Chapitre 1 | Nouvelle routine (2)
—Au revoir, articule ma chef en français avec un accent américain très prononcé.
—A bientôt, ajouté-je à l'intention de nos investisseurs.
Les hommes d'affaire nous saluent et repartent le sourire aux lèvres. Comme après chaque réunion, Courteney nous fait un petit compte rendu, afin que l'on sache ce qu'elle en a pensé.
—Félicitations ! s'exclame-t-elle. Les investisseurs ont accepté de nous prêter des fonds. Ils s'engagent une somme plus importante que celle discutée au départ. Bravo à tous pour vos efforts.
Elle dit cette dernière phrase en me regardant. Je me sens vraiment fière. Cela faisait plusieurs mois que je travaillais sur cette rencontre. Je ne m'en sentais pas capable au début, mais Lisandro m'a aidée à préparer cette réunion, car il travaille dans la finance. Cette victoire me conforte sur le fait que je ne me suis pas trompée de voie en poursuivant mon rêve.
Antonio m'accompagne jusqu'à mon bureau. Il profite de cette marche pour me partager un problème (existentiel) :
—Cassandra, je ne comprends vraiment pas. L'autre soir au pot de départ d'Alia, Christian était super proche de moi. Tous les signaux étaient verts. Mais hier, lorsque je l'ai invité à boire un verre, il m'a dit rembarré, m'affirmant qu'il n'était pas gay.
—Peut-être que tu as mal interprété les signes, tenté-je.
—Je sais reconnaître un gay et Christian en est un !
Je ricane face à l'entêtement de mon ami. Il poursuit, persuadé dur comme fer :
—Je t'assure qu'il se cache dans son placard. Il fait semblant de flirter avec les filles, je le vois bien. Chaque fois il me lance un coup d'œil furtif. Les filles ne l'intéressent pas !
—Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Antonio me fixe en haussant les sourcils, comme si je venais de dire la plus grosse bêtise de l'univers. Il soupire et comme si c'était la plus grande évidence du monde, il m'explique :
—T'en connais beaucoup d'hétéros qui travaillent dans la mode et qui viennent travailler avec des pièces de créateurs ?
Je hausse les épaules, assez amusée par l'analyse de mon ami. Lorsqu'Antonio a quelque chose en tête, personne ne peut la lui enlever. Même s'il a tort. J'abdique donc :
—Très bien, tu as sûrement raison. Mais tu sais, Christian a peut-être des raisons pour ne pas vouloir faire son coming-out. Sûrement une raison familiale ?
—Tu vois, je ne comprends pas ça. Nous sommes au XXIème siècle, les gens ne devraient pas à avoir peur ou honte d'assumer qui ils sont.
—Je suis d'accord, mais il y a toujours des idiots qui seront là pour juger ces personnes.
Antonio acquiesce. Alors qu'il s'apprête à relancer la conversation, nous arrivons devant la porte de mon bureau et ma secrétaire m'interpelle :
—Mademoiselle Perret ?
Je lui fais signe que je l'ai entendue. Je salue Antonio, puis me dirige vers Leila. Cette dernière m'annonce :
—Mademoiselle Perret, un grand avocat européen veut vous rencontrer.
—Qui est-il ?
—Je ne sais pas. Il n'a pas donné de nom.
C'est étrange comme histoire. Je fronce les sourcils et Leila ajoute :
—Il a dit vouloir représenter l'entreprise...
—Pourquoi n'est-il pas allé voir directement notre service juridique, qui est compétent ?
Ma secrétaire hausse les épaules, tout en jouant nerveusement avec une mèche de cheveux brune. Elle me précise :
—Il a insisté pour vous rencontrer vous, personnellement.
—Et bien, dites-lui que s'il veut absolument représenter la société, il n'a qu'à consulter notre service juridique. Je ne peux rien pour lui.
Je m'apprête à rejoindre mon bureau, mais Leila m'indique :
—C'est ce que je lui ai dit, mais il m'a dit qu'il veut vous rencontrer vous ou personne.
—Dans ce cas-là, ce ne sera personne.
Leila acquiesce, tandis que je rejoins mon bureau, pour finir ma journée de travail.
***
Le ciel est un peu couvert ce matin, mais cela ne m'empêche pas d'être de bonne humeur. J'arrive de bonne heure au bureau. Je salue tout le monde et monte au dernier étage de la tour. Leila n'est pas encore arrivée, ce qui est normal. Ce matin, j'avais envie d'arriver tôt au boulot. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais le présentiment que cette journée serait différente des autres.
Avant d'entrer dans mon bureau, je constate que la porte de la pièce n'est pas verrouillée. Peut-être que la personne de l'entretien a oublié de la refermer... Les stores de la pièce sont grand ouverts, m'offrant une vue imprenable sur New-York. Je pose mon sac près de mon bureau et profite de la vue, qui me donne l'impression de contrôler le monde. D'ici, j'ai une sensation de puissance. Je me sens comme la femme la plus puissante de ce monde et peut-être qu'un jour, ce sera réellement le cas.
—Jolie vue, n'est-ce pas ?
Je sursaute et me retourne. Je ne sais pas d'où sort cette voix grave. Je constate ensuite que le fauteuil noir de mon bureau est retourné. Cependant, je ne parviens pas à distinguer la personne qui est assise dedans.
Un peu craintive, je questionne :
—Qui êtes-vous ?
Sans se dévoiler pour autant, la voix masculine se présente :
—Votre secrétaire ne vous a pas parlé de moi ? Ce n'est pas professionnel ça... Je suis un avocat français.
—Ah, celui qui veut représenter la société ? Dans ce cas, c'est le service juridique qu'il faut voir. Je ne peux rien pour vous.
—Vous vous trompez, vous pouvez tellement pour moi.
Je commence sérieusement à paniquer. Je m'imagine qu'il s'agit d'un tueur en série. Il n'oserait tout de même pas me tuer ici, sur mon lieur de travail ? Quoi que, à cette heure-ci, il n'y a pas de témoin, il est trop tôt.
Je garde mon sang-froid et de manière détachée, j'articule :
—Désolée monsieur, mais je vais vous demander sortir. Déjà, c'est impoli de s'introduire dans le bureau des gens comme ça. Et j'ignore ce que vous attendez de moi, mais je n'ai que très peu de connaissance dans le domaine du droit. Je ne serai pas bien placée pour vous aider...
—Si, vous êtes la mieux placée pour m'aider, mademoiselle Perret.
Cette intonation m'est familière. Qu'est-ce que je raconte ? Il a prononcé mon nom de famille, comme n'importe qui l'aurait prononcé. Peut-être que cela me fait cette impression, car j'ai pris l'habitude que les Américains ne prononcent pas le « r » de la même façon qu'en France.
Je secoue la tête pour me sortir de mes pensées et demande à cet avocat :
—Pouvez-vous me laisser s'il vous plaît ? Je peux vous diriger vers quelqu'un qui pourra vous aider ?
—Pas la peine, c'est à vous que je veux parler.
L'homme tourne doucement sur le siège, tandis que je me prépare à l'éventualité de fuir. Pourtant, lorsque je découvre le visage de l'homme, je manque de m'évanouir. Mes jambes se fragilisent et je m'écroule sur le canapé qui se trouve derrière moi. En une fraction de seconde, l'intrus me rejoint, afin de s'assurer que je vais bien. Une main posée sur mon bras, l'autre sur mon genou. Son contact me brûle, mais d'un autre côté, c'est normal : ma peau est gelée.
Cela ne peut pas être lui. La coïncidence est trop grande. Comment aurai-je eu ce présentiment ? Avant que mon surmoi ne valide quoi que ce soit, j'avoue :
—J'ai rêvé de toi, cette nuit.
Le beau brun m'offre son plus beau sourire et chuchote :
—Moi aussi. Ça fait des années que je rêve de toi toutes les nuits, Chérie.
***
Hello !
J'espère que vous allez bien ! Et oui, tome 2, 2 chapitres par jour !
📌Avez-vous apprécié le chapitre ?
📌Avez-vous deviné qui est le beau brun ?
📌Que pensez-vous que cela va apporter dans l'histoire ?
N'hésitez pas à me donner votre avis et à voter !
xoxo♡
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