Chapitre 51 : Noémie
- Quatorze ans, souffla Noémie au reflet de son téléphone avant de le glisser dans sa poche de manteau.
Dehors, il pleuvait fort. L'automne se faisait sentir avec ses températures de plus en plus fraîches et les nuages persistants. Noémie déposa sa capuche sur ses boucles brunes en sortant de l'internat et traversa la cour d'un pas pressé. Nicolas l'attendait sous le préau avec un sourire.
- Hey ! Ça va ? la salua-t-il.
- Ça va. Toi ?
Nicolas répondit de même et la conversation prit un autre tournant quand Naya arriva en courant.
- Tu es à l'heure, pourquoi est-ce que tu coures ?
- Je suis à l'heure ? s'étonna la jeune fille. Non, sérieux ?
- Regarde par toi-même, s'amusa Noémie en lui tendant son portable.
- 7h57. Yes ! Je suis dans les temps ! Trop forte.
- Tu pourras dire que tu es forte quand tu seras à l'heure plus d'une fois par semaine.
- Espèce de rabat-joie Nico ! dit Naya en lui donnant un petit coup sur la tête. Au fait, on peut se retrouver chez toi demain pour fêter notre réussite avec l'exposé d'hier ?
- Je demanderai à ma mère ce midi.
- Trop bien.
La joie de Naya fut interrompue par la sonnerie annonçant le début des cours.
La journée commença avec une heure de cours avec Mme Drouot, et comme Noémie le redoutait, la date de son anniversaire fut dévoilée devant toute la classe. Elle passa donc le reste de la journée à entendre des "joyeux anniversaire" auxquels elle devait rendre des "merci". D'un côté comme de l'autre, la sincérité n'était pas de mise.
- Pourquoi ne nous as-tu pas dit que c'était ton anniversaire ? lui demanda Naya alors qu'elles allaient déjeuner.
- Je n'ai pas envie de célébrer ce jour où mes parents ont décidé de m'abandonner.
- Oh, c'est compréhensible. Tu ne veux pas qu'on fasse un petit truc demain pour le fêter ?
- Si tu veux cuisiner un gâteau je ne t'en empêcherai pas.
Naya poussa un petit cri de joie et passa à autre chose, ce qui arrangea grandement Noémie.
🍃🍂🍁
- Hey toi ! la salua quelqu'un tandis qu'elle dînait. Je peux m'asseoir ?
- Ça me rappelle drôlement quelque chose, dit Noémie sans lever les yeux. Pourquoi est-ce que Clara t'envoie cette fois ?
- Je vois, s'amusa Anthony. Tu es toujours aussi joyeuse à ce que je vois.
- Je ne suis pas d'humeur.
- Je ne t'ai jamais vu sourire à vrai dire.
- Il faut dire qu'il y a mieux que l'internat pour être heureux.
- Pas faux. Clara m'a dit que tu fêtes tes quatorze ans aujourd'hui.
- Une raison de plus pour laquelle je ne suis pas de bonne humeur.
- Oh, je ne pensais pas qu'un anniversaire puisse être déprimant.
- C'est parce que tu as une famille pour le célébrer.
- Pas que. C'est un moment de joie car tu grandis, tu es le centre de l'attention et c'est le moment de faire la fête avec tes amis.
Noémie soupira pour toute réponse. Anthony tentait désespérément de lui remonter le moral.
- Je peux comprendre que tu n'aimes pas cette journée. Tes parents ont fait un choix en te laissant. Cependant, tu es quelqu'un de bien. Tu es une fille géniale et ce sont eux qui ratent quelque chose. Alors je te propose de penser à toi pour une fois plutôt qu'à l'énorme erreur que tes parents biologiques ont commises.
Noémie fit un effort pour le regarder dans les yeux. Anthony avait vu juste et il avait raison. Elle lui offrit un sourire discret qu'elle cachait presque instantanément derrière ses cheveux.
- Tu devrais sourire plus souvent, ça illumine ton visage.
La remarque d'Anthony la fit rire. Sincèrement. Cette journée d'anniversaire n'était pas si pourrie après tout.
🍃🍂🍁
- Noémie, l'interpella Léonore alors qu'elle s'apprêtait à raccompagner Naya puis retourner à l'internat. J'aimerais te parler un peu.
Naya fit signe à Noémie pour lui faire comprendre qu'elle s'en sortirait très bien pour retourner chez elle.
L'après-midi avait été relaxante tout en étant bruyante : Naya avait préparé des cookies et les triples N avaient joué au Uno jusqu'à ce que Nicolas abandonne après une série de plus deux.
- Assieds-toi, lui proposa Léonore en lui désignant la chaise à côté d'elle.
Noémie s'installa sans savoir ce qui l'attendait. À vrai dire, elle redoutait un peu ce que la mère de Nicolas allait lui annoncer.
- J'ai appris qu'hier tu fêtais tes quatorze ans, alors je me suis dit que ça te ferait plaisir.
Léonore lui tendit une enveloppe kraft et lui demanda de l'ouvrir. Noémie ne s'attendait pas à un cadeau, encore moins de sa part.
Son ventre lui faisait mal de peur. Ses mains tremblaient légèrement, après tout, c'était l'une des premières fois qu'elle recevait une lettre d'anniversaire.
Il y avait un paquet de feuilles agrafées. Elle n'en comprit pas la moitié mais un mot revenait régulièrement : "adoption".
- C'est... commença Noémie sans y croire.
- Les formalités ne sont pas encore abouties, mais je me suis dit que ça te ferait un beau cadeau.
- Je...
Noémie explosa en larmes et serra Léonore dans ses bras. Elle murmura un "merci" étouffé dans ses sanglots de joie.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Nicolas en entrant dans la cuisine.
- Je...
- Noémie va faire partie de notre famille, annonça Léonore avec un grand sourire.
Nicolas mit quelques instants à intégrer l'information puis poussa un cri de joie.
- C'est trop génial ! s'exclama-t-il.
Il vint prendre Noémie dans ses bras.
Petit à petit, toute la famille fut au courant de la grande nouvelle.
Léonore expliqua à Noémie, lorsque tout le monde fut calmé, que l'idée lui était venue quand elle avait débarqué chez eux, déboussolée et désespérée. Sa détresse l'avait touchée et elle avait, en secret, préparé ce plan. L'adoption n'était pas encore officielle : ce genre de choses prennent du temps, avait expliqué Léonore, mais Noémie pouvait déjà être considéré comme un membre à part de la tribu Dumas.
Elle rentra à l'internat, le cœur léger et un sourire aux lèvres. Elle avait le plus beau cadeau qu'il soit. Et elle savait, au fond d'elle, que cette famille ne la quitterait pas. Elle avait enfin trouvé un foyer qui était prêt à l'accepter.
- Qu'est-ce qui te rend si joyeuse ? lui demanda Clara avec un sourire sincère comme elle ne lui en avait pas offert depuis longtemps.
- J'ai trouvé une famille, répondit Noémie en s'allongea sur son lit. Une vraie famille.
- Je suis contente pour toi, sourit l'Anglaise. Sincèrement.
- Merci Clara.
- Notre amitié me manque, avoua-t-elle dans un murmure.
- Moi aussi, admit Noémie. Moi aussi.
Clara se leva et lui ouvrit ses bras. Noémie s'y logea et elles partagèrent un câlin comme avant.
Noémie est enfin heureuse ! C'est ce qu'elle mérite après tout.
J'espère que ce chapitre vous a plu, moi j'ai adoré l'écrire.
Je vous souhaite un bon samedi
À demain
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