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Chapitre 69 : Les Fantômes des Oubliés

Présentement en tain de m'empêcher de me ruer vers ma télé. Oui oui je regarde un certain débat et j'ai envie de tuer une certaine personne. Dieu que les journalistes sont tendus, tu m'étonnes ils ont déclenché l'apocalypse. 

WELL. Bonne lecture pour ce chapitre et on se retrouve demain ! 

***

Chapitre 69 : Les Fantômes des Oubliés.

Ce fut le début d'une descente interminable, poisseuse, et la plus angoissante qu'elle n'ait jamais vécu. Elle entendait derrière elle Adam faire diverses embarquées à mesures qu'ils passaient dans les coudes, et s'y rattacha. Enfin le tunnel devint horizontal et elle eut à peine le temps d'apercevoir une vague lueur qu'elle heurta Zephan de plein fouet. Le garçon, qui venait à peine de se redresser, retomba pêle-mêle avec elle.

-Par Merlin, Weasley !

-Désolée, marmonna Lucy en se redressant, une main sur sa poitrine.

Le choc avait ravivé sa blessure de Quidditch, et elle s'était un instant retrouvée le souffle coupé. Jina et Will l'aidèrent à se relever avant qu'Adam de débouche du tunnel, les cheveux ébouriffés, les yeux hagards.

-C'est humide, par ici, maugréa-t-il avant de se tourner vers Lucy, toujours haletante. Ça va ?

Elle hocha sèchement la tête et passa sa main dans la sienne en calmant sa respiration. Les doigts d'Adam avaient été écorchés par les tuyaux et tous étaient dans un sale état.

-On est au complet ? s'enquit Lysander, son regard bleu se posant sur chacun d'entre eux. Allez on y va !

Lucy détailla mécaniquement les tunnels pour tromper la peur. Le sang battait sourdement à ses oreilles. Ils étaient dans un long couloir humide, sombre et visqueux, uniquement éclairés de leurs baguettes. Le silence était simplement rompu par les craquements sinistres d'os sous leurs chaussures. Des petits animaux avaient dû passer de sinistres moments ici, si Lucy en jugeait par le sol recouvert de leurs squelettes. L'ambiance était tendue et chaque son les faisait sursauter, et chacun se retournait sur le qui-vive, comme s'il s'attendait à trouver le monstre de Serpentard derrière eux.

-Vous êtes sûr qu'il est mort, le monstre ? s'enquit justement Zephan dans un chuchotement.

-Oui, répondit sèchement James sur le même mode. Maintenant tais-toi, le Farfadet. On ne voudrait pas qu'ils nous entendent arriver.

-Avec le boucan qu'on fait ? marmonna Stephen en jetant un regard sombre aux squelettes de rongeurs.

Il était en tête de file, tel le leader de Poufsouffle qu'il était. Il était d'ailleurs le seul représentant de sa Maison : Octavia, la préfète-en-cheffe, était restée pour les sortilèges, et les autres volontaires comme Erin Flinch-Fletchey étaient trop jeunes. Et de toute manière, la seule autre Poufsouffle dont ils auraient eu besoin se trouvait parmi les personnes à sauver. Soudainement, au détour d'une courbe, alors que Lucy n'apercevait toujours pas la fin du tunnel, il se tendit :

-Arrêtez, stop !

L'ensemble du groupe s'immobilisa et Lorcan se heurta à Lucy brusquement. La jeune fille ravala une plainte, mais ne put s'empêcher de porter sa main à sa poitrine. Adam remarqua son geste et lui jeta un regard suspicieux. Stephen les força à se coller à la paroi rocheuse et donna un coup de coude à Lysander.

-Regarde là-bas, souffla Stephen d'une voix si basse que Lucy n'était pas certaine que tous aient entendu. Ça bouge.

Il avait raison. Maintenant que le silence était fait, Lucy pouvait percevoir l'agitation qui se répercutait sur les parois humides du tunnel. Des timbres de voix, des bruissements de tissu. Il lui semblait même entendre des pleurs et son cœur manqua un battement. Lysander se pencha discrètement pour apercevoir la fin du tunnel avant de revenir vers eux en hochant sinistrement la tête. Il les força à reculer discrètement avant de leur chuchoter :

-D'accord je pense qu'on y est. Euh ... (Il lorgna les Mousquetaires). Je suppose que vous n'avez pas d'oreilles à rallonge sur vous ?

Roxanne se fendit de sifflements indignés (le chewing-gum ne devait pas avoir perdu son goût) qui se répercutèrent dans le couloir, si bien que Lionel se dépêcha de lui couvrir la bouche sa main.

-Je pense qu'elle veut dire qu'on a assez perdu de temps comme ça, traduisit James, les yeux étincelants. Maintenant on doit y aller.

-Comme ça, sans plan ? protesta Jina, dubitative.

-Ça mon cœur, il fallait y penser avant de plonger ici.

-Jina a raison, insista néanmoins Eléonore. Il nous faut quand même un plan, même en gros. (Elle planta son coude dans les côtes de Zephan, lui arrachant une grimace). Une troisième idée lumineuse ?

-Lui je ne sais pas ..., entonna James en extirpant quelque chose de sa poche. Mais j'ai quelque chose qui pourrait nous être utile.

Il sortit du tissu argenté roulé en boule dans son poing et Lucy reconnut la Cape d'invisibilité héritée de son père. Dominique plissa les yeux.

-Vu l'obscurité ambiante, si on est assez discret, un simple sortilège de désillusion ferait l'affaire.

