"Super William, tu t'en sors drôlement bien. Tu vas l'avoir ton permis, lui assura sa monitrice de conduite. Pour une première séance, c'est très bien. Tu as déjà pris des cours ?

-Non, mais mon frère a conduit avec mes parents donc j'ai appris en écoutant et en observant.

-C'est un bon moyen en effet. On se revoit la semaine prochaine ?

-Oui.

-Dans ce cas, à la semaine prochaine."

Karina lui serra la main et retourna dans l'auto-école. William sortit son téléphone pour dire à sa mère qu'elle pouvait passer le chercher. Le temps qu'elle arrive, William lança la vidéo de Doc Seven sortie un peu plus tôt dans la journée. Il enfila ses écouteurs et tourna l'écran pour passer en mode plein écran.

"Salut Internet !"

La voix du vidéaste résonna dans ses oreilles mais elle fut interrompue par le son d'une voiture se garant devant William.

"Je te ramène ? proposa JB.

-Tu es clean ? rétorqua William.

-Tu es de la police maintenant ?

-Non. Je ne suis simplement pas suicidaire.

-Suicidaire ! Tout de suite les grands mots.

-Tu te drogues Jean-Baptiste, s'énerva William. Je n'ai pas envie de risquer ma vie à cause de tes conneries et des résidus de ton dernier joint.

-Ça ne te posait pas de problème avant de commencer à conduire.

-Non, c'était juste que je n'étais pas au courant de ton passe-temps. Rentre bien JB."

Vexé, l'aîné s'en alla sans un mot de plus. William n'eut pas le temps de reprendre sa vidéo que sa mère arriva.

"Salut mon chéri, dit Patricia. Ça s'est bien passé ?"

William embrassa sa mère puis lui raconta sa première séance de conduite.

"Ça te dérange si on passe chez la fleuriste, j'ai un bouquet à acheter.

-Pour demain ? demanda William.

-En effet. J'aimerais trouver des lys et des magnolias, Kiera adore ces fleurs depuis toute petite.

-Je trouve ça génial que vous soyez toujours amies. Vous vous êtes connues à l'école primaire et vous êtes restées en contact malgré la distance causée par vos études.

-Toi aussi, je te souhaite de rester en bon contact avec Célestin après le bac."

Cela étant dit, William repensa à la naissance de son amitié avec Célestin. Pour tout dire, cela avait commencé avec une dispute futile à propos d'anniversaire.

Petit William était tout content ce matin-là car c'était son anniversaire. Il avait neigé dans la nuit alors lorsqu'il arriva à l'école, il n'avait qu'une hâte qui était de faire une bataille de boules de neige. Sa maman avait fait un gâteau au chocolat et aux noisettes, son préféré. Tout fier, il entra dans l'enceinte de l'école. Il apporta le sac avec le goûter pour sa classe à sa maîtresse.

"Tiens maîtresse, c'est pour mon anniversaire.

-Joyeux anniversaire William ! Ça te fait quel âge ?

-Quatre ! affirma-t-il fièrement en montrant autant de doigts.

-Super ! Tu es grand maintenant !"

Petit William hocha la tête et tendit à nouveau le sac.

"Merci ! Je vais le mettre avec celui de Célestin."

Célestin ? Qui c'était ? Voici les questions qui taraudèrent Petit William. Comment quelqu'un pouvait oser faire un gâteau le jour de son anniversaire à lui. Petit William s'énerva et chercha le coupable qui allait gâcher sa journée. Il trouva très vite puisque le fameux Célestin se vantait d'avoir quatre ans à qui voulait l'entendre.

"C'est même pas vrai, s'exclama Petit William en coupant Célestin. C'est pas ton anniversaire, c'est le mien.

-Menteur ! rétorqua le petit blondinet. C'est le mien !

-Ah ouais et t'as quel âge ?

-Quatre ! répliqua Célestin.

-C'est pas possible. Moi, j'ai quatre ans, pas toi."

Les deux petits se jetèrent l'un sur l'autre et commencèrent à se rouler par terre.

"Les garçons ! s'écria la maîtresse. Arrêtez vos bêtises !"

Elle leur expliqua qu'ils étaient nés le même jour et que s'ils continuaient de se battre, personne n'aurait de gâteau. La gourmandise étant trop forte, ils avaient cédé. La journée s'était finie sous le signe d'une nouvelle amitié partagée autour de deux gâteaux.

Le repas chez la meilleure amie de Patricia n'avait rien de passionnant. William y était le plus vieux puisque JB "travaillait", du moins c'était l'excuse qu'il avait donné pour échapper à ce dîner. William était persuadé qu'il était chez un de ses amis en train de se prendre une cuite tout en fumant joint sur joint.
Les enfants étaient tous petits et couraient partout. La seule personne avec qui William pouvait avoir une conversation c'était Natacha. La jeune fille n'avait que trois de moins que lui mais semblait très intéressée. Depuis le début de la soirée, elle le draguait ouvertement. Des petits rires, des mordillements de lèvres et des phrases implicites ponctuaient leur conversation. Elle se collait presque à lui et si il y avait de la place, elle serait assise sur ses genoux.

"C'est qui ? demanda Natacha lorsque le téléphone de William vibra sur la table.

-Ma petite amie, répondit-il en regardant le nom affiché sur l'écran.

-Oh !"

Il remercia Pauline des dizaines de fois mentalement et tapuscritement car Natacha se décolla enfin et arrêta de l'aguicher.

Pourquoi tu me remercies ?

Tu viens de m'éviter encore deux heures de drague intensive par une collégienne titillée par ses hormones et attirée par les mecs plus âgés.

Tu te rappelles que je suis plus jeune que toi ?

C'est différent...

Mouais... bonne soirée sinon ?

Chiante à mourir. Mais bon, la nourriture est bonne.

Pense à moi qui fait du babysitting gratuitement parce que ma mère est de nuit. Lucas refuse de dormir et fait tout pour se relever. Et Nicolas essaye de refaire son match de hockey sur glace sur le parquet du couloir. Un désastre.

Bon courage.

À toi aussi.

William tenta de continuer la conversation qu'il avait engagé avec Natacha mais cette dernière était refroidie par la découverte de l'existence de sa petite amie. Elle ne répondait plus que par des monosyllabes inaudibles. À côté, les plus jeunes continuaient de courir autour de la table en criant. La table des enfants, quel supplice pour William qui avait jusqu'à dix ans de plus que le plus jeune. La soirée risquait de durer encore longtemps. William pouvait l'affirmer car, comme lui avec Célestin, lorsqu'elle était avec sa meilleure amie, la discussion était très dure à arrêter. Les meilleurs amis étaient les rares personnes qui pouvaient vous faire perdre toute notion du temps. C'est pour cela qu'ils étaient précieux et inestimables.

Hello tout le monde !

Comment allez-vous ?

Un petit chapitre tranquille pour ce dimanche frisqué.

Qu'avez vous prévu aujourd'hui ?