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35. La voie d'une décision (2/2)

Tout plan, quel que soit le soin avec lequel il a été préparé, finira par diverger de la voie initiale, une fois confronté à son exécution.

Calyx rumine la maxime sans parvenir à se souvenir d'où elle vient – de quelque obscur traité militaire déniché à la bibliothèque, sans doute. Le nez sur les piques d'un genévrier, elle n'imaginait toutefois pas que l'entreprise puisse déraper si vite.

Elle parvient à se décrocher du buisson où Meidoun l'a projetée sans le moindre avertissement préalable et rassemble les sourcils.

— Que se passe-t-il ?

— Chut !

Accroupi derrière une branche plantée de baies bleues, il guette l'arche fissurée en bordure du canal à ciel ouvert. Un bâtiment désaffecté – probablement une ancienne tannerie, à l'odeur – s'étale sous un réseau de vigne sauvage et de lierre grimpant. Des herbes folles ont délogé les pavés de la cour. À côté de l'entrée évidente, des brèches plus ou moins grandes ouvrent des bouches noires dans la maçonnerie d'origine.

Ériphos et Ahmasis se tapissent près d'un bosquet de lauriers-roses. Comme ils fermaient la marche, ils n'ont pas eu droit au traitement de faveur, eux.

Calyx tend le cou pour observer la scène baignée de la lumière diffuse d'un soleil voilé. La tension qu'elle devine entre les épaules de Meidoun se faufile dans les siennes. Tout est calme. Trop calme.

— Peux-tu nous expliquer ? réitère-t-elle, un ton plus bas.

Il lève le menton vers le toit en terrasse devenu parterre fleuri.

— Il y a toujours un guetteur, là-haut. D'habitude.

Aucune silhouette évidente ne se découpe entre les touffes de verdure. Calyx se passe une main dans la nuque dans le vain espoir de l'assouplir. La tension menace de se propager à ses boyaux.

— Et il n'est pas là ?

— Si, mais plus bas.

Elle baisse les yeux, heurte enfin le détail qui a alarmé leur expert en mœurs crapuleux et se pétrifie.

Deux jambes et l'amorce d'un tronc dépassent derrière les restes éboulés d'une colonnade. Immobiles. Leur propriétaire pourrait être en pleine la sieste. Toutefois, si l'heure concorde, la position – plat ventre sur la pierre – représente un choix plutôt inconfortable.

— Il est..., s'étrangle-t-elle sans parvenir à prononcer le mot fatidique.

— Mort, oui, c'est probable, complète Meidoun d'un ton abyssal.

Calyx déglutit. Après l'ambiance pesante des rues d'Alexandrie, les passants au pas vif se hâtant vers chez eux, les patrouilles armées au visage cadenassé, ce coin désolé de vieilles pierres et de végétation folle s'habille d'un augure sinistre. Tout est silence. Aucun oiseau ne pépie depuis le palmier voisin. Seul le gargouillement discret du canal froisse la texture du silence, épais et rugueux.

Calyx ne parvient pas à décrocher son regard du corps inerte. Une sandale s'est délogée. Un filet sombre serpente sous un pan de pagne et se perd entre les herbes. Mort. Cet homme est mort. Ce matin, il s'est levé, a pris son déjeuner, a peut-être embrassé une femme ou une sœur. Maintenant, il n'est plus qu'un tas de viande inerte qui va attirer les mouches.

Elle serre les perles de cornaline à les broyer, rondes sous sa paume – Patroklès trouvait que leur couleur s'accommodait bien avec son teint. Elle aimerait pouvoir se jeter entre ses bras musclés, sentir ses mains se refermer dans son dos. Il n'est pas là. Il n'y a que ce bandit, qu'elle ne connaît pas, aux contours rongés d'une brume floue. Ses côtes se contractent. Elle se force à inspirer. Ce n'est pas le moment d'une crise.

Un roulement de graviers l'arrache à sa contemplation morbide. Ahmasis et Ériphos les rejoignent, pliés en deux.

— Ce sont les Séleucides ! crisse la fillette, aussi hérissée qu'un chat acculé.

Meidoun enroule une mèche nattée autour de son doigt.

— Mais pourquoi viendraient-ils ici ? Ça n'a pas de sens !

— Ils étaient complices, se souvient Calyx dans un éclair de lucidité. Ériphos a surpris une conversation. Peut-être qu'ils voulaient éliminer des témoins.

L'aède perd quelques couleurs, le conducteur de char fronce le nez. D'un moment à l'autre, ils vont proposer de faire demi-tour.

— Je vais jeter un coup d'œil, ajoute-t-elle très vite. Si ce sont eux, on prévient la milice la plus proche.

Hors de question de renoncer sans savoir. Il peut ne s'agir que d'un règlement de compte entre bandes rivales. D'autres sont peut-être encore à l'intérieur, vivants. Et même... elle ne peut écarter l'hypothèse que Patroklès soit prisonnier derrière ces pierres moussues. Tout près.

Les perles roulent sous ses doigts, polies et inoffensives. Elle préférerait serrer la poignée d'une arme quelconque – le malheureux poignard qu'elle a forgé, par exemple. Elle n'a jamais manié le moindre fer pour défendre sa vie, mais, après tout, le principe n'est pas bien compliqué : le bout pointu doit menacer l'adversaire en face.

