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25. Celle qui suit un chat dans la nuit (1/2)

 — Non, ce n'est pas possible.

Ahmasis prononce les mots à mi-voix, pour elle-même, au milieu des respirations assoupies. Tous les novices dorment depuis longtemps, derrière les hauts pylônes du temple, sous la protection bienveillante d'Isis.

Presque tous.

À genoux, elle tâtonne une fois de plus dans l'obscurité du dortoir. Sa natte est vide et froide. C'est normal. Les roseaux voisins le sont aussi. C'est tout sauf normal. Seul un mince filet de lune perce par l'étroite fenêtre. Il caresse une rangée de têtes endormies et deux absences.

Tiy n'est pas là.

Que s'est-il passé ? A-t-elle été punie pour avoir couvert son escapade ? Est-elle restée au phare après les rituels ? Ahmasis enfonce les doigts dans le pelage de Méaâ, chaud et doux. Dehors, derrière les murs épais, le vent gémit. Il apporte les nuages sombres et la pluie – elle l'entend dans sa complainte. Une tempête se prépare, aussi houleuse que celle qui l'engloutit.

Ahmasis frémit. Une voix féroce se glisse dans ses souvenirs. « Si je te trouve encore sur ma route, je ne serai pas aussi conciliante. » Khémetensen aurait-elle fait du mal à Tiy en la croyant complice ? Ce n'est pas juste ! Tiy n'est coupable de rien. Elle écoute toujours maîtresse Chédi, apprend ses leçons, balaie les salles – même la terrasse en hauteur ! Elle aide, écoute, réconforte. Tiy est son amie.

Après la bibliothèque, les esprits appelés par Ériphos, l'exploration du couloir souterrain et la retraversée de toute la ville, Ahmasis ne rêvait plus que d'un réconfort dans cette journée trop longue : s'allonger sur sa natte de roseaux, veillée par la statue d'Isis, Méaâ au creux du ventre et Tiy en rempart dans son dos.

Ses yeux la piquent. Elle aimerait se rouler en boule, fermer les paupières et dormir, mais elle ne peut pas.

— Où es-tu ? souffle-t-elle au drap de lin désert.

Seuls les ronflements des dormeurs lui répondent.

Sous ses doigts, Méaâ s'étire, bâille, agite la queue. Elle s'esquive en souplesse, longe les rangs assoupis et se faufile par le grand rideau. Elle va chasser, sûrement. Elle aime se promener la nuit et tourmenter les mulots assez effrontés pour s'inviter dans le temple. Ou alors, elle a senti une odeur qu'elle connaît. Celle de Tiy ? Peut-être qu'elle aussi s'interroge sur l'absence de sa compagne de caresses ?

Ahmasis se relève, passe devant les yeux clos et les corps immobiles, sans un bruit, aussi furtive qu'une chatte sur ses coussinets de velours. Juste quand elle atteint le rideau, une queue disparaît par la porte, à l'autre bout de la salle d'étude. Ahmasis allonge le pas, débouche dans la cour. D'un dandinement processionnaire, Méaâ remonte les colonnades éclairées des lampes à huile, passe sous les sentinelles des palmiers et s'enfile entre les statues gardiennes.

Ahmasis la suit. Ses sandales glissent sur les dalles muettes. Personne ne prie à cette heure, ni dans la cour extérieure, ni dans le sanctuaire. Invisible, elle ressort du temple.

Hors de l'enceinte, le vent souffle en bourrasque. Il griffe, mort, malmène ses tresses. La mer mugit en réponse et déverse son écume sur les rochers. S'ils donnent des conseils, Ahmasis ne les comprend pas. Tous les mots se mélangent dans sa tête. Elle est seule, fatiguée. Les autres lui manquent. Ériphos qui charme les esprits, Meidoun au sourire comme Paneb, même Calyx qui n'aime pas trop Méaâ. Avec eux, elle se sentait plus forte. Maintenant, elle a froid.

Elle enroule les bras autour de ses épaules hérissées de chair de poule et lève la tête vers une lumière. Au bout de l'île, le phare brille, solide et fier. Son feu résiste aux assauts du vent, toujours. Même aux tempêtes les plus terribles, quand Seth déverse sa rage dans ce monde. Isis y veille, grâce aux charmes. Des charmes que Tiy a portés ce soir.

Le phare, c'est cela ! Tiy est restée au phare ! Le vent était levé et les gardiens ne l'ont pas laissée repartir sur le chemin escarpé, seule dans la nuit. Ahmasis soupire, soulagée.

Oui, c'est sûrement l'explication.

Un début de chaleur revient dans ses membres, comme si la flamme de Pharos se penchait jusqu'à elle. Elle hoche la tête. Ses pieds s'ébranlent d'eux-mêmes. Pas vers sa couche, non. Elle ne pourrait pas trouver le repos avant d'avoir serré Tiy dans ses bras. Elle part vers la lumière qui l'appelle. D'ailleurs, Méaâ ouvre la voie, comme si elle savait.

Après le temple, le sentier se rétrécit. Les pavés disciplinés s'effacent devant des herbes folles et des cailloux espiègles. De jour, c'est une balade de chevrette entre les bosquets des tamaris et les rochers tordus. De nuit, maîtresse Chédi confie toujours une lanterne aux novices, leur recommande de ne pas courir et de ne pas s'écarter du chemin. Ahmasis n'a pas de lanterne, mais elle connaît les passages. Heureusement, Khonsou lui prête un œil ventru depuis le haut du ciel.

