Charlotte rêvait d'un plaid et d'une tasse de café bien chaud pour son anniversaire mais tout ce à quoi elle avait droit c'était un réveil strident et un DS de maths.

"Allez debout ma petite quinze ans, lui dit Elsa en la secouant doucement. Il faut croquer ta journée à pleines dents."

Charlotte grogna et se retourna sur le dos. Elsa avait allumé la guirlande qui parcourait leur chambre comme tous les matins. Sa grande sœur aimait se réveiller en délicatesse et en douceur. Charlotte profitait de cette luminosité réduite pour somnoler et grapiller quelques minutes. Charlotte finit par s'asseoir dans son lit. Elsa était installée à ses pieds, un paquet cadeau sur les genoux.

"Bon anniversaire ! souhaita-t-elle en la serrant dans ses bras. Tiens."

Elle lui donna le cadeau qu'elle avait préparé.

"Mais, on est censé offrir les cadeaux le soir.

-C'est un petit bonus."

Charlotte, poussée par sa curiosité, déchira le papier. Dans ses mains se trouvait désormais un carnet couleur émeraude. La jeune fille resta sans voix, sa sœur avait visé dans le mille.

"Je sais que tu adores écrire. Et je suis ravie que tu exprimes ta colère autrement que par la violence alors je me suis dit qu'un carnet facile à balader te permettrait de ne jamais être à cours de papier.

-Je ne sais pas quoi dire."

Elsa sourit et Charlotte la serra dans ses bras en la remerciant.

Malgré tout ce qu'on pouvait penser, Charlotte adorait sa sœur. C'était l'une des rares personnes qui savait accepter son caractère et qui ne la critiquait pas. Elsa la connaissait par cœur et trouvait toujours le moyen de la toucher ou l'émouvoir. Charlotte savait aussi très bien qu'elle pouvait tout lui confier car elle ne la jugerait pas et elle l'aiderait à se sortir de ses galères. Elsa était sa confidente mais aussi la seule qui arrivait à la remettre à sa place quand il le fallait.

"Allez, lève-toi. Il ne faudrait pas que tu sois en retard pour ton DS de maths.

-M'en parle pas, soupira Charlotte. Je sens déjà la note qui va aller avec. Un bon trois c'est un beau cadeau non ?

-Pas sûre que Maman apprécie ton humour à ce sujet.

-Tu crois que c'est pourquoi que je ne le fais qu'avec toi, dit Charlotte en levant les yeux au ciel et en attrapant ses vêtements.

-Tu es de bonne humeur dis moi, remarqua Elsa.

-On peut dire ça. Mais ne t'en fait pas, ça ne va pas durer. Attends dix minutes et ça sera fini."

En effet, dix minutes plus tard, Charlotte retrouvait son visage maussade le temps du trajet en tram avec Charly. Son frère irradiait de bonheur ce qui avait le don d'agacer sa jumelle. C'était sans parler du logiciel qu'utilisait les profs pour faire l'appel qui affichait un gâteau d'anniversaire à côté du nom de l'élève concerné. S'en suivit une ribambelle de "joyeux anniversaire" souhaités par des gens qu'elle ne connaissait pas, pas plus qu'elle les connaissait. Elle les trouvait hypocrite et ne supportait leur fausse gentillesse.

"On est d'accord que les anniversaires, c'est nul, déclara MJ, en allumant une cigarette.

-Tellement, répondit Charlotte en en coinçant une entre ses dents.

-Demain, je t'offre ton premier paquet de clopes, annonça son amie.

-Pourquoi ?

-Comme ça, c'est un cadeau mais pas le jour de ton anniversaire. Et puis, faut que tu es ton propre stock pour éviter de me taxer à chaque fois."

Le mercredi arriva et avec lui la première séance de code. C'était le cadeau d'anniversaire de leur tante qui finançait leur permis et leurs parents avaient décidé qu'ils feraient la conduite accompagnée pour éviter de la ruiner à cause de multiples échecs. Charlotte n'avait rien contre l'idée mais envisager le code comme quelque chose d'excitant, cela ne lui disait rien. Dès les premières questions, Charlotte sut que cela allait être long, pénible et très ennuyant. D'autant plus qu'elle devait y aller avec Charly, pour faciliter les transports comme disait sa mère.

"Dans cette situation, je peux rouler à, dit la voix mécanique et agaçante du logiciel. Réponse A : 110 km/h. Réponse B : 100 km/h. Réponse C : 90 km/h. Réponse D : 80 km/h."

Charlotte, accoudée sur le radiateur, sélectionna la réponse C. Elle savait que ce n'était pas une autoroute mais une route à accès réglementé. Elle apprit très vite qu'il fallait faire très attention au "pouvoir" et "devoir". Elle regarda son frère qui semblait aussi studieux qu'en cours mais son visage trahissait sa frustration. Charlotte devina très vite qu'il n'arrivait pas à obtenir autant de bonnes réponses qu'en maths. On pouvait dire qu'elle n'était pas super empathique puisqu'elle se sentait plus douée que lui dans un domaine et avait très envie de s'en vanter.

Depuis qu'ils étaient tous petits, Charly était meilleur que sa jumelle dans tous les domaines alors, ne pouvait-elle être fière d'enfin être en avance sur son frère ? De toute façon, elle savait que si elle en parlait avec lui, il allait lui faire comprendre que le code était moins important que le bac et que il valait mieux qu'il réussisse son année de seconde pour avoir sa première S puis son bac S, le PACES et cela jusqu'à son diplôme de chirurgien. Enfin, elle n'en savait rien. Elle ne lui avait jamais demandé ce qu'il voulait faire après le bac par simple peur qu'il lui expose un avenir tout tracé alors qu'elle ne savait même pas dans quelle filière elle souhaitait se diriger. Ce n'était pas donc par mesquinerie qu'elle ne lui posait pas la question mais pas crainte d'une nouvelle différence trop importante entre eux avec Charly en exemple et Charlotte en vilain petit canard.

Elle ne l'avouerait jamais mais elle détestait être dans l'ombre de son jumeau et l'admirait un peu pour sa motivation et sa capacité à rester concentré, attentif et intéressé par un cours. C'était une chose que Charlotte ne connaîtrait jamais car les profs avaient cette manière du lui donner sommeil ou envie de partir en courant. Le seul cours où elle avait de meilleurs résultats, c'était le sport et ce n'était pas compliqué vu la capacité d'endurance de son frère.

Charlotte fut bien contente lorsque les deux heures furent écoulées et qu'elle pût enfin inaugurer le carnet de sa sœur en y écrivant ses nouvelles idées pour faire souffrir Guillaume.

Hey !

Le printemps arrive chez nous quand l'automne est chez Charlotte.

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