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22. Comment aller à la pêche au chat

 Meidoun manque d'emplafonner Calyx qui s'est arrêtée juste derrière la porte. Il tend le cou par-dessus son épaule. Impossible de distinguer plus qu'un halo diffus, perdu au fond d'une forêt de papyrus.

— Quel farfelu travaille encore à cette heure ?

Leur experte en bibliothèque pivote d'un mouvement vif, l'œil fulminant.

— Quelqu'un passionné par la science et les connaissances ! Mais tu ne peux pas comprendre.

Meidoun rattrape sa réplique du bout des dents. Ce n'est pas le moment d'une prise de bec et sa relation avec Calyx a déjà bien trop dérapé à son goût pour aujourd'hui. De toute façon, elle se détourne déjà avec un soupir inquiet.

— J'espère que ce n'est pas Calléas. Il pourrait avoir de gros ennuis... à cause de moi.

Meidoun retrousse le nez. Que doit-il en penser ? Elle s'angoisse plus pour un gratte-papier, le cul posé sur son tabouret, que pour lui qui dévale les rues d'Alexandrie, affronte un dangereux bandit à mains nues et la sauve d'une mort certaine ! Il n'y a pas de justice ! Maât a dû partir en voyage à l'autre bout du royaume.

— Où sont les papyrus que tu cherches ? intervient Ériphos dans un murmure.

— L'accès est dans le bureau de Mnestôr.

Calyx tend le doigt vers une porte à mi-chemin, noyée dans l'ombre de deux colonnades. Parfait, ils n'auront même pas besoin de s'approcher de la source lumineuse. Le scribe insomniaque pourra continuer son travail, sa passion ou toute autre activité, en complète ignorance de leur passage.

Il a pensé trop vite – comme souvent.

Le chat choisit cet instant précis pour échapper d'un bond souple à l'étreinte de sa jeune maîtresse. Ahmasis pousse un cri de souris et s'avance d'un pas.

— Méaâ ! Méaâ, reviens ! souffle-t-elle.

L'insupportable matou s'éloigne, queue dressée, moustaches frémissantes. Il a peut-être senti un rat ? L'endroit doit en regorger, avec tous ces papyrus et ces alcôves.

Meidoun roule des yeux.

— Et qui emmène un chat dans une mission d'infiltration ?

Il ignore l'œil noir de Calyx, referme une main sur le foulard d'Ahmasis pour prévenir tout dérapage et donne un coup de tête en direction d'Ériphos.

— Vous, allez dans le bureau. Moi, je m'occupe du fugueur.

— C'est une fille, proteste l'apprenti prêtresse.

Pourquoi est-ce que cela ne l'étonne pas ? Toutes les mêmes ! Meidoun retire ses sandales, les coince sous son bras et s'élance après la fourrure tachetée qui serpente, comme chez elle, sur la longue table de lecture, entre les pots à calames, les notes oubliées et les piles de tablettes.

Ses pieds nus épousent les dalles. Pas un rouleau ne frémit. Plus silencieux qu'une brise, il se rapproche de la queue oscillante, plantée sur son insolent popotin. Il contourne un tabouret, passe sous le nez d'une statue. Il y est presque ! Tel un faucon, il fond sur sa proie.

Sa main se referme au collet de la bestiole. Il s'étale sur la table, son coude heurte un pot, qui oscille, hésite, se renverse et dégorge sa cargaison de calames. Meidoun retient un juron, plaque la main sur la débandade de roseaux. Un dernier lui échappe, presque sous nez, roule jusqu'au rebord et chute sur les dalles.

Tic, tic, tic.

Meidoun se fige. Semi-allongé dans une position inconfortable, un chat dans une main, il se tord le cou pour apercevoir le fond de la salle. Une ombre studieuse se devine, penchée sur une table solitaire. Elle ne bouge pas, n'appelle pas. Concentrée sur son travail, elle n'a rien entendu. Il relâche l'air bloqué dans ses poumons et s'autorise un sourire de satisfaction, rien que pour lui. Une pêche fructueuse.

Il se remet d'aplomb, cale le chat avec ses sandales, rafle les calames en cavale et les replace dans le pot. Pas de casse !

Il se replie avec son trophée vers la porte désignée par Calyx, se glisse dans la fente et entend le battant refermé derrière lui.

Le claquement d'un silex précède l'apparition d'une flammèche sous la moue concentrée d'Ériphos. Meidoun étire les lèvres dans un arc victorieux, bombe le torse et se heurte au regard crépitant de Calyx.

— Discrétion, tu connais ?

Comme si c'était sa faute ! Ce n'est pas lui qui sème des minets dans une bibliothèque. Aucun de ses actes ne trouvera-t-il donc grâce à ses yeux ? Il fourre la boule de fourrure hérissée entre les bras de sa maîtresse et pivote d'un œil à la ronde.

— Et maintenant ?

— L'entrée de la section réservée est derrière la porte.

