19 - Excuses difficiles.
L'albinos regarda le renard qui s'était assis devant lui et qui le fixait avec un air de chien battu en couinant avec insistance. Il ne comprenait pas ce que le petit canidé voulait alors il lança un regard interrogateur à Léo, peut-être que lui avait compris. Ce dernier fixait le renard silencieusement et Ren n'insista pas. Il décida d'ignorer la demande du renard et fit un pas en avant. L'animal roux se leva et lui barra la route. L'enfant ne comprenait pas ce que voulait Üko. Pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas qu'il parte ? De toutes façons, il n'avait pas le droit de s'éterniser chez Léo.
Le renard attrapa le bas du pantalon de Ren et le tira vers Léo. L'albinos ne bougea pas, sans lâcher l'animal des yeux. Il croyait avoir compris. Üko voulait qu'il reste. Il s'agenouilla devant le canidé et lui caressa la tête.
« Tu peux venir avec moi tu sais. »
L'albinos lui sourit mais le renard ne semblait pas satisfait. Il attrapa la manche de Ren et tenta une fois de plus de le tirer vers la maison, mais l'enfant ne bougea pas d'un pouce. Il n'avait pas le droit. Il fit lâcher le renard et se releva avant de s'éloigner, ignorant les couinements insistants de son ami.
Üko le suivit , cessant son manège en comprenant qu'il n'obtiendrait rien. Bien que déçu que son maître ait été si peu réceptif, il choisit de ne pas renoncer, il recommencerait jusqu'à ce qu'il comprenne et qu'il arrange les choses. Le renard était totalement persuader qu'il pouvait changer les choses, Léo l'écoutera quoiqu'il arrive.
Ren sursauta lorsqu'il entendit son nom. Il se retourna vivement, imité par Üko. C'était Amber.
« Comment ça va depuis la dernière fois ? commença le renard garou.
- Ça va et toi ?
- Je vais bien. Tu connais la nouvelle ? fit-il en baissant d'un ton.
- Non... c'est quoi ?
- Le roi veut savoir quel est le meilleur apprenti et il veut faire une sorte de tournoi. »
Ren cligna plusieurs fois des
yeux sous le regard amusé de son collègue. Pourquoi le roi voulait savoir ça ? Et puis, faire un tournoi... quelle drôle d'idée franchement. Surtout en ce moment avec ce que les Rebelles préparaient.
« J'ai eu la même réaction, rit Amber, mais je te promets que c'est vrai !
- Je te crois.
- Ça va être génial ! On va tous se retrouver !
- Pour s'affronter...
- N'oublie pas que nous sommes des assassins ! Ça fait partie du jeu !
- Je sais. Je ne connais même pas tout le monde.
- Moi non plus je te rassure ! Nous sommes neuf au total : toi, moi, Elvis, Holly, Silvère et Spes.
- Et Sorah.
- Je la connais pas.
- C'est un garçon...
- Ah pardon. Ça fait sept sur neuf. Les autres je ne connais que leur nom.
- Je ne connais pas Silvère et Spes non plus.
- Ce sont de gentils garçons, t'inquiète pas !
- Mais des assassins quand même... - C'est inévitable ! rit Amber. Mais pour en revenir à notre tournoi, normalement tu devrais déjà en être informé. Léo a dû recevoir un courriel.
- Il ne m'en a pas parlé.
- Il n'y a peut-être pas pensé, c'est pas grave. »
Le renard garou sourit à l'albinos d'un air innocent. Ça ne ressemblait pas Léo d'oublier quelque chose comme ça, enfin peu importe. Ce n'était pas son soucis.
Soudain, Üko se mit à japper joyeusement. Ren et Amber se tournèrent vers la nouvelle venue.
« Ça faisait un bail, fit remarquer Holly.
- Tu l'as dit ! renchérit Amber.
- Qu'est-ce que vous manigancez ?
