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5. Comment mettre les pieds dans le plat (2/2)

Les douze chars s'alignaient devant leur barrière respective. Juché sur les genoux de sa mère, Meidoun serrait les dents et tendait le cou pour distinguer le visage concentré de son père. À sept ans, c'était la première fois qu'il était autorisé à venir dans les gradins. Samout, lui, avait assisté aux précédents jeux et ne cessait de le rappeler par des commentaires agaçants.

Puis l'arbitre a frappé le disque de bronze. Les portes ont basculé dans un nuage de poussière. Les chevaux se sont élancés. Toute sensation d'agacement envers un grand frère mesquin s'est dissoute dans l'euphorie de la course. Meidoun buvait, fasciné, la puissance des chevaux lancés à plein galop, les auriges cramponnés à leur garde-corps, les heurts et écarts des grandes roues cerclées. Le tonnerre des sabots se perdait dans les hurlements des gradins. Meidoun en avait le vertige. Le vertige et une sensation qu'il n'avait encore jamais éprouvée jusque-là. Une sorte de révélation. La certitude qu'un jour, lui aussi piloterait son char dans l'hippodrome.

Au premier virage, Nebrê, de manière prédictible, était dernier.

C'est alors que l'impossible a commencé. Il a d'abord doublé un, puis deux concurrents. Une malencontreuse collision lui a offert les deux places suivantes. Son char volait sur le sable. Il déviait tantôt à droite, tantôt à gauche, toujours bien placé, comme guidé par un sixième sens, l'œil d'Horus, ou une parfaite connaissance des fluctuations de la course.

Au huitième tour, Meidoun avait déserté les genoux maternels depuis longtemps pour grimper sur la balustrade, au ras du souffle de la course, grisé de vitesse et d'exaltation. À chaque concurrent dépassé, il osait un léger cri de victoire – pas trop fort. Bientôt, la foule reprenait en chœur avec lui. Bientôt, un rugissement encourageait l'audace de l'aurige. Avant la fin, tout l'hippodrome scandait son nom : « Nebrê, Nebrê, Nebrê ! »


— Mais voilà qu'arrive le dernier tournant ! Nebrê est deuxième. Dans la ligne droite, il sera trop tard.

Meidoun halète. Ses oreilles bourdonnent des hurlements du public. D'un roulement de poignet, il agite des rênes imaginaires.

— Alors, il tente la corde, se jouant d'Anubis lui-même ! Ses chevaux s'engouffrent dans l'intérieur du virage. Il manque de basculer, se reprend, relance, et se dégage en tête ! La victoire lui tend les bras.

Meidoun se glisse de côté, saute par-dessus un pichet trouble, sent des doigts froids dans son cou. Qu'est-ce que... ? Son pied atterrit dans une écuelle, dérape ; au même instant, tous les braseros de la pièce s'emballent jusqu'aux poutres d'acacia. Avertissement ou moquerie ? Il bat des mains, donne un coup de reins. Son équilibre légendaire n'est pas au rendez-vous. Il a pris des vacances pour la soirée, semble-t-il. Meidoun bascule de la table et atterrit, providentiellement, dans les bras d'un convive qui passait par là.

Son sauveur-malgré-lui s'écroule sous son poids. Meidoun termine nez à nez avec une paire d'yeux gris ahuris et une toison de boucles châtains. Ses pensées s'extraient de l'hippodrome, du sable, des gradins avec une lenteur engluée.

— Oups, désolé...

Il rassemble ses genoux, ses pieds, ses mains. Rien ne manque à l'appel, parfait. Avec un effort, il retrouve une station verticale, plus adaptée. Le sol n'est pas très stable, mais au moins, pas de casse. Ou bien... ?

L'autre ne s'est pas relevé. Il tâtonne entre les plis de son chiton, cherche autour de lui, fébrile, comme s'il avait perdu quelque chose. Meidoun plisse les yeux pour accommoder. Le gaillard n'est pas bien vieux. Taille courte, nez droit, une vraie tête de statue grecque. Ces cheveux frisés... N'est-ce pas l'aède de tantôt, celui que personne n'écoutait ?

L'autre relève le menton, roule des yeux :

— Mon pendentif...

Avec un effort de concentration, Meidoun suit la direction du regard et aboutit à un lacet de cuir, coupé net, entre les doigts fins. Il tord les lèvres sur une grimace contrite.

— Euh, t'inquiète pas, je vais le retrouver !

Un œil à la ronde. Plus personne ne leur prête attention. Un nouvel orateur a pris le devant de la scène. Les serviteurs passent et repassent. Un convive pressé le bouscule, un autre manque d'écraser les doigts du joueur de cithare. Là, un reflet métallique !

Meidoun bondit, évite de justesse la collision avec un plat de raisins, ignore le cri réprobateur de son porteur et referme la main sur son trophée. Sur deux moitiés, plutôt. Le bijou devait représenter un scarabée surmonté de deux bras pliés à angle droit. Devait. Toute la subtilité réside dans le temps employé. Un idiot a dû marcher dessus... Ce qui ne serait pas arrivé si un autre idiot ne l'avait pas d'abord envoyé par terre.

