Lorsqu'elles étaient à l'école primaire, Héloïse et son amie se faisaient régulièrement embêter par des garçons plus âgés. Elles n'étaient que des fillettes de CM1 innocentes et eux des gamins de CM2 en quête de terreur. Elles n'avaient pas le courage de leur faire face ni de se défendre alors ils continuaient.

L'amie d'Héloïse avait un grand frère. Lui aussi était en CM2 alors lorsqu'il apprit le malheur et la peur que ses camarades leur faisaient subir, il s'interposa. Héloïse l'admirait car il était fort et courageux. Il était son héros, son prince charmant à tel point que la fillette eut son premier coup de cœur.

L'année suivante, elles n'eurent plus aucun problème puisque c'étaient elles les plus âgées de l'école. Puis vint le collège. Héloïse était assez fragile et manipulable mais dans la cour de son collège, ni son amie ni son grand frère ne pouvaient l'aider. Ainsi, elle rencontra Lisa, sa meilleure amie. Elle avait pris sa défense lorsque des filles populaires l'avaient accusée d'avoir volé un téléphone pendant le cours de sport. Héloïse était à la limite d'admettre un vol qu'elle n'avait pas commis juste pour ne plus entendre les insultes de ses camarades lorsque Lisa intervint. Elle expliqua clairement qu'elle était restée avec Héloïse toute l'heure du cours de sport et qu'elle n'avait pas pu voler un téléphone puisqu'elle n'était pas retournée aux vestiaires.

Lisa protégeait Héloïse durant les années collège et avec le temps, elle avait appris à ne plus accepter les critiques inutiles des autres. Certes, il lui arrivait de perdre sa confiance face à des embrouilles avec d'autres élèves et elle ne savait pas gérer la pression mais au moins elle n'avait plus aussi peur de faire barrage aux idioties de ses camarades perfides.

Lisa avait éclipsé le fameux garçon. Héloïse ne le voyait presque plus et son coup de cœur s'effaça petit à petit. Parfois, lorsqu'elle le recroisait le rouge lui montait aux joues mais son cœur continuait de tomber pour d'autres garçons. Héloïse était un vrai cœur d'artichaut qui s'attachait à beaucoup trop de garçons. Elle ne leur disait pas en général mais Lisa était au courant. Et il arrivait qu'elle crache le morceau à la personne concernée. Après quatre aveux et quatre disputes à ce sujet, Héloïse arrêta de lui dire même si son cœur continuait de s'emporter.

Récemment, elle avait recommencé à revoir le fameux garçon. Après tout, ils étaient dans le même lycée. Elle avait aussi repris contact avec son amie d'enfance. Le voyant de nouveau régulièrement, Héloïse retomba amoureuse mais cette fois réellement. Ce qu'elle n'avait pas prévu, en revanche, c'était que Lisa s'intéresserait à lui aussi.

Et ce garçon, c'était Jean.

"Et ses cheveux roux, rêvassait Lisa. J'adore la couleur."

Héloïse ne lui fit pas remarquer que c'était blond vénitien le bon terme pas plus qu'elle ne réagit à la description du garçon dont elle était elle-même amoureuse.

Lisa et Héloïse étaient comme le soleil et la lune. Héloïse avait la peau et les cheveux clairs et Lisa était brune et bronzée. Elle était chaleureuse et ouverte quand Héloïse n'était que fermeture et fraîcheur. Elles avaient des goûts très différents mais elles avaient réussi à tomber amoureuse du même garçon.

Héloïse espérait qu'un jour son cœur arrêterait de s'accrocher à des choses sans espoir.

"Tu penses qu'il pourrait s'intéresser à moi ? demanda soudainement Lisa.

-Aucune idée."

Héloïse savait seulement qu'entre elle et sa meilleure amie, le choix était vite fait.

"De toute façon, il ne me connaît même pas, soupira Lisa.

-C'est sûr que c'est plus compliqué pour qui s'intéresse à toi, remarqua Héloïse.

-Je vais trouver une solution."

Lisa arrêta de parler de Jean pendant cinq minutes ce qui permit à Héloïse de souffler et de penser à ce qu'elle devrait faire en rentrant chez elle.

"Salut Héloïse, dit Victoria en passant dans le réfectoire. On se voit en français."

