Chapitre 30 : Héloïse
Héloïse était déjà épuisée alors que le lundi venait à peine de se lever. Louise avait renversé son bol de céréales au lait sur son pyjama (sur ce coup là, Héloïse était fière de l'habiller après le petit-déjeuner) et Nine avait râlé parce qu'elle ne pouvait pas mettre son collant à rayures vertes et jaunes car sa sœur n'avait pas eu le temps de le laver.
Les emmener à l'école fut une nouvelle épreuve à coups de parapluie, de sauts dans les flaques d'eau et de larmes parce que le doudou de Louise est tombé dans la boue.
Lorsque ses petites sœurs furent enfin à l'école, Héloïse se dirigea vers le lycée. Abritée sous son parapluie, elle sortit son téléphone pour lire ses sms. Elle en avait plusieurs de Lisa qui lui expliquait son plan pour parler à Jean. La jeune fille soupira et rangea son téléphone dans sa poche. Elle pensa à tout ce qu'elle avait à faire : laver Bertie (la girafe de Louise) et le collant de Nine, ranger leurs chambres, faire son DM de français pour le lendemain... Trop de choses en somme. La pluie continuait de tomber sans répris. Héloïse avait besoin de répris elle alors elle décida se sécher les cours pour se remettre à jour dans tout le retard qu'elle avait accumulé. Elle rebroussa chemin et rentra chez elle d'un pas décidé.
Sa mère était installée dans le salon avec des feutres et un mandala : elle disait que ça l'aidait à se concentrer pour retenir quelque chose. Apparemment les courbes, les droites, les fleurs et les cercles avaient plus de sens pour elle que le prénom de ses enfants.
"Coucou Maman, dit Héloïse en l'embrassant sur le front. Quelles couleurs aujourd'hui ?"
Les couleurs avaient une place essentielle dans les dessins qu'elle coloriait. Le rose était pour Louise, le vert pour Nine, le bleu pour Héloïse et le blanc pour Ethan. Sa mère lui avait expliqué une fois mais elle avait oublié depuis qu'elle lui avait dit.
"Tu n'as pas école ? demanda Carole dans un éclair de lucidité.
-Non, mentit Héloïse. Mes profs sont absents."
Elle lui déclara ce mensonge sans scrupule. Après tout, elle ne s'en souviendrait pas et puis, parfois il valait mieux cacher la réalité.
Héloïse déposa son sac dans sa chambre puis s'attela à sa liste de priorités. Elle lança une lessive, un repas pour le déjeuner et un lave-vaisselle. Elle rangea la chambre de Louise où des poupées s'étalaient sur le parquet, celle de Nine aussi où le bazar était deux fois plus présent.
Elle mangea avec sa mère qui lui parla d'amour avec nostalgie.
"Un jour j'ai été amoureuse, contait-elle pensive. Je ne sais plus quand, ni qui c'était mais je me souviens de mon cœur qui tapait dans ma poitrine. Tu as déjà ressenti ça ?
-Oui, admit Héloïse. Sauf que c'est impossible.
-Pourquoi ?
-Il a déjà une amoureuse.
-Oh, c'est triste.
-Je sais mais c'est comme ça."
Héloïse reprit l'après-midi avec une seconde lessive puis fit son devoir de français. À quatre heures, Bertie était propre et sèche et à quatre heures et demi, Louise la serrait dans ses bras à la sortie de l'école.
"Tu es la meilleure sœur du monde."
Le compliment fit sourire Héloïse.
La pluie avait cessé et le soleil pointait son nez à travers les nuages restants. Comme à l'aller, Nine s'amusa à sauter dans les flaques d'eau, éclaboussant ses sœurs au passage. Cela fit sourire Héloïse et un peu râler Louise.
Elle les installa devant les dessins animés après avoir fait faire ses devoirs à Nine pendant que Louise coloriait une princesse. Chacune avait été appliquée à sa tâche : l'une en tirant la langue, l'autre est traçant soigneusement les mots.
Tandis qu'elle mettait en place la table à repasser au niveau du canapé pour pouvoir faire sa tâche ménagère tout en surveillant les filles, la sonnette retentit.
"Je vais ouvrir ! s'écria Nine en sautant du canapé. Héloïse ! C'est pour toi."
Héloïse emporta le fer à repasser loin de ses sœurs pour éviter un accident tragique.
"Victoria ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis venue prendre de tes nouvelles. Tu te souviens ? Tu n'étais pas en cours aujourd'hui.
-Je vais bien merci. J'avais une migraine tenace qui vient seulement de passer.
-Contente que tu ailles mieux."
Victoria la serra dans ses bras.
"Et toi ? demanda Héloïse. Comment te sens-tu ?
-Ça va. Je me fais doucement et difficilement à l'idée de voir mes parents se séparer. (Elle haussa les épaules) De toute façon, je devrais m'y faire quoi qu'il arrive donc autant commencer maintenant."
Derrière Victoria, Héloïse pouvait apercevoir le palier de la maison de son amie. Y arrivait sa meilleure amie Lisa. La jeune fille se demanda pourquoi elle était chez Victoria puis se souvint brièvement du plan en soixante-douze parties que Lisa lui avait envoyé le matin et qu'elle avait zappé par manque de temps.
"Pourquoi tu te balades avec un fer à repasser au fait ? l'interrogea Victoria avec un sourire non dissimulé.
-J'allais faire du repassage dans le salon pour pouvoir surveiller les filles en même temps. Je ne voulais pas qu'elles jouent avec pendant mon absence.
-Tu fais du repassage ?
-Je donne un coup de main pour faire avancer les choses."
Victoria acquiesça silencieusement tandis que derrière Lisa sonnait chez les Florentin.
"Tu aurais les cours ? Que je puise rattraper ?"
Jean ouvrit la porte et fut surpris par la présence de la meilleure amie d'Héloïse qu'il ne connaissait pas.
"Oui bien entendu, tu veux que j'aille les chercher ?"
Lisa embrassa Jean sans raison apparente et Héloïse se figea.
"Héloïse ? Tout va bien ?"
Victoria se retourna pour voir ce qui avait attiré l'attention de son amie. Elle non plus n'en crut pas ses yeux.
"Tu sais quoi, déclara Héloïse alors que Louise commençait à pleurer dans son coin. Tu me les donneras demain, je n'aurais pas le temps de m'en occuper ce soir. Et puis avec les filles à gérer, ça va être compliqué de travailler."
Sans plus d'explications, elle referma la porte derrière elle en laissant Victoria face au spectacle inattendu qui poussa Héloïse à verser une larme pour soigner son cœur meurtri. Elle l'essuya avant de s'atteler à la suite de son problème : calmer Louise et repasser la pile de linge. Au moins, ça lui permettrait de se changer les idées et d'oublier ce qu'elle venait de voir.
Un chapitre du samedi soir exceptionnellement car demain je ne pourrai pas le faire.
Trouble is coming. En effet les problèmes pointent le bout de leur nez.
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Au fait, on est à la moitié du roman !
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