- Oh, rien ! On parlait du tournoi.
- Ah, ce truc. J'ai du mal à comprendre le roi des fois...
- Nous aussi, je te rassure. Mais s'il le fait, c'est qu'il a ses raisons !
- Ouais. »
Amber rit devant l'air sceptique de la jeune fille. Soudain, deux mains se posèrent sur ses épaules et il sursauta.
« Bouh ! Ne baisse pas ta garde Amber !
- Ça va, Silvère.
- Vous faites réunion ?
- On peut dire ça comme ça, répondit Holly.
- Je peux m'incruster ? Et puis, même si j'ai pas le droit, je m'incruste.
- Bien sûr que tu peux. »
Ren fixait le nouveau venu. Alors c'était lui Silvère ? Une asperge aux cheveux bleus ciel et aux yeux bleus électriques.
« Sinon, qu'est-ce qui vous amène par ici ? reprit Amber. Quatre au même endroit, ça commence à faire !
- Pour ma part, je me promenais. On est samedi, alors je suis libre, commença Holly.
- Tu as de la chance, répondit Silvère, moi c'est entraînement en temps normal ! Aujourd'hui c'est exceptionnel...
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Ma prof est malade.
- C'est bête.
- Bah ! Je vais pas me plaindre d'un jour de repos ! »
Soudain, Ren sentit une présence dans son dos et frissonna.
« Et toi Ren, qu'est-ce que tu fais là ? siffla celle-ci près de son oreille. »
L'albinos se retourna vivement, inquiet, et découvrit Sorah. Celui-ci lui sourit de toutes ses dents mais s'il était un peu déçu que son petit tour n'est pas eu autant d'effet que ce qu'il avait prévu.
« T'es qui toi ? demanda Amber.
- Quand on est poli, on commence par se présenter !
- Tu manques pas d'air toi !
- Sachez ma chère que c'est vous qui avez commencé.
- J'suis un garçon abruti !!
- Me disais bien aussi... mais bon quand on porte un prénom de fille, ça porte à confusion.
- Sorah, c'est ça ? Et ben je peux te dire que t'es mal placé pour dire ça !
- Pourquoi tu me demandes qui je suis si tu le sais ?
- Parce que j'étais pas sûr !!
- Ah d'accord, je croyais que c'était parce que t'étais débile. »
Ren soupira, ils étaient exaspérants sur ce coup-ci. Il n'osa cependant pas leur demander d'arrêter. C'est Holly qui s'en chargea.
Le petit groupe marcha jusqu'au bord de la ville, plus précisément à l'endroit qui servait de déchetterie aux habitants du coin. L'odeur n'était pas très agréable mais c'était une mine d'or. On y trouvait de tout et n'importe quoi.
Amber fouilla dans le tas de déchets et en ressortit avec une barre de fer.
« Regardez j'ai trouvé une épée !
- Et tu comptes en faire quoi ? demanda Sorah d'un air moqueur.
- Te trucider !! »
Le sorcier rit devant la menace du rouquin, qui, vexé, tenta de le frapper avec son arme improvisée. D'une facilité qui surpris Ren, Sorah évita le coup et s'élança vers les déchets avant de ramasser une autre barre de fer, légèrement plus petite que celle d'Amber.
Ils commencèrent à croiser le fer comme deux épéistes. Ren les regardait, il avait un peu peur qu'ils se blessent, mais bon ils étaient grands. Et puis, mine de rien, ils avaient l'air de de bien s'amuser.
Le renard, quant à lui, jouait avec Silvère à se poursuivre dans le tas de déchets. Holly finit par se joindre à eux et Ren se rendit compte qu'ils étaient très agiles, bien plus que lui. S'il devait les affronter, il aurait peu de chance de gagner.
Soudain, Sorah réussit à faire tomber Amber au sol et l'y maintenir.
« J'ai gagné !
