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28. La juste inspection des faits (1/2)

Toc... toc... tac... plouf !

La pierre rebondit sur les récifs, éclate sur une arête et termine à l'eau. Calyx crispe les doigts, tâtonne du pied et évite de penser à la chute, identique, qui l'attend si elle glisse. Les aspérités lui meurtrissent la plante des pieds. Ses bras tremblent un peu. Le vent s'engouffre sous sa robe et menace de l'arracher dans les airs pour un bref vol plané avant la réunion avec les flots baveux.

Était-ce une bonne idée ?

— Calyx, tout va bien ?

Meidoun appelle d'en haut, inquiet. Il voulait descendre, mais elle a insisté pour y aller à sa place, dans un refus sans doute mal placé de reconnaître qu'il peut se révéler utile – précisément pour ce genre d'acrobaties téméraires. Elle ne répond pas, se concentre sur le placement de ses mains – là, une prise ! –, négocie un passage plus étroit. Sa robe s'accroche, puis cède. Les arêtes effilées lui cisaillent les doigts. Une fine bande de galets se devine, un peu plus bas, abritée par un surplomb. Elle y est presque !

Une dernière bascule, un saut. Elle atterrit, genoux fléchis, pieds tordus, sur le lit de cailloux roulés par la mer. Le cœur un peu rapide, elle réordonne son collier de perles et replace une mèche vagabonde derrière son oreille. Une vague plus forte lui lèche les orteils. L'eau est froide, elle vient du large.

— J'y suis ! lance-t-elle.

Où donc ?

Une sorte de crique, creusée par les assauts des tempêtes dans le socle de Pharos. Là, dans l'ombre des rochers, invisible depuis la corniche où se perchent les autres, un petit voilier patiente à l'abri du ressac. Le mât, démonté, a été replié avec les rames. La coque en bois est taillée pour affronter la houle. Rien à voir avec les barques en fagots de papyrus des pêcheurs locaux.

Personne en vue, évidemment.

Dans un sens, cela vaut sans doute mieux pour elle, si elle en croit le sinistre récit d'Ahmasis.

— Alors ? insiste Meidoun.

Il s'impatiente. L'escogriffe serait capable de vouloir la rejoindre et d'abandonner la fillette là-haut. Vraiment pas une bonne idée, au vu de l'état de nerf de la petite à l'idée de revenir sur place. Une autre raison pour laquelle Calyx a insisté pour descendre, elle. L'apprentie prêtresse n'a pas lâché une seule fois la main de l'amateur de chars et semble lui faire confiance.

— Restez là-haut ! Je regarde et je remonte.

Calyx parcourt le lit de galets, inspecte le sol, le fond de la cavité, l'embarcation. Pas de trace de feu. Ceux qui ont débarqué cherchaient la discrétion plus que leur confort. Aucun nom ou signe sur le bois n'identifie l'origine du navire. Ce serait trop facile. Combien d'hommes peuvent tenir dans la barque ? Il y a trois bancs, trois paires de rames : six ? Neuf, peut-être. Douze, en se serrant. Tout dépend de la distance à parcourir, de l'audace et de la mission à accomplir.

Pas de corps non plus, un soulagement. Calyx doute d'être suffisamment armée pour affronter la vision d'un cadavre d'enfant.

Elle défait son chignon malmené par le vent, secoue ses cheveux, les renoue. Les gestes familiers l'aident à évacuer la tension et analyser la situation.

Et maintenant ?

Elle ferme les paupières et se masse l'arête du nez. Quand Meidoun et Ahmasis ont débarqué à la forge avec une histoire à dresser les cheveux sur la tête, elle a voulu constater par elle-même – ne serait-ce que pour la distraire des rêves qui l'ont poursuivie durant toute sa courte nuit.

Le visage de son frère se superposait à celui du spectre de Sthénon, seul dans sa forge abandonnée. Il la poursuivait entre les rangées de la bibliothèque, par-dessus une fosse remplie de serpents cracheurs de feu, sous l'œil libidineux de Mnestôr. En dépit de ses suppliques, il agitait une hampe dépourvue de pointe. « C'est la lance forgée par Héphaïstos », hululait-il. « C'est la lance de l'héritier d'Achille. » Puis Seth apparaissait, immense dans un ciel écarlate, et piétinait tout sur son passage.

Calyx s'ébroue. Des cauchemars, rien que des cauchemars, mais avec un affreux goût d'augure au réveil.

Elle n'est pas la seule à avoir mal dormi. Son père n'était plus que l'ombre de lui-même, ce matin. Un fantôme dans sa forge. Tous les aides courbaient la nuque. Quant à sa mère, elle est sortie dès l'aube, les yeux rougis d'insomnie, avec un panier d'offrandes pour le temple de Sérapis. Elle n'était toujours pas rentrée quand Calyx s'est éclipsée en compagnie de Meidoun et d'Ahmasis.