L'aède s'est relevé et rectifie le drapé de son chiton. Ses boucles lui coulent de nouveau dans les yeux. Meidoun lui tend sa trouvaille avec un demi-sourire gêné.

— Je crois qu'il est cassé.

L'autre se fige, pâlit, n'amorce aucun geste pour reprendre les deux morceaux de bronze. Meidoun ne distingue pas son regard, mais toute son attitude parle pour lui. Il devait tenir à son colifichet. Le cadeau d'une jolie fille, peut-être ?

— Désolé...

Apparemment, il ne sait plus que dire cela, ce soir. L'hippodrome, sa fièvre et sa victoire n'ont jamais paru aussi lointains. Toute euphorie l'a déserté. Meidoun n'a plus envie de rire, ne se sent plus aussi bien. Son estomac ballotte. Le sol roule encore.

Comme l'aède ne prononce toujours aucun mot, transformé pour de bon en statue, Meidoun s'humecte les lèvres.

— Écoute, c'est ma faute. Mais je connais une fille... euh, je veux dire, un forgeron. Il pourra te le réparer, c'est sûr. Comme neuf. Je te conduirai demain, d'accord ?

Le garçon s'ébroue, comme libéré d'un enchantement, récupère son bien, l'observe, soupire, relève enfin le nez de sous sa tignasse. Il le détaille de ses yeux brumeux sans laisser transparaître la moindre pensée. Douterait-il de sa parole ? Meidoun roule des épaules.

— Alors, c'est entendu ? Rendez-vous devant le grand gymnase demain, lorsque le soleil est au zénith, à l'heure du lion.

Il tend la main en gage de paix.

— Au fait, je m'appelle Meidoun.

L'autre hésite, attrape les doigts offerts, serre. Plus ferme qu'attendu.

— Ériphos. D'Athènes.

— Bienvenue à Alexandrie, Ériphos d'Athènes ! renvoie Meidoun.

Ses lèvres remontent en sourire. Une tension se dénoue dans son dos, effaçant le pincement de honte. Des erreurs, tout le monde en commet, tout le temps. C'est ce qu'affirmait son père chaque fois qu'Ouménet le prenait en défaut. L'important est de le reconnaître et de les réparer. Nebrê était un sage.

Fort de cet enseignement, Meidoun désigne deux places sur le banc voisin.

— Tu veux boire un coup avec moi ?

Ériphos secoue la tête.

— Non, merci. À demain.

Sur ces mots lapidaires, il s'en va, avec ses boucles sur le nez, ses morceaux de bijou et son air triste.

Meidoun le regarde sortir, se passe une main dans la nuque, balaie la salle. Il ne sent plus les doigts froids. Les braseros ont repris leur apparence normale. Alors, a-t-il rêvé ? Était-il plus ivre qu'il ne l'imaginait ? Quoi qu'il en soit, l'incident a brisé son envie de festoyer. Peut-être qu'il ferait mieux de rentrer, lui aussi, tant qu'il tient encore sur deux jambes. Il évitera ainsi le sermon maternel.

Meidoun repêche ses sandales sous un banc, distribue quelques poignées de mains et tapes dans le dos, lance un au revoir à la ronde, puis sort dans la cour du gymnase.

La lune s'accroche loin au-dessus des toits. Il est tard. Sa planche à roulettes l'attend, juste au pied de la rangée d'athlètes de pierre. Il la glisse sous le bras, c'est plus prudent. Assez de catastrophes pour la soirée.

L'air plus frais le dégrise. Son humeur sombre au fond de ses sandales. Les visages de schiste se moquent de sa présomption. Comment peut-il espérer mériter une place dans leurs rangs, lui, le commis égyptien ? Il n'est bon qu'à rapporter quelques oboles en acceptant des travaux à droite, à gauche – de ceux qui ne demandent surtout pas de réfléchir –, à amuser la galerie avec ses pitreries et à mettre les pieds dans le plat. Tout le résumé de sa courte existence.

Meidoun enfile les rues, englué dans ses méditations moroses, sous le halo argenté de Khonsou. Ses pieds connaissent le chemin. Ils feront toujours moins de bêtises que lui. Bientôt, les larges artères bordées de palmiers et de propriétés pompeuses s'étrécissent sur des rues modestes, de boutiquiers ou de scribouillards. La pente s'accentue. Les murs se rapprochent, moins hauts, plus trapus, simples assemblages de briques crues avec leur toit de roseaux, familiers. Son domaine.

Meidoun hâte le pas, pressé de s'allonger sur sa natte, et pile net l'instant d'après. Deux ombres émergent devant lui. Qu'Anubis l'emporte ! Il n'a rien vu, rien entendu. Il pivote, prêt à détaler d'un coup de planche. Trop tard ! Deux autres gaillards lui bloquent toute retraite. Il serre les dents. Quatre contre un, la bande ne laisse vraiment rien au hasard.

— Salut à toi, Meidoun. Belle nuit, n'est-ce pas ? nargue l'un d'eux. Viens donc avec nous, Paosis veut te parler.

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