- Bien joué ! Mais j'aurais ma revanche ! »
Le sorcier lâcha le renard garou qui se releva. Il remarqua alors que tout le gazon qui avait été écrasé sous le poids d'Amber avait grillé, comme s'il avait brûlé.
« Amber ? Comment... tu as fait ?
- De quoi ? »
Sorah lui désigna le sol.
« Ah ! C'est un peu long à expliquer, mais pour faire simple, on a considérablement augmenté ma puissance magique à ma naissance, du coup le surplus s'échappe dès que je n'y fais plus attention.
- Tu es un renard-garou, tu n'as pas de puissance magique...
- Détrompe-toi ! Tout le monde à une puissance magique, y compris les garous. Elle s'exprime juste différemment.
- Comment ça ?
- On va dire que chez nous, c'est inné, c'est gravé en nous et on ne peut pas isolé la puissance magique d'un garou aisément. Elle est plus ou moins importante selon les espèces et les personnes.
- Mais les garous sont incapables de lancer des sorts. Elle ne leur sert à rien.
- Elle leur sert à se transformer. Si leur réserve devient assez importante, ils peuvent lancer des sorts en théorie. Dans la pratique, ça n'a jamais été fait et cela semble assez compliqué.
- Comment c'est possible d'augmenter une puissance magique ?
- Je te répondrais simplement qu'il faut être doué. En faite, c'est un sort de transmission. On n'a pas développé ma propre magie, on m'a donné de la magie. C'est assez compliqué dans le sens où il faut avoir un contrôle parfait de ses pouvoirs sinon la magie se perd. De plus, les garous ne sont pas des réceptacles idéaux pour la magie, ils ne peuvent en général en contenir que très peu, d'où leur incapacité à lancer des sorts. Et comme tu le sais, lorsqu'une puissance magique arrive à zéro, c'est la mort, ce serait suicidaire pour un garou de tenter de lancer un sort. »
Sorah hocha silencieusement la tête. On lui avait pourtant répété souvent que les garous n'avaient aucune magie. Mais il était bien obligé de croire Amber, l'herbe en était la preuve.
« Dans ce cas, comment se fait-il que tu aies un surplus ?
- Hm... on va dire qu'on a stocké en moi plus de magie que je pouvais en contenir. Du coup, pour tout faire rentrer, on l'a condensée au maximum, par conséquent, il y a obligatoirement des fuites.
- Je vois... »
***
Le soir, Ren et Üko allèrent retrouver Tora sous la toiture habituelle. Le chat noir semblait préoccupé.
« Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Les Rebelles se méfient de moi. Ils savent que je suis le seul à avoir pu te libérer. Comme en plus j'ai été demandé à un collègue s'il savait où tu étais, ils font plus que me soupçonner. Je me suis défendu comme j'ai pu, mais je sais que ça ne sert à rien.
- Et s'ils te reconnaissent entièrement comme coupable ?
- Ils me tueront, je les ai trahi. »
Ren sursauta. Ils allaient vraiment faire ça ? Tora avait juste voulu l'aider... en quoi il méritait ça ?
« Ren, nous n'appartenons pas au même camp. Tu comprends ? Nous n'avons pas le droit de nous entraider.
- Mais... !
- Il n'y a pas de mais. Tant que nous ne serons pas au sommet, nous ne choisirons pas.
- ...
- Écoute, je ne veux pas te mettre en danger alors à partir de maintenant, c'est chacun pour soi. D'accord ? Je j'interdis d'aider quelqu'un d'autre que les personnes de ton camp. Compris ?
- Oui...
- Et c'est notre dernière nuit ensemble jusqu'à nouvel ordre.
- Quoi ?
- Tu m'as parfaitement entendu. Ça ne m'enchante pas, mais dis toi que c'est pour rester en vie.
- Oui... Tora ?
- Hm ?
- On reste frère, hein ?
