Même si sa mère avait retrouvé le sourire, Timéo n'en restait pas moins inquiet. Il avait réussi à mettre ses craintes de côté pour se concentrer sur sa promesse d'inviter Félicie chez lui et surtout pour l'arrivée de sa correspondante allemande.

À travers leur échange de mails, Timéo avait découvert une fille très gentille qui tentait de faire des phrases parfaites en français.

Sa petite sœur Alice avait hâte de la rencontrer et fut la première dans la voiture lorsque fut venue l'heure d'aller la chercher.

- On y va ! On y va ! ne cessait-elle de répéter.

Cela eut le don de faire sourire Timéo lorsqu'il monta dans la voiture.

Le long du trajet, Alice parla toute seule tandis que sa mère et son frère tentait d'avoir une discussion convenable, bien qu'entre-coupée par des cris de joie de la fillette venus ponctuer la conversation.

Peu avant leur arrivée sur le parking, Timéo pensa à Félicie. Elle l'attendrait probablement et il n'avait toujours pas demandé à ses parents si elle pouvait venir chez eux pour dîner.

- Maman ?

- Oui ?

- Tu sais que j'ai une petite amie.

- Oui bien sûr ! Fédonie ? C'est ça ?

- Félicie. Je voulais savoir, est-ce qu'on pourrait l'inviter à dîner un de ces jours ?

- Oui, je ne vois pas où est le problème. Je suis d'ailleurs surprise que tu ne nous l'aies toujours pas présentée.

- Félicie est trop gentille, lança Alice. Elle est jolie en plus. Je veux être comme elle quand je serai grande.

- Apparemment Alice la connaît déjà, s'amusa Hélène tout en stationnant la voiture. J'ai hâte de la recontrer. Dis-lui de passer quand elle veut.

Alice fut la première à sortir de la voiture. Elle sautillait un peu partout et Timéo dut la prendre par la main pour qu'elle évite d'aller rencontrer une voiture en pleine manœuvre.

Michelle aperçut le duo et vint vers eux timidement avant de serrer Timéo dans ses bras. Alice lui parla tout de suite en français avant de réaliser que l'allemande avait des difficultés à suivre et comprendre son flot de paroles.

- Tu es Alice, dit-elle dans un français voulu parfait et avec un accent allemand plutôt marqué.

- Oui ! Je peux parler allemand aussi, se vanta la fillette avec tout la fierté de son âge.

Alice commença à lui raconter sa journée d'école dans un allemand impecable ce qui eut le don d'attirer la professeur de Timéo.

- Elle parle vraiment bien, remarqua-t-elle en souriant. Ta petite sœur est bilingue ?

- En effet, confirma Timéo. Notre père est d'origine allemande alors il nous a bercé dans sa langue maternelle.

- Ta correspondante a de la chance dans ce cas, rit sa prof. Je vous souhaite une bonne soirée.

Tandis que Timéo mettait la valise de Michelle dans le coffre, Alice lui avait déjà présenté son doudou et sa poupée du moment. Il referma la portière derrière lui et aperçut Félicie du regard qui discutait avec sa propre correspondante. Il sourit en la regardant à la dérobée.

Tu es magnifique lorsque tu parles et que tu ne me vois pas.

J'y crois pas, maintenant tu m'espionnes.

Désolée Princesse, mais ta beauté m'a ébloui et je ne pouvais en détacher mon regard.

Tu dégoulines... heureusement que je t'aime sinon je trouverais ça trop rose.

Tu m'en vois ravi. Je t'aime Félicie.

Je t'aime aussi Timéo.

Il éteignit son portable et sourit. À l'arrière, Alice continuait de tenir la conversation et Michelle interagissait avec elle.

🍁🍂🍃

- Strike ! s'écria Gaëtan. Je suis le meilleur !

- Vantard, rit Félicie.

- Essaie de faire mieux Félicie ! Je suis le champion incontesté du bowling.

- Et tes chevilles, ça va ? Si tu veux, je connais une crème qui est hyper efficace.

- Non ça ira. Montre-nous plutôt tes talents.

Félicie attrapa une boule et s'avança vers Timéo.

- J'ai le droit à un bisou d'encouragement ?

Le jeune homme rit et lui offrit.

- Si avec ça tu rates, je ne sais plus quoi faire.

Félicie fit un spare, ce qui amusa Gaëtan et il ne manqua pas de lui faire remarquer qu'il était le meilleur. La jeune fille le prenait en riant alors que Timéo commençait à le trouver lourd.
Il ne manqua pas de le faire remarquer à sa petite amie alors que Gaëtan discutait avec d'autres élèves et que les amoureux s'étaient posés à une table.

- Il est un peu prétentieux, déclara Timéo.

- Gaëtan ? Non pas du tout.

- Félicie, il n'arrête pas de se vanter.

- C'est une espèce de couverture. C'est sa façon de se protéger du reste du monde.

- Comment le sais-tu ?

- J'ai déjà aperçu des failles sauf qu'il ne les laisse pas apparentes assez longtemps pour que je réussisse à creuser et comprendre ce qu'il me cache.

Timéo serra Félicie dans ses bras et l'embrassa sur la tempe.

- Tu penses qu'il te ment ?

- Pas un mensonge au sens fort mais plutôt de l'omission. Il ne parle jamais de lui ou de sa famille. Je suis certaine qu'il y a une raison mais qu'il ne veut pas la partager.

- Dans ce cas, il ne faut pas le forcer. C'est son choix.

- Je sais. Mais j'ai envie qu'il sache que je suis là pour l'écouter s'il en ressent le besoin.

Timéo jetta un coup d'œil dans la direction de Gaëtan. Derrière son sourire et sa façon d'être, on ne pouvait deviner ce que Félicie avait aperçu.

- Il a été là pour moi quand j'en avais besoin et j'ai envie de lui rendre la pareille. C'est la moindre des choses que je puisse faire pour le remercier. C'est mon ami et c'est le tout d'un ami que d'être présent lorsque l'autre en a besoin.

Gaëtan continuait de faire rire un petit groupe de correspondantes sans se douter que Félicie s'inquiétait pour lui juste à côté. Il feignait l'insouciance comme personne et grâce à ça, Timéo réalisa que sa petite amie avait vu ce que les autres ne remarquaient pas : Gaëtan cachait quelque chose et il était passé maître dans l'art du camouflage. Il espérait simplement qu'il n'en souffrait pas trop car le souvenir de sa mère en train de masquer ses larmes lui avait prouvé que ceux qui sourient le plus sont souvent les plus tristes.

Un chapitre tout frais d'hier.

J'espère qu'il vous a plu.

À dimanche prochain !