"Tu peux le faire, se rassura-t-il devant le miroir. Après tout, c'est ton futur pas le leur."

Eliott tremblait malgré sa détermination. Ce soir était le bon. Il allait expliquer à ses parents qu'il voulait prendre son avenir en main et qu'ils ne le feraient pas changer d'avis. Enfin, c'était ce qu'il espérait réussir à faire. La réalité était probablement autre. Il n'avait de cesse de se répéter. Il devait le faire car plus il attendrait, plus cela serait difficile.

"Eliott ! l'appela sa mère. On mange !

- J'arrive !"

Il se regarda une dernière fois dans le miroir puis se rendit dans la cuisine, débordant d'une confiance éphémère. Il savait que cela n'allait pas durer alors il allait en profiter tant qu'elle était là.

Le dîner commença simplement, comme toujours en vérité. La discussion tournait autour du travail de ses parents et de ses résultats scolaires.

"Tu sais quand commence Parcoursup ? demanda son père. Il faut s'y prendre tôt pour obtenir le meilleur.

- Chéri, je ne suis pas certaine que cela fonctionne comme ça.

- En parlant d'orientation, je voulais vous dire un truc."

Cela causa un blanc. Ce genre de silence qui pesait lourd et épuisait plus qu'il ne se brisait.
Eliott déglutit et rassemblait son courage avant que celui-ci ne réussisse à s'enfuir totalement.

"Je ne veux pas faire d'études de droit, avoua-t-il.

- Quoi ? s'exclama son père.

- Laisse-le parler, lui intima Chantal en posant sa main sur le bras de son mari.

- Je ne veux pas faire d'études de droit, répéta Eliott plus confiant. Je veux aller en musicologie.

- C'est une blague c'est ça ? commença à crier Benoît.

- Non c'est la vérité.

- Musicologie. Non mais je rêve ! Tu vas bientôt revenir en sarouel à la maison et fumer des joints à ce rythme. La musique, c'est un loisir, pas un métier ! Alors tu vas ranger tes idées enfantines et idéalistes pour revenir les pieds sur terre : tu vas devenir avocat et pas de discussion possible !"

Des larmes de rage commencèrent à perler au coin des yeux d'Eliott. Il serra les poings et se mordit la genvice jusqu'à s'en faire mal.

"Tu es incapable de voir ailleurs que ton monde, lâcha Eliott, fou de rage. Ce n'est pas parce que je suis ton fils que tu dois m'imposer tes choix ! Je vais avoir dix-huit et tu me traites comme un gamin de sept. J'en ai marre ! Tu ne m'as jamais écouté et ce n'est pas prêt de changer. Je savais que je n'aurais jamais dû t'en parler !"

Eliott sortit de table sans écouter ce que son père lui criait. Il claqua la porte de sa chambre, et s'effondra derrière celle-ci.

Il ne trouva pas le sommeil le soir-là. Il se retourna sans cesse dans son lit envahi par la colère et la peur.

"Eliott ?"

Chantal ouvrit la porte de la chambre de son fils et entra. Eliott ferma les yeux : il ne voulait pas parler alors autant faire semblant de dormir. Sa mère l'embrassa sur le front.

"On en reparlera à tête reposée tous les deux, chuchota-t-elle comme une promesse. Bonne nuit mon trésor."

Elle ressortit sur la pointe des pieds et referma la porte derrière elle.
Eliott se redressa dans son lit. La nuit l'entourait et masquait ses larmes. Il ne savait plus pourquoi elles coulaient mais peu lui importait à cet instant précis. Il attrapa son téléphone sur sa table de nuit et alluma l'application notes.

Les mots s'envolent sous ses doigts comme ils ne l'avaient jamais fait. L'inspiration emporta tout sur son passage : ses doutes, sa rage, ses sentiments et sa passion.

"Stand up for yourself

Others aren't you

They won't do it for you

Don't be afraid to show

Who you really are

Fight for your right

Because if you don't

You'll spend your life

Being an outsider in your own story

It's time to realise that you're strong

To embrase your personnality

And to burn the stereotyps

Rise from your ashes

Like a bud you'll bloom

I've tried my best

To be the one you wanted me to be

You want to change me again, well be my guest

I don't care anymore

You won't hurt me

These times are over

I crumbled down

And now I rise."

Eliott rouvrit les yeux pour voir ses camarades le regarder. Les leurs étaient écarquillés par la surprise. Il venait de donner tout son cœur à travers les mots.

"Merci Eliott, dit la professeur d'anglais. C'était un très beau texte. Tu peux rejoindre ta place maintenant."

Eliott froissa son papier et retrouva sa chaise. Alan lui lança un sourire lorsqu'il croisa son regard.

"D'où t'es venue cette inspiration soudaine ? lui demanda-t-il plus tard dans la journée.

- Un mélange de colère, de courage et de tristesse. C'est difficile à décrire.

- En tout cas, c'était magnifique. J'espère qu'il te reste un peu de ce mélange pour écrire une chanson aussi belle.

- Je pense que ça va pouvoir se faire, dit Eliott avec une lueur de confiance nouvelle.

- Vraiment ? Je disais ça pour rire. Tu sais bien que ce n'est pas grave si tu n'écris rien.

- Je suis sérieux, sourit-il. J'ai des choses à extérioser et à écrire.

- J'espère que ça va te faire du bien, avoua Alan. Je n'aime pas te voir triste."

Il déposa un baiser sur son nez.

"Je ne suis pas triste.

- Tu viens de parler de tristesse, lui rappela son petit ami.

- Ce n'est pas vraiment de la tristesse, corrigea Eliott. Plus de l'incompréhension.

- Moi je te comprends.

- Je sais. Le problème ne vient pas de toi mais de mes parents.

- Oh, je vois ce que tu veux dire. Tu sais, c'est un peu désolant mais on s'y fait. Et puis, un jour, ça ira mieux, je te le promets.

- Ça va mieux avec ton père ? demanda-t-il.

- On avance petit à petit. Il commence à me reparler peu à peu. Je ne lui demande pas non plus d'accepter tout pour le moment, je préfère le laisser prendre son temps. Je n'ai pas envie de me battre pour qui je suis : c'est à lui de faire des efforts, pas moi.

- J'espère que ça va s'arranger.

- J'ose penser que oui. On verra."

Alan glissa les doigts d'Eliott entre les siens et l'embrassa.

"Il faut prendre son mal en patience avec nos parents. Le temps arrange les choses et referme les blessures."

J'ai quelques chapitres en stock et une nouvelle couverture réalisée par alexya_da_costa.

J'espère que ça vous plaît !

À dimanche prochain