- Évidemment voyons ! Nous serons toujours frères. »
***
Le lendemain matin, Ren alla retrouver Léo un peu déprimé. Il ne savait pas où il dormirait ce soir, ni avec qui et en plus de ça, il ne reverrait pas Tora avant un petit bout de temps. L'assassin le remarqua au premier coup d'œil mais ne posa pas de questions. Il le ferait si Ren persiste à rester dans cet état.
Durant toute la matinée, Ren sembla perdu dans ses pensées. Léo finit par se lasser de parler à moitié dans le vide.
« Ren ? Tu m'écoutes ?
- Oui, répondit l'albinos surpris.
- Ça ne va pas ?
- Si si.
- Tu mens mal... qu'est-ce qui te tracasse ?
- Rien.
- Mais encore ? insista Léo, décidé à obtenir une réponse. »
Le renard couinant à l'intention de Ren. C'était le moment ! L'albinos le regarda un peu surpris, comprenant mal son agitation soudaine.
« Üko, du calme... »
Mais le renard s'agita encore plus, jappant furieusement pour encourager Ren à parler.
Léo fixait silencieusement le canidé. Il savait que le renard savait. Il savait exactement ce qu'il souhaitait et il trouvait ça étonnant que Ren n'est toujours pas compris.
« Üko stop ! »
La boule de poil se figea subitement et regarda Ren, intrigué. Allait-il se décider à parler ou en avait-il juste marre que le renard s'agite ?
« J'ai compris, pas la peine de t'agiter comme ça... »
Renard resta immobile, attendant que Ren parle mais rien ne vint. Comprenant qu'il fallait qu'il s'y prenne autrement, il lança un regard suppliant à Léo. Si l'albinos n'arrivait pas à faire le premier pas, le brun devait l'aider ! C'était son devoir de professeur !... et d'ami ?
« Qu'est-ce qu'il demande ? tenta Léo.
- Rien de particulier... »
Üko couinant d'indignation. Si c'était rien de particulier, Ren n'avait pas d'effort particulier à fournir ! Alors qu'est-ce qu'il attendait ?
« On dirait qu'il n'est pas d'accord, fit remarquer Léo.
- C'est surtout qu'il n'a pas compris... »
Le renard couinant à nouveau, comment ça il n'avait pas compris ?! Il savait pertinemment que Ren ne demanderait pas à Léo de lui-même s'il pouvait revenir. Certes, il avait du mal à comprendre pourquoi mais il était plus que persuadé que le brun accepterait.
« Es-tu bien sûr de ça ?
- Oui. »
Le renard lâcha un grognement furieux. Ren le regarda silencieusement. Üko pouvait-il comprendre ce qu'était une interdiction ? Que c'était fini ? Qu'il avait fait une bêtise et qu'il devait assumer ?
Le renard se tut au moment où les yeux de Ren se posèrent sur lui. Comment expliquer à l'albinos qu'il avait encore une chance ? Que sa demande ne serait pas vaine ? Que s'il restait silencieux, il ne changerait rien à sa situation ?
Üko finit néanmoins par se tourner vers Léo, comprenant qu'il n'obtiendrait rien de cette manière avec Ren. Il savait que l'assassin le comprenait, alors puisqu'il connaissait l'enjeu de cette discussion, qu'il savait quelle demande on allait lui faire, il pouvait anticiper en répondant !
Le brun comprenait mais ce n'était pas à Üko de formuler la demande. Si Ren ne voulait rien dire, il n'y pouvait pas grand-chose. La boule de poil rousse soupira, elle n'avancerait à rien comme ça. Si elle n'y arrivait pas seule, elle pouvait toujours demander de l'aide... ne serait-ce que pour traduire ses paroles. Il détala sous les regards interrogateurs des deux autres, il savait où trouver cette personne.
***
« Mais ça ne me concerne pas ! Je ne veux pas me mêler de leurs soucis personel ! Si tu veux mon avis, tu en fais trop d'un coup... si tu vas trop vite, ça ne va faire qu'empirer les choses. Je refuse !
