—Bref, interrompt Thomas en reportant ses yeux sur l'eau. Estelle se trouve donc être la version féminine de Lisandro.

—Cela nous fait une belle jambe, rigolé-je.

Thomas esquisse un sourire amusé, ce qui me donne la confiance nécessaire, pour me poster devant lui, prendre ses mains dans les miennes et déclarer :

—Je sais que j'ai merdé dans le passé et je ne vais pas tout mettre sur le dos de Lisandro. Je suis aussi coupable dans cette histoire et je reconnais mes torts.

Thomas tente de me couper la parole, mais je ne lui laisse pas l'occasion.

—Le mal est fait. Le passé est passé. Je suis navrée de tout cela, mais il faut regarder vers l'avenir Thomas. Alors oui, j'avais dix-sept ans, j'ai fait n'importe quoi, pardon. Mais aujourd'hui, j'en ai vingt-neuf, je n'ai plus le même état d'esprit. Je souhaite des choses différentes.

Je prends une profonde inspiration, légèrement stressée de me mettre à nue. Thomas exerce une légère pression sur mes mains jointes aux siennes et il affiche un petit rictus d'encouragement. Je ferme les yeux et en les ouvrant, je plonge mon regard dans les yeux bruns de Thomas et laisse chaque mot venant directement de mon cœur, sortir de ma bouche :

—Je t'aime et je n'ai jamais cessé de t'aimer. Aimer quelqu'un passionnellement, ça fait peur. Cependant, je sais que si tu es à mes côtés, j'y arriverai. Tu es la seule personne sur cette planète qui arrive à me faire ressentir de telles choses. Avec toi, je me sens en sécurité, je me sens aimée. Nous avons grandi ensemble, par nos différents. Toutes ces expériences communes nous ont faits grandir et cela nous permettra de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Je m'arrête un instant, histoire de juger la manière dont Thomas reçoit cette déclaration. Il n'a pas l'air opposé à ce que je dis. Je pose alors ma main droite sur sa joue, provoquant une décharge électrique qui hérisse mes poils. Je murmure :

—Je t'aime Thomas. Je t'aimerai jusqu'à la fin de mes jours. Je voudrai qu'on reprenne notre histoire à zéro, qu'on tire un trait sur le passé, pour mieux aborder l'avenir.

Thomas saisit ma main et y dépose un baiser avant de me la rendre. Je sens cependant qu'il est inquiet.

—Cassandra, je t'aime moi aussi...

Mon cœur se réchauffe petit à petit. Une bataille gagnée pour moi. Thomas poursuit :

—Mais, je n'ai pas envie de me tromper. Je veux être sûr à cent pour cent que nous deux, c'est pour la vie.

Je comprends sa crainte, car je ressens la même. Nous avons passé l'âge du « Je t'aime, moi non plus ». Je décide alors de me lever dans le sable et retire mes vêtements, jusqu'à me retrouver en sous-vêtements devant Thomas. Heureusement que je n'ai pas mis les plus laids ce matin.

Sous l'œil intrigué, mais intéressé, de Thomas, je cours à la mer et regrette mon geste en goûtant à l'eau glacée.

—Que fais-tu ? me demande Thomas en pouffant de rire.

—J'essaye de te prouver ma sincérité !

—En te jetant dans la mer ?

Mon cerveau réfléchit enfin à ma bêtise. Oui, ce n'était peut-être pas un moyen de prouver sa sincérité. Je hausse mes épaules et indique à Thomas :

—Mais, ils font toujours ça dans les films.

Un rire franc résonne sur la plage et je me rends compte à quel point, cela m'avait manqué. Je rigole à mon tour.

Alors que je m'apprête à sortir de l'eau glacée, Thomas m'interrompt :

—Que fais-tu ?

—Ça caille, déclaré-je les bras couvrant le haut de mon corps.

—Attends, je viens te réchauffer.

Je ne me fais pas prier et patiente calmement.

Au lieu de m'apporter mes habits, Thomas retire les siens, se retrouvant seulement vêtu de son sous-vêtement et accourt dans ma direction. Je le connais trop bien, il n'est pas venu me réchauffer. Au contraire.

Je décide de prendre les devants et m'enfonce dans l'eau. Malheureusement pour moi, Thomas est bien plus rapide et bien moins frileux que moi. En arrivant à mon niveau, il m'attrape sous son bras et m'entraîne avec lui, dans son plongeon.

Dès que je sors la tête de l'eau, je me plains, frigorifiée :

—Ah bah super ! Maintenant je suis gelée de la tête aux pieds !

Thomas rigole et ouvre grand ses bras.

—Viens, m'indique-t-il. J'ai promis de te réchauffer.

Un réel sourire de bonheur illumine mon visage, tandis que je me blottis contre son corps chaud. J'oreille posée près de cœur, dont j'entends chaque battement. Je me cale sur sa respiration et profite du moment. Nous ne sommes que tous les deux, dans la mer. Je repense à la soirée de mon dix-huitième anniversaire, qui avait fini en bain de minuit.

Nous restons ainsi debout dans les bras l'un de l'autre pendant de longues minutes, si ce n'est des heures. Nous respirations accordées et nos cœurs à l'unisson, me conforte dans l'idée que nos sentiments sont toujours présents et réciproques.

J'ignore si nous allons nous remettre ensemble dans un futur proche ou lointain, mais une chose est sûre : la dernière discussion que j'ai eu avec Thomas n'a pas mis un point final à notre relation. Seulement des points de suspension...

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