-Attendez deux minutes, siffla Lorcan en se penchant pour apercevoir le bout du tunnel. On ne peut rien faire sans savoir ce qu'il en est ...

-Roh, marmonna Dominique, consternée par le manque de discrétion de son petit-ami. Je vous jure ...

Elle abattit sèchement sa baguette sur le crâne de Lorcan, qui se mit à lentement disparaître jusqu'à se fondre complétement dans le décor.

-Maintenant tu peux aller jouer les espions.

-Vous êtes sûrs que c'est une bonne idée d'envoyer un Dragonneau ? s'enquit timidement Lionel.

-Lorcan est le plus discret de nous deux, en tout cas, assura Lysander, alors que Lucy foudroyait son ex-petit-ami du regard.

Ils attendirent nerveusement, collé à la courbe de la paroi rocheuse, le souffle court. Lucy se pencha le plus discrètement possible pour tenter d'apercevoir quelque chose. Ce qui semblait être deux battants d'une porte en pierre était ouvert sur une salle dont elle percevait la faible lueur. Mais avant qu'elle ne puisse en voir plus, Louis la fit sèchement revenir en arrière. Néanmoins, elle en avait assez vu pour se pencher vers Adam et lui murmurer à l'oreille :

-Gethin l'avait vu.

-Quoi ?

Il avait répondu sur le même mode, très bas pour que personne ne puisse les entendre. Lucy en était à présent certaine : elle revoyait l'esquisse que Gethin leur avait montré il avait de cela quelques semaines. Rien de bon, disait-il alors.

-Près de l'escalier, Gethin nous a montré un dessin pas terminé. Quelque chose d'hostile et d'humide, il disait. Je suis sûre que c'est ça.

Adam hocha mollement la tête, sonné. Puis enfin, quelques minutes plus tard, une voix s'éleva à coté de Lysander :

-Franchement, c'est des cinglés !

Lysander fut le seul à ne pas sursauter. Dominique leva le sortilège et Lorcan fut à nouveau visible par tous. Ses yeux luisaient d'effroi. Il se mit alors à décrire ce qu'il avait entraperçut au bout du tunnel, et le sang se figea dans les veines de Lucy.

-Des bûchers ? souffla-t-elle, incrédule. Tu es sûr ?

-C'était assez loin, tout au bout de la Chambre, mais pour le coup oui je suis assez sûr. Sept bûchers.

-Il a décidé d'appliquer la prophétie à la lettre, constata Adam d'une voix éteinte. « Qu'ils brûlent tous » ...

-Tu as vu Shannon ? s'enquit immédiatement Zephan. Et Max ?

-Et Lily ?

-Arrêtez, on a des questions plus urgentes ! les interrompit Stephen avant de se tourner vers Lorcan. Et les ravisseurs, combien ils sont ?

Un frisson parut parcourir Lorcan.

-Une vingtaine environ. Tous en cagoule blanche, comme des anti-Mangemorts, si on veut. Il n'y en a qu'une qui n'avait pas de capuchon et ... Bon sang par Merlin ... Je le crois pas ...

-Laureen, devina sombrement Lucy en hochant la tête. Comme c'est surprenant.

-Qu'est-ce qu'on fait ? s'enquit alors Zephan, baguette brandie. On y va ?

-Du calme, le Farfadet, le coupa James en posant une main sur son bras. Il est temps de laisser faire les maîtres. Roxy, il a encore du goût ton chewing-gum ?

***

C'était un cauchemar.

Elle allait se réveiller.

Pourtant, malgré la douleur lancinante qui lui labourait la poitrine, Shannon ne se réveillait pas. Elle en concluait que la vingtaine de silhouettes blanches alignées à présent face à elle était bien réelle.

Ainsi que le petit Gethin Scampers en pleurs entre elles.

Elle avait été néanmoins soulagée que le Gryffondor ne semblait souffrir d'aucune blessure physique. Comme eux tous, il avait été privé de sa baguette, mais il n'était pas attaché. Quelqu'un d'assez petit – qui, selon ce que Shannon avait pu observer, semblait être l'un des chefs – gardait en permanence une main sur son épaule.

Max Yaxley les défiait tous du regard à côté d'elle. Malgré tout, ses yeux luisaient encore d'une peur qu'il ne parvenait pas à masquer quand il regardait les silhouettes devant elle. La seule personne que Shannon n'avait pas réussi à identifier – la Weasley – avait fini par relever la tête. Shannon n'avait pas reconnu tout de suite ses traits, avant de comprendre par déduction qu'il s'agissait de Molly, la sœur aînée de Lucy. Une des silhouettes avait tenu à lui attachée une cravate aux couleurs de Serdaigle à son cou, ce à quoi la jeune femme avait tenté de répondre par un coup de pied bien placé. Malheureusement, un sortilège l'avait immobilisé et elle se contentait de contempler férocement leurs ravisseurs.

-Nous pouvons commencer, déclara soudainement une voix féminine à la droite de Gethin.

-Oui, Cattermole, je le pense. Fantômes ... Nous pouvons nous dévoiler.

D'un ensemble parfait, ils découvrirent leur tête et laissèrent tomber les masques. Laureen avait déjà été découverte et souriait de toutes ses dents. L'autre personne que Shannon reconnut immédiatement, ce fut le professeur d'Arithmancie Dennis Crivey : c'était celui qui tenait Gethin par l'épaule. Mais il fut le seul qui lui évoqua quelque chose. Les autres étaient de tout âge : assez âgés pour avoir connu pour avoir connu Grindewald et les deux guerres, trop jeunes pour avoir consciemment connu la chute de Voldemort.

