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8 - Apprendre à marcher sur la tête (JOY)

Trois jours se sont écoulés depuis la découverte du corps.
Hier, c'était au tour d'Enya d'aller acheter de la soude et depuis mon étrange discussion avec Julian, aucun évènement indésirable n'est venu perturber nos plans.

J'ai l'impression que ma vie reprend son cours, petit à petit, et qu'il est vital pour moi de retrouver un semblant de normalité. Alors je décide de consacrer ma matinée à des tâches de routine, simple, et qui n'ont aucun rapport avec Billy Bryan.

Je commence par appeler ma mère : dans sa flopée de messages alarmés – j'aurais peut-être dû lui répondre plus tôt – elle m'expose en long, large et travers sa théorie selon laquelle j'ai certainement été kidnappée par un réseau de proxénètes londoniens. Je vous laisse deviner de qui je tiens mon penchant pour l'exagération.

- Salut patronne, je chantonne, quand elle décroche enfin.

- Alors comme ça tu n'es pas morte, m'en voilà ravie ! Quoi de neuf à Londres ? Que fais-tu de beau, à part inquiéter ta mère ?

- Premièrement, ton histoire de proxénètes ne tient pas debout. Deuxièmement, je ne suis ni « inconsciente », ni « imprévisible », OK ? Juste un peu trop déterminée.

- Ou bonne pour l'asile.

- Je tiens ça de toi.

Elle grogne à l'autre bout du fil.

- J'imagine qu'il y a un troisièmement ?

- Évidemment ! Troisièmement, je suis désolée, je t'aime, et si on oubliait toute cette histoire ?

Cette fois, je l'entends soupirer de lassitude. Et alors, je sais que j'ai gagné : ma mère est incapable de m'en vouloir bien longtemps. Elle finit par demander :

- Où est-ce que t'étais passée ? Je me suis inquiétée. Tu sais comment je suis...

- Pardon maman, j'ai eu beaucoup de travail ces derniers jours.

Techniquement, je ne mens pas vraiment. Un demi-mensonge facile, c'est toujours mieux qu'une vérité compliquée. Enfin, je crois.

- Envoie-moi au moins un petit message, la prochaine fois.

- Promis.

- Comment ça se passe à la boutique ? Mr Woodstock ne m'a toujours pas appelé pour me dire que tu avais mis le feu à son gagne-pain, alors j'imagine que tu fais des progrès.

- Au risque de me répéter, je ne suis pas pyromane.

- Va dire ça à ma cuisine.

Je ris de bon cœur, tandis qu'une sonnerie retentit au loin, à travers le combiné.

- Ma puce, je vais devoir te laisser. Le kiné est là pour ma séance.

- Aucun souci, maman ! On se rappelle.

Je suis heureuse qu'elle ait trouvé le moyen de continuer à travailler malgré son handicap. Je sais bien que ce n'est pas facile, pour elle, d'être bloquée dans un fauteuil et de ne plus pouvoir exercer à l'hôpital.
Je m'apprête à raccrocher quand ma mère me retient :

- Attend Joy ! Quand pourras-tu passer nous voir à la maison, Joshua et moi ? Tu nous manques, tu sais.

Je serre ma tasse de thé à en faire blanchir mes jointures. A moi aussi, ils me manquent. Tellement que ça me fait mal, parfois, d'y penser.

- Je sais, maman. Je vais essayer de me libérer pour les fêtes de fin d'année, je te tiens au courant, Bisous !

Et je raccroche.

En consultant le reste de mes messages, je trouve deux vocaux de Noor et une série de photos envoyés par Sophia dans notre conversation de groupe. Elle a prolongé son séjour à Paris et elle sourit tellement sur certains clichés qu'on pourrait compter toutes ses dents.
Sa veste en cuir sur les épaules, on la voit dos au Sacré-Cœur, immense dôme de pierre crème, ses cheveux bruns et coupés jusqu'aux oreilles balayés par le vent. Le lever de Soleil est magnifique.
Je l'envie et me promets de l'accompagner, la prochaine fois qu'elle partira en vadrouille aux quatre coins du globe.

Je m'apprête à reposer mon téléphone, lorsque je reçois un message d'un numéro non enregistré. C'est celui de Shawn, aka le mec à cause duquel je me suis retrouvée au commissariat pour incendie volontaire. Depuis cette histoire, il m'appelle trois fois par jour pour s'excuser.
Visiblement, il est toujours en pleine phase « reconquête de Joy ».
J'efface le SMS sans prendre la peine de le lire, mais trente secondes plus tard, la sonnerie de mon téléphone retentit. C'est un numéro masqué.

- Ecoute, Shawn, c'est pas le moment. J'ai déjà bloqué deux de tes numéros, ne m'oblige pas à changer d'opérateur.

Silence.

Je vais pour raccrocher, quand une voix inconnue et robotique me répond à l'autre bout du fil :

- Jade Baymor. Joy Maya Warren.

- Qui êtes-vous ?

- Enya De Marzio. Layana Leila Rivera Diaz.

