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26. Comment sécher des larmes avec des dattes (1/2)

 Meidoun a déniché la plus jolie fille d'Alexandrie !

Des yeux étirés de khôl, une voluptueuse poitrine digne d'Hathor, des lèvres à croquer. Puisque Calyx ne veut pas de lui, il a bien mérité un petit réconfort. Elle a fondu au premier de ses sourires légendaires et maintenant, elle se presse contre lui en ronronnant. Il replie les bras autour de son corps divin, profite de sa chaleur, plonge le nez dans sa chevelure ondulée. Le moment critique est venu ! Il se penche vers les lèvres rosées ; elle s'avance en retour...

... sort une langue râpeuse et lui lèche le nez.

Meidoun se redresse en sursaut. Ses paupières bondissent. Il est sur sa natte, entre les briques noires familières. En guise de compagne énamourée, il étreint un chat. Pas n'importe quel chat : un insupportable minet aux yeux verts, au pelage d'un gris tacheté, à la queue vagabonde. Un minet qu'il a repêché pas plus tard que cette nuit sur la table d'une bibliothèque.

— Méaâ ?

Meidoun s'assied, se frotte les yeux. Passe-t-il d'un rêve à l'autre ? Il préférait le précédent !

Il s'étire, bâille à s'en décrocher la mâchoire, remet un semblant d'ordre dans sa chevelure – trop longue selon sa mère, mais il l'aime ainsi. Les événements de leur expédition nocturne lui reviennent avec la délicatesse d'un troupeau d'éléphants. Hier soir, après avoir été chassés, penauds, de la bibliothèque par Sophila, ils se sont séparés. Ahmasis est repartie avec son chat fétiche vers l'île de Pharos. Par la queue de Seth, pourquoi Méaâ serait-elle ici ?

La rumeur discrète d'un quotidien paisible monte de la rue. Ouménet est sûrement levée depuis longtemps et l'a laissé dormir. La lumière du soleil déjà haut filtre par la fenêtre. Il doit être l'heure du serpent ! Que Sobek le croque, il va rater le grand défilé des Ptolémaia !

Meidoun repousse le drap de lin, bondit de sa natte – avec pour effet secondaire d'en chasser l'occupant poilu – s'empare de son chendjit, et s'immobilise dans le plus simple appareil.

Il n'est pas seul.

Ou plutôt, le chat n'est pas venu seul.

Une forme recroquevillée dort dans un coin, à l'autre bout de la chambre. Il reconnaît les tresses noires collées sur le crâne, l'écharpe semi-dénouée, jusqu'à la petite moue d'apprentie prêtresse. Détail nouveau : des traces brillantes ont coulé sur les joues terreuses.

Meidoun ne comprend plus rien. Il termine de nouer son pagne et s'accroupit près de la dormeuse clandestine.

— Ahmasis ?

Elle émerge avec une torpeur sirupeuse – un peu comme lui quand il a trop fait la fête –, frotte des paupières encroûtées, le voit.

— Oh, tu es réveillé.

Un hoquet lui échappe et elle lui saute au cou – férocement. Il manque de basculer sur les fesses, se rattrape d'une main, referme l'autre par réflexe sur le corps fluet. Pour couronner le tout, le chat vient ronronner dans ses jambes. Tout cela manque singulièrement d'explications, avant même le petit-déjeuner.

— Mais... qu'est-ce que tu fais ici ?

Les poings se resserrent un peu plus, comme s'il risquait de s'envoler.

— Je ne savais pas où aller et tu avais dit... tu avais dit...

La voix de prêtresse assurée avec laquelle elle expliquait à Ériphos les mystères du heka, assurait vouloir prendre en charge le fameux visiteur et traduisait la volonté des Dieux se noie dans un sanglot.

En passant ses souvenirs en revue, Meidoun se rappelle en effet lui avoir indiqué où le trouver, si elle avait besoin d'aide. L'offre était sincère, bien sûr. Mais pourquoi est-ce que la seule fille qui accepte son invitation est bien trop jeune à son goût ? Hathor doit lui en vouloir, c'est certain. Ou bien elle dispose d'un sens de l'humour déplorable.

Il lui tapote le dos, un peu déconcerté. Il n'a pas de petite sœur, même s'il connaît le principe général. Jusqu'à présent, c'était lui, le petit frère.

— Allons, allons, ce n'est rien. Pourquoi n'es-tu pas rentrée à ton temple ?

— Je ne pouvais pas... Tiy... Tiy est... C'est ma faute !

Les sanglots menacent de déborder et il ne se sent pas armé pour contenir une crue. Heureusement, il connaît un remède souverain contre tout chagrin, manié avec brio par Ouménet.

— Viens donc manger un morceau. Tu verras, ça ira mieux, le ventre plein. Tu me raconteras tout.

Il parvient à se remettre debout sans la lâcher – elle pèse à peine plus qu'un fagot de roseaux ! – et se glisse avec son colis frétillant dans la pièce principale.

Un fumet de pain chaud, cuit du matin, lui chatouille les narines et lui met l'eau à la bouche. La miche entamée est encore sur la table, en compagnie d'une poignée de dattes. Deux gobelets proposent une eau fraîchement tirée à la citerne, indice imparable que sa mère a vu leur invitée nocturne, leur a laissé le bénéfice de quelques heures de sommeil supplémentaires et a pensé aux estomacs affamés. Ouménet pense toujours à tout.

Meidoun dépose Ahmasis sur un tabouret, lui tend une tranche épaisse encore tiède et assaisonne le tout d'un sourire. Sa recette personnelle. Il en dispose d'une cargaison illimitée et les filles adorent.