-Vous avons le temps, reprit la première femme qui s'était exprimée.

Elle était assez jeune, environ vingt-cinq ans, mais son visage sévère et ses traits tirés lui faisaient paraître plus.

-Mais je propose que l'on se dépêche. Il faut que nous soyons partie avant que Harry Potter ne se rende compte que nous sommes encore à l'école. Finissons-en.

-Non, Ellie, nous en avons déjà parlé, protesta un vieil homme à la voix sifflante. Ils ont le droit de savoir pourquoi ils vont mourir.

La phrase gela complètement les entrailles de Shannon, et tous les prisonniers devinrent livide. Un sanglot s'échappa de la gorge d'Edward Roockwood et Scorpius eut visiblement lui aussi du mal à réprimer son émotion. Lily et Luke parvinrent eux à garder cette expression ouvertement hostile qui impressionna Shannon. Car on avait beau se dire qu'on allait être courageux, qu'il fallait affronter la mort en face quand elle se présentait à vous ... Il n'empêchait que dans ces cas, la seule chose qui emplissait leur être était une terreur indéniable. Et peu importe toute la bonne volonté dont la jeune fille voulait faire preuve, c'était bien la peur qui lui paralysait les membres à présent qu'on lui annonçait qu'elle allait mourir.

La peur et rien d'autre.

-Ne vous donnez pas cette peine, on a deviné, ironisa Luke, visiblement incapable de se taire. Qui est le premier année que ma cinglée mère a torturé quand elle était élève ?

-Torturer ? répéta un homme d'une trentaine d'année en lorgnant Luke avec une expression d'avidité indécente. C'est un faible mot, quand on parle d'Enoboria Selwyn.

-Nous nous étions mis d'accord, rappela alors Dennis Crivey en haussant la voix, avec une gravité que Shannon ne lui avait jamais connue. Que je parlerais en notre nom. Maintenant, taisez-vous, et savourez l'accomplissement de notre œuvre.

Il tapota l'épaule de Gethin d'un air presque paternel qui arracha quelques larmes à l'enfant. Gethin trouva la force de lever le visage vers Crivey, ébranlé.

-Pitié, gémit-t-il, les larmes roulant encore sur ses joues. Pitié, je n'ai ... Je n'ai jamais voulu ça je vous le jure ... Peu importe ce que j'ai dit ... Vous n'êtes pas obligé de le faire, ce n'est pas forcé ...

-Ah mon cher Gethin, soupira Crivey, comme si ce qui se passait lui fendait le cœur. J'espère sincèrement que tu n'auras jamais à comprendre à quel point si, nous sommes forcés de faire ce que nous faisons.

-Mais c'est mal, plaida l'enfant. Vous ... Vous allez faire autant de mal que vous en avez subi.

-Un juste équilibre, Gethin, et c'est ce que nous voulons. Un équilibre. Une justice.

-La justice, vous l'avez eue, cracha Molly, qui pouvait parler malgré son immobilité. Des centaines de Mangemorts et de partisans ont été envoyés à Azkaban !

-Vous voulez parler de ceux que votre mère, ainsi que la mère de Miss Finnigan se proposent maintenant de relâcher ?

Shannon sentit son cœur se serrer, comprenant en un éclair pourquoi c'était elle qui était accrochée à ce bûcher – et elle ne doutait pas un instant que l'idée venait de Laureen. Les yeux de Molly se plissèrent.

-Vous n'avez vraiment rien compris à la loi d'Amnistie, alors. Comme si ma mère allait relâcher l'assassin de sa sœur !

Sans le vouloir, peut-être, elle jeta un coup d'œil à Edward Rookwood qui se figea sur son bûcher.

-Une des personnes qu'on envisage de relâcher est Dolores Ombrage, martela une femme d'une quarantaine d'année. Celle qui présidait la commission d'enregistrement des Nés-moldus. Vous êtes trop jeunes, évidemment, pour que ce nom vous évoque quoique soit ...

-Bien sûr que si ! protesta vivement Lily d'une voix forte. C'est l'ancienne prof de mon père !

-Ton père, ricana Ellie, la première femme qui avait parlé. On pourrait faire tout un chapitre sur ce que ton père a fait ...

-Trahison, enchérit l'homme qui avait répondu à Luke. La plus amère de toutes.

-Oh je vous en prie, grogna Molly. Harry vous a tous sauvé ...

-Il nous a tous trahi ! trancha vivement Crivey d'une voix plus forte. Lui, qui nous a sauvé, comme tu le dis ... longtemps nous avons cru qu'il se battrait pour nous ... Pour faire valoir nos droits ... Ceux de tous ceux qui étaient morts pour lui ... Avant finalement de faire marche arrière ... De nous oublier. Et d'oublier nos fantômes.

-Les Fantômes des Oubliés.

La voix sèche, mais tremblante de Molly résonna dans toute la pièce. Shannon comprit qu'il s'agissait du nom de ce groupe – et que la sœur de Lucy était bien plus informée qu'il n'y paraissait. Crivey lui jeta un regard pénétrant.

-C'est cela. Les Fantômes des Oubliés. Nous avons perdu quelques membres en route – Ackerley s'est dégonflé à mesure des années ... la vieillesse sans doute – mais nous sommes là aujourd'hui. Pour purifier le futur.

