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Chapitre 54 : Charlotte

Charlotte regardait le plafond de sa chambre. Elle était rentrée mais n'avait toujours pas pris le temps de parler avec sa sœur et son jumeau. Il fallait dire que les cours avaient repris entre temps et que ce dernier était venu à manquer.

MJ avait eu du mal à comprendre son départ précipité et elle lui avait fait comprendre quand elles s'étaient revues.

- Tu es partie pour parler à ta sœur et ton frère, avait récapitulé Margot.

- Oui.

- Et maintenant, tu me dis que tu ne l'as pas fait.

- Oui, avait répété Charlotte. Où est-ce que tu veux en venir ?

- Tu m'as plantée pour rien, en gros.

- Non ! De toute façon il fallait bien que je rentre chez moi.

- Si tu le dis, avait marmonné MJ en éteignant sa cigarette. Dans tous les cas, moi je sais pourquoi tu es retournée chez toi, eux non. Tu ne penses pas qu'il y a un problème ?

Charlotte cogitait ces paroles depuis quelques jours maintenant. Elle cherchait des distractions sans y parvenir. Même faire souffrir ses personnages de papier n'y arrivait pas.

- Tout va bien ? s'enquit Elsa qui arrivait tout juste dans leur chambre.

Sa petite sœur se redressa et s'assit en tailleur sur son matelas.

- Il faut qu'on parle.

- Maintenant ? demanda l'aînée.

- Oui. Il faut que j'arrête de reporter cette discussion à jamais.

Elsa lui sourit en disant un "ok" tout simple, puis elle s'assit en face d'elle.

- Je t'écoute.

- Je suis désolée. Je me suis comportée comme une pauvre conne ces derniers temps alors que Charly et toi traversiez la même chose. C'était égoïste de ma part.

- On a tous mal pris la nouvelle, avoua Elsa. Moi la première alors je ne te jetterai pas la pierre. Tu as réagi à ta manière.

- C'est-à-dire ?

- Charlotte, je te connais. Tu peux être excessive dans tes actions alors ta façon de réagir n'a surpris personne.

- Pourquoi n'avez-vous rien dit ?

- Tu ne voulais parler à personne comme toujours dans ces moments-là. Et puis, tu avais besoin de temps pour digérer. Si on avait tenté de t'empêcher de partir, tu nous en aurais voulu et tu aurais quand même fini par te sauver. Mais la question que je me pose maintenant est : pourquoi es-tu revenue ? Il est encore tôt pour que tu aies entièrement avalé la pilule. Je veux dire, même moi je l'ai encore en travers de la gorge, alors toi...

- Charly m'a fait revenir.

Elsa se redressa légèrement, intriguée.

- Comment ça ? demanda-t-elle.

- Il m'a envoyé une photo d'un dessin qu'on avait fait ensemble.

Charlotte fouilla dans sa galerie pour la lui montrer.

- Jumeaux pour toujours, lut Elsa. Je m'en souviens. J'étais même jalouse de votre complicité à cette époque. Vous vous entendiez tellement bien sans même prononcer un mot.

- C'est vrai, confirma-t-elle dans un soupir de nostalgie.

- Dis, conseilla la violoniste en posant une main sur le bras de Charlotte, tu ne penses pas qu'il serait temps de réparer ce que vous avez perdu.

- Ce que j'ai brisé tu veux dire.

Elsa sourit légèrement puis alla chercher quelque chose dans ses affaires.

- Tiens, Charly me l'a confié quand il l'a retrouvé. Je suppose qu'il a pris la photo et s'est débarrassé de l'original après.

Elle lui tendit un morceau de papier plié en deux. Charlotte le déplia et versa une larme dessus. Cette perle salée vint étaler une petite zone de couleur sur une plus grande surface.

- Je vais aller lui parler.

Pour ne pas perdre sa motivation, Charlotte alla directement frapper à la porte de son jumeau.

- Entre !

Charly était occupé par ses devoirs et il ne s'attendait certainement pas à voir sa jumelle débarquer dans sa chambre avec des larmes au coin des yeux.

- Je peux te parler ? demanda-t-elle en réprimant un sanglot.

- Qu'est-ce que tu veux ?

Il était sec et Charlotte reconnut son propre ton dans la voix de son frère.

- Tu as raison de m'en vouloir. J'ai été horrible avec toi. Je m'en excuse.

Charly se détendit et accepta de la pardonner.

- Tu vas pleurer, se moqua-t-il en la serrant dans ses bras.

- Tu aimerais, rétorqua-t-elle en resserrant son étreinte.

Ils partagèrent un rire. Puis Charlotte se détacha.

- Ehh, tu as grandi, remarqua-t-elle. Tu commences à me rattraper.

- Ne rêve pas, tu es peut-être la plus âgée mais je finirai par te dépasser.

- On verra bien. En attendant.

Charlotte ébouriffa ses cheveux bien peignés et le regard que son jumeau lui lança la fit rire.

- Il faut bien que j'en profite, se justifia-t-elle, bientôt je devrais me mettre sur la pointe des pieds pour le faire.

- Je me vengerai.

- Autant que ce soit pour une bonne raison alors.

Et elle joua à nouveau avec ses cheveux.

- Je commence à me dire que je préférais l'ancienne Charlotte, ironisa Charly en levant les yeux au ciel.

- Cette connasse ? Je n'y crois pas une seule seconde.

- Au moins, elle ne s'amusait pas à défaire tous mes efforts capillaires.

Charlotte lui tira la langue. Rire lui avait fait du bien. Elle commençait doucement à se dire qu'elle devrait passer moins de temps à crier sur les membres de sa famille : ils ne le méritaient pas. Elle allait devoir trouver un nouveau moyen de passer ses nerfs car, apparemment, l'écriture ne suffisait plus.

- Au fait, je voulais te rendre ça.

Elle lui tendit le dessin.

- Désolée pour la larme, c'était involontaire.

- Ce n'est pas grave, lui sourit Charly. Au moins, ça prouve que ton cœur fonctionne toujours et que tu as des émotions à exprimer.

Il regarda les gribouillis de leur enfance et versa à son tour une larme.

- C'était quoi ça ? demanda Charlotte.

- De la nostalgie, je t'expliquerai quand tu seras plus grande.

- Au moins, constata-t-elle, maintenant c'est symétrique.

Charly acquiesça et serra une nouvelle fois sa jumelle dans ses bras.

- Ça fait plaisir de te retrouver.

Charlotte esquissa une sourire, quelque chose de sincère.

- Jumeaux pour toujours ? demanda-t-elle.

- Jumeaux pour toujours.


Charlotte et Charly : le duo pour le meilleur comme pour le pire

Charlotte s'est adoucie, qu'en pensez-vous ?

A demain

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