre avec un soin méticuleux. D'autres visiteurs vont et viennent. Certains demandent à parler aux prêtres, les autres se contentent de déposer leur offrande dans les vasques et de murmurer une prière.

Ahmasis s'arrête dans la première salle, celle autorisée au public. Quatre braseros animent les ombres sur la galerie de colonnes. Des lampes diffusent l'encens qui purifie l'atmosphère et égaie l'humeur d'Isis. Méaâ saute à terre, agite la queue et s'allonge contre le piédestal le plus proche.

Ahmasis accroche le reflet de feu dans les prunelles du garçon.

— Raconte-moi tout ce que tu as vu. Isis t'écoute.

Il hoche la tête, pétri de sérieux, sans plus poser de question inutile – sans réclamer de prêtresse non plus, ce qui est encore mieux.

— Je m'appelle Meidoun, commence-t-il. Et hier, à l'heure du chat, je suis monté au sérapéion.

Les mots racontent. Un brasier, un sauvetage, des doigts froids. Ils dessinent une certaine histoire, en découpent une autre par-derrière, dans ce qui n'est pas prononcé. L'invisible et l'indicible.

Ahmasis n'a plus de doute : le chemin de ce Meidoun a croisé celui de la créature. Toutefois, si elle l'a habité pour un temps, elle n'est plus avec lui. Seul un résidu de présence crépite au bout de ses doigts, dans l'éclat de son regard ou le frisson sur sa peau. Serait-ce son odeur que Méaâ a sentie ? La chatte lève une patte, se lèche avec application et lui renvoie un regard vert. Insondable.

Meidoun termine ses explications sur une soirée agitée, désigne sa planche avec les drôles de roues – une histoire de char. Ahmasis se concentre sur les braises autant que sur les mots. Les yeux mi-clos, elle rejoint le centre de son corps, déploie son ka. Que pense Isis de tout cela ? Sur les murs colorés, les ombres s'allongent, noircissent, dévoilent un long museau, des oreilles effilées, une queue droite comme un glaive. Seth ! Le dieu des désastres marche en ville et ronge le cœur des hommes. La déesse s'inquiète, Ahmasis le sent dans le picotement de sa poitrine.

Rien d'autre.

Les crépitements restent muets. La déesse n'a pas de sagesse à lui offrir ou la laisse décider par elle-même. Ahmasis resserre les bras autour de son torse. Une certitude y prend naissance. Meidoun ne doit pas parler à un prêtre, ni à une prêtresse, ni à personne d'autre dans ce temple.

Elle ne le dénoncera pas, sa mission est différente.

« Guéris. »

Qui doit-elle guérir ? La créature, Meidoun, quelqu'un d'autre ? Elle l'ignore encore, mais compte bien le découvrir. Dans le monde qui change, elle doit trouver une nouvelle voie. Son propre chemin.

Un raclement de gorge.

— Alors ?

Ahmasis réfléchit. La créature est partie, mais pourrait revenir. Meidoun doit se préparer, s'assurer le soutien des Dieux. C'est plus prudent.

— D'abord, il faut que tu te purifies le corps et l'esprit. Ensuite, ce soir, rassemble de la bière, façonne une statuette de bœuf dans de l'argile rouge, va déposer tes offrandes sur un autel d'Isis. Ou mieux, de Ptah, le maître de justice.

Ahmasis a bien observé Isétemkheb quand elle énonce les voies de la déesse. Alors, elle garde le dos droit, fixe le lointain, imite le timbre grave. Les colonnes amplifient ses mots ; le brasero crépite. Meidoun écarquille les yeux et acquiesce avec une pieuse vigueur.

Elle pivote vers l'autre garçon. Il n'a pas donné son nom, il ne s'est pas non plus approché. Cinq pas en retrait, il attend. Son regard flotte d'un dessin à l'autre, suit la ronde des serviteurs peints sur les murs, explore l'enchevêtrement des hiéroglyphes. Ses doigts courent sur l'assemblage de roseaux qu'il porte en bandoulière, comme s'ils cherchaient à s'échapper.

— Et toi ?

Il sursaute, la regarde.

— Moi ? Je ne suis pas hanté.

Sa voix vibre comme les cordes d'une cithare. Ahmasis a conservé la connexion à son ka. Aussi improbable que cela puisse paraître, elle sent le voile qui répond. Un vent se glisse par l'ouverture, au ras du plafond. Pas n'importe quel vent. Une brise venue d'ailleurs, un autre lieu, un autre temps. Cette fois, Ahmasis entend des mots. Ils ne sont pas pour elle, mais pour un autre. Alors, elle les prononce à voix haute, sous les poutres de la haute salle, entre les colonnes de granit rouge, comme il se doit de tout oracle.

— « Je sens une étincelle en toi, encore en devenir. Un jour, elle s'éveillera. »

Le garçon plaque une main sur sa poitrine, la referme sur du vide, recule d'un pas. Il a peur, Ahmasis le lit dans ses yeux. Peut-être qu'il est hanté, et qu'il ne le sait pas ?

Il esquive son regard, se ressaisit d'un branle de tête et attrape son compagnon par le coude.

— Viens, Ériphos, partons d'ici.

L'autre cède avec un sourire d'excuse. Ils s'éloignent. Leurs pas claquent sur les dalles de basalte, aussi sombres que le museau de Seth. Sur le seuil lumineux, Meidoun se retourne, lève la main.

— Merci, Ahmasis fille d'Isis !

Les voilà partis.

Une autre silhouette arrive en sens inverse, courte et menue, essoufflée de sa course. Ahmasis n'a pas bougé. Elle fixe toujours le seuil. Tiy s'accroupit, caresse Méaâ et relève le nez.

— Qu'y a-t-il, Ahmasis ? Que voulaient ces garçons ?

— Éloigner des fantômes...

Elle ne sait pas si elle a vraiment pu les aider, mais elle a suivi une nouvelle voie, un chemin inconnu. Ce qui l'attend au bout, elle ne peut le savoir sans l'avoir parcouru. Jusqu'au bout. Du haut des murs, les Dieux l'observent. Au travers du ka, elle sent leur présence, juste derrière le voile qui sépare leur monde du sien : Osiris, Seth le frère jaloux, Ptah au beau visage, Bastet, Hathor, Sekhmet et même Sobek aux longues dents. Isis est là, aussi, resplendissante sous ses cornes de vache soutenant le disque solaire.

Sa mère.

Sa renaissance.

Ahmasis réajuste le foulard sur sa gorge et s'accroupit près de Tiy pour caresser Méaâ.



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