Ils étaient aussi fanatiques que Shannon se l'était imaginé. Aussi mauvais, aussi rompus à la vengeance et à la douleur. Une lueur folle brillait dans les yeux de Crivey – une lueur qu'elle s'inquiétait de voir au-dessus de Gethin. Le professeur d'Arithmancie prit une grande inspiration.

-Maintenant, vous savez tous pourquoi vous êtes là. Vous comprenez.

-Si on veut ..., lâcha vertement Max Yaxley. Vous vengez sur les enfants de vos bourreaux – ou ceux que vous imaginez l'être ... C'est franchement lamentable.

-Les enfants, ricana Ellie. Moi aussi je n'étais qu'une enfant, quand ils sont venus en fracassant ma porte enlever ma mère parce qu'elle n'avait pas le sang assez pur pour eux. Moi aussi, je n'étais que l'enfant de ceux qu'ils s'imaginaient être leurs ennemis. Pourtant, dès qu'ils ont eu ma mère, c'est sur nous qu'ils se sont acharnés, nous, les enfants du sang impur ... humiliation, douleurs, tortures, rien ne nous était épargné. Pourtant, nous n'étions que les enfants de.

-Alors pourquoi tout ce cirque avec le Sérum ... Si c'est pour finalement tous nous brûler ?

Shannon ne savait ce qu'il l'avait poussé à poser cette question : la volonté de gagner de précieuses secondes avant que le feu ne s'embrase, ou juste la curiosité intellectuelle, venue des profondeurs de son esprit. Elle avait déjà des brides de réponses, des brides qu'elle devinait, d'autres qui lui étaient parvenues, dans le flou et l'obscurité. Elle tenta de fermer une nouvelle fois son esprit pour garder toutes ses capacités de concentration sur la situation. Laureen s'était animée au son de sa voix. Elle qui était restée étrangement silencieuse, Shannon comprenait à présent que ce silence venait de toucher à sa fin.

-Oh je suis sûre que tu as déjà quelques idées, Shanny, cingla-t-elle avec un sourire atroce. Ça m'étonnerait fort que tu n'y aies pas réfléchi ...

-Le Sérum avait quelque chose d'attrayant, admit le vieux sorcier à la voix sifflante. Une sorte de regard de Basilic dans un flacon ... C'était approprié. Ça a été compliqué de convaincre Pénélope. Mais elle a fini par se ... plier à nos exigences.

Shannon accrocha le regard de Luke. Le préfet de Serpentard avait remarquablement bien fait son travail : c'était bien Pénélope Campbell qui avait préparé le Sérum.

-Et comme Shannon et Lysander ont trouvé un antidote, poursuivit Luke sur la lancée de la Poufsouffle, vous vous êtes finalement dit que vous pourriez utiliser une façon plus radicale, non ?

-« Sur le bûcher du passé flamberont les erreurs d'autrefois et libérerons rancœurs et douleurs », déclama quelqu'un.

-« Ainsi le venin sera éradiqué et le futur purifié », achevèrent deux autres personnes en chœurs.

Les mots se répercutèrent sur les parois humides de la Chambre et glacèrent Shannon jusque la moelle. Gethin poussa un long gémissement qui donnait à la jeune fille une indication sur la provenance des mots – et pour ce pourquoi il était là. Les prisonniers échangèrent un regard épouvanté.

« Sur le bûcher ».

« Qu'ils brûlent tous ».

-Finissons-en, répliqua durement Ellie en pointant sa baguette sur la personne devant elle, c'est-à-dire Molly. Ils en savent assez, on a assez perdu temps. Dennis ?

Crivey contempla un instant Shannon, l'air de savoir ce qu'elle savait réellement, avant de poser les yeux sur Laureen. Finalement, il hocha sèchement la tête.

-Tu as raison Ellie, allons-y.

-Non !

Le cri de Gethin alarma Shannon. Elle vit l'enfant se défaire de l'étreinte de Crivey pour se jeter sur Ellie, et la renverser. Ils tombèrent tout deux sur le sol et Gethin arracha à Ellie sa baguette. Mais avant qu'il n'ait pu l'utiliser, un sortilège rouge l'atteignit en pleine poitrine et il s'écrasa sur le sol, les bras en croix.

-Gethin !

-Vous êtes vraiment des monstres, attaquer un gosse !

-Bébé-Scampers, debout !

Shannon n'arrivait pas à déterminer si ces voix étaient hautes ou dans sa tête tant elles emplissaient son esprit. Son sang battit à ses tempes et elle se mit elle aussi à s'agiter. Elle se redressa, tira sur les liens, et se mit à vociférer le nom de Gethin avec les autres. Son esprit logique était persuadé que ce n'était rien de grave – un sortilège de stupéfixion – mais l'âge de Gethin mêlé à l'attachement qu'elle commençait à éprouver pour l'enfant chassait la logique et mettait son esprit en ébullition.

-SILENCE !

L'ordre de Crivey fut accompagné d'un coup de baguette en direction de Lily, qui hurlait le plus fort – et pas que d'aimables choses. La voix de la jeune fille se trouva coupée mais elle continua malgré tout à s'agiter. Crivey les réduisit un à un au silence, avant de se tourner vers les autres, le regard flambloyant.

-Mettez le gamin à l'écart, intima-t-il à deux hommes non loin de lui. Le reste ... Vous savez ce qu'il nous reste à faire ...

