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13. Celle qui cherche son chemin (1/2)

— Un spectre, c'était un spectre !

— Je l'ai vu comme je vous vois !

— Tout gris...

— Une âme-ba...

— Même qu'on voyait à travers...

— Et après, il a fondu comme un nuage.

— J'en ai brisé ma jarre de terreur !

Ahmasis se rapproche. Son balai frotte les dalles de la cour, ses sandales ou juste le vide. Concentrée sur les éclats de voix, elle ne regarde plus vraiment où elle l'agite. Au milieu de l'attroupement, la grosse femme brandit des morceaux de poterie, les yeux exorbités. Sa poitrine ballotte sous ses bretelles.

— Qu'Isis me protège, j'ai bien cru qu'il allait m'entraîner vers le Douat ! Il faut faire quelque chose !

Le prophète lève les mains en signe d'apaisement. Ses colliers cliquettent. Les visiteurs se taisent.

— Calmez-vous ! Des prêtres vont se rendre sur place avec des amulettes et le nécessaire pour purifier les lieux. Cet esprit ne reviendra plus.

Plusieurs serviteurs de la déesse ont accouru au vacarme. Ils écoutent la décision du vieil Imenmès, échangent des regards soulignés de khôl, effleurent les tablettes ou les figurines portées en pendentif. Ils sont inquiets, Ahmasis le sent. Quand les rites ont été exécutés comme il se doit, les morts n'arpentent pas le monde des vivants. Mais aujourd'hui, l'ordre établi par Isis et Osiris vacille. Aujourd'hui, une créature de l'Autre Côté se cache dans Alexandrie. Rien n'est normal ; tout peut arriver.

Sur le seuil du sanctuaire, entre les statues du couple divin, Isétemkheb écoute, pensive sous sa peau de léopard. Elle ne dit rien. Un pli lui barre le front, comme un papyrus mal roulé. Une silhouette se devine par-derrière, plus grande, plus menaçante. Khémetensen est là, aussi. La chasseuse de monstres. Pourfend-elle les âmes-ba avec son sabre ? Ahmasis frissonne.

— Je ne l'aime pas, elle me fait peur, souffle une voix sous son oreille.

Tiy serre le manche de son balai comme s'il risquait de s'envoler. Elle darde des yeux de souris vers le porche baigné de pénombre, la forme découpée par les braseros. Ahmasis approuve du menton.

— Méaâ ne l'aime pas non plus.

Sous le palmier, la chatte a dressé une oreille hors de sa sieste d'après-midi. Ses moustaches battent la mesure des éclats de voix. Les prêtresses apportent des lampes à encens. Les chanteuses sacrées agitent leur sistre dans un chahut de crécelle. Des serviteurs se pressent pour organiser le cortège purificateur.

La grosse femme agite les bras comme si elle voulait remplacer Shou pour créer le vent.

— C'est dans le quartier du Bruchéion, près de la forge de maître Thibrôn. Je vais vous conduire.

Ahmasis tend le cou pour mieux saisir les explications, mais une main la retient par la bretelle de sa robe.

— Ils s'en vont. Allez, viens !

Tiy trépigne, son balai s'agite. La dalle est très propre sous ses pieds.

— Attends.

Ahmasis résiste. La déesse lui a confié une mission, il ne faut pas la décevoir. Son œil la contemple depuis les hauteurs de la statue de schiste gardant le sanctuaire. Là-bas, dans le ventre du temple, les flammes des braseros crépitent un message. Le vent murmure. Le ressac des vagues lui malmène l'estomac. Un mot résonne, dans sa tête et dans son cœur :

« Guéris. »

Pour guérir, il faut connaître le mal. Pour connaître le mal, elle doit écouter. La procession s'éloigne entre les pylônes, dans une bouffée parfumée et la danse des grelots. Les plaintes et les explications s'estompent, avalées par les pierres massives qui protègent la maison d'Isis des maux extérieurs.

Dans le silence brutal, des bottes claquent. Khémetensen traverse la cour. Un pas souple, un balancement de natte, une main sur la garde du khopesh. Elle a flairé une piste, elle part en chasse. Ahmasis le sait dans le nœud dur de son ventre. Si la chasseuse trouve la créature, elle tirera le sabre et le plongera dans la gueule de la bête. N'est-ce pas ce qu'elle a déclaré ? N'est-ce pas ce que la grande prêtresse a demandé ? Ahmasis a tout entendu.

Mais Isétemkheb se trompe. Il faut guérir et non tuer, ainsi ont parlé les flammes. Ahmasis serre les poings. Malgré les rayons ardents de Rê, le froid s'empare de son corps. Elle n'aime pas le froid. Il lui rappelle une mer d'encre, des formes floues sur une autre rive, la frontière entre deux vies.

Elle ajuste le foulard sur son cou, pivote vers les yeux suppliants de Tiy et lui tend le balai.

Son amie se tord les doigts, comme si le bois pouvait se changer en cobra et la mordre.

— Ahmasis, maîtresse Chédi nous a demandé de balayer la cour. Elle va se fâcher.

— Elle ne va pas se fâcher, car les dalles sont déjà propres. La cour est balayée tous les jours et Isis ne s'offusquera pas pour cette fois. Je suis sa fille, j'ai une autre mission.

Tiy darde des regards affolés. La grande prêtresse a disparu au fond du sanctuaire. Les autres novices ont leurs propres tâches, de l'autre côté du bâtiment. À part Méaâ qui s'étire de sa sieste, la cour est vide.

— Que vas-tu faire ?

— Je vais suivre Khémetensen.

Les yeux de Tiy s'arrondissent comme deux puits noirs. Ahmasis tourne la tête pour ne pas les regarder. Elle pourrait trébucher, y tomber et ne plus ressortir. Ce serait faillir à la mission confiée par Isis.

— Si maîtresse Chédi, l'apprend tu seras punie. Et si la guerrière te voit...

Ahmasis serre les dents jusqu'à les sentir crisser. Tiy ne comprend pas. Elle n'entend pas la voix des flammes, celle du vent ou les remous de la mer. Quand elle ferme les yeux, aucune ombre ne l'observe par-delà des flots noirs. Elle n'est pas la fille d'Isis.

Tout doucement, Ahmasis referme les doigts de son amie autour du manche du balai. Le geste ancre sa décision. La peur de Tiy ne peut plus l'atteindre.

— Par moment, souffle-t-elle à la manière d'un secret, le bas de ton dos te démange. Que fais-tu dans ce cas ?

— Je me gratte, mais...

Ahmasis hoche la tête.

— Exactement. Je dois gratter, Tiy. Je ne peux pas me retenir.

L'autre secoue la tête avec la moue de maîtresse Chédi devant une bêtise, mais n'argumente pas. Elle ne rend pas le balai non plus. Ahmasis sait que Tiy ne dira rien à personne, elle sait aussi qu'elle lui demandera de tout raconter. Cette nuit, blotties l'une contre l'autre sur la natte, dans la maison des novices, elles partageront un secret de plus.

— Ne t'inquiète pas, je serai de retour avant le repas du soir. Il ne peut rien m'arriver : je suis la fille d'Isis et Méaâ m'accompagne.

Comme si la chatte devinait que l'heure de la promenade avait sonné, elle se faufile entre ses jambes. Ahmasis la suit. Elle passe entre les deux pylônes aussi solides qu'une falaise et ne se retourne pas.

Les prêtres et prêtresses ont un peu d'avance, mais procèdent d'un pas solennel. Ahmasis court, les rattrape au bout de l'heptastade et se faufile entre les étals de poissons, le cou tendu vers la démarche féline de la chasseuse.

De colonnes en recoins, elle gagne l'immense voix canopique sans perdre de vue les fumées d'encens ou la longue natte. Les heures les plus chaudes ont passé et l'animation facilite la filature. Ahmasis s'enhardit. Le tapage ambiant couvre le discret trottinement de sandales. Qui prêterait attention à une fillette et son chat au milieu du roulis des chariots, du dandinement des chameaux et du défilé des miliciens ?

Soudain, Ahmasis se fige. La longue natte ne se balance plus. Khémetensen s'est arrêtée, même pas dix pas devant elle. Coup d'œil à droite, coup d'œil à gauche, vite ! Ahmasis plonge derrière la statue la plus proche, à l'entrée d'un temple. Dans la rue, la guerrière chiffonne les sourcils. Elle observe un chat d'un gris tacheté en pleine toilette sur un muret.

Méaâ !



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