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2. Comment se roussir les orteils (1/2)

Les flammes jaillissent par les fenêtres, lèchent les briques noires et s'élancent à l'assaut du toit.

— Par les moustaches de Bastet !

Meidoun bascule son poids, freine dans une protestation de bois et saute de sa planche juste sous le nez des premières langues voraces. Des cris s'élèvent. Un début de panique s'empare de la rue populeuse.

Meidoun ne s'arrête pas pour réfléchir. Il perd rarement du temps avec ce genre de détail. C'est bon pour les scribes devant leur tablette, calame en main. Le carré de la porte s'ouvre devant lui. Deux enjambées, un coup ajusté dans le battant, il plonge.

Des lueurs rouges dansent entre des nids de pénombre. Un rideau s'embrase. Un concert de crépitements lui souhaite la bienvenue. L'incendie vient juste de se déclarer. Sûrement, il y a du monde à l'intérieur.

— Ohé ?

La chaleur lui racornit les cils. Une chaleur à rôtir un bœuf, ou un garçon trop téméraire. Un pincement de doute s'invite dans le battement d'urgence. Un reste de bon sens, peut-être ? Meidoun l'écarte d'un crissement de dents, lève un bras en protection et avance d'un pas.

— Ohé ?

Il plisse les yeux. L'air lui-même paraît s'embraser, déformé, voilé de fumée. Un panier bascule dans un vomi d'escarbilles. Pas le genre de fête qui attire les foules. La grande pièce semble déserte. Ou bien... ?

Là, une ombre !

Au milieu de la poignée de meubles d'une modeste demeure égyptienne, sur une natte près du four, un homme tente de se relever, tousse, retombe à genoux. Les flammes gagnent du terrain, rampent sur les roseaux, savourent chaque morceau tendre. Un monstre débridé. Il ne fera qu'une bouchée du bonhomme.

Meidoun s'élance.

Il connaît la morsure du soleil en plein été. Il a déjà trimé sang et eau sous les rayons du zénith, à porter des caisses ou balayer le marbre du gymnase. Il s'est même brûlé, plusieurs fois, parce qu'une seule leçon lui suffit rarement. Tête trop dure, dirait sa mère. Toutes ces expériences enrichissantes n'ont rien à voir avec la bouffée ardente qui l'accueille. Là, il a l'impression de sauter à pied joint dans le four à pain.

Ses yeux le piquent. Semi-aveuglé, il s'empare d'un bras, reçoit un gémissement pour réponse. Le gars est conscient, loué soit Bès !

— Allez, on se tire d'ici !

Il relève la tête. Un mouvement, aperçu de coin de l'œil, près de l'escalier qui monte sur le toit. Un autre gars, dans cette fournaise ?

— Eh, revenez, tout peut s'effondrer !

Son appel s'étrangle sur une toux. La fumée noie les contours, sa voix et toute idée stupide d'excursion plus approfondie. Pas de réponse. Plus de mouvement. Les craquements s'intensifient. Tous les roseaux de la structure ont disparu sous des guirlandes rouge et or. Chaque carré de peau le démange. Meidoun ne réfléchit peut-être pas beaucoup, n'est pas aussi instruit que les grands maîtres de la bibliothèque, mais un instinct de survie lui souffle de mettre les voiles, vite, très vite ! Meidoun écoute ses instincts.

— Bah, qu'Anubis l'emporte !

D'un roulement de hanches, il passe le bras du gaillard par-dessus son épaule, l'autre trébuche, lui crache ses poumons dans l'oreille, mais pousse un pied devant l'autre. Brave gars !

Meidoun marche au jugé. Où a disparu cette foutue porte ? Elle ne peut pas avoir fugué bien loin, la perfide ! La pièce n'est pas grande. Une simple maison de travailleur, comme toutes celles du quartier de Rhakôtis, comme la sienne. Un souffle l'appelle, un dernier pas s'accompagne d'une baisse appréciable de la température. Dehors !

Meidoun crache un jus noirâtre, inspire un air qui ne lui racornit pas les poumons et s'autorise un rire râpeux. Il n'avait jamais goûté avec autant de délices le mélange inimitable de crottin, de roseaux séchés et de cohue qui embaume les rues d'Alexandrie.

Tout autour règne l'effervescence d'un nid de frelons. Les gamins écarquillent les yeux et se défient à qui osera approcher. Les hurlements des femmes concurrencent le mugissement de l'incendie. Une colonne s'organise, depuis la citerne la plus proche. Les seaux dansent la gigue d'une main à l'autre et déversent leur contenu salvateur sur les murs voisins. La maison est perdue, mais le quartier peut encore être sauvé.

Meidoun secoue la tête. Ses cheveux lui collent au cou – trop longs, commenterait sa mère avec cette légère moue qu'elle réussit à la perfection. La sueur lui dégouline dans le dos, comme s'il revenait des bains, l'arôme fumé en plus. Comble du vaillant sauveur, une démangeaison s'immisce dans ses parties intimes !

Une menotte lui tire le pagne. Meidoun baisse les yeux sur une bouille ronde. Pagne à mi-cuisse, crâne rasé, longue mèche sur le côté : juste un gosse.

— Eh, quoi ?

— Tu peux le conduire au sérapéion, à Sophila.

Son doigt boudiné désigne la rangée de colonnes du principal temple du quartier qui, à cette heure, accueille toutes les jeunes âmes en quête d'instruction et de sages enseignements.