Un des hommes hissa Gethin dans ses bras et s'éloigna vers les murs latéraux. Sept autres personnes se plantèrent devant chacun des buchers et pointèrent leur baguette sur eux. Shannon releva la tête pour quoi que ce fût Laureen qui la menaçait, un sourire fin et glacial aux lèvres, une lueur dangereusement meurtrière dans le regard. Le rythme cardiaque de Shannon s'emballa alors et elle sentit des larmes d'horreur et d'impuissance lui monter aux yeux. Des dizaines de sorts lui venait en tête pour se protéger, mais ils seraient inutiles sans sa baguette. Pourtant les sorciers de moins de onze parvenaient parfois à maitriser son pouvoir sans son aide, pourquoi à présent qu'ils grandissaient, cela était moins vrai ?

-A trois, souffla Crivey, qui prenait pour cible Molly. Un ...

Shannon ferma les yeux, et évoqua en elle tous les sorts qu'elle connaissait, tout ceux qui avaient pu éviter la crémation à toutes ces sorcières du Moyen-âge, en espérant que, par un miracle, la magie serait assez puissante pour la protéger, même sans sa baguette. Des larmes coulèrent sur son visage.

-Deux ...

Ses oreilles bourdonnaient, pourtant elle entendait Lily sangloter un peu plus loin. Elle attendit que Crivey s'exprime, que le couperet tombe, en répétant dans sa tête la formule encore et encore. Les visages de tous ceux qui l'avaient accompagnée sa vie durant – ses parents, son insupportable mais attachant petit frère, sa famille – dansèrent devant ses paupières closes et Shannon y trouva une force supplémentaire. Un timbre de voix s'éleva alors et elle rentra la tête dans les épaules, ravivant quelque peu sa blessure à la poitrine. Mais c'était une autre voix, plus forte, plus spectrale que celle de Crivey. Une voix qui lui donna d'avantage la chair de poule et qui emplissait tout l'espace.

-Qu'est-ce que c'est que ça ?

Shannon rouvrit les paupières pour voir les yeux terrorisés d'Ellie, armée devant Edward Roockwood. L'attitude du groupe avait changé du tout au tout. De déterminé, ils étaient passés à nerveux et craintif. Shannon comprit un instant plus tard quand la voix, venue de nulle part, surgit de nouveau, glissant sur les salles comme un souffle glacial. Cette voix ne parlait pas.

Elle sifflait.

-On est sûr qu'il est mort, celui-ci ? grogna l'homme blond.

-Sûr et certain.

-Et il n'y en a pas un autre ?

D'autre sifflement furent émit, affolant les Fantômes des Oubliés, mais également les prisonniers. Maeve lança un regard apeuré à Shannon. La jeune fille voulut lui répondre, la rassurer, avant de se souvenir que Crivey les avait réduits au silence. Alors qu'elle tentait de deviner d'où venait la voix, un souffle chaud lui effleura l'oreille.

-Surtout ne sursaute pas, Milady.

Mais ce fut précisément ce que Shannon fit et une main s'abattit sur son épaule pour le masquer. Elle s'efforça de rester immobile, d'autant plus que Laureen la fixait toujours, et qu'elle reconnaissait parfaitement la voix. Son cœur explosa de soulagement.

Louis Weasley. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de l'entendre l'appeler « Milady ».

Elle sentit ses mains glisser sur ses poignets et ses liens. Elle ne le percevait pas et devinait qu'il devait être sous un sortilège de désillusion.

-Ne bouge pas, insista Louis à voix si basse que Shannon était sûre qu'elle seule l'entendait. Et ne t'en fais pas pour le serpent, c'est juste Roxy qui s'amuse. Ça va ? Serre une fois pour oui, deux pour non.

Shannon agrippa un de ses doigts et serra une fois, tout en le gardant dans sa main. Elle se doutait que vu son état, Louis ne serait pas dupe, mais pour l'heure, le soulagement effaçait l'angoisse et la douleur. Petit à petit, Shannon sentit ses liens tomber sur ses poignets, mais Louis les maintint serrer derrière son dos.

-Si tu peux, reste comme ça, lui dit-t-il, collant presque sa bouche contre son oreille pour couvrir les sifflements toujours plus forts et intenses. Dès que tu vois un signal, tu cours jusque la sortie, d'accord ? James s'occupe de récupérer vos baguettes. Je vais délivrer les autres.

Shannon serra une fois son doigt pour signifier qu'elle avait compris et le doigt de Louis glissa doucement dans sa main. Elle se retrouva à nouveau seule, mais allégée du poids de ses liens. Les sifflements se faisaient plus sonores et plus terrifiants.

-Allons-nous-en, siffla le vieil homme en regardant autour de lui. Je n'aime pas ça.

-On doit finir, d'abord, protesta Laureen en détachant ses yeux de Shannon. Professeur Crivey ...

Les sifflements se firent plus furieux, plus insistants et si Shannon n'avait pas été au courant que Roxanne Weasley était derrière tout cela, elle aurait voulu prendre ses jambes à son cou. Crivey ne semblait pas si sûr de lui. Sa baguette s'était abaissée et il regardait la pièce avec indécision. Le visage froid de Laureen se crispa devant le manque de réponse. Une lueur vacilla dans ses yeux, qui fit malheureusement craindre le pire à sa cousine. Le cœur de Shannon, si léger un instant avant, retomba dans sa poitrine.

-Professeur ! (Elle pointa sa baguette sur Shannon, le regard lui tourné, furieux, vers Crivey). Vous m'aviez promis ! J'ai besoin de ça, nous avons tous besoin de ça ! Reprenez-vous ! Nous sommes là pour ça !