Elle désigne, derrière le bureau encombré, un battant de solides planches cloutées. Rien à voir avec le raffinement et les enjolivures du reste de l'établissement : plutôt un barrage capable d'encaisser une charge d'éléphant sans frémir. Ériphos teste la poignée et secoue ses boucles avec une grimace.

Meidoun retient un soupir. Pourquoi est-ce qu'il n'est pas surpris ?

— Là aussi, la clé est sous un caillou ?

Calyx lève le menton et pince les lèvres comme s'il venait de proférer un gros mot.

— Mnestôr la conserve sur lui. Il va falloir procéder autrement.

Elle dégrafe la fibule de son châle, s'empare d'un stylet sur le bureau et contourne l'espace de travail.

— Laisse-moi voir.

Ériphos lui cède la place tout en maintenant la lampe en bonne position pour éclairer le trou de la serrure. Calyx y glisse son joli nez, le froisse, s'humecte les lèvres.

— Je sais comment fonctionnent les loquets. Il faut juste que je trouve...

Elle fourraille ses outils dans l'orifice, un pli concentré sur le front. Le fer racle, accroche, ripe dans un cliquetis de supplice. Adossée au mur, Ahmasis caresse son chat en lui susurrant des mots doux. Ériphos joue les porte-lanternes. Et lui ?

Meidoun tend l'oreille, plus anxieux qu'il n'a bien voulu l'admettre. Le calame a fait du bruit, il ne le nie pas, mais le scribe ne s'en est pas inquiété. Tant que l'autre passionné ne relève pas le nez, il ne risque pas d'apercevoir le halo tremblotant filtré sous la porte. N'est-ce pas ? Tout va bien, vraiment, tout va très bien.

Perchée sur l'épaule de l'apprentie crocheteuse, la salamandre s'absorbe dans la contemplation de l'effort. Sa queue balance, droite, gauche, comme pour mimer les gestes. Sur son dos, les drôles de taches luisent plus fort – à moins qu'il ne s'agisse du reflet de la flamme ? La créature ouvre sa gueule arrondie et Meidoun jurerait entendre un crépitement – celui des braises qui éclatent parfois, nourries d'un bois trop humide.

Un déclic retentit. Calyx se relève, une amorce de satisfaction perchée sur les lèvres, et écarte les grosses planches.

Une volée d'escaliers plus étriquée qu'une planche à roulettes s'enfonce dans le ventre de Geb. Leur guide replace l'épingle de son châle, s'empare de la lampe des mains d'un Ériphos circonspect et descend dans les ténèbres.

Un échange de regards, un haussement d'épaules, un miaulement discret, tous trois s'enfilent à sa suite.

Ils débouchent dans une pièce maçonnée tapissée d'étagères jusqu'au plafond, gorgées à s'en étouffer de papyrus poussiéreux. Une poignée de rideaux conduit vers des alcôves obscures. Ériphos tire le plus proche et révèle une niche à peine plus grande qu'un four à pain. Un malheureux tabouret y discute en tête à tête avec une table de scribe. Vraiment, l'endroit idéal pour passer du bon temps !

Ériphos s'empare d'une lampe oubliée par le précédent occupant, allume la mèche et hausse leur seconde source d'éclairage. D'un regard toujours aussi brumeux, il mesure l'étalage boulimique de connaissance, frotte ses boucles, revient s'ancrer sur le visage pensif de Calyx.

— Sais-tu où il faut chercher ?

En guise de réponse, elle avance jusqu'à l'étagère en face et saisit le premier rouleau de la pile.

— « Des sirènes et autres créatures peuplant les mers », déchiffre-t-elle, sourcils joints de concentration.

Ériphos attrape un papyrus dans l'alcôve voisine.

— Celui-là traite des rites pour communiquer avec les morts.

Calyx renverse la tête, pivote sur elle-même, comme pour prendre la mesure du savoir étalé sous yeux. Meidoun hésite à avancer un chiffre sur le nombre de feuillets entassés dans ces entrailles caverneuses : une centaine ? Plusieurs ? Un millier ? Et tous traitent du heka, du royaume du Douat ou de créatures mystérieuses ? Il n'imaginait pas que l'occulte fût si vaste – très honnêtement, il ne s'était jamais vraiment posé la question non plus.

— Les rouleaux sont sûrement classés par thème, comme dans la bibliothèque principale, marmonne Calyx. Il faudrait commencer par identifier l'étagère qui nous intéresse.

Sur son épaule, la salamandre dresse la queue. Ses taches semblent pulser par intermittence, comme si un lac de feu s'animait d'un ressac sous la peau noire.

— Le visiteur, pointe Ahmasis. On dirait qu'il veut dire quelque chose.

Elle s'approche, l'oreille tendue. Pourtant, Meidoun n'entend rien d'autre que le sifflement de leurs respirations, le frottement des sandales et les coups de langue du chat en pleine toilette. Les prêtres d'Isis parleraient-ils lézard en plus d'interpréter les signes divins ?