— À Sophila, répète Meidoun, la tête encore abrutie de fumée.

Le miraculé sauvé des flammes vacille, le teint aussi gris que la boue du Nil. Le petit n'a pas tort : peut-être qu'il vaut mieux le remettre entre des mains expertes. L'homme s'agite, se retourne vers le brasier qui a avalé sa demeure, tourne la tête, comme s'il cherchait quelque chose. Ou quelqu'un ?

Meidoun se trémousse, incertain. A-t-il vu, ou non, une ombre monter l'escalier ?

— Dis-moi, l'ami. Y avait quelqu'un avec toi ?

L'autre s'arrache à sa contemplation macabre, frissonne.

— N... Non, personne.

Meidoun sursaute. Cette voix... Sous la couche de suie, il remet enfin ce menton rond, ces yeux rapprochés, ces lèvres épaisses : un croisement original entre un dromadaire et un babouin.

— Démedj ? Qu'est-ce que tu fous là ?

— J'habite ici, tu vois. Enfin... habitais.

Un tremblement secoue la carcasse du conducteur de char. Un autre frisson, ou bien une tentative de dérision ? À moins que le délire ne s'installe ? Des cloques de mauvais augure lui boursouflent tout le bras et sa respiration siffle façon cobra dont on a marché sur la queue. Une conclusion s'impose :

— Je t'emmène au temple.

Démedj n'est pas léger. Meidoun le rangerait même dans la catégorie des pires ballots qu'il ait eu à transporter. Heureusement qu'il tient encore suffisamment debout pour grimper jusqu'aux premières marches du temple.

— Merci, Meidoun, t'es un frère !

Le gaillard grimace un mélange de sourire et de crispation de douleur, avant de reprendre d'une voix râpeuse :

— C'est drôle, Paosis me parlait de toi, justement, l'autre jour.

Meidoun discerne mal l'humour de la situation. Le nom aurait même plutôt tendance à lui filer des boutons, du genre ortie. Plus il s'en tient éloigné, mieux il se porte !

— C'est drôle, moi j'évite de parler de Paosis. Tout court.

— Il voudrait te voir, insiste ce crâne obtus.

Il faut croire que la subtilité a un peu de mal à pénétrer. Démedj a de la chance d'être mal en point, sinon Meidoun l'aurait planté là sans plus de cérémonie.

— Tu lui diras non merci de ma part.

Fin de la conversation. Les anciens amis de son frère ne sont qu'un nid à problèmes. Personne ne l'y prendra à y plonger la main. Une marche, deux marches, trois marches. Meidoun souffle. Bien, y a-t-il un responsable capable de prendre en charge un brûlé, entre les orgueilleux chapiteaux, les impérieux autels de grès et le fouillis des tablettes délaissées par les élèves ?

Des palmiers bien alignés bordent la courette où la marmaille grecque écoute les enseignements de ses aînés. Tout le monde n'est pas sorti profiter du spectacle. Une silhouette se précipite, en chiton impeccable, un châle drapé sur les épaules en harmonie avec la verdure du patio. Ses cheveux se relèvent en couronne tressée. Elle ne porte sans doute même pas de perruque. Les Grecs n'ont pas adopté cette mode égyptienne. Meidoun cligne des paupières. Quelle métamorphose a engouffré le vieux prêtre à tête de clou rouillé qui officiait encore ici le mois dernier ? Son attention s'attarde sur les hanches généreuses, la poitrine galbée, les lèvres fines, puis il referme la bouche et déglutit.

— Euh, Sophila ?

— Porte-le ici, sur cette natte ! Y a-t-il d'autres blessés ?

Elle s'exprime d'une voix qui présuppose une obéissance immédiate, avec une courbette ; une calme précision dans son mouvement entraîne le drapé de sa toge ; elle garde le dos droit comme un obélisque. Toute son attitude clame autorité et maîtrise de la situation. Meidoun s'exécute.

Sans s'inquiéter de ternir le blanc de sa tenue, la jeune femme s'accroupit près de Démedj, observe la teinte rougie du bras, froisse délicatement les sourcils. Le blessé gémit. Il en profite, le fumier, Meidoun en jurerait !

Elle tourne la tête. Deux yeux perçants l'inspectent de la tête aux pieds.

— Et toi, tu n'as rien ?

Meidoun plonge les yeux sur ses mains – sales et graisseuses –, tâte ses membres – toujours aussi grêles –, termine par un crachat qui lui lave la bouche d'un immonde goût de fumée. Il imagine que son visage ne doit pas être plus propre que celui de Démedj, tartiné d'une généreuse couche de noir, comme s'il avait plongé le nez dans un pot de khôl.

Il secoue les deux nattes qui lui dégagent le front, roule des épaules et étire les lèvres sur son sourire fétiche : toutes les filles y succombent.

— Juste les orteils un peu roussis !

L'effort rate lamentablement sa cible. L'attention de Sophila se détourne, happée par la trogne simiesque du conducteur de char. Si ce n'est pas malheureux !

D'autres prêtres accourent, se joignent à la jeune femme, inspectent à leur tour. Chacun y va de sa suggestion sur le meilleur remède. Le responsable propose de porter le malheureux devant la statue de Sérapis et d'offrir les libations appropriées.

Bousculé, Meidoun recule. Personne ne lui accorde plus la moindre attention. Nouveau roulement d'épaules. Il a l'habitude.



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