Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

34. Celle qui veut tout guérir (1/2)

 — Ahmasis, reviens !

Elle n'écoute pas. Comme souvent, en fait. Ahmasis préfère tendre l'oreille à la complainte du vent, au roulement des vagues ou aux chuchotements des esprits, plutôt qu'aux ordres idiots. Tiy écoutait pour deux, mais Tiy n'est plus là.

Ahmasis saute une rangée, contourne une bedaine, bouscule deux hommes qui montent les marches en riant – comment osent-ils plaisanter en cet instant ? Méaâ se faufile bien plus aisément, entre les pieds, sous les robes, par des trous de souris. Elle aimerait pouvoir l'imiter, mais doit se contenter de ses deux jambes, d'une grimace et de poings serrés.

Les derniers dos s'écartent. Ahmasis enjambe le rebord, se suspend, se laisse tomber sur le sable, genoux pliés. Méaâ, elle, saute d'un bond. Un œil à droite, un œil à gauche. Personne ne se précipite pour lui expliquer qu'elle n'a pas le droit d'être là. Ils sont tous bien trop occupés à applaudir le vainqueur.

Les chevaux de Meidoun se sont arrêtés près de la barrière, encore attachés au char renversé. Rouge. Rouge comme le tissu taché qu'elle a ramassé dans les rochers. Un morceau de la robe de Tiy. Il y a une autre tache rouge, sur le sable, allongée contre le mur. Meidoun ne s'est pas relevé. Après avoir roulé en tonneau, il a terminé à plat ventre sur la piste, comme une galette de blé ratée. Il s'est sûrement fait mal. Peut-être qu'il est blessé. Ou bien...

Non, Ahmasis ne veut pas penser au « ou bien ».

Elle court. Le sable s'infiltre dans ses sandales. Ses yeux piquent un peu. C'est la poussière. Sur la piste, les aides ramassent les débris et redressent le chariot ; près de l'estrade des juges, tout le monde félicite l'aurige en tunique verte, le couvre de fleurs et de lauriers ; personne ne s'inquiète du plus courageux – juste elle.

Ahmasis se jette à genoux près de lui et le secoue par l'épaule.

— Meidoun ?

Un gémissement plaintif lui répond. Il se soulève sur les coudes, nuque courbée. Ses cheveux sableux lui coulent dans les yeux. Un œil oudjat un peu triste oscille au bout d'un joli lacet de laine – celui qu'il portait ce matin, tout neuf.

Elle relâche le soupir coincé au fond de son ventre. Meidoun n'a pas l'air trop cassé. Elle ne voulait pas qu'il lui soit arrivé du mal. C'est pour elle qu'il a pris tous ces risques pendant la course. Pour pouvoir parler au pharaon et retrouver les assassins de Tiy. Ahmasis ne veut plus que d'autres aient mal à cause d'elle – ou pire. Isis lui a demandé de guérir, mais tous les chemins conduisent à des catastrophes.

Elle entoure Meidoun de ses bras et le serre fort, pour le protéger, ou le réconforter, comme il l'a réconfortée, elle. Même Méaâ vient lui offrir une caresse.

— Ahmasis ? T'en fais pas, va. Je suis en un seul morceau. Presque.

Il s'ébroue, s'assied dans le sable, frotte ses bracelets. La tête ronde du visiteur émerge au milieu de sa crinière. D'un bout de paume pas trop sale, il s'essuie les joues, terreuses et humides. Peut-être qu'il a pleuré, parce qu'il a perdu la course. Il a aussi perdu son sourire.

Il resserre le poing.

— J'ai tout raté.

Le poing s'abat et creuse un nid dans la piste. Un petit trou de colère. Méaâ recule, prudente.

— J'y étais presque, et j'ai tout raté !

Dans les cheveux, le visiteur émet un léger crépitement, doux comme les dernières braises au fond du poêle. Peut-être qu'il essaie de le réconforter ou de se faire pardonner ? Il n'a pas roussi la tunique verte ni enflammé les roseaux. Il aurait pu, sûrement, mais il n'est pas resté avec eux pour cela – même si Ahmasis ne sait toujours pas ce qu'il cherche. Encore un mystère qu'elle n'a pas percé.

Quelqu'un approche, une ombre sur le sable. Ce n'est pas Calyx ou Ériphos, le visage tout chiffonné de gronderie parce qu'elle ne les a pas attendus. C'est une fille aux cheveux courts dans une robe semée de brins de paille.

— T'es en vie ?

Encore une qui aime poser des questions stupides. Meidoun n'est pas gris et translucide comme Haânkhès. Son âme-ba est encore attachée à son ka. Il replie les genoux sous son menton et tord les lèvres.

— J'ai mal partout.

La nouvelle venue l'inspecte de haut en bas et donne un coup de menton.

— Alors, c'est plutôt bon signe.

Elle a l'air de connaître Meidoun, mais ne le serre pas dans ses bras. À la place, elle se détourne et se dirige vers les quatre chevaux avec un chuintement très doux au fond de la gorge, comme celui de la brise dans les genets. Ahmasis tend l'oreille. Elle aime bien ce bruit. Les étalons aussi. Ils laissent la fille approcher et glisser la main dans leur crinière.

