Chapitre 26 : Lucie
Lucie redoutait le cours d'espagnol à venir. Non pas à cause de la réaction de Yannis, ça elle s'en moquait. Mais c'était les questions qu'il allait lui poser et l'intérêt qu'il lui portait qui l'ennuyaient. Tout allait parfaitement bien avant qu'il n'essaya de lui parler et d'apprendre à la connaître. Elle avait déjà brisé trois de ses règles et elle s'en mordait les doigts.
"Tout va bien ? s'inquiéta Mathilda en voyant sa meilleure amie se ronger les ongles.
-Oui pourquoi ?
-Tu te mords les doigts. Je te connais assez bien pour savoir que tu es nerveuse. Qu'est-ce qui te tracasse ?
-Rien, nia Lucie.
-Lulu... Tu sais très bien que tu peux tout me dire.
-Je sais. Il n'y a juste rien à dire."
Au même moment, la personne qui perturbait Lucie passa dans le couloir. Elle le suivit des yeux pour s'assurer qu'il n'allait pas s'apercevoir de sa présence.
"C'est lui qui te cause du souci, n'est-ce pas ?"
La couleur que prirent les joues de la jeune fille firent comprendre à Mathilda qu'elle avait vu juste.
"Je te l'ai déjà dit mais il n'a pas l'air d'être méchant, bien au contraire. Je sais aussi que tu as peur mais dis toi que le temps a passé et que tu as grandi. Tu es plus forte et si ça venait à mal tourner, je suis là."
Lucie se mit à se tordre les mains. Mathilda l'en empêcha.
"Arrête de te torturer l'esprit, ça va aller.
-Qu'est-ce que tu peux en savoir ? Tu ne sais pas ce qui se passe dans ma tête ni pourquoi j'ai peur. Ta vie est parfaite : tu as un petit ami qui t'aime, des amis aux quatre coins de la France et des résultats très bons. Alors s'il te plaît, arrête avec ton optimisme débordant et tes sourires. Je ne vais pas bien, tu peux comprendre ça ?"
Lucie s'était emportée, elle le savait et le voyait dans le regard de sa meilleure amie.
"Je peux le comprendre. En revanche, je refuse de t'entendre dire une nouvelle fois que ma vie est parfaite. C'est parce qu'elle est détraquée que je garde le sourire. Personne ne le fera à ma place alors j'essaie de voir le côté positif des choses. Ma vie n'est pas un rêve Lucie : je suis coincée dans cette chaise roulante et la moitié de ma famille est décédée.
-Je suis désolée, se rattrapa-t-elle. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je...
-Je sais, la coupa Mathilda de son ton si posé. Mais je pense que tu as besoin de temps et de solitude pour résoudre ce problème. Tu as peur alors prends ton courage à deux mains pour venir me parler lorsque tu seras prête. En entendant, je te laisse réfléchir."
Sans un mot de plus, elle s'en alla laissant Lucie se morfondre dans ses doutes et ses regrets.
Au milieu de la cour du lycée, la jeune fille s'effondra à genoux et en pleurs. Elle s'en voulait tellement : pour ce qu'elle avait dit, ce qu'elle redoutait pour un rien, ce qu'elle refusait d'admettre et ce qu'elle avait peur d'énoncer à haute voix. Mathilda l'avait toujours soutenue en silence, cachée derrière ses craintes et là quand elle voulait bien la laisser intervenir. Sa meilleure amie n'avait osé interférer qu'une seule fois sans son accord.
Mais elle, qu'avait-elle fait pour Mathilda ? Elle lui avait lancé des méchancetés au visage sans réaliser la stupidité de ses propos. Elle lui avait reproché tout ce qui faisait d'elle une personne incroyable.
"Tout va bien ?
-Je suis la pire meilleure amie du monde."
Ce fut tout ce que Lucie trouva à dire avant de laisser ses sanglots l'emporter. Elle n'arrivait pas à calmer les sursauts de ses larmes. Elle se laissa aller dans les bras qu'on lui offrit, les yeux fermés et le cœur brisé par ses propres mains.
"Tu n'es pas la pire meilleure amie du monde. Tu as certainement fait une erreur, une gaffe. On en fait tous. La perfection n'existe pas et c'est ce qui nous rend beau. Je suis persuadé que ta meilleure amie t'écoutera et te pardonnera si tu lui parles et tu lui ouvres ton cœur.
-Merci."
Lucie se détacha et sécha ses larmes. Pendant un instant, elle ne percuta pas que c'était Yannis qui venait de la prendre dans ses bras.
Règle numéro quatre : n'écoute pas leurs mots doux.
Sauf que là, elle en avait besoin. Sans eux, elle continuerait de pleurer.
Pour appuyer ses remerciements, Lucie esquissa un sourire timide.
"Tu es belle lorsque tu souris."
En temps normal, ces mots l'auraient braquée mais ses émotions étaient tellement à vif et désordonnées qu'ils ne lui firent rien si ce n'était ses joues qui rougirent.
Lucie se mordait les doigts. Mathilda discutait avec une fille de leur classe à l'entrée du lycée. Elle devait s'excuser, le problème, c'était qu'elle était relativement nulle pour se faire pardonner. Elle détestait ça.
La jeune fille inspira un bon coup puis s'avança vers sa meilleure amie.
Elle la salua maladroitement et sa camarade les laissa discuter.
"Je suis désolée pour hier, dit Lucie en se tordant les mains. Je ne pensais pas ce que j'ai dit. Tu as raison, j'ai du mal gérer ce qu'il se passe avec Yannis et je me suis emportée.
-Je ne t'en veux pas Lucie. Je te connais par cœur et ta réaction est normale. Ce n'est pas à moi de te forcer à faire quoi que ce soit."
Lucie serra son amie dans ses bras et Mathilda lui rendit son élan de tendresse.
"Au fait, tu as vu cette histoire de club de débat ? demanda Mathilda. Ça te dit qu'on y aille ?"
Lucie ouvrit la bouche pour répondre puis son regard fut happé par Yannis qui passait au loin. Elle resta un instant figée sans parler. Mathilda la rappela à la réalité et au présent.
"Oui, pourquoi pas ? répondit Lucie. Si tu veux.
-Super ! Tu verras, on va s'amuser.
-Tu es toujours débordante d'optimisme. Si ça se trouve, ça sera nul à chier.
-Il faut voir le côté positif des choses dans la vie. Ça rend la réalité plus supportable lorsque tout va mal."
Hello hello !
Comment allez-vous ?
Voici un nouveau chapitre pour bien commencer la journée.
J'espère qu'il vous a plu.
Je tenais à vous dire qu'il me reste 2 chapitres en réserve et que je ne sais absolument pas si je vais réussir à écrire la suite dans les semaines à venir. J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop si je dois arrêter de publier parce que l'inspiration est partie ailleurs.
Sur ce, à dimanche prochain
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