Le phare veille, également. La flamme d'Isis brûle, là-haut. Il ne peut rien lui arriver. Ahmasis enroule son foulard d'un tour de plus et pose les pieds avec application. Elle ne court pas, même si elle en a très envie. Elle sait obéir quand les adultes ont raison.

La queue de Méaâ oscille juste devant – un ruban gris qui l'appelle, comme pour lui confier un secret. « Viens, suis-moi ! » murmure-t-il entre deux bouffées de vent. Elle a déjà suivi un chat dans la nuit. Ahmasis se souvient, même si le jeu appartient à son ancienne vie, par-delà la mer d'encre, avec les ombres sur leur rive grise, avec Paneb. Le chat est entré dans le temple ; ici, Ahmasis s'éloigne du temple, elle va retrouver Tiy au phare. Tout va bien.

Elle regarde où elle pose les sandales, pour ne pas déraper sur les cailloux. En contrebas, les vagues grondent, prêtes à avaler une fille imprudente. D'habitude, Ahmasis aime bien écouter leur chanson ; cette nuit, elles parlent de naufrage, de coque fracassée, de corps engloutis.

Alors, Ahmasis fait bien attention. C'est comme cela qu'elle le voit, juste au bord de la sente, coincé entre deux arêtes rocheuses. Si elle avait couru, elle aurait pu tomber à l'eau, elle aurait aussi pu le manquer.

Son cœur s'arrête pour mieux repartir au galop. La lune observe ; le phare luit.

Ahmasis s'approche à petits pas, se penche, tend un doigt, ramasse. Elle lève les yeux sur la flamme d'Isis, tout là-haut, protectrice. Trop loin.

— Non, ce n'est pas possible.

Elle crispe les poings et sent une humidité sous ses doigts. La bande de lin déchirée est mouillée. Ce n'est pas de l'eau de mer, ce n'est pas encore de la pluie. C'est poisseux et sombre.

Méaâ marche toujours devant. Elle ne s'est pas arrêtée.

— Méaâ, attends ! appelle Ahmasis, pas trop fort.

Le vent pourrait entendre, la mer aussi, ou d'autres esprits qu'elle ignore. Un frisson la traverse. La chatte ne l'écoute pas.


Elle courait sur les pavés éclairés par les braseros des palais, trébuchait, se rattrapait, riait. La lune rayonnait, là aussi, complice d'une escapade.

Il faisait nuit, mais elle n'était pas sur sa natte, dans la petite maison de pêcheur en retrait du port, roulée avec Paneb.

Ahmasis a oublié pourquoi.

Peut-être qu'elle n'arrivait pas à dormir, peut-être qu'un bruit l'a attirée dehors, peut-être qu'elle a vu le chat. Elle voulait juste le caresser.

Minou ! Reviens, minou !


Méaâ s'éloigne du sentier. Ce n'est pas une bonne idée. La mer bave toujours, toute proche. Elle a faim.

Ahmasis écoute les adultes quand ils ont raison. Ils n'ont pas toujours raison. Parfois, ils se trompent, comme lorsque la grande prêtresse a demandé à Khémetensen de chasser le visiteur. Ce n'est pas la voie d'Isis. Isis protège, Isis guérit. Parfois, ils ne savent pas tout. Parfois, il faut sortir du chemin tracé.

Ahmasis se hisse sur un premier bloc, attrape une saillie, une autre, passe sur le brisant voisin. Sa sandale dérape. Son genou cogne. Une pierre roule, toc, toc, toc sur les rochers et termine en plongeon. Le vent secoue le pan libre du foulard comme s'il voulait tout arracher. Ses doigts froids se glissent sous la robe. Ahmasis ne voit plus Méaâ.

La bande rocheuse regorge de cachettes à chat. De cachettes plus grosses, aussi. Elle le sait pour avoir souvent joué à cache-cache avec Tiy. Pas juste avant une tempête, bien sûr. Pas la nuit, même sous le disque de Khonsou. Surtout pas avec un tissu ensanglanté dans la main. Ahmasis serre les doigts, très fort, pour retenir un sanglot. Si elle le laisse sortir, d'autres viendront. Elle ne veut pas pleurer, elle ne veut pas penser aux « et si », elle veut retrouver Tiy.

— Méaâ ?

Une silhouette se redresse entre deux rochers, tout près, plus noire qu'un cauchemar. Elle n'a pas de queue taquine, ni quatre pattes. D'ailleurs, elle est bien trop grande pour être un chat. Ahmasis plaque une main sur sa bouche pour empêcher son cri de s'envoler.

Khémetensen ?

Non, ce n'est pas la chasseuse. Ahmasis le sait dans les battements affolés de son cœur. L'inconnu n'a pas de longue natte, ni de tunique fendue. C'est un homme. Son chiton claque dans le vent. Il pourrait être un gardien du phare, un promeneur égaré, ou un pêcheur pris de l'envie étrange de jeter ses filets depuis une barre rocheuse battue par le vent. Il pourrait. Sans la lame nue dans son poing. Le fil scintille sous la lune, en avertissement.

— Non, ce n'est pas possible.

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