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14. Comment renifler la queue du lion (1/2)

Meidoun respire, le nez dans la poussière. En dépit des deux fines nattes censées lui éclaircir la vue, ses cheveux lui coulent dans les yeux. Son bras tordu proteste. Tout son estomac se révolte autour du mélange de dattes et de gâteaux au miel avalé plus tôt. Sacrée pirouette ! Il est déjà tombé, avec sa planche à roulettes. Ce genre d'incident arrive, même quand audace rime avec talent. Jamais encore il n'avait vécu un tel vol plané. Il a l'impression d'avoir dévalé la colline de Rhakôtis au fond d'un tonneau. De quoi vous vider les idées de la tête !

L'univers se stabilise autour de lui. Meidoun cligne des paupières, se soulève sur un coude, recolle des morceaux de souvenirs. Un détail cloche. Il n'était pas sur sa planche.

— Qu'est-ce que... ?

Ses mots s'apprêtent à sortir, jettent un œil dehors et lui replongent dans la gorge.

Le paysage a changé.

Un dieu farceur a balayé le bleu du ciel derrière un voile sanglant. Une aube enténébrée engourdit les maisons, serrées comme des brebis sous le fumet du lion. Le brouhaha traditionnel d'Alexandrie a sombré au fond de la plus grande citerne du coin.

Rêve-t-il ?

Meidoun rassemble ses genoux – les deux répondent à l'appel, un bon point – et parvient à se remettre debout. À côté, Ériphos vide le contenu de son estomac dans un hoquet, comme s'il avait abusé de vin doux ; Calyx ouvre des yeux aussi ronds que les perles de son collier ; la dénommée Ahmasis se recroqueville dans l'herbe rase qui a englouti les pavés.

Personne d'autre à la ronde.

Pas de prêtre, pas de forgeron, pas de femme furibarde en train de foncer sur lui pour une raison qu'il ignore. À y regarder de plus près, les maisons du coin s'éloignent de l'agencement propret du quartier du Bruchéion. Pas certain que quiconque veuille habiter là. Les seuils s'ouvrent sur des bouches obscures. Aucun rideau ne clôt les yeux insistants des fenêtres. Des lézardes serpentent entre des hiéroglyphes jaillis du calame d'un scribe en plein délire – qui écrit de la sorte sur les murs ?

En parlant de lézard...

Un vomi de flammes illumine un bref instant le paysage de cauchemar. Meidoun rabat ses mèches volages derrière sa nuque et relève le nez. La bestiole – ah non, la salamandre – a grossi. Beaucoup grossi. Du genre avalé une dizaine de banquets à elle toute seule ! Une patte de la taille d'un bœuf écrase les restes d'un palmier qui ne demandait rien à personne. Un corps de fumée irrigué de lacs ardents rase les toits des maisons. Les contours pelucheux de la queue se perdent dans le voile poussiéreux sur la ville.

La créature penche un museau charbonneux capable de gober quatre gros moustiques d'un seul coup de langue. Pour une fois, Meidoun n'a pas envie de sourire. Deux lacs noirs le contemplent. Méditent-ils son statut de hors-d'œuvre ou de dessert ?

Une boule de poils file à ras de terre en sens inverse avec un miaulement de panique. Il doit admettre que l'animal fait preuve d'un remarquable bon sens dont il pourrait prendre de la graine.

— Méaâ !

Ressuscitée par la débandade du chat, Ahmasis bondit sur ses pieds. Calyx guette l'ombre qui les domine, la bouche entrouverte – elle aussi ne trouve plus ses mots. Sans détourner les yeux, elle tend la main, aide Ériphos à se relever. L'aède n'a pas l'air dans son assiette avec son teint de statue grecque et ses boucles collées sur le font. Il tâte son flanc, referme les doigts sur son assemblage de tuyaux en roseau. Comme si quelques notes de musique pouvaient offrir un rempart face à un crache-flammes !

Au lieu de le porter à ses lèvres, il pointe un doigt tremblant vers l'enfilade de la rue.

— Là !

Meidoun pivote, la nuque aussi hérissée que les poils du chat. Un grondement enfle entre les murs aveugles. Des claquements, des crissements, des clameurs. Une masse sombre se profile, grossit, déferle. Meidoun distingue des bras levés en étendard, des cuirasses fondues les unes dans les autres, des milliers de jambes en marche ; aucun visage.

Là où barbes, bouches et nez s'accrochent habituellement, les arrivants n'affichent qu'un gouffre de ténèbres.

Une armée anonyme avale la distance qui les sépare. Meidoun n'a pas vraiment envie de les attendre pour leur demander contre qui ils se battent, ni s'ils leur en veulent personnellement ou se contentent d'écraser tout obstacle sur leur passage. Il ignore où il est, quel maléfice a emporté Alexandrie, pourquoi le lézard de feu et de fumée ne les a pas encore gobés, mais une certitude le propulse : ailleurs ne peut pas être pire.

— Pas la peine de rester pour les politesses ! On file d'ici !

