Chapitre 32 : Charlotte
"Mes parents m'ont trop saoulée ce week-end, racontait Marie-Justine. Genre ils m'ont fait la morale et tout..."
Charlotte n'écoutait que d'une oreille ce que lui racontait son amie. Elle tira sur sa cigarette, l'esprit embrumé par la fumée qui s'en dégageait. Elle n'avait envie de rien et encore moins que les autres lui parlent. En clair, on pouvait dire qu'elle était de mauvaise humeur.
Ça avait commencé le matin même lorsque son jumeau avait décidé de coller son sourire niais sur son visage. Charlotte lui avait demandé s'il était amoureux pour faire cette tête et il lui avait répliqué que si c'était le cas, cela ne la regardait pas puisqu'elle gâchait le bonheur des autres.
Ensuite il y avait eu son père et ses manières charmantes traîtresses qui s'intéressait soudain à eux et à leurs emplois du temps.
Et puis pour finir le métro quotidien avec ses effluves d'urine et ses bruits ambiants aussi fatiguant qu'une séance de course à pied.
MJ continuait de lui raconter sa vie sans remarquer que Charlotte l'ignorait. La fille aux cheveux couleur nuit était un moulin à parole et lorsqu'elle commençait plus rien ne pouvait l'arrêter.
"Oh non, soupira MJ. Me dit pas que c'est pas vrai : Monsieur "j'ai un ego plus gros que ma tête" arrive vers nous."
Charlotte leva les yeux pour apercevoir la personne dont elle parlait. Guillaume s'approchait du duo et elles n'arrivaient pas trouver de raison logique à cette situation.
"Salut les filles !"
Son ton sonnait aussi faux qu'une mauvaise reprise du dernier titre d'Orelsan. Les personnes qui chantonnaient Basique à tue-tête sans garder le bon rythme donnait à Charlotte une furieuse envie de leur arracher les cheveux.
"Tu veux quoi ? le défia Charlotte d'un ton sec et ferme.
-Te parler."
Charlotte haussa un sourcil pendant que MJ s'éclipsait pour éviter de gêner.
"Genre tu veux me parler à moi. Avoue tout de suite ce que tu veux vraiment et je serai peut-être un peu plus clémente."
Un jeu de regard s'installa entre eux et même si Guillaume faisait deux têtes de plus qu'elle, elle le dominait pas sa simple force de volonté.
"Je voulais te demander des nouvelles de ta sœur.
-Ah parce que maintenant tu as perdu tes couilles et tu ne peux pas te pointer chez nous pour lui parler en face.
-Je veux lui laisser de l'espace et le temps qu'elle m'a demandé.
-Et c'est pour ça que pendant ce temps tu roules des pelles à une fille qui pourrait être serveuse au Starbucks du coin. Tu veux lui laisser de l'espace. Je vois."
Charlotte fit une pause en voyant le visage de Guillaume se décolorer et pâlir à vue d'œil.
"Tu lui as dit ?
-En fait t'es vraiment un pauvre con qui ne pense qu'à lui, cracha-t-elle. Tu me fais pitié. Non je lui ai rien dit car contrairement à toi, je me soucie d'elle. C'est ma sœur je te rappelle et toutes les personnes qui lui font du mal ont à faire à moi.
-Comment va-t-elle ? redemanda Guillaume.
-Prends tes couilles imaginaires et va lui demander ! Bordel de merde ! Je suis pas ton messager et encore moins ta pote. Si tu veux de ses nouvelles tu vas aller les chercher toi-même."
Charlotte attrapa son sac à dos et tourna le dos à Guillaume en partant. De loin, elle pouvait entendre les moqueries de ses copains parce qu'elle venait de le remballer et de le remettre à sa place. Fière de son coup, elle esquissa un semblant de sourire pour la première fois de la journée.
"C'est vrai ce que tu fumes ? demanda Charly en débarquant dans sa chambre.
-Tu sais frapper à une porte ?
-Réponds à ma question Charlotte.
-D'où tu sors ça ?
-Guillaume.
-Tu l'as sérieusement cru ? Ce mec a brisé le cœur d'Elsa. Et puis pourquoi il est venu te parler ?
-Il voulait des nouvelles d'Elsa alors je lui en ai donné.
-Putain, il est vraiment incapable de bouger son cul pour venir lui parler. J'arrive pas à y croire.
-Du coup, est-ce que tu fumes ?
-Non Charly ! s'emporta Charlotte. C'est bon tu es content ? Franchement faut que tu arrêtes de croire tout ce qu'on te raconte. Tout le monde ne dit pas la vérité !"
Comme une coïncidence, son père entra au même moment dans la chambre de Charlotte.
"Pourquoi criez-vous ?
-Charly se mêle de ce qui ne le regarde pas."
Le concerné ne répliqua pas. C'était une de ses faiblesses : il était incapable de monter au créneau avec sa sœur, elle l'emportait toujours et il se pliait à la situation.
"Charly, soupira leur père. Laisse ta sœur en paix d'accord. Elle a besoin d'intimité."
Prenant son fils sous son épaule, il l'emmena hors de la chambre. Peu de temps après, ce fut Elsa qui entra.
"Vous faisiez un réunion Tupperware ou ça se passe comment ? plaisanta-t-elle.
-Pas sûre que tu veuilles entendre notre sujet de conversation, marmonna Charlotte.
-Laisse-moi deviner : Guillaume.
-Comment peux-tu savoir ?
-Je connais ton aversion pour mon ex. Et puis, il m'a envoyé un sms pour prendre de mes nouvelles.
-Ah bah au moins il a pris ses couilles en main. Je me demandais s'il en avait vraiment."
Elsa avait décroché et portait un sourire aussi niais que celui de Charly le matin même.
"Me dit pas que tu vas retomber dans le panneau puis dans ses bras, soupira Charlotte.
-Charlotte, combien de fois t'ai-je dit que ma relation avec Guillaume ne concernait que moi.
-Et sa nouvelle copine aussi, lâcha-t-elle sous le coup de la colère.
-Il a une nouvelle copine ? demanda Elsa avec une pointe de déception et de perte d'espoir dans la voix.
-Bah en sachant qu'il l'embrasse à pleine bouche, je suppose que oui. Après ce n'est pas moi la principale concernée, c'est à lui qu'il faut demander."
Elsa se leva pour regarder par la fenêtre.
"Comment ai-je pu être aussi naïve ? Guillaume ne changera jamais et pas pour moi."
Voyant la tristesse et la détresse de sa sœur, Charlotte vint la serrer dans ses bras et poser sa tête sur son épaule.
"Je suis désolée, je n'aurais pas dû te dire ça. J'ai passé une mauvaise journée et je te gâche la tienne alors que tu n'y es pour rien.
-Ce n'est pas grave. Tu m'as ouvert les yeux quand je voulais encore croire à quelque chose d'improbable et d'impossible. Les gens ne changent pas autant en un si court laps de temps. Guillaume est qui il est et ce n'est pas pour mes beaux yeux qu'il changera.
-Ils sont beaux tes yeux, plaisanta Charlotte avant d'ajouter une once d'espoir. Un jour quelqu'un s'en rendra compte et les méritera. Guillaume, lui ne mérite absolument pas tes larmes."
Dans un demi-sourire plein d'espoir, Elsa remercia sa petite sœur et la serra dans ses bras à son tour.
J'adore la fraternité qui lie Elsa et Charlotte.
J'espère que ça vous a plu
À très vite (soit la semaine prochaine)
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