- Je t'en prie ! glapit Üko. Sinon ce soir Ren va dormir dehors ! On est en plein hiver ! Et puis ça fait déjà longtemps que c'est comme ça, trop longtemps ! Léo va accepter si Ren demande, c'est certain mais il ne veut pas ! Ils ont besoin l'un de l'autre !
- J'y peux rien s'ils se font du mal moi !
- Amber ! S'il te plait ! Juste une fois...
- Non.
- Je ferais ce que tu voudras !
- C'est pas avec ça que tu me feras changer d'avis.
- S'il te plait...
- Je te l'ai déjà dit ! Tu en fais trop d'un coup ! Ils font ce qu'ils veulent, tu n'as pas à forcer les choses !
- Je ne les force pas, j'essaie de les aider !
- Tu m'énerves ! C'est d'accord mais je te préviens : je ne fais que traduire, c'est pas mon problème si ça se passe mal.
- Merci !! »
***
Üko arriva suivi d'Amber qui trainait des pattes. Le renard avait dû le presser, et le garou lui avait reproché son manque de patience pendant tout le trajet. À vrai dire, le rouquin n'était pas enchanté à l'idée de se mêler de ça. Il avait d'autre soucis à s'occuper et il avait déjà bien du mal à s'en dépêtrer sans avoir à gérer ceux des autres.
Ren regarda Üko s'approcher et reconnut sans peine Amber malgré le fait qu'il ressemble à n'importe quel autre renard. De toutes manières, ça ne pouvait être que lui. Üko n'en avait pas marre d'insister ?! Il n'avait toujours pas compris que ça ne servait à rien ! Avant même que les deux nouveaux venus puissent dire quoique ce soit, l'albinos leur tourna le dos et s'éloigna. Il ne voulait pas entendre leur leçon de morale. Tout ça ne servait à rien.
En le voyant faire, Üko bondit pour lui barrer la route mais Amber lui barra le chemin en grognant. Surpris, le jeune renard recula d'un pas et finit par hérisser son pelage, fâché que l'autre fasse le contraire de ce qu'il était censé venu faire. Le garou prit sa demi-forme.
« Je t'avais dit que ça servirait à rien ! Tu vas trop vite !
- On a pas été assez vite justement ! grogna Üko.
- Un jour tu ne pourras plus t'arrêter à force d'accélérer !
- C'est ce qu'on verra ! Figure toi que je sais freiner !
- Eh bah j'ai des doutes ! Si avait été un peu plus attentif plutôt que d'insister, tu aurais compris ! Tu crois sérieusement pouvoir arranger les choses en fonçant dans le tas sans faire attention à ce qui t'entoure ! C'est pas parce qu'on ne répond pas à ton appel qu'on ne t'a pas entendu !
- Tu crois que tu fais avancer les choses en me faisant la morale ?!
- Parce que tu comptais les faire avancer en la faisant à Ren peut-être ?
- Je n'allais pas lui faire la morale !
- Et il est de mauvaise foi en plus... »
Énervé, Amber fit demi-tour, les mains dans les poches. Il savait bien qu'il n'aurait jamais du accepter... maintenant c'était trop tard. Il espérait que Ren ne lui en veuille pas trop. Il s'arrêta et regarda Üko.
« Et rentre ça dans un coin de ta tête : cela ne sert à rien de présenter ses excuses à quelqu'un si on ne s'est pas soi-même pardonner. »
Üko regarda silencieusement Amber disparaitre. Et s'il avait raison ?... Et si depuis le début, il faisait fausse route ? Au fond, qu'avait-il réussi à faire ? Énerver Amber, blesser Ren, se fâcher lui-même... il avait voulu bien faire et au final, il n'avait fait que du mal. Il s'en voulait, il aurait dû écouter le garou depuis le début... il n'aurait pas dû hésiter. Soudain, on le souleva du sol. Il leva les yeux vers Léo qui sourit doucement. Le brun le ramena à l'intérieur. Il posa délicatement l'animal au sol. Celui baissa la tête devant le brun en guise d'excuse.
« Est-ce que ces excuses sont utiles, Üko ? »
Le renard, surpris, regarda l'assassin.
« Tu as essayé de bien faire... ce n'est pas grave. Tu as fait des erreurs, ça arrive à tout le monde, il ne faut juste plus les refaire, d'accord ? »
Le canidé hocha silencieusement la tête.
***
La nuit tomba rapidement et Üko s'agitait. Il avait peur pour Ren. L'albinos allait mourir de froid si cela continuait.
« Pourquoi tu t'agites autant ? Ren va dormir avec Tora comme d'habitude. Il reviendra demain. »
Le renard secoua la tête de droite à gauche. C'était justement ça le soucis !
« Comment ça non ? »
L'animal couina, il ne savait pas comment l'expliquer mais il fallait retrouver Ren ! Il attrapa le pantalon de Léo et le tira vers la porte.
« Du calme Üko... »
À vrai dire, le brun s'inquiétait aussi, mais pas pour les mêmes raisons. Ren était parti sans dire un mot et il n'aimait pas cela. S'il lui arrivait encore un truc, il ne saurait pas où le chercher et il avait quand même une promesse à tenir.
Il prit une couverture, enfila sa veste et ses chaussures et sortit suivi du jeune renard. Üko repéra l'odeur de son maître et jappa à l'intention de Léo qui lui fit signe de lui montrer le chemin. Survolté, la boule de poil rousse fila devant et dû attendre l'assassin à de nombreuses reprises. Pourtant, ce dernier marchait bien plus vite qu'Amber...
Ils finirent par arriver devant un point d'eau. Üko s'arrêta là et désigna une sorte de cavité creusée dans une pente bordant l'eau à Léo. Ce dernier le remercia d'une caresse et s'approcha silencieusement. Il découvrit Ren assit contre la paroi de la cavité, la tête sur les genoux, le regard perdu tristement dans le vide.
L'albinos n'avait jamais eu aussi froid. L'air glacial mordait chaque parcelle de sa peau, même roulé en boule. Il avait fini par oublier sa douleur en se perdant dans les recoins de sa pensée, si bien qu'il n'avait pas remarqué la présence de Léo et Üko.
L'assassin plaça la couverture sur Ren, qui réagit enfin, surpris. Qu'est-ce que Léo faisait là ? Il le regarda s'asseoir à côté de lui, intrigué. Üko s'approcha, d'abord hésitant, puis se roula en boule contre l'enfant.
« Tu es tout seul ce soir ?
- Tora ne veut plus qu'on dorme ensemble, il dit que c'est trop dangereux.
- Je vois, c'est ça qui te tracassait. Mais je ne comprends pas pourquoi tu as choisi cet endroit.
- Avant qu'il ne fasse trop froid, je dormais avec Tora ici.
- Et pourquoi tu n'es pas allé voir Sorah et les autres ?
- Parce que je n'en avais pas envie.
- Tu t'es disputé avec eux ?
- Non.
- D'accord.
- Tu me cherchais ?
- Je m'inquiètais pour toi.
- ...
- Mais puisque tout va bien, je peux m'en aller si tu veux rester seul, ajouta Léo en se relevant.
- Non, fit Ren en attrapant l'assassin, reste un peu s'il te plait... »
Léo le regarda, un peu surpris et se rassit. Ren le lâcha et détourna le regard, gêné. L'assassin sourit, amusé par le comportement de son élève et ramena ses genoux contre sa poitrine.
Le silence s'installa entre les deux, ni l'un ni l'autre ne savait quoi dire. Üko finit même par s'endormir.
« Léo ? finit par appeler doucement Ren.