- Allô ? Allô, vous m'entendez ?

La ligne grésille, pleine d'interférences. La voix décharnée, presque fantomatique, s'est tue mais je l'entends toujours. Une respiration sifflante qui me file des sueurs froides.

- Je sais ce que vous avez fait. C'était une erreur. Si Jade ne se dénonce pas avant demain soir, vingt heures, je choisirai une autre coupable.

- Attendez, quoi ? Qu'est-ce que vous voulez dire ? Je ne comprends...

Bip. Bip. Bip.

Il raccroche, me laissant tremblante et transie de froid.

***

Je ne sais pas combien de temps je reste plantée là, debout dans ma cuisine, à réentendre en boucle la tonalité du téléphone. Je me sens vide, comme si j'avais eu tellement peur que mon corps avait choisi d'expulser toutes les autres émotions. Je sais qu'il faut que je bouge, que j'appelle les filles, que je fasse quelque chose.
Mais c'est au-dessus de mes forces.

Soudain, au bout de ce qui semble une éternité, un son strident me libère de ma torpeur. Je mets plusieurs secondes à comprendre d'où il vient.
Quelqu'un sonne à la porte.
Puis, comme je n'ouvre pas, la personne se met à tambouriner. Je sursaute. La moitié de mon thé brûlant se renverse sur ma cuisse et je couine en sautillant jusqu'au lavabo. Bordel de merde, j'en ai mis partout !

- Joy, ouvre !

Layana frappe du poing sur le bois comme une forcenée. Je jette un chiffon par terre et l'étale avec le pied, histoire d'éponger la flaque, et je vais ouvrir à mon amie.

- C'est pas trop tôt ! s'écrie-t-elle, tandis que je retourne à la cuisine pour finir de nettoyer mes bêtises. Tu ne croiras jamais ce qui m'est arrivée sur le chemin !

Agenouillée sur le sol, je suis trop sonnée pour alimenter la conversation, alors je ne dis rien.

- Je venais de passer devant la roulotte à Pizza en bas de ta rue quand j'ai reçu un appel hyper bizarre...

Je me fige.
Un appel bizarre ?

- Un appel masqué ? je demande, la boule au ventre. Une voix modifiée qui connaissait nos noms et demande que Jade se dénonce à la police avant demain, vingt heures ?

Je me retourne. Layana a perdu toutes ses couleurs, son visage essoufflé est devenu livide.

- Il t'a appelé, toi aussi ?

Je me tais, alors elle s'accroupit au sol pour se mettre à ma hauteur et me tend une fleur pâle, à liserés roses. Une orchidée. Comme celle que nous avons trouvée sur le corps de Billy.

- C'était devant ta porte, m'explique-t-elle.

Je prends la tige entre mes doigts. Un froid glacial envahit mon corps par les pieds et semble se répandre comme une mauvaise grippe. Layana tombe sur les fesses. Mon carrelage l'accueille dans un bruit mat.

- Putain, Joy, mais dans quoi est-ce qu'on vient de s'embarquer ?

Je ne réponds pas, j'en suis incapable.

Qu'est-ce que je disais, déjà, retrouver un semblant de normalité ?
Tu parles.

***

Enya débarque chez moi aux alentours de midi. Rien qu'à voir son visage, je sais ce qu'elle va nous annoncer. Elle aussi a reçu un appel.

- Il nous aurait appelé toutes les quatre ? demande-t-elle, alors qu'elle vient de nous raconter sa matinée et qu'elle s'est désormais mise en tête de ranger l'intégralité de mon salon. Sérieux, Joy, qu'est-ce que c'est que ça ?

Elle tient sa trouvaille à bout de bras. Une espèce de sculpture en terre cuite, informe, qui me servait à caller le pied cassé du lampadaire derrière le sofa. Le luminaire tangue sur lui-même et je le rattrape de justesse.

- C'est moi qui t'ais offert cette sculpture ! s'indigne Layana, alors que je replace...l'œuvre d'art, j'imagine ? derrière le canapé.

- Et c'est aussi toi qui as cassé cette lampe, je rétorque.

- C'était un accident.

- C'est toujours ce que tu dis, soupire Enya, en poursuivant son rangement.

Layana se renfrogne, mais je ne suis pas dupe. Je sais ce qu'elle essaye de faire. Sauf que là, ça ne marchera pas. L'ambiance est trop pesante pour qu'une simple chamaillerie avec Enya puisse nous faire oublier à toutes qu'un psychopathe nous harcèle.

- Je vais aller vérifier, je lâche soudain, de but en blanc.

Enya s'arrête, la main sur un oreiller, mais elle ne dit rien.

Je me rends calmement jusqu'à ma chambre, récupère le téléphone de Jade, et retourne au salon. De là, je l'allume. Un silence de plomb s'est abattu sur l'appart, comme si la foudre allait finir par nous frapper d'un moment à l'autre. C'est moi qui le brise en premier :

- Elle aussi.

- Il nous a donc bien appelé toutes les quatre, commente Enya.

