Chapitre 13 : Incertains
Levy baissa la lettre qu'elle tenait devant ses yeux. Ses mains n'avaient pas cessé de trembler durant sa lecture. Peut-être même que les tremblements s'étaient empirés. Tout était tellement irréel. Elle allait se réveiller. Elle devait se réveiller. Mais les yeux qui la fixaient étaient bien vrais. Le roi qui était au pouvoir était responsable de la mort de ses parents, de ces nombreux membres de Phantom qui avaient donné leur vie pour les protéger. Ces gens incluant les parents de Juvia, la mère de Gajeel, mais aussi son père, ce Metalicana Redfox, celui à qui elle devait la vie, celui qui avait profité de ses dernières forces pour lui écrire une lettre. Cette lettre était si légère dans ses mains, et pourtant, son contenu venait de mettre sur ses épaules un poids qu'elle ne se serait jamais imaginée porter.
- Le roi Auguste est celui responsable de la tragédie qui s'est produite il y a dix-huit ans.
- Quoi? S'exclama Gray.
- Je savais que c'était un bâtard, grommela Gajeel, plus d'agressivité dans la voix qu'à l'habitude, lui aussi clairement atteint de la nouvelle.
- C'est pour ça qu'il voulait attendre que tu sois prête avant que je te remette la lettre, souffla Makarov pensif. Je savais qu'elle contenait quelque chose d'envergure.
- T'as jamais ouvert la lettre? S'étonna Gajeel sans prendre la peine de vouvoyer le vieil homme.
Makarov se tourna vers lui.
- Ton père m'a demandé de remettre cette lettre à Levy. C'est ce que j'ai fait.
- Mais pourquoi laisser le bâtard sur le trône toutes ces années? Le vieux n'avait clairement pas les idées claires dans son état! S'emporta-t-il.
- Pour réussir un coup d'état de la sorte et tromper une partie des meilleurs soldats de Phantom, Auguste a sans nul doute une bonne emprise sur le royaume, intervint Gray. Sans compter que...
Il regarda Levy d'un air désolé avant de compléter sa phrase.
- Dans un cas où le royaume devait tomber dans un tel état de confusion, s'ils choisissent de suivre un nouveau monarque, ce sera la reine légitime, celle que tous avaient cru perdre. Un bébé ne pouvait pas combler ce besoin.
Levy se laissa tomber sur le divan. Ses jambes ne la portaient plus. Non. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait simplement pas diriger. De fins bras s'enroulèrent autour de ses épaules. Jetant un œil près d'elle, elle remarqua que Juvia était maintenant assise à ses côtés sur le divan et l'avait pris dans ses bras, sa joue appuyée sur l'épaule de Levy.
- Juvia ne connait pas Levy depuis longtemps, mais elle la considère déjà comme une amie.
Alors que des larmes coulaient de plus belles sur les joues de Levy, Juvia ajouta :
- Juvia est avec Levy. Elle sait aussi que Gajeel fera tout pour l'aider sans oublier mon cher Gray.
- Merci, dit-elle, ses mots franchissant à peine ses lèvres.
Puis Levy senti une autre main sur son épaule. Cette fois c'était Gray.
- Juvia a raison. On est tous avec toi. On va déloger cette pourriture d'imposteur, sois sans crainte.
Malgré ces paroles qui se voulaient encourageantes, un lourd silence s'installa dans la pièce. Ce fut Makarov qui prit enfin la parole.
- Je vais aller à l'ouest, annonça-t-il.
- Pourquoi l'ouest? Demanda Gray.
- Nos rapports avec le royaume voisin ont été coupés à la mort des parents de Levy, Auguste ayant refusé de maintenir les ententes. S'ils apprenaient que leur héritière est toujours en vie, il y a de bonnes chances qu'ils nous offrent leur appui.
Tous hochèrent de la tête.
- Et nous? Osa dire Levy.
Elle n'avait pas besoin d'étayer. Tous savaient qu'elle parlait de leur situation précaire de fugitifs.
- Allez dans les montagnes jusqu'à mon retour dans disons deux semaines. Donnons-nous comme point de rencontre les vieilles ruines dans la forêt derrière la capitale dans précisément 14 jours.
Le groupe approuva de nouveau alors que Makarov, jeta un œil derrière les rideaux.
- Allez vites préparer vos choses pour ces semaines en forêt. Le village commence déjà à s'animer et Magnolia est le premier endroit où ils essaieront de vous trouver.
- Merci grand-père, dit Levy en utilisant le surnom affectueux qu'elle lui avait donné enfant, prenant l'homme dans ses bras.
- Sois forte, Levy. Et saches que cette force dont tu as besoin est beaucoup plus présente en toi que tu ne le crois.
Levy ne dit rien, craignant de repartir en larmes si elle prononçait un seul mot et sortit à la suite des autres.
- On se rejoint ici dans une demi-heure, annonça Gajeel. Prenez tout ce qui peut nous servir pour les semaines à venir.
Sur ce, elle vit Gray s'éloigner, suivi de très près par Juvia. Gajeel fit de même. Levy savait que ce dernier n'avait pas vraiment de choses personnelles, mis à part son épée qu'il portait déjà à la taille, mais qu'il irait se procurer des fournitures essentielles pour leur survie. Levy se rendit donc chez elle, mettant dans un sac certains effets pouvant lui être le plus utile, luttant contre sa volonté d'emmener plusieurs livres, puis revint en vitesse derrière la maison de Makarov. Une grande silhouette aux cheveux noirs était visible. Lorsqu'elle réalisa qu'il était seul, Levy en fut soulagée. Il fallait qu'elle lui transmette un message, chose qu'elle ne pouvait pas vraiment faire comme il se doit devant les autres.