Les miliciens n'ont pas donné signe d'avancement. Guère surprenant. En ce premier jour de festival, ils ont bien d'autres préoccupations qu'un fils de forgeron enlevé, ou qu'une apprentie du temple d'Isis disparue pendant la nuit. Même s'ils racontaient les paroles entendues, qui les prendrait au sérieux sans preuve à l'appui ?

Alors, elle est venue, elle est descendue, elle a constaté.

Après avoir épluché le campement, force lui est de convenir que ces hommes sont des professionnels. En dehors du navire, qui veut tout et rien dire, ils n'ont laissé aucune trace de leur nombre, origine ou intention. Seule la parole d'Ahmasis témoigne qu'ils venaient peut-être du royaume séleucide et qu'ils ont tué pour dissimuler leur présence.

Il n'y a plus rien à faire ici.

Calyx remonte. C'est plus facile dans ce sens. Déjà, elle n'a pas besoin de regarder vers le bas. Les rochers grumeleux râpent toujours autant la peau, le vent n'a pas faibli, mais une main se tend à sa rencontre, pour la dernière corniche. Une main calleuse et solide.

Elle s'en saisit, Meidoun l'aide à se hisser. Ahmasis se blottit toujours contre lui. Il est doux avec la petite, bien plus que Calyx ne l'aurait imaginé. À la réflexion, elle l'a peut-être mal jugé. Elle est même rassurée par sa présence, au cas où les hommes reviendraient. Après tout, il n'a pas hésité à bondir sur un malfrat, pour elle.

— Merci, Meidoun, mon sauveur, pilier de mes explorations rocheuses.

Il lui sourit – un arc de dents blanches – et, sans raison particulière sur ces récifs harassés de bourrasques, un peu de chaleur se rallume dans son cœur.

— Alors, qu'as-tu trouvé ? intervient une voix piquée d'une note presque funèbre.

Calyx pivote vers le quatrième de leur petit groupe, en retrait, à la chevelure broussailleuse et à l'humeur aussi tourmentée que le ciel. Les boucles dévorent les yeux gris et empêchent de percer le secret de ses pensées. Ériphos n'est déjà pas bavard en temps normal, mais il a à peine desserré les lèvres depuis qu'il s'est joint à eux.

Meidoun, Ahmasis et elle s'apprêtaient à traverser l'heptastade quand ils ont entendu sa musique. Impossible de la confondre avec une autre ! La mélodie s'infiltrait sous la peau, vibrait dans les os, s'enroulait sur le cœur. On aurait dit qu'elle appelait, qu'un fil invisible se tendait. Sous le pan de châle, la salamandre s'agitait, presque frénétique. D'un échange de regards, ils se sont détournés de leur route.

L'aède jouait de sa flûte face à la mer, assis au bout de la jetée, yeux fermés. Concentré, il ne les a pas entendus approcher ni parler. Il a même manqué basculer à l'eau lorsque Meidoun lui a posé la main sur l'épaule.

Ériphos affichait un drôle d'air quand ils lui ont tout expliqué. Peut-être juste de la peur, voire de l'horreur quant au sort de l'autre enfant. Peut-être. Mais Calyx a l'impression qu'un autre élément le perturbe. Plusieurs fois, il lui a paru sur le point de prendre la parole, avant de se raviser d'un pincement de lèvres.

Pourquoi n'assiste-t-il pas à la pompè avec sa délégation ? Les théores des cités grecques sont sûrement invités en bonne place. Elle n'a pas osé lui poser la question, de peur de retourner un couteau dans une plaie sensible. Peut-être son maître l'a-t-il puni pour son absence ?

Quelles que soient les affres qu'il ruminait en solitaire sur le port, il a tenu à les accompagner quand ils lui ont expliqué où ils se rendaient.

Juste à côté, Meidoun trépigne.

— Oui, alors ? Y avait quoi en bas ?

Pour satisfaire les deux curieux, Calyx décrit ce qu'elle a vu – bien peu, finalement –, les conclusions tirées – guère réjouissantes. L'impatient grimace.

— Pas d'indice, pas de preuve. La milice...

— ... n'écoutera pas, conclut-elle.

Qui sont-ils, véritablement, pour se présenter aux gardes de la ville avec un conte d'infiltration ennemie ? Une prêtresse égyptienne à cheval entre enfance et adolescence, un échalas amateur de chars et de plaisanteries douteuses, un Athénien poète et la fille d'un forgeron qui se glisse dans la bibliothèque à ses heures perdues. Personne ne les prendra au sérieux.

— Inutile de rester plantés ici.

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