- Oui ?
- Comment vont Axel et Akari ?
- Ils vont bien, répondit simplement le brun après un temps de surprise. »
Ren sourit, il faisait noir, Léo ne le vit pas. Il se doutait que l'assassin n'avait pas envie d'en parler, d'où sa réponse brève, mais la question était sortie toute seule. L'envie d'en parler était venue d'elle-même. N'empêchait qu'un jour, il faudra qu'il aille s'excuser auprès d'eux. Cela faisait déjà un bout de temps qu'il n'avait pas entendu parler des jumeaux mais il ne les avait pas oublié. Il irait les voir, il irait leur demander pardon. Il savait qu'ils lui en voudraient quand même, mais si ça pouvait soulager sa culpabilité... ça serait déjà ça.
Léo regarda dans la direction de Ren, ne parvenant qu'à distinguer une forme sombre dans l'obscurité. Le ciel nuageux empêchait la lumière de la lune de les éclairer. Alors l'enfant s'en voulait toujours autant ? À vrai dire, il n'en avait pas reparlé avec Akari et Axel et ils n'en avaient parlé à personne. Pourquoi ? Il ne savait pas. S'ils en avaient parlé, il aurait été probable que le fait qu'ils viennent aurait été jugé dangereux et on aurait encore raccourci le peu de temps qu'ils se voyaient. Pourtant ils avaient simplement prétendu que la blessure d'Akari était une mauvaise chute et personne n'avait posé de questions. Ils avaient menti pour continuer de le voir et il savait à quel point ils détestaient mentir. Est-ce que malgré toute la rancune qu'ils lui vouaient, ils l'aimaient ? Il ne savait pas comment interpréter leur silence. Peut-être avaient-ils préféré l'oubli ?
« Tu crois qu'ils m'en veulent beaucoup ?
- Je n'en sais rien. »
Alors il irait leur demander... après l'école. Il attendrait qu'ils soient seuls. Mais comment allait-il leur dire ? Est-ce qu'ils voudraient bien l'écouter au moins ? Est-ce que... ça valait réellement la peine ?
« Que comptes-tu faire Ren ?
- Rien. »
L'albinos ne voulait pas que Léo s'en mêle, il devait le faire seul, tout seul. Il l'avait déjà bien assez aidé et il ne recevait pas grand-chose en retour.
« Pourquoi poses-tu ces questions maintenant ?
- Simple envie... désolé.
- Ce n'est pas un reproche.
- Je sais.
- Alors de quoi es-tu désolé ?
- De tout, répondit Ren après un temps de silence.
- Comment ça "de tout" ?
- Je n'ai pas toujours été très sage, pourtant tu m'as toujours aidé... et je ne t'ai jamais rien donné en retour.
- Tu es le seul à t'en vouloir. »
L'albinos tourna la tête, étonné, vers Léo. Alors il lui avait tout pardonné ? Il avait du mal à y croire mais le ton qu'avait employé le brun était franc. Il ne lui en voulait plus ? Vraiment ?
« Tu sais Ren, j'ai passé plus de bons moments avec toi que de mauvais... pas toi ?
- Si. »
L'albinos pouvait même dire que Léo l'avait sorti de son quotidien de toujours chercher à manger pour sa famille. Certes, cela avait causé la mort de nombreuses personnes mais au fond, qu'importe. Il n'avait pas à se culpabiliser pour ça, les personnes mortes ne peuvent pas se venger. Les défunts ne pouvaient pas lui en vouloir, alors peu importe. Et si Léo ne lui en voulait, alors tout allait bien. Un large sourire se dessina sur le visage de Ren. Ce dernier posa sa tête contre l'épaule de l'assassin et s'endormit doucement. Léo le laissa faire, surpris, mais ne s'endormit pas tout de suite. Ses tourments à lui se résumaient pas à faire en sorte que personne n'ait rien contre lui...
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