- C'est un problème.

Layana m'observe avec des yeux ronds.

- Un problème ? C'est bien plus qu'un problème, c'est une catastrophe ! Qu'est-ce qu'on va faire, hein, quand il débarquera ici pour assassiner tous les témoins de son horrible meurtre ? Je refuse de mourir avant d'avoir pu me rendre à l'enterrement de mon futur mari riche, décédé dans de « mystérieuses circonstances », est-ce que c'est clair ?

- Au lieu de planifier un autre meurtre, la reprend Enya, tu devrais peut-être t'inquiéter du fait qu'on va toutes finir en prison.

- Je préfère la prison au cimetière.

- Alors c'est que tu n'as jamais connu la captivité.

Layana la fusille du regard, mais préfère ne rien ajouter. La voix d'Enya avait beau être calme et mesurée, j'ai senti la tristesse de ses mots jusque dans ma poitrine. Et je sais que Layana l'a senti, elle aussi.

- Ce type cherche à nous faire peur et nous monter les unes contre les autres, je dis, en espérant qu'elles ne verront pas combien j'ai peur, au fond. S'il voulait nous faire disparaître, il l'aurait fait depuis longtemps.

Layana fait mine de m'applaudir.

- Très rassurant, Joy. Merci beaucoup.

- Ce que je veux dire, c'est qu'il a peur, lui aussi. Pourquoi, sinon, chercherait-il à faire pression sur nous ? Le corps est dans ma cave, les preuves ont été détruites et il n'a aucun moyen de savoir ce que nous comptons faire de tout ça. S'il n'est pas trop débile, il se dira qu'on finira bien par remonter jusqu'à lui.

- Il sait où tu habites, me rappelle Layana. Il pourrait très bien récupérer le corps, si c'est ça qui l'inquiète.

- Jade...

Je tourne la tête vers Enya.

- Qu'est-ce que t'as dit ?

- Jade, répète-t-elle, plus fort. Pourquoi est-ce qu'il tient tant à la faire accuser ?

Personne ne répond. Cette histoire nous dépasse complètement.

Nous poursuivons notre discussion à voix basse et celle-ci finit par s'étirer en longueur. Enya appelle sa collègue, pour lui dire qu'elle ne viendra pas travailler cet après-midi et Layana décide de sécher ses derniers cours.

***

- Vous croyez que c'est vraiment trop tard pour prévenir la police ?

Layana se redresse pour regarder Enya dans les yeux. Au début, je crains qu'elle ne lui serve une autre de ses remarques sarcastiques habituelles, mais elle n'en fait rien. Lorsqu'elle lui répond, c'est avec une voix douce :

- Il n'est jamais trop tard pour ça. En revanche, j'ai peur qu'il ne soit trop tard pour qu'ils nous croient.

- Je sais, soupire-t-elle. C'est juste que je me sens...

- Dépassée ? je propose.

- C'est ça. Dépassée.

- On l'est toutes, fait remarquer Layana. Tout est arrivé trop vite, c'est comme si le monde entier s'était mis à marcher sur la tête. La seule chose qu'on peut faire, c'est s'adapter. Et apprendre à suivre le mouvement.

Sa remarque plane dans l'air quelques secondes. La panique est retombée. Layana aime bien dramatiser, mais dans le fond, elle n'est pas du genre à se laisser dominer par la peur. De nous toutes, je pense même que c'est elle la plus courageuse.

Soudain, la sonnette retentit. Brise le silence.

Le retour à la réalité est violent, à tel point qu'il nous cloue sur place.

Layana inspire et expire profondément, avant de se lever. D'un pas décidé, elle se dirige vers l'entrée, Enya sur ses talons. Quant à moi, je ne bouge pas, préférant me faire toute petite car je sens, je le sens dans la manière dont mon ventre se tord dans tous les sens, qu'à nouveau le ciel est sur le point de nous tomber sur la tête.

Au bout de quelques minutes de discussion devant la porte, discussion que je ne peux pas entendre d'où je suis, Enya revient dans le salon.

- Tu as de la visite.

Je me redresse sur le canapé et analyse son visage. Enya est pour moi comme un livre ouvert, je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi sincère et spontanée. Incapable de faire semblant. Aussi, en croisant son regard, je sais que j'avais vu juste : notre ciel est abonné aux chutes ces temps-ci.

***

Après une petite (🤡) pause de...hum, hum, plusieurs mois, je suis de retour avec la suite des aventures de Joy et son groupe de copines presque aussi folles qu'elle 🤪
J'ai quelques chapitres en stock, alors la suite arrive à grand pas.

Ceci étant dit, passons à la question cruciale que tout le monde se pose : à votre avis, qu'était censée représenter la sculpture moche et difforme de Layana et surtout, pensait-elle réellement que Joy allait être contente de recevoir une horreur pareille ?

Et la deuxième question, beaucoup moins cruciale : qui vient de sonner à la porte ? 🤔

Je vous laisse sur ce suspense et vous dit à bientôt (très certainement demain 🥰)

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