Tant pis, elle s'en passera. Il s'agit juste de glisser une tête par l'une des ouvertures. Elle déplie ses genoux dans un craquement, mais Meidoun lui saisit le bras.

— Tu rigoles ? On ne va pas te laisser y aller toute seule !

Ériphos approuve de la tête et d'un rictus noué. Il n'oserait pas tirer la manche du pharaon à un banquet officiel, mais n'hésite pas à pénétrer dans un repaire de bandits pour sauver un frère qui n'est pas le sien, une ville qui n'est pas la sienne. Ahmasis attrape son chat, l'œil brillant de défi. Calyx devine qu'elle ne les découragera pas. Elle ne sait pas non plus si elle en aurait envie. Leur soutien réveille un cocon de chaleur dans son ventre. À quatre, ils sont plus forts.

L'oreille aux aguets, elle contourne le buisson et ses épines, se coule derrière le palmier. Aucun cri d'alarme. Dédaignant l'entrée évidente, elle se dirige vers un pan éboulé, sur l'arrière du bâtiment.

Les entrailles de la tannerie exsudent une buée de pénombre et d'humidité rancie. Des voix filtrent également, inintelligibles. Le bâtiment n'est pas vide. Le cœur emballé d'un espoir, Calyx attrape une pierre, se hisse, se coule dans l'ouverture. C'est plus facile si elle ne réfléchit pas à ce qui pourrait advenir, alors elle se concentre sur chaque geste. Meidoun se mord la lèvre, mais l'imite sans ouvrir sa grande bouche pleine de dents. Ériphos soulève Ahmasis avant de grimper à son tour.

Une vague lumière filtre par les fissures. Calyx se faufile au milieu des décombres jusqu'à l'arche d'un seuil, se plaque au coin du mur, risque un œil. Un relent âcre s'enroule sur sa gorge. La pièce principale accueille des nattes de roseaux, des sièges rudimentaires, un empilement de caisses – le parfait repaire de vauriens hirsutes. Un escalier s'enfonce derrière une série de cuves fendues. Devant, une forme se penche sur un homme à terre. Loin de toute délicatesse, elle lui enfonce un genou dans les reins et lui tord un bras dans le dos. Deux gaillards armés surveillent les environs. Avec leur crâne rasé, leur chendjit et leur panoplie d'amulettes, ils ne ressemblent ni aux miliciens vêtus à la grecque, ni à une bande de malfrats dépenaillés. Trois corps immobiles gisent à leurs pieds – leur œuvre, sûrement. Ces gens-là ne plaisantent pas.

— Vous êtes malades, ou fous ! Lâchez-moi ! éructe le prisonnier.

— Paosis, chuchote Meidoun.

Calyx sent son souffle sur sa nuque. Il se presse à côté d'elle, tout en os et tension inquiète. Ahmasis se blottit contre lui, le chat au creux des bras. Deux yeux verts luisent dans la pénombre. Pourvu que l'insupportable animal ne miaule pas ou ne soit pas piqué d'une subite envie de balade !

— Si tu ne parles pas, je te casse le bras, puis l'autre, commente une voix posée. Et si la mémoire ne te revient toujours pas, ce sera le tour des jambes. Tu n'imagines même pas le nombre d'os que contient un corps.

Calyx écarquille les yeux. Ce n'est pas le timbre grave d'un homme, mais celui plus effilé d'une femme. L'éclat d'une lame courbe repose sur sa hanche. Les boucles d'une natte se devinent par-dessus une tunique longue, fendue sur le côté pour faciliter les mouvements.

— Ce ne sont pas les Séleucides. C'est Khémetensen, souffle une frimousse horrifiée.

Malgré sa carrure de lutteur, l'homme à terre – ce Paosis – se débat sans parvenir à s'arracher à la poigne.

— Ça a foiré, je te dis ! Tout ce que ce mage a obtenu, c'est de foutre le feu à la maison. Y avait pas d'esprit, pas de créature, rien !

— Et qui était ce mage ? Pour qui travaillez-vous ?

Un rire grinçant, un peu étranglé, s'échappe des gesticulations. Entre l'homme et la femme, Calyx ne saurait dire quel est le plus fou des deux.

— C'est le pharaon ! Le vrai pharaon des Deux Terres et pas ce Grec usurpateur !

La dénommée Khémetensen laisse échapper un sifflement excédé.

— Je me moque des mensonges qu'il t'a racontés. Je veux son nom.

— Jamais ! Je trahirai pas l'espoir des Égyptiens. Tu devrais comprendre, toi. T'es égyptienne aussi ! Mais non, tu manges dans la main des Grecs, tu paies leurs taxes. Alors, tue-moi, qu'on en finisse ! Maât me jugera et mon âme sera plus légère que la tienne.

Sans oser détourner le regard, Calyx se raidit pour le fer tiré, la gorge tranchée, le sang versé. Elle n'entend le roulement de cailloux que trop tard, le froissement de vêtements. Un coup de coude lui rentre dans les côtes, elle se retourne en sursaut.

Un guerrier ceinture Meidoun pendant qu'un second pointe une lame sous le nez d'Ériphos.

— Il y en a quatre autres ici, Khémetensen ! Des gamins.

Calyx veut reculer, heurte le mur. Son cri s'évade en gargouillement.

La femme qui semble être le chef se relève et hausse le nez, comme pour flairer une piste.

— Oui, la créature. Elle est là, je la sens. Enfin !

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