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28. La juste inspection des faits (2/2)

 Dans un silence morose, ils regagnent le sentier et repartent vers les rumeurs de la ville, ponctuées de clameurs et de trépidations. Dans la voie canopique, le défilé bat sûrement son plein pour la plus grande liesse des habitants.

Chacun broie ses pensées comme les graviers sous les sandales. Ériphos amorce un geste vers sa syrinx pour la cinquième fois du court trajet. Ahmasis serre les doigts de Meidoun comme si un coup de vent plus fort pouvait l'arracher. La salamandre agite la queue sous le châle. Calyx commence à s'habituer à la sensation de doigts froids sur sa peau, mais est bien incapable d'interpréter les agitations de l'animal ou la lueur particulière qui s'empare parfois des taches orange. Drakôn ne parle pas. Il se contente d'émettre un léger crépitement, comme le ronronnement très doux d'un petit poêle. En guise d'instructions, on peut trouver plus explicite.

Calyx s'arrête devant les pylônes ocre peints d'une représentation d'Isis accueillant le disque solaire entre ses cornes.

— Tu veux sans doute retourner à ton temple, Ahmasis. Vas-y.

La fillette écarquille les yeux, resserre le foulard autour de son cou et secoue la tête.

— Il n'y aura personne. Tous les prêtres participent à la grande procession.

Calyx hoche la tête avec une moue compréhensive. Bien sûr, fille d'Isis ou pas, Ahmasis ne veut pas rester seule alors que des soldats ennemis sans scrupule rôdent dans les environs. Le traumatisme qu'elle vient de vivre a déchiré le manteau de prêtresse et érodé la belle assurance avec laquelle elle détaillait la tâche confiée par sa déesse. Elle n'est plus qu'une enfant, ballottée par des événements trop cruels, arrimée à la main de Meidoun comme à une bouée.

L'échalas se frappe le front.

— La procession !

Il s'accroupit devant Ahmasis, l'attrape par les épaules.

— Les hommes que tu as entendus. Ils ont bien parlé de la procession ?

Elle donne un coup de menton, remet le foulard délogé, darde un œil mi-inquiet, mi-horrifié vers les arches de l'heptastade.

— Ils ont dit qu'ils voulaient se glisser derrière, ni vu, ni connu.

Ériphos suit son regard et écarte le rideau de boucles qui lui tombe dans les yeux.

— J'ai vu passer les prêtres, un peu avant votre arrivée. Ils étaient suivis de toute une foule d'adorateurs.

Meidoun pousse un rugissement, assène un poing sur son genou et bondit comme propulsé par une catapulte.

— Bien sûr ! Les Séleucides se seront infiltrés dans la foule. La couverture parfaite pour passer inaperçus ! Si ça se trouve, on les a même croisés en venant ici.

Calyx rattrape le pan de son châle en train de glisser. Un courant frais s'invite dans son dos. La voie canopique se déroule comme une longue tapisserie sous ses yeux avec ses temples, ses jardins, ses gymnases. Et tout au bout...

— Foudre de Zeus ! murmure-t-elle. La pompè va jusqu'au palais du pharaon.

Des questions suintent leur poison dans son esprit. Pourquoi des Séleucides – des ennemis – débarquent-ils précisément en ce jour de fête ? Contrairement à la tradition des jeux d'Olympie, Ptolémée n'a pas demandé l'ékécheiria, la trêve des combats, pour son festival. Tout est permis entre les deux royaumes en guerre et rien ne semble avoir été laissé au hasard dans le plan des clandestins. Ils veulent profiter de la cohue et de la difficulté, pour les gardes, de tout surveiller, c'est certain. Quel acte terrible manigancent-ils ? Un sabotage ? Quelque assassinat ? Ils ne veulent tout de même pas...

Calyx arrête la course folle de ses pensées avant d'énoncer l'inconcevable. En face, Ériphos vacille. Son teint a viré aussi pâle que ces aèdes d'albâtre qui ornent le grand théâtre.

Meidoun les regarde, tous les deux. Elle ne doit pas offrir une tête plus sereine.

— Que se passe-t-il ?

Un raclement de gorge.

— « La nuit, le peuple danse et chante ;
Se lève l'aurore sanglante. »

La voix d'Ériphos est toujours aussi musicale, mais les notes s'accompagnent d'un timbre funeste qui plombe le cœur et obscurcit le ciel. Calyx courbe la nuque sous le poids d'un œil invisible, plus vaste que l'horizon. Sur son épaule, la salamandre s'agite.

L'aède étire les lèvres sur une grimace et joue avec son pendentif en forme de scarabée.

— Ce sont les deux premiers vers d'un oracle que j'ai lu hier soir, glissé dans les notes de Mnestôr, explique-t-il.

Il les dévisage, l'un après l'autre, tortille les doigts et inspire comme s'il plongeait tête la première dans les flots agités.

— Ce que nous avons vu de l'Autre Côté, ce reflet de possible. Je crois que ça pourrait avoir lieu bientôt... maintenant, peut-être.

Calyx visse les genoux avec l'impression que le sol s'ouvre sous ses pieds. Elle n'a pas oublié la rivière de feu dans le ciel, les ombres en marche, le chaos libéré. Oh, non ! Comment pourrait-elle ? Meidoun, Ériphos et Ahmasis non plus, elle en lit le reflet dans leurs prunelles.

Elle voudrait hurler qu'il se trompe, qu'il surinterprète quelques vers qui n'ont sans doute rien à voir avec eux, qu'il existe une explication bien plus paisible à la mort tragique de cette nuit. Rien ne sort de sa gorge trop comprimée.

Ériphos a sans doute raison.

Meidoun serre les poings, les dents. Tout sourire a disparu sous un masque de chacal en chasse qui pourrait paraître comique en d'autres circonstances. Calyx a tout sauf envie de rire.

— Alors, pas le choix, il faut tout empêcher. On doit arrêter ces hommes !

Arrêter des soldats infiltrés ? À eux quatre ? L'estomac de Calyx se soulève d'une nausée. Pourtant, quelle est l'alternative ? Rentrer chez eux, attendre que l'irréparable se produise ? Impensable ! Quand le feu s'empare du toit de la maison, toutes les mains plongent à la citerne, même les plus inadéquates.

Elle donne un coup de tête, un seul.

Meidoun s'élance. Il a lâché la main d'Ahmasis, mais la fille d'Isis court sur ses talons, sans protester. Même le chat trotte avec eux. Ériphos hésite un battement de cils plus longtemps, puis se décide d'un branle de tête.

Calyx serre son châle et démarre après eux. Sur son épaule, la salamandre rayonne d'un soleil miniature.

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