— Sur ta droite. Non, un peu plus à gauche. Plus haut. Là !

Calyx se guide sur les instructions soufflées d'une voix concentrée et s'empare du rouleau sous ses doigts.

— Celui-là parle de dragons ! Le suivant, des feux des marais. Toute cette alcôve semble dédiée aux phénomènes pyrotechniques.

Meidoun lorgne la pile accumulée dans le maigre espace. Ses boyaux s'enroulent sur eux-mêmes. Il y en a pour des heures, des jours à tout parcourir ! Sans se laisser abattre, Calyx s'empare d'une première brassée et s'installe dans l'étude voisine, la lampe en chevet. Elle se penche. Un léger pli rapproche ses sourcils et lui confère un air de déesse inaccessible méditant sur la bêtise humaine. Des mèches taquines lui coulent sur le front, qu'elle rabat derrière son oreille d'un geste impatient.

Meidoun soupire, s'adosse au mur, croise les bras. La petite flamme lèche le profil ciselé, souligne la moue des lèvres – à croquer ! Un fruit interdit. Calyx est toujours en colère contre lui. Il devrait lui parler de Paosis ; il ne doit rien au chef de bande. Hélas, il n'est pas seul dans l'affaire. Et si la brute décidait de s'en prendre à Ouménet ? La simple pensée lui retourne les boyaux. Meidoun n'a pas oublié le saccage de leur maison.

Non, il ne peut pas parler. La situation chauffe même assez pour ses propres fesses, merci. Il doit faire profil bas en priant Bès pour que la colère de Paosis retombe avant leur prochaine rencontre. Après son intervention fracassante, il est rentré chez lui par un chemin détourné, guettant chaque porche et chaque coin de rue. Il a même hésité à repartir pour le rendez-vous, craignant de laisser sa mère seule face à une descente en règle de bras musclés. À cette heure, Paosis doit avoir entendu le rapport de ses sbires et doit le maudire jusqu'à la sixième génération !

Il ne peut rien dire et Calyx n'est pas du genre à pardonner une traîtrise. Entre eux, c'est mort de chez mort.

Ériphos se glisse sous son nez avec sa propre pile de lecture. Meidoun l'arrête au passage.

— Eh, tu as une petite amie, toi ?

Il parle bas, pour ne pas être entendu des oreilles concentrées.

Le Grec secoue la tête sans desceller les lèvres – toujours aussi bavard.

— Ah, dommage. Je me disais, avec tous les poèmes que tu connais, que tu devais avoir l'embarras du choix.

L'autre ne saisit pas la perche de déclamer quelques vers et se contente de le dévisager avec un air de poisson pas frais. Meidoun tord les lèvres. Pas un sourire, cette fois, plutôt une grimace désabusée.

— Moi, je ne connais pas de poèmes, pas de mots savants. Je ne sais que faire des blagues idiotes et pêcher des chats fugueurs.

Quelles étaient ses chances face à quelqu'un comme Calyx ? Intelligente, instruite, divine. Nulles. Plus que nulles, même : au fond des mondes inférieurs, avec les dragons cracheurs de feu et les reptiles à cinq têtes !

Il agite la main vers les étagères dont il ne sait déchiffrer le moindre mot.

— Calléas par-ci, Calléas par-là. Je ne fais pas le poids.

Meidoun se dégonfle d'un nouveau soupir. Ériphos glisse un œil vers Calyx avant de revenir s'ancrer sur lui. Pas bavard, mais au moins, il ne se moque pas.

— « L'amour se plaît à poursuivre ce qui le fuit, il passe à côté de ce qui est sous sa main », offre-t-il en guise de consolation. C'est de Callimaque, l'homme qui a conçu le classement de la bibliothèque.

Meidoun se secoue d'un rire grinçant. Le gaillard est peut-être doué pour jongler avec les papyrus, mais qu'y connaît-il en méandre du cœur ?

— Sous la main, sous la main... Je n'ai pas tant de jolies filles sous la main, si tu veux tout savoir.

— Eh bien, moi non plus, si ça peut te rassurer. Les poèmes ne résolvent pas tout.

Meidoun ne sait pas s'il doit se sentir rassuré ou, au contraire, totalement désespéré. Il avait vaguement espéré que l'aède puisse lui souffler quelques vers dont il aurait ébloui Calyx. Si même la poésie est impuissante à déverrouiller des lèvres closes, où va le monde ?

Ériphos porte son inséparable flûte à ses lèvres et souffle une grappe de notes. Furtives et résignées. Il s'interrompt presque aussitôt. En face, Ahmasis a cessé de caresser son chat et fixe un point derrière eux. L'animal arque le dos, griffes sorties, poils dressés.

Meidoun déglutit. Dans son dos, un sanglot étouffé lui hérisse la nuque.


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