Elle tourna le visage pour planter son regard dans celui de Shannon et le sang de celle-ci se figea dans ses veines. Tous ses sorts et sa peur lui revinrent immédiatement en tête avant que Laureen ne hurle « incendio ! ». L'adrénaline et la terreur montèrent dans ses veines alors que le sort atteignait de plein fouet son bûcher, l'embrasant sec. Shannon réagit de façon instinctive en repliant les bras sur sa poitrine malgré les instructions de Louis. Le feu rugit sous elles ; des gens hurlèrent ; des lueurs fusèrent. Le sang battait aux tempes de Shannon et il faisait si chaud autour d'elle qu'elle n'en sentait presque plus la douleur qui lui labourait la poitrine.

Mais justement.

Il faisait chaud.

Autrement dit ?

Elle ne brûlait pas.

Shannon ouvrit les yeux et contempla son corps qu'elle pensait en train de s'embraser. Mais les flammes ne faisaient que lécher ses vêtements sans lui causer la moindre blessure. Elle se redressa à l'aide du poteau, une main repliée sur la poitrine, le souffle haletant. Le feu lui montait à la taille et ne la blessait pas. Elle crut qu'elle allait éclater de sanglot.

Son intuition avait vu juste. Baguette ou pas, la magie était toujours présente dans leurs veines. Elle coulait, chantait, les enveloppait tout entier, parcourait chaque fibre de leur corps. Et elle les protégeait.

-Milady !

Shannon tourna le visage, et vit Louis par-delà les flammes, visible. Il lui tendait la main, en respect du feu, une expression de profonde stupeur gravée dans ses traits.

-Saute, dépêche-toi !

La jeune fille déglutit et posa prudemment les pieds sur les premières cendres. Puis elle se laissa glisser et sauta en dehors de son bucher, traversant les flammes comme si elles n'existaient pas. Louis fut là à sa réception et elle s'écroula sur sa poitrine avant même que ses pieds ne touchent le sol. Elle faillit se laisser aller sur le sol, mais les bras du Mousquetaire la maintinrent debout. Elle tremblait de tous ses membres et ne réalisait pas encore ce qui s'était passé.

Elle avait fait de la magie seule. Sans baguette.

-Par Merlin, Milady, grogna Louis en la soutenant. Tu nous en réserves, des surprises.

-Louis !

Shannon leva la tête en même temps que le Mousquetaire. Et elle vit le carnage qu'avait causé la mise en feu de son bûcher.

Des élèves avaient surgi de l'entrée de la Chambre et s'étaient jeté toute baguette dehors sur les Fantômes des Oubliés. Shannon vit Lucy désarmer celui qui tenait Luke en joue, Stephen se battre férocement avec Ellie, Will McColley et Lionel Boot acculait le vieil homme sur un mur, Jina et Eléonore stupéfixier une autre silhouette, Lysander Dragonneau échanger des sorts avec Crivey. Ils étaient nombreux et se battaient avec férocité. James était de l'autre côté du bucher de Molly, qu'il venait de libérer. La jeune femme, malgré le sang qui coulait toujours sur son visage, se jeta dans la mêlé et adressa un sortilège féroce à la personne contre laquelle se battait sa sœur. James lança quelque chose que Louis rattrapa avec souplesse avant de suivre sa cousine. Shannon baissa les yeux sur la main de Louis et reconnut sa baguette. Son cœur battit dans sa poitrine quand Louis la lui tendit et que ses doigts effleurèrent ce bois si familier. Des étincelles jaillirent de sa pointe.

-Va te mettre à l'abri, lui enjoignit Louis, sortant lui-même sa propre baguette. Je vais aider Adam.

Mais Shannon n'avait pas envie de se mettre à l'abri. Maintenant que l'adrénaline gonflait ses veines et qu'elle venait d'échapper à la mort, la seule chose qu'elle voulait faire c'était se battre et délivrer la magie qui crépitait en elle. Louis s'en fut sans demander son reste et Shannon vit Adam se battre contre l'homme qui avait stupéfixié Gethin. Celui-ci, sans doute réveillé par son frère et caché derrière une des statues, jetait les seuls sorts qu'ils connaissaient aux Fantômes qui passaient près de lui. Mais ce ne fut pas cela qui retint l'attention de Shannon. Ce fut Laureen, se battant comme une diablesse, sa baguette fouettant follement l'air, contre une bouille aux cheveux blonds-roux horriblement familière. La voix de Laureen revint à sa mémoire.

« Et qu'est-ce qu'il se passerait si c'était Zephan que je brûlais ? »

La rage emplit les veines de Shannon. Elle serra sa baguette entre ses doigts et se précipita vers son frère et sa cousine. Elle arriva à temps pour déployer un bouclier devant Zephan avant que le maléfice de Laureen ne le frappe. Son frère lui jeta un regard surpris et un éclair de soulagement perça ses prunelles.

-Shanny ! gronda-t-il néanmoins pour la forme. Je maitrisais !

-Tu ne maitrisais rien du tout ! répliqua Shannon en contrant un nouveau sortilège de Laureen. Et toi ! (Elle tenta de désarmer Laureen, qui para in extremis). Comment tu as pu oser ? (Elle jeta un autre maléfice et sa cousine eut plus de mal à s'en protéger et recula). Comment tu as pu ... croire ... que me brûler ... ça te ramenait ton père ?!

-Tais-toi ! hurla Laureen, la baguette brandie, le regard fou. Tais-toi, ça ... ça ne devait pas se passer comme ça, tu devais ... ça devait ...

-Me tuer ? Eradiquer le venin, et purifier le futur ? répéta Shannon en se souvenant des mots prononcés par les Fantômes. Mais comment tu as pu être si stupide ?!

Le maléfice suivant passa à un cheveu du visage de Laureen et Shannon pesta contre elle-même. Malgré l'adrénaline et la magie qui affluait en elle, la douleur de sa blessure se faisait à nouveau sentir et rendait ses sorts moins précis et moins puissant. Elle ignorait combien de temps elle pourrait tenir ainsi. Assez pour mettre Laureen hors d'état de nuire, elle espérait. Elle avait toujours su que sa cousine la détestait, pour des raisons irrationnelles, simplement parce qu'elle était née dans une famille plus équilibrée que la sienne. Jalousie, ou simple déséquilibre mental, Shannon n'avait jamais su. En revanche, elle avait compris très tôt que Laureen était prête à lui faire du mal, pour ça. Elle avait profondément intégré ce fait, et cela ne la surprenait plus. Mais de là à la tuer ? Malgré leurs différents ces dernières années, c'était douloureux pour Shannon, comme un poignard glacé planté en plein cœur. Elle échangea encore quelques sorts avec sa cousine, jusqu'à ce que, malgré sa blessure, il semble évident à la jeune fille qu'elle prenait le dessus. Laureen dut le percevoir également car ses gestes étaient plus désespérés et ce désespoir paraissait lui donnait de la puissance. C'était dans cela que puisait Laureen, cela qui lui donnait de la force : désespoir, jalousie, colère et malfaisance. Et elle devait en ressentir énormément à ce moment, assez pour pointer sa baguette sur Shannon avec une glaçante détermination. Les mots qui sortirent de sa bouche suffirent presque à clouer Shannon sur place.

-Avada Kedavra !

Le jet de lumière verte jaillit si vite de la baguette de Laureen que Shannon peina à réagir – d'autant plus que sa blessure la ralentissait. Elle eut à peine le temps de lever sa baguette, mais elle sut qu'elle ne parviendrait pas à parer à temps – si tant était que le sortilège était parable. Elle le vit prendre du terrain et avancer vers son cœur, inéluctable.

-Non !

Shannon ne sut comment, mais elle se retrouva projetée sur le sol. Sa tête claqua la pierre avec un bruit sourd qui la laissa un instant étourdie, les oreilles bourdonnantes. Déboussolée, elle chercha à se redresser, avant de prendre conscience du poids qui pesait sur elle. Quelqu'un était tombé avec elle. Et ce quelqu'un, c'était Zephan.

-Zeph, souffla Shannon en le repoussant.

Zephan retomba sur le sol avec un bruit sourd, inerte. Le cœur de Shannon dévala sa poitrine quand elle avisa ses yeux grands ouverts sur le vide.

-Zephan !

Elle se précipita vers lui pour le retourner et se mit à le secouer, tapoter ses joues en murmurant frénétiquement son nom. Une angoisse pure et irrationnelle s'éprenait d'elle quand elle se rendait compte qu'il ne se réveillait pas le moins du monde. Ses yeux continuaient de fixer le vide, inlassablement. Elle posa une main crispée et suppliante sur une poitrine qui ne se soulevait plus. Des larmes dévalèrent ses joues et elle jeta un regard meurtrier à Laureen, toujours debout, la baguette encore tendue. Elle contemplait le corps de son cousin, hébétée.

-Qu'est-ce que tu as fait ?! hurla Shannon, le corps secoué par ses sanglots réprimés. Par Merlin, qu'est-ce que tu as fait ?!

-Je ...

Laureen abaissa sa baguette, le visage figé en une expression d'horreur et de stupeur. Comme si elle venait de revenir à la réalité.

Comme si sa folie meurtrière l'avait quittée au moment même où elle prenait une vie.

Car tuer n'était pas anodin. Tuer déchire l'âme. Tuer déchire des vies. Et la vie de Shannon venait d'être déchirée.

Elle éprouva l'envie irrépressible de lui jeter un sort, le plus douloureux possible, qu'elle souffre comme elle était en train de souffrir, que son cœur saigne comme son cœur le faisait. Elle fut à deux doigts de le faire, mue par la rage, la douleur et la haine.

Mais elle n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas à détacher ses mains du corps inerte de son jeune frère. La bataille faisait encore rage autour d'elle, pourtant elle ne bougeait pas, figée, pleurant sur Zephan. Elle se pencha sur son visage, tremblante de sanglots.

-Zeph ... Zeph je t'en supplie regarde-moi ...

Mais les yeux verts de Zephan fixaient un point que seul lui pouvait voir. Un point qui ne se trouvait pas dans le même monde que Shannon. Un bruit sourd lui indiqua que Laureen venait de laisser tomber sa baguette.

-Je ... Je voulais juste ... Arrêter de souffrir, Shannon je ...

Shannon ne put en supporter plus. Elle agrippa vivement sa baguette qu'elle avait laissé choir à coté de Zephan, et se redressa pour la pointer sur Laureen. Sa main tremblait si fort qu'elle craignait de la manquer.

-Tu ... (De nouvelles larmes s'accumulèrent à ses yeux, lui brouillant la vue). Tu ... Tu l'as tué, tu as tué Zephan ...

-Je voulais arrêter de souffrir ! cria Laureen, pleurant elle aussi. Je pensais ... Je voulais ...

-Tu ne sais même pas ! Tu ... Tu l'as tué pour rien, tu ...

Les mots se bloquèrent dans la gorge de Shannon, formant un bouchon douloureux chauffé à blanc. Laureen ouvrit à nouveau la bouche mais la jeune fille ne la laissa pas finir. Un « BANG » sonore se fit entendre et elle se retrouva violemment projetée contre l'une des parois. Elle s'écroula comme une poupée de chiffon, complétement sonnée, mais toujours consciente. Une petite voix souffla à Shannon que c'était injuste, que Zephan avait fermé les yeux pour toujours et que maintenant, cela devait être le tour de sa cousine. Alors, écoutant cette voix qui hurlait à présent dans son esprit, elle leva sa baguette une nouvelle fois. Elle ignorait encore quel sort elle allait jeter, ce qu'elle allait lui faire subir, quand sa baguette lui sauta prestement des mains. Elle tourna le visage vers la personne qui l'avait rattrapé souplement et elle lui jeta un regard consterné. Sa colère fondit comme de la neige au soleil. Gethin Scampers pleurait, caché derrière sa statue, leurs deux baguettes à la main.

-Tu le regretterais, affirma-t-il d'une voix tremblante. Je te le promets, tu ... Tu le regretterais.

Elle ignorait si c'était les yeux fatigués et déchirés de Gethin, ses mots ou ses larmes qui lui remirent les idées en place. Mais sa colère se réduit à peau de chagrin et la douleur l'accabla une fois plus, physiquement et moralement. Elle replia une main sur sa poitrine et laissa échapper un long gémissement de bête blessée en s'écroulant à nouveau au pied de son frère. Elle vit à peine Gethin s'approcher timidement, mais elle sentit sa main prendre la sienne, et ses larmes tombées sur leurs doigts entrelacés. Shannon s'y accrocha pour ne pas sombrer, la poitrine compressée par le chagrin. Gethin détailla la bataille, lui annonça que les Aurors étaient arrivés, que Harry Potter en personne avait arrêté Dennis Crivey, que personne d'autre ne semblait gravement blessé – si ce n'était Lucy qui se tenait douteusement les côtes, sa sœur qui saignait toujours abondement, ou Lionel qui boitait. Shannon écoutait à peine. Elle se contentait de pleurer, murmurer le nom de son frère encore et encore, une main crispée sur son bras, l'autre sur les doigts de Gethin. Finalement, une Auror qu'elle reconnut comme était la cousine de Lucy vint tenter de l'arracher à la dépouille de son frère. Elle s'y refusa et lâcha Gethin pour s'y agripper un peu plus. Elle refusait de le quitter, lui qui était descendu dans la Chambre des Secrets pour venir la chercher.

Lui qui s'était sacrifié pour que ce maudit sort ne l'atteigne pas.

Un sanglot s'échappa de ses lèvres et secoua ses épaules. Un autre Auror tenta de la décrocher, sans succès.

-Shannon ... (Elle reconnut la voix étouffée de Stephen). Shannon, viens s'il te plait ... Shannon ... Simon arrive ...

Mais ses mots ne parvenaient pas à s'infiltrer dans les rouages de la jeune fille, qui restait figée sur les yeux ouverts de Zephan. Même la mention de son parrain ne la fit pas tiquer. Puis une voix perça les ténèbres dans lesquels l'esprit de Shannon était plongé :

-Viens Milady, il faut te soigner. Ils vont s'occuper de Zephan. Allez, viens ...

Cette voix était si douce que Shannon fut un instant persuadée que ce n'était pas Louis qui parlait. Ce n'était pas son timbre naturel. Il lui pressa tendrement les épaules.

-Allez, Milady, viens avec moi.

Et étrangement, ce fut ce qu'elle fit : elle le laissa la relever, défaire lentement ses doigts de l'uniforme de son frère. Shannon songea vaguement qu'il utilisait sur elle ses pouvoirs hypnotiques dont lui avait un jour parler Lucy. Mais pour l'heure, elle était trop faible pour lutter contre eux. Alors elle laissa Louis l'emmener. Loin de Zephan. Au bout de trois pas, il parut évident qu'elle ne pourrait plus tenir sur ses jambes, alors il la hissa dans ses bras. Elle se laissa aller contre sa poitrine, et laissa libre court à ses sanglots, espérant vainement que la souffrance s'échapperait avec les larmes. 

***

Alors je vais remettre exactement le même message que j'ai mis dans la première version pour me justifier de ce choix. 

Bon, je sais que le personnage de Zephan n'était pas particulièrement important dans la fanfiction mais j'ai eu mal au cœur de le tuer quand même.

Je vous explique (si vous voulez de mes explications) : mon intention première n'était pas de le tuer. Le sort de Laureen devait manquer de puissance magique pour être meurtrier et il aurait simplement dû être assommé en gros - Shannon pensant qu'il était mort. Sauf qu'en écrivant les cris de Shannon et en repensant à ce que j'avais fait de Laureen j'ai été terriblement tenté par une véritable mort du personnage. J'ai franchement hésité, en discutant avec Cazo, imaginant les deux scénarios, mais finalement arrivé à un moment ça m'est apparu comme une évidence de faire mourir Zephan. Donc évidemment ça a changé ma fin qui devait être un happy-ending en une fin douce-amère, mais au final peut-être que ça correspond mieux à la fanfic', vous me direz ce que vous en pensez !

Pour ceux qui se demandent "mais Laureen comment elle a pu le tuer?" Contrairement à la confrontation avec Shannon dans le couloir, là, elle était pleinement et irrationnellement emplie par la haine et la rage, des forces assez destructrices pour lui permettre de réussir un tel sort. 

Bon, les deux autres beuglent devant moi j'arrive pas à me concentrer. Je me contente ... d'attendre vos réactions. 

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