Meidoun appuie une main sur le mur, se relève avec un grincement, amorce un pas pour la rejoindre, mais s'adosse plutôt contre les pierres. Il secoue sa crinière dans une pluie de sable. Ahmasis le trouve un peu pâle.

— Est-ce que ça va ?

Il recourbe le coin de ses lèvres, mais ce n'est pas son vrai sourire, celui tout chaud qui évoque Paneb. Ce sourire-là ne vient pas du dedans. Dedans, Meidoun est triste et fâché. Il roule une épaule.

— Ça tourne un peu ; ça va passer. Je n'avais plus pris de gadin pareil depuis mes premiers essais en planche à roulettes.

Ahmasis compatit d'une grimace. Elle n'a jamais roulé d'un char, mais elle est déjà tombée en courant. Alors, elle imagine très bien qu'il doit avoir des bleus partout.

Un appel retentit. Deux autres spectateurs gagnent la piste par le même chemin qu'elle. Ériphos secoue sa toison moutonneuse. Il a l'air soulagé.

— Rien de cassé ?

Calyx se précipite, mais s'arrête à deux pas. Elle non plus ne serre pas Meidoun dans ses bras. Est-ce donc si difficile d'offrir un câlin à quelqu'un qui en a besoin ? Ses sourcils ne savent pas s'ils doivent se rejoindre ou monter au ciel, alors ils dessinent un drôle de serpentin.

— C'était... c'était... incroyablement dangereux !

Meidoun tente de rire, crachote et ne produit qu'un sourire tordu – toujours pas le bon.

— C'était fou, oui. Heureusement que ma mère n'est pas venue, en fait.

Un nuage passe devant ses yeux et emporte le rictus.

— Mais j'ai perdu... Si proche, et puis perdu.

— C'était pas mal, pour un débutant. J'ai presque cru que t'irais jusqu'au bout, lance une voix par-derrière. La prochaine fois, je parierai peut-être sur toi.

Ahmasis se frotte le nez sous un fumet d'étable. La fille-qui-parle-à-l'oreille-des-chevaux est revenue. Les quatre étalons la suivent, aussi dociles que Méaâ.

Meidoun a relevé la tête. Il ne répond pas, mais ouvre de grands yeux. Peut-être qu'il est là, le fameux sourire, niché dans un coin de lèvre, trop timide pour se montrer vraiment par-dessus la colère et le chagrin. La fille s'en va déjà, avec ses chevaux au bout d'une longe. Il la suit du regard jusqu'aux portes des écuries.

Calyx se racle la gorge et le nez de Meidoun retombe vers ses sandales.

— Pardon, j'ai gâché notre seule chance de parler à Ptolémée.

Ériphos avance d'un pas.

— Ne dis pas ça ! Ta course était fabuleuse, vraiment, digne d'un chant de l'Iliade aux côtés d'Achille et d'Hector. Il fallait les entendre, dans les gradins. À la fin, tout le monde scandait vos noms !

Meidoun se redresse. La mention des deux héros rallume une étincelle, une dans chaque prunelle.

— J'aurais dû passer le virage derrière Séref et le doubler dans la ligne droite, réfléchit-il tout haut. Il m'a appâté, ce fils de scorpion !

Justement, l'insecte en tunique verte entame un tour de piste sur un pas bien plus mesuré que celui de la course. Les spectateurs l'acclament dans un chahut qui noie la voix du vent et les crépitements du visiteur. À l'autre extrémité de l'hippodrome, Ptolémée attend dans la tribune, couronne dorée en main. Meidoun ne montrera pas ces marches, il ne saluera pas le pharaon, il ne lui parlera pas non plus des ennemis qui ont tué Tiy.

Ahmasis prend une inspiration.

— Ce n'est pas ta faute. Nous allons trouver une autre solution.

Elle réfléchit à toute allure, au moins aussi vite que Meidoun sur son char.

— Ce soir, c'est le banquet d'ouverture, dans le grand pavillon de bois. Ptolémée y sera.

Ahmasis pivote vers Ériphos et lève un menton interrogateur.

— Et toi aussi, sûrement ?

Il sursaute, recule d'un pas et lève les mains en protection, comme si elle parlait de pénétrer dans l'antre d'un lion.

— Toutes les délégations sont invitées, oui, mais comment veux-tu que j'approche Ptolémée ? Il y aura un monde fou, des gardes !

Ahmasis retrousse le nez sous une brusque démangeaison et tend le doigt vers Meidoun.

— Lui, il a piloté un char dans l'hippodrome, et toi, tu n'oses pas traverser une salle sur tes deux jambes ? Ce n'est pourtant pas bien compliqué : tu marches vers le pharaon, tu t'arrêtes devant et tu lui expliques. Là !

Elle termine en plantant ses deux poings sur les hanches, comme maîtresse Chédi quand elle veut bien faire comprendre qu'elle ne tolérera plus d'excuses. Imparable. Tous les novices obéissent. Bizarrement, la recette ne semble pas fonctionner sur le Grec. Il secoue la tête, ouvre la bouche – sûrement pour dire une bêtise plus grosse que lui.

— On nous regarde, coupe Calyx.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro