11 - Au fond de toi.
En reconnaissant la voix de son agresseur, Ren se débattit de plus belle. Comment avait-il réussi à rentrer ? Et qu'est-ce qu'il lui voulait surtout ?
On le plaqua sur le lit et lui colla un couteau sous sa gorge.
« Tu restes zen mon coco, sinon je te zigouille et tu vas le sentir passer. »
Il ravala sa salive et serra les dents.
« Qu'est-ce que tu veux Tora ?
- Juste discuter avec toi. Sauf que tu m'obliges à user de la force, sinon t'aurais ramené l'autre et je veux qu'on soit en privé.
- ...
- Tu me promets de pas l'appeler si je te lâche ?
- Okay mais pas de baston.
- Ça roule. »
L'adolescent lâcha son frère et s'assit en tailleur sur le lit, face à Ren. Ce dernier l'imita.
« Je te propose qu'on fasse la paix. La dernière fois, j'ai pas été très sympa avec toi...
- Moi non plus, je me suis un peu emporté.
- Moi aussi, mais enfin tu comprends...
- Je comprends.
- Et voilà, je voulais m'excuser.
- Non, c'est à moi de m'excuser. Si Sorah ne m'avait pas arrêté...
- C'est pas grave... le principal c'est qu'on fasse la paix, non ?
- Si. »
Le grand tendit sa main au petit qui la saisit, content que ça se termine si bien.
« Tu es naïf.
- Et toi tu es insouciant.
- C'est bien possible. Sinon ça va ?
- Oui et toi ?
- J'ai de plus en plus de mal à supporter les humeurs de papa, mais sinon ça pourrait être pire. Il devient vieux et capricieux, et je voulais pas trop me retrouver tout seul, c'est pour ça que je suis venu aussi... enfin, même si tu me dis que ça va, j'imagine que t'as des soucis, aussi insignifiant soit-il. J'ai remarqué que ton copain il était pas de bon poil.
- Ah, il s'est disputé avec un de ses collègues.
- C'est pas fin.
- Non, du coup en attendant j'ai été aidé Sorah à cueillir des orties.
- C'est mieux que de regarder les gens se bouffer le nez.
- Je ne te le fait pas dire.
- Et il fait quoi comme boulot en faite ? Parce que je sais qu'il travaille pour le roi, mais il fait quoi.
- Tu ne le répéteras pas ?
- Promis.
- Assassin.
- Non ?
- Si.
- Je ne te crois pas.
- Tant pis.
- T'es sérieux ?
- Oui.
- Et tu fais quoi toi là ? T'es pas son assistant rassure moi ?
- Apprenti seulement.
- C'est déjà pas mal...
- Hm.
- ...
- Est-ce que tu me penses capable de tuer quelqu'un ?
- C'est pas que j'ai failli me faire zigouiller mais un peu quand même...
- J'étais énervé.
- Faut préciser. Très sincèrement... non.
- D'accord...
- Pourquoi ?
- Pour rien...
- Ça m'étonnerait, mais si tu ne veux pas le dire, tant pis.
- Merci...
- Mais de rien. Bon, je vais devoir filer, sinon j'en connais un qui va réveiller le quartier !
- À plus Tora...
- À bientôt Zuri ! Ou Ren, comme tu préfères ?
- Zuri pour toi.
- Noté ! »
Tora se transforma en chat et passa par la fenêtre qui avait été laissée entrouverte ce matin. Tout s'expliquait... enfin, c'était bizarre qu'il apparaisse maintenant pour faire la paix quand même. Il cachait sûrement quelque chose.
***
Le lendemain matin à l'aube, Ren alla retrouver Sorah près de la cabane. Le sorcier, encore endormi, salua l'albinos.
« Qu'est-ce qui t'amène si tôt ?
- Je voulais savoir si tu comptais proposer un nouvel entrainement groupé.
- Ben vu comment nos assassins se sont bouffer le nez, ça va être compliqué.
- Effectivement, je trouve ça plutôt dommage...
- Oui ! Mais je retenterai bien quand même... je suis sûr qu'ils finiront par se mettre d'accord !
- Tant qu'ils ne seront pas fixé sur le fait que je puisse tuer... ça continuera.
- Et t'en penses quoi toi ? Parce qu'au final, tu es la réponse.
- Hm... je ne sais pas. Hier, je me suis arrêté devant celui qu'Ylis m'a demandé de tuer... je ne voyais pas pour quelle raison il devait mourir.
- Les ordres sont les ordres ? Toi aussi tu as du mal avec ça.
- Oui... »
Sorah lui sourit.
« Il va falloir qu'on se fasse une raison mon vieux ! Bon je te laisse, si je suis en retard, Ylis va me faire passer un sale quart d'heure !
- Bonne chance ! »
Le sorcier fila, laissant l'albinos seul, les quatre autres dormaient encore. Celui-ci soupira et décida de marcher un peu, ça lui changerait les idées.
***
« Ren !! »
Il sursauta et se tourna vivement vers la voix qui l'appelait. Il vit la blonde qui rougissait avec Akari et Axel. Qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Et lui, qu'est-ce qu'il faisait là d'abord ? Il avait laissé ses pas le guider et il était arrivé dans une rue plutôt éloignée de chez lui. Il s'arrêta pour les attendre.
« Ça fait super longtemps ! T'étais où ? J'ai cru qu'on allait jamais se revoir ! »
L'albinos sourit, gêné et Soanne rougit d'un coup. Akari rit en la voyant et regarda Ren.
« Contente de voir que tu es encore en vie !
- Je compte vivre encore un peu, t'inquiète pas...
- J'espère bien ! »
Il sourit devant sa bonne humeur. Les quatre reprirent la route.
« Dis, Ren, je... tu serais libre quand pour qu'on se voit ?
- Hm... aucune idée.
- Demain ?
- Je n'en ai aucune idée.
- Dans ce cas, tu sais où j'habite ?
- Hm... oui.
- Quand tu es libre, hésite pas !
- D'accord.
- Et tu habites où ?
- On te montrera, coupa Axel.
- Vous savez ?
- Oui. »
Le reste du trajet, l'albinos ne participa pas aux discussions, perdu dans ses pensées. Soanne l'en sortit au moment de se dire au revoir. Il les salua et prit le chemin de la maison.
***
L'après-midi, il se rendit en mission avec Léo, qui était resté plutôt silencieux. Ren n'aimait pas lorsqu'il était comme ça, mais il devait faire avec.
Le brun une fois de plus, laissa l'albinos surveiller les alentours. Il était au bord de la ville, il avait peu de monde, voir personne. Du moins, il le croyait. Dès que Léo eut tourné le dos, une main le bayonna et le souleva comme s'il était un poids plume. Le garou avait beau se débattre de toutes ses forces, son kidnappeur ne semblait pas décidé à le lâcher. Il finit par se calmer en comprenant que c'était inutile de résister et reconnut immédiatement celui qui le tenait. C'était fini pour lui... sauf si Léo les retrouvait mais l'homme s'enfonçait dans les ruelles sombres que personne ne prenait. Le sol était boueux, avec un peu de chance, le brun remarquerait les empreintes.
Dans une impasse sombre, l'homme finit jeter l'albinos au sol.
« Alors comme ça on nous laisse tomber ? Sale môme va ! »
Il donna un coup de pied au garou qui était déjà au sol. Celui se protégea avec ses bras mais l'autre ne lui laissa pas un moment de répit et l'attrapa par les cheveux. Il le souleva du sol comme on souleverait un insecte. L'albinos serra les dents sous la douleur et par "chance", l'homme le balança à nouveau par terre.
« Je vais te faire périr à petit feu et tu vas le sentir passer, tu vas voir. »
L'homme ricana et jeta un regard fou à l'enfant. Comment en était-il arrivé là ?
« Papa...
- La ferme ! »
Il donna un nouveau coup de pied au visage du garou. S'il ne réagissait pas, il allait se faire tuer. Mais à main nue, il ne pourrait rien faire contre cette brute. Pourtant... il devait bouger !
Il se releva et se secoua pour retirer la plus grosse partie de la boue qui s'était collée à lui. L'autre l'attrapa par le col et le plaqua contre un mur. Il s'apprêta à donner un bon coup de poing lorsqu'une voix l'arrêta.
« Lâchez-le sinon je tire ! »
Les deux se tournèrent vers le nouveau venu. Léo ! Le brun pointait son arme à feu vers la brute, l'air déterminé à exécuter ses menaces si besoin. Soudain, une ombre se glissa derrière lui et lui colla un couteau sous la gorge.
« Tora !
- Et toi, si tu tires, je te zigouille.
- Et si tu me zigouille, je tire.
- Tora ! Pourquoi ?
- Tu crois que je vais le laisser tirer sur mon père peut-être ?
- Donc si c'est moi qu'il tue, tu t'en fous ?
- Rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà, Zuri. »
L'albinos se tue. Il était sûrement le plus en danger de mort ici, et il avait plutôt intérêt à trouvé une solution rapidement...
« Peut-être qu'on pourrait discuter plutôt que de se taper dessus ?
- C'est toi qui ça le chien ?
- Chien ou pas, je maintiens ma proposition.
- Et moi, je la décline.
- Pourquoi vous en voulez autant à Ren ?
- Ren ? Tiens c'est mignon ça comme nom...
- Merci, c'est moi qui l'ait choisi.
- T'es qui pour changer le nom de mon gamin ?
- Le nouveau tuteur de Ren, alors maintenant lâche le et restons en là !
- Il me semble que t'es pas dans une bonne position pour négocier.
- Parce que tu l'es toi ?
- Meilleure que toi.
- Et pourquoi tu lui en veux autant ?
- Ça me parait normal de corriger mes gamins quand ils font des conneries. J'imagine que tu ne peux pas comprendre ça.
- Pas vraiment, j'ai plus le droit de les punir les miens. Même si des fois, ça me démange...
- Dommage pour toi.
- Et c'est quoi sa connerie ?
- D'avoir laisser sa famille crever.
- C'est pas sa faute, c'est de la mienne. C'est moi qui lui ai proposé, et dans l'état où vous l'avez laissé, il n'avait pas d'autres choix que d'accepter !
- M'est égal. Il a failli à son devoir, les raisons m'importe peu.
- Et puis vu la manière dont vous le traitiez, il avait toutes les raisons de filer.
- Ah ouais ? Je trouve qu'on était bien gentil avec ce menteur.
- D'ailleurs j'aimerai bien savoir pourquoi vous lui avez interdit de parler.
- Parce que c'est un menteur. S'il se tait, il ne raconte pas de connerie.
- Certes. Mais il ne peut pas dire la vérité non plus.
- Si tu es là pour critiquer mon éducation, tu peux rentrer chez toi.
- Je ne rentrerai pas sans Ren.
- Je m'occupe de lui et je te l'envoie par la poste s'il n'y a que ça pour te faire plaisir.
- Je tiens quand même à le récupérer en entier. »
Le brun regarda l'adolescent.
« Si je baisse mon arme, tu enlèves ce couteau de là ? »
Tora hocha silencieusement la tête. Léo baissa lentement son revolver, et le chat garou noir, sa lame. L'homme, de nouveau sans menace, s'apprêta à finir ce qu'il avait commencé lorsque que son bras explosa littéralement. L'albinos surpris, se retrouva non pas marron de boue mais rouge de sang. La brute, recula sous la douleur, pas moins surprise. Libre, Ren tomba au sol. L'adolescent accourut vers le blessé.
« Papa ! »
Une ombre passa derrière l'homme et lui trancha la gorge et commença à décrire une trajectoire vers Tora. Ren bondit sur son frère, espérant arriver à temps. Il le heurta, les deux tombèrent en arrière, ils sentirent la lame passer juste au-dessus de leur tête et tombèrent lourdement au sol, l'un sur l'autre.
Léo fit un pas en avant, en voyant les deux s'affaisser au sol. Ils allaient bien, le nouveau venu leur avait seulement coupé quelques mèches de cheveux.
Tora sentit Zuri trembler. Il se redressa, serra l'enfant contre lui et lui murmura quelques paroles apaisantes, comme une mère l'aurait fait. L'albinos lui avait sauvé la mise, il pouvait bien faire ça... il fut bientôt lui aussi couvert de boue et de sang, mais à la rigueur, il s'en fichait. Seulement ce qui se cachait sous la saleté comptait. Mais le petit animal qu'il tenait tremblait de plus en plus et cela commençait à l'inquiéter.
« Zuri... ça va aller ? »
L'albinos tourna lentement la tête vers celui qui avait tenté de tuer son frère. Il reconnut sans peine Ylis. Qu'est-ce qu'il faisait ici ? Et de quoi est-ce qu'il se mêlait ?! Il leva, animé par l'unique force de sa colère. Il planta ses yeux dans ceux de l'assassin.
« Pourquoi tu l'as tué ?! Il ne le méritait pas !!
- Qui es-tu pour juger si les gens méritent de vivre ou non ? »
Une longue queue blanche apparut sous le manteau sale de l'enfant et se mit à se balancer furieusement. Deux oreilles poilues vinrent se plaquer sur le crâne de l'albinos et un grognement sourd sortit de sa gorge. Tora attrapa la manche de son frère, devinant ce qui allait se passer. Il n'était pas Sorah, il ne réussirait sûrement pas à l'arrêter s'il s'emporte. Ren posa ses yeux rouges sur l'autre garou, ce dernier fut surpris par la haine farouche dont ils étaient animés. Jamais, jamais, il n'aurait cru cela possible venant du frère silencieux et calme qu'il avait connu. Était-ce bien Zuri qui se tenait devant lui ? Le garou blanc tira un coup sec sur sa manche et se libéra, Tora n'essaya même pas de le rattraper, sous le choc.
En face de lui, Ylis sourit, semblant satisfait de la réaction qu'il avait provoqué. Le chat furieux, bondit en avant, et dégaina un couteau. Tora sursauta, c'était sa lame ! Il posa sa main au niveau de sa poche... Zuri l'avait prit et il n'avait rien vu !
Léo, en voyant son élève avancer, lui barra la route.
« Ren ! Calme toi ! »
Sans s'arrêter, le garou se transforma en félin pour passer entre les bras du brun et reprit sa forme intermédiaire. Le brun n'eut pas le temps de l'attraper, jamais il n'aurait cru que son apprenti puisse être aussi rapide. Il se retourna vivement, et vit les deux assassins croiser le fer. Les lames s'entrechoquaient dans de petites étincelles. Ylis avait clairement le dessus, mais Ren redoublait de force à chaque coup. Ça allait mal finir, l'assassin se contentait peut-être de se défendre uniquement, mais si l'apprenti perçait sa garde, il n'hésiterait pas à le blesser pour ne pas se prendre de coup.
Sans réfléchir, il s'approcha et tira Ren par la capuche en arrière. Surpris, celui-ci se retourna brusquement, faisant glisser le tissu des doigts du brun.
« Ren ! Ça suffit ! Tu vas te faire mal ! »
Les regards de l'albinos et du brun se croisèrent une fraction de seconde, ce qui fut bien assez pour que Léo comprenne qu'il ne le raisonnerait pas avec des mots. Le garou blanc s'apprêta à se tourner vers sa cible, mais l'assassin l'attrapa fermement par le bras.
« Ren, je t'ai demandé d'arrêter. »
Le garou lui répondit par un grognement et tenta de se dégager. Cependant, le brun était plus décidé que Tora et ne le lâcha pas. À vrai dire, il n'était pas rassuré, les mouvements de l'albinos ne s'anticipaient pas facilement dans l'état où il était. Et qui lui disait qu'il n'allait pas l'attaquer sous la colère ?
« Ren, s'il te plait, calme toi... »
L'enfant se mit à tirer de plus belle. Voyant qu'il n'arriverait à rien, il attrapa le couteau dans sa main libre et visa le bras de Léo. Celui-ci lâcha l'albinos au dernier moment et de son autre main, attrapa à nouveau Ren par le poignet et le maintenu vers le bas. Puis, de sa main libre, il tenta de récupérer la lame de son élève. Ce dernier non plus n'était pas décidé à lâcher.
Léo ne voulait pas lui faire mal, il s'en voudrait et rien ne lui disait que l'albinos ne lui en voudrait pas non plus. Si seulement Sorah était là... il saurait comment faire lui. Mais Ylis était là, le sorcier était forcément dans les parages ! Il attrapa l'autre bras de Ren, passa son pied derrière l'enfant et le fit basculer en arrière. L'albinos se retrouva les fesses par terre mais n'avait pas décidé de s'avouer vaincu. Il était hors de question qu'Ylis s'en tire comme ça ! Il mordit le poignet du brun à sang malgré son manteau. Celui-ci grimaça et se retint de ne pas rendre le coup au garou. Il fit basculer à nouveau l'enfant en arrière et le plaqua au sol.
« Ren, ça suffit maintenant ! Tu crois gagner quoi à faire ça ?! »
L'albinos resserra sa mâchoire sur le poignet de Léo. Ce dernier serra les dents, et donna une bonne claque à Ren, ce qu'il regretta presque aussitôt. C'était parti tout seul.
Le garou se figea et regarda Léo.
« Désolé mais tu m'y obliges un peu... »
Il désarma le garçon, profitant de son immobilité. Le chat garou lâcha le poignet de son aîné, semblant un peu perdu.
« Ça va mieux ? »
Léo se décala pour le laisser se relever, restant agenouillé près de lui. Le garou blanc se redressa et porta sa main à sa tête, troublé.
« Tu es vraiment trop gentil Léo. »
Le brun se retint de lui répondre, il ne fallait pas qu'il s'énerve maintenant. Il fixait Ren qui reprenait peu à peu ses esprits.
« Lorsque tu es arrivé, tu aurais dû tirer tout de suite. Ça vous aurez évité des ennuis. Surtout que discuter avec les gens n'amènent jamais à rien. »
L'albinos regarda Tora, Ylis puis Léo, remettant de l'ordre dans ses idées. Il jeta un coup d'œil au poignet de Léo, il l'avait blessé... et il avait tenté de lui donner un coup de couteau...
« Et puis, lorsque les enfants font des bêtises, c'est normal de les remettre dans le droit chemin, et les paroles ne suffisent pas. Tu n'as pas à avoir de remords à frapper si c'est nécessaire. »
Léo sourit et écarta légèrement les bras. Ren leva un regard étonné vers lui et se réfugia contre lui.
« Tu as raison Ylis, mais après, il faut se réconcilier. »
L'albinos cala sa tête contre la poitrine du brun et laissa couler quelques larmes. Léo lui frotta le dos pour le réconforter.
Tora les regardait silencieusement. Il se retrouvait tout seul, mais il était content pour Ren. Il avait trouvé une nouvelle famille apparemment. Lui, il n'avait plus qu'à disparaitre dans les rues. Personne ne l'attendait nulle part, totalement libre. C'était désormais le seul maître de sa destinée, solitaire. Et il n'y aurait personne pour critiquer ou s'opposer à lui quoiqu'il fasse, dictateur de sa propre vie. Il s'en serrait bien réjoui, s'il avait une idée de quoi faire. Enfin, il réfléchirait sur la route, il avait tout son temps...
« Ce n'est pas indispensable, puisqu'il y a des chances que cela se reproduise.
- Tu n'avais pas à intervenir !
- Et qui l'aurais fait ? Tu es aveugle ou tu le fais exprès ? Je te signale quand même que je ne n'étais pas intervenu, ton petit protégé aurait quelques dents en moins.
- Je l'aurais fait.
- Ah oui, tu semblait pourtant un peu loin pour pouvoir quelque chose avec ton revolver baissé. Tu es vraiment...
- Tais-toi !
- Comme tu voudras, mais je pense que si tu n'étais pas intervenu pour le calmer, il aurait fini par tuer quelqu'un.
- Je n'ai jamais dit qu'il en était incapable, j'ai dit qu'il n'était pas prêt à le faire.
- Tu comptes attendre longtemps ?
- Le temps qu'il faudra.
- Ça n'aboutira pas... plus on attend, plus c'est compliqué.
- Peut-être que ça sera compliqué, mais ça ne sera pas insurmontable. »
Léo tentait de rester calme, autant que possible, mais l'autre commençait vraiment à lui taper sur le système.
« Tu dépendras de la vitesse à laquelle tu t'y prendras.
- Pars !!
- Il me semble que tu n'as pas d'ordre à me donner.
- S'il te plait.
- La politesse m'est égale. »
Ren sentit que le brun allait craquer et essuya ses larmes d'un revers de manche. Il s'écarta doucement et se leva, fixant calmement Ylis.
« Sorah doit t'attendre, tu devrais y aller.
- Tu ne manques pas de cran gamin.
- ...
- Sur ce, au revoir. Mais si tu veux un conseil, ne prends pas exemple sur la gentillesse de Léo. Ça le perdra.
- Au revoir.
- Les réponses sont au fond de toi... »
Il disparut aussi vite qu'il était arrivé. Ren regarda Léo.
« On rentre ?
- Avec plaisir. »
Tora avait déjà filé, sans qu'ils le remarquent. L'albinos aurait aimé lui dire au revoir, mais tant pis. Les deux prirent le chemin du retour.
Ren donna la main à Léo. Ce dernier fut surpris et regarda le garou mais celui-ci fixait droit devant lui, les yeux dans le vague. Le brun soupira légèrement, un peu amusé, même ses propres enfants ne lui donnaient pas la main...
De son côté, les paroles que lui avait murmurer Sorah chez le docteur raisonnaient dans la tête de Ren. Et s'il avait raison ? Le sorcier avait dit cela en rigolant... mais ne cachaient-elles pas une part de vérité ?...
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