Il tourne les talons, pousse Ériphos entre les omoplates, attrape la fameuse fille d'Isis par les bretelles de sa robe au moment où elle referme les bras sur son chat, et mouline des jarrets, tel Achille aux pieds légers dans les histoires de l'aède.

Une vision miraculeuse l'attend un peu plus loin sous les feuilles dentelées d'un palmier. Si Meidoun n'avait pas déjà les bras chargés d'une gamine et de son quadrupède, il se frotterait les paupières pour s'assurer qu'il ne rêve pas – enfin, pas plus qu'il ne rêve déjà.

Un char.

Qui plus est, un char déjà attelé.

Deux chevaux gris piaffent d'impatience dans l'attente de la main ferme qui les mènera sur la piste. Les grandes roues cerclées de fer paraissent de taille à avaler tous les obstacles. En d'autres circonstances, Meidoun aurait passé son chemin après avoir admiré la ligne élancée de la nacelle et flatté l'encolure des étalons – il n'est pas dans ses habitudes de s'approprier le bien d'autrui. Certaines situations méritent toutefois une légère entorse aux principes.

Il propulse Ahmasis, le chat et toute protestation sur la plateforme, se retourne, aiguillonne les deux retardataires :

— Plus vite !

Ériphos se hisse, Calyx trébuche. Meidoun la retient par le poignet, repêche pour elle un morceau de sourire pas trop chiffonné et la soulève d'un bond.

La plateforme grince sous le poids accumulé. Meidoun saute, embrasse ses brassards de bronze, s'empare des rênes.

— Tu sais piloter ça ?

Le sourire s'enflamme, alimenté par un pétillement au bout des doigts, une excitation, le souvenir de cris glorieux sur une piste harassée de soleil. Il fait mieux que savoir : il est né pour piloter.

— T'inquiète ! lance-t-il aux boucles froissées de l'aède. Tu t'adresses à un futur vainqueur de course.

Il claque les rênes ; les chevaux bondissent.

Ériphos serre les dents autant que ses doigts sur le garde-corps. Calyx vacille avec un cri. D'un bras secourable, Meidoun la retient contre lui. À quatre plus un matou sur l'étroite plateforme, ils sont de toute façon tous plus collés que des poissons au fond d'une jarre.

Un coup d'œil par-dessus son épaule l'informe que l'espèce de salamandre géante n'a pas bougé. Il ignore pourquoi le monstre ne les a pas carbonisés, mais ne va pas s'en plaindre. L'armée sans visage, elle, ne lâche pas l'affaire. Les bras se hérissent de lances ou de glaives. Le grondement des bottes soulève un nuage de poussière. Dans le lointain, des lueurs sinistres s'emparent des toits de la ville. Ça sent le roussi !

Meidoun accélère. La vitesse lui fouette le visage et ses deux nattes s'envolent dans une course débridée. Le char dégringole la pente, décolle sur des pierres ou des racines, atterrit, tient bon.

— Accrochez-vous !

Au bas de la côte, un chemin de colonnes mène au fronton triangulaire d'un temple. Un temple habité d'un soleil. Une silhouette haute comme deux hommes émerge sur le seuil du rectangle lumineux, éblouissant : un général tout harnaché pour la bataille. Le plumeau de son casque caresse le haut de la frise. Ses muscles roulent sous une cuirasse rutilante. Il court, se campe sous son bouclier en peau de bœuf, panache au vent, formidable. Le duel d'un titan contre tous.

— Les ennemis sont là, fuyez ! tonne-t-il.

Homme ou dieu, Meidoun ne saurait dire. Un détail, cependant, le tracasse tandis qu'il dévie sa galopade pour éviter d'emplafonner le gaillard.

— Eh, vous n'auriez pas oublié un truc important, là ?

Concentré sur l'avancée de la horde hurlante, l'hoplite ne détourne pas le regard. Il ne se frappe pas non plus le front en maudissant son étourderie, recule encore moins. Il se contente d'agiter la main – vide de toute arme – en direction du fracas des roues qui le dépassent.

— Ma lance m'a été dérobée. Pour être brandi, l'espoir doit d'abord être forgé.

Le char termine sa descente dans une gerbe d'étincelles et déboule sur une large esplanade creusée d'une rivière agitée – quel plaisantin a oublié de recouvrir le canal souterrain principal ? Le plongeon se rapproche à la vitesse de deux étalons jetés dans la dernière droite avant la ligne d'arrivée.

— Que Sobek me croque !

Meidoun écarte les rênes sur un virage improvisé. Les chevaux incurvent leur trajectoire, écume aux lèvres. Le char tangue, s'incline, se redresse. Une manœuvre parfaitement maîtrisée !

— Mais tu veux tous nous tuer ! hurle une touffe de boucles depuis le fond de la plateforme.

Bizarrement, Ériphos ne semble pas partager son analyse de la situation. Calyx se cramponne, aussi grise que l'horizon. Ahmasis se redresse, le chat toujours lové sur la poitrine, les yeux agrandis de quelque révélation mystique.

— Nous avons franchi le voile du heka...



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