Elle s'essuie les yeux avec pour effet d'étaler un peu plus les traces terreuses, grignote une petite bouchée, une deuxième. La troisième démontre déjà un meilleur enthousiasme. En moins de temps qu'il n'en faut à Meidoun pour vider son gobelet, elle a tout dévoré, comme si elle n'avait rien avalé depuis trois jours.

Elle ne dit toujours rien. Dehors, des charrettes passent en grinçant, des voisins se saluent, un oiseau quelconque roucoule depuis les lauriers-roses. Meidoun croque un morceau à son tour et observe sa visiteuse. Malgré la lumière crue, une ombre hante ses prunelles – elle ne s'y trouvait pas la veille. Que s'est-il donc passé ? Il se racle la gorge, tente de formuler une question, y renonce. Les hoquets se sont apaisés et il n'a pas envie de briser cette paix fragile. Entre Calyx qui le gifle quand il se précipite à son secours et Ahmasis qui apparaît chez lui pour y fondre en larmes, les filles manquent de mode d'emploi !

Il est sauvé du dilemme par l'encadrement d'une silhouette sur le seuil, menue et fripée, un peu voûté sous le poids d'une nouvelle cargaison de laine de brute, le pas plus fatigué qu'il ne devrait, compte tenu de l'heure de la journée. Malgré tous les soucis sillonnés sur son front, un sourire facile lui éclaire le visage.

— Ah, vous êtes réveillés, tous les deux. C'est bien. Mangez, mangez ! Vous êtes jeunes, vous avez besoin de prendre des forces.

Sa mère pénètre dans la maison, dépose la laine près de son tabouret attitré – celui juste sous la fenêtre aux rideaux orange –, se masse le bas des reins, relâche un discret soupir. Le sourire n'a pas flétri. Une enfant inconnue se matérialise sous son toit au milieu de la nuit et elle l'accueille avec du pain et de l'eau comme s'il s'agissait de sa propre fille. Ouménet est ainsi. Un cœur éternellement généreux, même quand ses fils ne lui causent que des tracas.

— Alors, Meidoun, tu me présentes cette jeune fille ?

Rappelé à ses devoirs, il dresse le dos en garçon obéissant.

— Maman, voici Ahmasis. Elle est apprentie au temple d'Isis, sur l'île de Pharos.

Les yeux maternels s'illuminent.

— Oh, Isis ! C'est la déesse qui t'envoie ! Accepterais-tu de déposer une offrande pour moi ? Le temple est bien loin et mon fou de fils pense qu'il peut conduire un char dans l'hippodrome.

Meidoun roule des yeux vers les poutres d'acacia.

— Maman ! Tu ne vas pas recommencer cette conversation...

La veille, de retour après le lamentable échec de sauvetage de frère en détresse, la joue encore cuisante d'un premier chagrin d'amour, il lui a annoncé l'offre inespérée de Nedjémet et son acceptation. Meidoun ne s'attendait pas à un enthousiasme débordant – il n'est pas obtus à ce point –, il ne s'attendait pas non plus à une réaction si disproportionnée. Ouménet, la douce et compréhensive Ouménet, s'est fâchée. Un véritable orage, qu'il a enduré, nuque courbée, jusqu'à ce que le tonnerre reflue, que les éclairs s'apaisent dans les prunelles et que le vent emporte au loin les résidus de colère. De toute façon, il était trop tard pour revenir sur la parole donnée.

Sa mère s'inquiète pour rien. Demain, lors de l'ouverture des jeux sur l'épreuve reine du téthrippon, il triomphera – comme son père avant lui. Nedjémet le récompensera d'un talent d'argent – une somme inespérée ! Ils seront riches ! Sa mère pourra arrêter de tisser la laine. Elle pourra même embaucher ses propres serviteurs pour ramener l'eau de la citerne et cuire le pain ! Grâce aux onguents, les rides s'effaceront sur le front trop chiffonné.

— Merci, madame, pour votre accueil, prononce Ahmasis d'une voix atone. Je déposerai une offrande, bien sûr. Isis veillera sur Meidoun. La déesse...

La fin de la phrase s'étrangle dans sa gorge. Elle serre les doigts autour de l'écharpe qu'elle n'a même pas retirée pour la nuit, tremble de tout son corps. Un autre orage – intérieur celui-là. Pas de cris, pas de larmes. Tout aussi violent. Meidoun ne sait pas ce qui l'a déclenché, mais il se lève et reprend Ahmasis dans ses bras. N'est-ce pas ce qui est attendu d'un grand frère ?

Ouménet approuve de la tête et ne pose aucune question. Avec son instinct affûté de maman, elle sait quand les questions sont inutiles.

Meidoun se tortille, bien moins discipliné. Ses propres interrogations se bousculent dans sa tête. L'état de nerf d'Ahmasis laisse présager le pire. Et s'il était arrivé malheur aux deux autres ? À Calyx ! La bande de Paosis pourrait vouloir lui demander des comptes ! Toutefois, il a suffisamment de jugeote pour éviter de parler bandits, lézard de feu et autre expédition clandestine devant sa mère. Elle nourrit déjà assez de réserves ainsi sur les occupations filiales.

Les tremblements s'apaisent dans la frêle carcasse. Il repose Ahmasis sur ses pieds, attrape une poignée de dattes sur la table et entraîne sa protégée par l'épaule.

— Viens, je veux voir la pompè. Tu me raconteras en route.

Meidoun hésite devant sa fidèle planche à roulettes, calée contre le mur, près de la porte. Dans la cohue, elle risque d'être plus encombrante qu'utile. Il n'a pas non envie de relancer la vindicte maternelle par un geste susceptible de lui rappeler la course de chars à venir.

Ahmasis et lui sortent donc, main dans la main, sur leurs deux pieds, comme n'importe quel couple de frère et sœur.


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