- J'ai quelque chose à te dire, dit-elle une fois près de lui.
Ce dernier leva un sourcil, semblant vouloir dire «ben alors dit le!»
- Ton père est fier de toi.
Le sourcil qu'il maintenait élevé s'abaissa aussitôt. Devant son air de stupéfait, Levy précisa.
- Ton père tenait dans sa lettre à ce que je dise à son fils, s'il devait croiser ma route, qu'il était fier de lui.
- Pfffff... Comment le vieux pouvait savoir s'il serait fier? J'étais un bambin inutile quand il est mort.
- Il... il savait aussi que tu serais un précieux allié, ajouta-t-elle, ignorant son commentaire en rougissant un peu.
- Tssss.
Cette fois, il avait du mal à trouver une réplique. Gajeel pouvait-il vraiment être sans mot?
- Il avait raison sur presque tous les points, dit-elle.
- Il a oublié la partie où j'ai presque tué la future reine? Dit-il avec amertume.
Elle l'ignora.
- Il avait tort à propos du fait que tu sois un allié. T'es plus que ça, ajouta-t-elle rapidement. De ton étrange, invivable, dérangeante et exaspérante manière, tu comptes pour moi. Pas juste en tant qu'allié, mais en tant qu'ami, conclut-elle.
Pour un moment, elle eut peur qu'il se mette à rire, qu'elle ne soit pour lui qu'une source de problèmes. Puis il rit, mais pas le rire de mépris qu'elle craignait. C'était plutôt ce rire charmant à sa façon. Celui qu'elle ne voyait que rarement.
- Gihi, ne me dis pas que la crevette a arrêté de me détester!
- Je ne t'ai jamais détesté idiot! Bouda-t-elle. En tout cas pas à partir du moment que t'a arrêté d'agir comme une brute, se corrigea-t-elle
- Tu veux dire comme ça? Dit-il en la balançant sur son épaule comme si elle était un sac de farine.
- À non pas encore! Se plaint-elle mi- sérieuse.
Elle se débâtit sans que Gajeel n'en soit dérangé. Puis il la déposa devant lui, les bras de la jeune femme toujours autour de son coup pour s'assurer de conserver son équilibre à peine retrouvé. Puis leurs regards se croisèrent.
- T'étais sérieux quand tu disais que tu ne me laisserais pas tomber? Souffla-t-elle.
L'air du jeune homme redevint sérieux.
- J'ai l'air d'un gars qui dit des choses pour plaire aux gens? Dit-il. Si je l'ai dit, c'est que je le pense.
Elle ne put s'empêche de retenir le sourire sincère qui étira ses lèvres.
- Parfait, dit-elle. Alors tu vas respecter ton autre promesse?
- Je ne me rappelle pas avoir promis quoi que ce soit, se méfia-il.
- Entraîne-moi, dit-elle tout de même. Pendant les deux semaines que nous devons attendre.
Il sonda un peu plus son regard, comme s'il essayait de vérifier à quel point elle était sérieuse.
- Gihi! On va voir ce qu'on peut faire avec toi sur un champ de bataille crevette.
***
Juvia était nerveuse. Et elle savait que Gray l'était aussi à sa manière. Même si son expression restait de marbre, il avait enlevé la chemise qu'il s'était mise en moins d'une minute, soit plus rapidement qu'à la normale. Elle ramassa sa chemise par terre, la tenant dans ses bras puis s'assit sur le lit, la tristesse marquant son regard. Gray continua un peu de faire son sac puis remarqua que la jeune femme, normalement pleine de vie, n'avait pas dit un mot depuis leur arrivée.
- T'es pas comme ça d'habitude, laissa-t-il tomber. Même avec tout ce qui nous est tombé dessus tu souriais plus que ça.
- Juvia est triste, souffla-t-elle.
- Ça je m'en doutais, soupira-t-il, ne sachant pas vraiment quoi faire de la situation.
- Juvia est triste parce qu'elle ne peut pas s'empêcher d'avoir de la joie en sachant que son amour est auprès d'elle. Quelle horrible personne est heureuse qu'un malheur s'abatte sur les autres? Juvia ne mérites même pas que Gray soit à ses côtés...
- Hey! Pleure pas! S'exclama Gray visiblement mal à l'aise de voir les larmes qui commençaient à couler abondamment sur ses joues. Je... commença-t-il en se grattant l'arrière de la tête, même si je ne te souhaiterai jamais de mal, je suis content que tu sois là aussi.
- Vraiment! S'exclama Juvia en se jetant dans ses bras.
- Oui, mais ... ah! S'exaspéra-t-il, par là je veux pas nécessairement dire là sur moi!
- Mais Juvia est si contente que Gray ne la déteste pas! Renchérit-elle en se lovant encore plus contre son torse.
Gray referma ses bras sur elle un moment, puis la repoussa sans délicatesse.
- Allons rejoindre les autres, annonça-t-il réalisant que s'il ne la poussait pas, ils seraient encore ici au coucher du soleil.
Avant de sortir, Gray jeta un dernier coup d'œil à la petite maison qu'il occupait depuis des années. Il n'avait aucune idée quand il pourrait y retourner ou si même il pourrait y retourner un jour. Quoi que l'avenir ait en réserve pour eux au bout du compte, les prochains jours seraient sans aucun doute incertains.
Pas grand-chose à dire comme note d'auteur pour ce chapitre :p Simplement merci pour les commentaires et les votes!
Bonne journée!
Lily xx
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