Héloïse répondit d'un signe de la main.

"Attends mais c'est la sœur de Jean ! réalisa sa meilleure amie. Tu la connais ?

-Oui, répondit Héloïse stoïquement.

-Donc tu as déjà vu Jean.

-Aussi.

-C'est génial ! Tu sais où elle habite ?

-Oui.

-Où c'est ?

-À côté de chez moi."

Lisa eût un instant de réflexion.

"Ce sont tes voisins ?"

Héloïse hocha la tête.

"Pourquoi tu l'as pas dit plus tôt ?

-Parce que tu monopolises la parole depuis toute à l'heure.

-Pas faux. Mais bon tu aurais pu me dire que tu le connaissais.

-Tu ne m'en as pas laissé le temps."

La sonnerie annonça la reprise des cours et Héloïse eût enfin l'occasion de penser à autre chose. Pendant le cours, Victoria lui passa un morceau de papier.

"On pourra parler ?"

Héloïse regarda sa voisine et vit ce qu'elle n'avait pas remarqué plus tôt : son sourire s'en était allé et ses yeux semblaient perdus ailleurs.

"Bien sûr" écrivit-elle sur le papier déchiré.

"Est-ce que ça va ? demanda Héloïse.

-Non, avoua Victoria. Pas du tout."

Elle fondit en larmes dans les bras d'Héloïse. La jeune fille fût surprise mais l'étreignit de toutes ses forces.

"Tu veux en parler ?

-Oui.

-Viens, on va s'asseoir."

Héloïse la guida jusqu'à un banc. Tant pis si elle était en retard chez elle, Ethan s'occupait des filles.

"Qu'est-ce qui te tracasse ?

-Mes parents... ils... vont divorcer.

-Oh, je suis désolée Victoria.

-Je le sentais venir, ils n'arrêtent pas de se disputer depuis un certain maintenant mais... je ne voulais pas y croire."

Victoria fit une pause et essuya ses larmes.

"Je crois que j'aurais préféré ne pas le savoir.

-Et ton frère ? Comment il prend la nouvelle ?

-Il me soutient depuis qu'ils se disputent. Je crois qu'il s'en doutait plus que moi. Il m'a dit qu'il le savait depuis quelques temps déjà. Il l'a appris pendant les vacances quand sa petite amie était à la maison. Il ne me l'a pas dit pour me protéger, il savait que je ne supporterai pas la nouvelle.

-Il y a une petite amie ? s'étonna Héloïse.

-Oui, elle s'appelle Mathilda. Elle est adorable et honorable.

-Parle moi d'elle, ça te change les idées, la poussa Héloïse avec un sourire rassurant.

-Si tu le dis, dit Victoria en essayant de sourire. Elle est handicapée mais ne perd pas le sourire. Elle est tellement courageuse. Cet été elle a perdu son père pourtant je ne l'ai jamais vue pleurer devant nous. J'aimerais être comme elle. C'est une fille bien.

-Toi aussi Victoria. Tu es peut-être plus sensible. On a tous des qualités et des défauts, c'est ce qui nous différencie. Et puis, tu as le droit de pleurer. À ta place, je le ferais. Crois moi, personne ne mérite de voir ses parents se séparer alors pleurer lorsque cela arrive, c'est une réaction normale. Quoiqu'il arrive, ma porte est ouverte si tu veux en parler.

-Merci Héloïse. Tu es une vraie amie. Et toi aussi tu es quelqu'un de bien."

Victoria se releva et aida Héloïse à le faire.

"On rentre ?

-Oui.

-Désolée, tu avais peut-être des choses de prévues.

-Ce n'est pas grave, mentit Héloïse. Rien d'urgent."

Héloïse savait très bien qu'elle mentait effrontément et qu'elle allait devoir se coucher tard pour tout finir mais elle ne pouvait pas accuser son amie d'avoir des problèmes et de lui faire assez confiance pour se confier. Héloïse ne voulait pas enfoncer Victoria dans ses problèmes et y ajouter les siens. Elle ne serait pas une bonne amie si elle le faisait.

Alors alors. Noémie a un crush sur Jean... et sa meilleure amie aussi...

Qu'en pensez-vous ?

Je vous souhaite un beau dimanche