14 - ... dimanche en paix
Ren ne rentra que le lendemain matin. Il ne s'amusa pas à frapper et rentra de lui-même. Après tout, il était un peu chez lui...
Akari et Axel était seuls en train de faire un jeu à la cuisine. Où était Léo ? Normalement il est réveillé à cette heure-ci.
« Vous savez où est Léo ?
- Dans sa chambre.
- Qu'est-ce qu'il fait ?
- Il pleure.
- Pardon ?!
- On l'a accusé de t'avoir adopté pour nous remplacer parce qu'il nous aimait pas. Ça lui a pas plu et il s'est planqué.
- Et vous le pensez vraiment ?
- Évidemment, sale bouche trou. »
Ren serra les dents pour ne pas leur crier dessus. Ils avaient osé... il souffla un bon coup pour se calmer. Il ne devait surtout pas s'emporter. Il les laissa et se dirigea vers la chambre de Léo. Il ne savait pas ce qu'il allait lui dire mais... il fallait bien qu'il fasse quelque chose. Ce coup-ci, c'était de sa faute... il n'aurait jamais du proposer de rester. Mais qu'est-ce qui lui avait prit ? Vraiment ! Il n'osa pas frapper et s'assit au pied de la porte, la tête sur les genoux. S'il ne s'était pas énervé, les deux ne lui auraient sûrement pas dit ça ! Il aurait préféré observer une journée de plus de leurs bêtises plutôt que ça ! Et maintenant... qu'est-ce qu'il devait faire ? Il ferma les yeux. Faire ce que son cœur lui disait, hein ? Mais qu'est-ce qui lui disait qu'il allait pas encore faire une connerie ?
Est-ce qu'il pouvait seulement aggraver sa situation ?
« Léo ? »
La réponse se fit attendre. Apparemment, le brun était lui aussi assis contre sa porte.
« Ren ?
- Je suis désolé.
- Non, c'est moi. J'aurais dû refuser...
- Et moi je n'aurais pas dû m'en mêler.
- C'est moi qui ait commencé...
- Et j'ai continué.
- Mais tu n'aurais pas continué si je n'avais pas fini.
- Si je n'avais pas continué, ça ne se serait pas fini comme ça !
- Ce n'est pas ta faute.
- Un peu quand même... et puis... qu'est-ce que ça change... ?
- La vérité, nous ne la changerons pas... »
Ren serra les dents. Est-ce qu'il pouvait vraiment se résigner à dire « C'est comme ça » ? Est-ce qu'il était ici pour se lamenter ? Non ! Les choses, il devait les changer.
« Je ne suis pas d'accord. »
La réponse traina.
« Moi non plus. Mais ça fait longtemps que je me suis découragé tu sais... »
L'albinos serra les poings. Et lui est-ce qu'il pouvait se décourager lui aussi ? Non ! S'il le faisait aussi, il n'y aurait plus aucun espoir ! Mais pouvait-il le faire... ?
« J'espère que tu m'excuseras, Léo. »
Il se leva et courut dehors sans attendre de réponse, attrapant une couteau au passage. Il devait trouver quelque chose ! Et il savait où il avait une chance de le trouver. Il s'élança vers la cabane.
Lorsqu'il arriva devant, essoufflé, Gaby l'accueillit.
« Bonjour Zuri...
- Est-ce que tu sais où Sorah s'entraine ?
- Euh... non.
- Et où Ylis habite ?
- Euh... oui. C'est dans la Rue des Chênes.
- Montre-moi maintenant s'il te plait !
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je te raconterai après !
- Bon... »
Les deux filèrent à toute allure dans les rues, slalomant entre les stands du marché hebdomadaire. Ren pestait intérieurement contre tous ses gens qui les ralentissaient. Gaby se stoppa devant une maison, essoufflé mais victorieux.
« C'est là !
- Merci ! »
L'enfant des rues le laissa et l'albinos frappa à la porte, priant pour que l'assassin ouvre... personne. Ren jura et décida de chercher autour.
Ce n'est qu'une bonne heure plus tard qu'il retrouva Ylis et Sorah en train de s'entrainer dans une rue peu fréquentée.
« Ylis ! »
L'assassin se tourna vers lui, ne semblant pas étonné de sa présence. Sorah lui sauta au cou mais il l'écarta gentiment, il n'était pas là pour lui. Le sorcier à la chevelure verte le regarda, intrigué.
« Ylis, pourquoi Léo ne veut pas me laisser tuer ? Qu'est-ce qu'il me manque ? »
L'assassin regarda Ren longuement avant de répondre calmement.
« Tu doutes. Tu n'as pas encore la bonne mentalité.
- La bonne mentalité ?
- Tu n'as pas besoin de sentiments pour tuer.
- Mais on ne peut pas se séparer de...
- La première personne que tu dois tuer, c'est toi-même. »
Ren lui lança un regard surpris. Se tuer... soi-même ? Est-ce que c'était possible ? Est-ce qu'il en était capable... ?
« Tu es rongé par tes doutes, n'importe qui peut le voir et exploiter cette faiblesse. Ce qui doit être fait, doit être fait, que tu en sois capable ou non.
- Mais elles ne seront pas faites si je n'en suis pas capable.
- Tu en es capable, il suffit de t'en persuader. Tu es capable de me voir parce que tu es persuadé que je suis là, devant toi. Mais si tu considères que je suis qu'un rêve, que je n'existe pas... je disparais de ton esprit et tu n'es plus capable de me voir. On voit ce que l'on veut bien voir.
- Mais... !
- Tu peux anéantir la réalité avec un peu d'imagination.
- Le rêve et la réalité sont deux choses différentes !
- Tu crois ?
- ...
- Tu doutes encore. Ren, tu es le seul à exister, ce qui t'entoure est ce que tu as créé avec ton imagination. Tout cela, tu peux le changer à ta guise, il te suffit d'agir.
- Mais tu existes puisque toi aussi tu peux interagir sur la réalité !
- Nous pouvons tous changer ce rêve commun. Celui qui a le plus de pouvoirs, c'est celui qui a le plus de certitude. Si tu doutes... tu te feras croquer par ta propre imagination. »
Celui qui a le plus de pouvoirs... c'est celui qui a le plus de certitude. Si Ylis avait raison... alors il lui suffisait d'être plus certain que les jumeaux. Mais est-ce qu'il pouvait l'être... ? Non ! Il l'était ! Il le fallait.
« Ren, tu ne peux pas changer ceux qui définissent cette réalité avec ton imagination. Tu peux uniquement les affecter avec la réalité.
- Ah...
- Et tu peux changer la réalité dans la limite des règles physiques. Ces règles, tu peux les changer avec de la magie, mais n'oublie pas que la magie est temporaire. Tout sort finit par disparaitre et si on en abuse, tout sera déréglé.
- D'accord. »
Comme l'assassin semblait n'avoir rien à rajouter, Ren le remercia et fila.
S'il tuait les jumeaux, Léo n'aurait plus de problèmes à cause d'eux. Le brun les aimait, il lui en voudrait, mais s'il les tuait, il serait un vrai assassin, il n'aurait plus besoin de son enseignement.
Il savait quoi faire, plus qu'à le réaliser. Il y arriverait, il n'avait aucun doute là dessus. Ce n'est pas des gosses gâtés qui l'arrêteraient.
***
Il posa la porte, ayant passé le trajet à trouver une sérénité totale. Il allait les tuer et c'était tout, peu importe ce qu'il adviendrait ensuite. Le futur n'était rien, seul le moment présent comptait, seul le moment présent était réel.
Comme si de rien n'était, il s'approcha par derrière d'Akari qui lisait. En face, Axel écrivait silencieusement, il leva un regard froid vers Ren, puis replongea dans son occupation. La brune le regarda.
« Tu veux quoi ?
- Rien, je regardais simplement ce que tu lisais.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ?
- Rien, c'est juste par curiosité. »
Elle fit une moue sceptique et reprit sa lecture. Ren en profita pour dégainer immédiatement la lame qu'il avait mis dans sa poche en partant. À la base, il l'avait prit pour Ylis, on ne savait jamais avec lui, mais finalement, elle aurait une autre utilité. Il visa le cou de la brune mais celle-ci avait remarqué l'étrange manège de l'albinos et se protégea de ses bras. Le couteau se planta dans sa main, le garou le retira pour asséner un nouveau coup.
« Akari !! »
Son frère avait bondit en avant, elle se laissa basculer en arrière pour éviter le second coup qui se préparait. Axel lui attrapa le poignet.
« Non mais ça va pas ?! Que tu... ! »
Il n'eut pas le temps finir, Ren avait tirer un bon coup sur son poignet et s'était libéré. Axel recula immédiatement, mais l'albinos décida de finir ce qu'il avait commencé, s'il en tuait un, ça serait déjà bien. Il écarta la chaise qui le séparait d'Akari, elle recula, effrayée. L'albinos s'avança jusqu'à la coincer dans un coin.
« Axel, fais quelque chose !! »
Le jeune adolescent était figé par la peur. Il revoyait exactement la même scène qu'avec sa mère, totalement impuissant.
Ren tenta un nouveau coup de couteau, et la brune ne tenta pas de se défendre. Elle se contenta de crier et de fermer les yeux, se savant perdue.
Soudain, l'albinos se sentit tiré en arrière. Surpris, il lâcha son arme et se retrouva plaqué contre le mur.
« Je peux savoir à quoi tu joues ?! »
Il n'avait pas prévu que Léo s'interpose, et il n'osa pas lui répondre. Le brun était vraiment énervé, il l'avait bien entendu, pas besoin d'être débile pour le comprendre, il valait mieux ne pas répondre.
« Alors ?! Réponds ! »
La poigne du brun se resserra sur le col de Ren. Celui-ci se laissa faire, ce n'était pas vraiment le moment de le contredire ou de protester. Las, Léo le lâcha et désigna la porte de sortie.
« Dehors ! »
Ren se dirigea vers la sortie, sans jeter un regard aux trois. Au moment où il passa la porte, il commença à pleuvoir. Cela ne l'arrêta pas, et il disparut de la vue de Léo silencieusement, comme un fantôme que l'on perd de vue.
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