Chapitre 18 : Lucie
Le dimanche matin, Lucie aimait bien prendre du temps pour elle et sa passion. Peu importait si elle avait des devoirs à rendre, elle les ferait l'après-midi. Sa routine était simple et automnale malgré le passage des saisons. Elle se levait aux alentours de huit heures pour profiter au maximum du silence de la maison à cette heure-là. Elle allait se préparer un petit-déjeuner au lit à base de thé, tartines et fruit frais. Elle s'installait sous son plaid, sa tablette sur les genoux et lisait les commentaires sur ses derniers chapitres ainsi que les messages envoyés par des lecteurs très admiratifs. C'était un bon moyen de se remonter le moral lorsque la semaine avait été plus ou moins mauvaise.
Une fois ses tartines avalées et tous les commentaires lus, et parfois après y avoir répondu, Lucie allait ranger son plateau puis retournait dans sa chambre, assise en tailleur sur le tapis, son ordinateur sur les genoux, une page blanche synonyme de nouveau chapitre sur l'écran. Elle écrivait ce qui lui passait par la tête, laissant au fur et à mesure ses héros mener le récit. Ils la prenaient par la main, la guidaient à travers les méandres de son inspiration. En fond, tournait dans son casquesa playlist dédiée à l'écriture ; un mélange de pleins d'artistes, des musiques plus ou moins rythmées, inspirant une palette d'émotions vaste et des paroles plus ou moins profondes en anglais comme en français voire même aucune, juste la mélodie. Si elle bloquait, elle rejoignait sa mère dans la cuisine pendant qu'elle prenait son petit-déjeuner en regardant les arbres dans le jardin. Elles finissaient par discuter de tout et de rien, parfois d'écriture mais Lucie préférait garder cette part d'elle pour elle justement.
Son premier roman, inspiré de sa propre vie et expérience, avait un succès inattendu auprès des lecteurs. Il ne lui restait plus beaucoup de chapitres à rédiger. Elle était euphorique car les mots étaient au bout de ses doigts mais en même temps mélancolique car elle n'avait pas envie de quitter ses personnages. Ils étaient comme ses enfants, ses bébés à elle qu'elle avait fait grandir à travers les pages et les chapitres. Enfin, elle était totalement sidérée d'avoir réussi à arriver jusque là. Pourtant, elle s'interdisait d'écrire plus d'un chapitre par semaine pour éviter de perdre le plaisir trop rapidement. Et puis, Mathilda avait certainement d'autres choses à faire que de corriger ses écrits. Sa meilleure amie était d'une patience d'ange. Elle avait de bon conseil et aidait Lucie à retrouver la motivation lorsque celle-ci s'en allait.
Aujourd'hui, elle commençait un nouveau projet plus imaginaire car c'était tout de même son genre préféré. Elle avait la trame qui tournait dans son esprit depuis plusieurs jours. Son téléphone commençait à déborder d'idées pour ce projet. Elle savait que son héroïne s'appellerait Valentine. En hommage à Mathilda, elle serait rousse. Elle l'imaginait avec de longs cheveux ondulés, impossible à coiffer donc toujours tressés.
Elle avait sa page ouverte sur l'écran mais n'arrivait pas à trouver le titre idéal et sans titre, impossible de se lancer. Elle se leva et commença alors à faire les cent pas dans sa chambre. Après une heure de recherche, elle abandonna, frustrée et referma son ordinateur. Elle décida de sortir prendre l'air.
Il faisait doux et le soleil jouait à cache-cache avec les nuages. Lucie avait mis dans une sacoche un carnet, un crayon de papier et une bouteille d'eau. Avec un peu de chance, sa promenade l'inspirerait. Ses pas la menèrent au parc où elle avait passé des heures lorsqu'elle était enfant. La structure de jeu avait été refaite depuis mais l'endroit et l'ambiance restait la même : un lieu d'imagination et de rêverie, d'histoires de pirates et de princesses en détresse, de courses poursuites et de chats perchés ou glacés. Un paradis d'inspiration et un espace hors-temps.
Elle s'assit en tailleur sur la pelouse où quelques fleurs parsemaient le décor. Elle ferma les yeux et laissa le vent caresser ses joues. Les bruits de la nature la ressourçaient.
"Une fleur sauvage dans un parc, quelle jolie surprise."
Lucie sursauta et ouvrit les yeux. La personne qui s'installa à côté d'elle ne la ravissait pas. Yannis la regarda et sourit.
"Salut ! dit-il poliment.
-Salut, murmura Lucie avec toute la neutralité qu'elle pouvait donner à sa voix.
-Que fais-tu ici ?
-Je t'en pose des questions ? s'agaça-t-elle.
-Tu pourrais.
-Je n'en ai pas envie. Et puis, je ne vois même pas pourquoi je te parle. On n'est pas amis.
-Parce qu'il faut être ami pour parler aux autres maintenant, s'étonna Yannis en riant. C'est nouveau."
Lucie soupira et commença à se relever. Yannis l'attrapa par le poignet en lui disant d'attendre. Elle retira sa poigne, énervée.
"Quoi ?
-Tu ne veux pas faire connaissance ?
-Non, pas vraiment.
-Dommage, tu as l'air mystérieuse avec plein de secrets.
-Je ne suis pas mystérieuse, rétorqua-t-elle en détachant ses mots.
-J'ai un jeu."
Lucie sentait que sa troisième règle n'allait pas tarder à être enfreinte.
Règle numéro trois : Ne rentre pas dans leur jeu.
"Je te propose un compromis pour ne pas être obligée de me parler mais que moi, je puisse apprendre à te connaître."
Lucie allait lui répondre qu'elle n'était pas intéressée car elle n'en avait rien à faire de le connaître puis elle repensa à la citation à côté de son miroir. Be kind.
"C'est à dire ? dit-elle à la place.
-On a le droit de poser dix questions par jour à l'autre.
-Trois, imposa Lucie.
-Cinq.
-Cinq, conclut Lucie.
-Super ! Assieds toi qu'on puisse commencer."
Lucie le fit à contrecœur mais elle venait déjà d'accepter ce jeu stupide.
"Lucie c'est ça ?
-Oui.
-Quel est ton nom complet ?
-Lucie Moreau.
-Tu n'as pas de deuxième prénom ?
-Lucie Mei Moreau, répéta-t-elle en soupirant, ce jeu l'agaçait déjà.
-C'est joli Mei.
-Ne m'appelle pas comme ça.
-Très bien. Qu'aimes-tu faire dans la vie Lucie pas Mei ?
-Écrire.
-Ah oui ?
-Oui.
-Qu'écris-tu ?
-Tu as posé tes cinq questions.
-Déjà ?
-Oui déjà."
Elle se releva et commença à partir.
"Tu pars déjà ? Tu n'as pas envie de me poser des questions ? s'étonna Yannis.
-Non, je n'ai pas envie. Au revoir."
Lucie rentra chez elle sans se retourner une seule fois. Elle abandonna Yannis sans aucune once de regret. Elle ne pensait qu'au pétrin dans lequel elle venait de se mettre en acceptant ce jeu. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Depuis quand recommençait-elle à donner de l'intérêt aux garçons ? Pourquoi Yannis l'empêchait de respecter ses propres règles qu'elle s'était imposée pour son bien ? Mais par dessus tout, pourquoi voulait-elle apprendre à le connaître ?
Hello !
Voici le chapitre du jour.
J'espère que ça vous plaît toujours.
Je vous souhaite une bonne journée
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro